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Jean-Pierre Watrelot, Frère du Prado, est décédé vendredi 17 mars 2017

Jean-Pierre Watrelot, était membre de la Fraternité du Prado. Il était une figure du quartier des Francs-Moisins et de Saint-Denis.
Publié le 22/03/2017

Ses obsèques auront lieu à l’église Saint-Denys de l’Estrée (53 bis boulevard Jules-Guesde, 93200 Saint-Denis) vendredi 24 mars à 10 heures. Il reposera au cimetière des Joncherolles.
 

Merci Jean-Pierre

Toi, le Frère du Prado,

Toi, le Frère des petits, des sans-voix, des sans-papiers …,

Toi, le Frère des amis de la paix.

Merci pour tes fidélités et ton compagnonnage avec tous ces militants qui ne cessent jamais de croire en l’Homme. Avec tous ces militants chrétiens pour qui l’homme a aussi visage de Dieu.

En toi, il y avait toujours une colère au bord des lèvres.

C’était ton moteur :

Pour  avancer.
Pour entrainer les indécis.
Pour interpeler les responsables qu’ils soient de l’Eglise ou de la société.

Repose en PAIX.

 

saisi par Jésus-Christ

« Dans la Cité, nous y sommes heureux car nous savons y reconnaître, au-delà de la misère qui y règne, de multiples formes de solidarité et d’entraide par les jeunes eux-mêmes même s’ils sont dans la galère. Nous savons y reconnaître l’amour des parents pour leurs enfants, la lutte pour survivre lorsqu’on est sans travail, sans papiers et sans logement, même si cette lutte est un peu trop personnelle et peu organisée. Peut-être ici, 80% des gens sont « croyants », qu’ils soient chrétiens ou musulmans.

« L’inculturation fait partie de toute démarche missionnaire. J’ai toujours à l’esprit ce que me disait un grand ami chrétien, secrétaire CGT du Comité d’entreprise de la Sigma (aujourd’hui Bosch) à Vénissieux : « L’incarnation, c’est la base de tout ». C’est ainsi que les militants connus à cette époque m’ont aidé à entrer pleinement dans le Mouvement ouvrier et à y prendre ma place. Cette culture ouvrière existe toujours aujourd’hui. On le voit ressurgir dans le combat pour la retraite auquel je participe pleinement.

Une culture qui s’enrichit par l’apport des populations venues d’ailleurs : en ce qui me concerne, des liens très forts avec principalement des Maghrébins (je vais dans le sud tunisien tous les deux ans depuis 1972) et Maliens (lien avec le village Sonhinhé de Sérénaty par l’Association Ensemble Vivre et Travailler) ainsi que dans une moindre mesure des amis Pakistanais.

Que ne dit-on pas de la cité des Francs-Moisins suite à un braquage et à une extorsion de fonds à la Poste de notre quartier ? Les médias en ont largement rendu compte enfonçant le clou d’une cité maudite ! Certes existent bien des problèmes liés à la misère : « Les hommes continuent à se damner », disait Antoine Chevrier au spectacle ! de ce qui se passait. Pourtant, c’est à la Guillotière, dans ce quartier « malfamé » de Lyon qu’il est saisi par Jésus-Christ.

Quelle joie profonde cette année au spectacle des enfants qui se déroulait en fin d’après-midi dans ce petit parc au pied d’une barre dite « à problème ». La joie que ces enfants vivent et qu’ils me transmettent en m’interpellant par mon nom. « Si vous ne devenez comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Dieu » (Matthieu 18, 3 …) Joie de rencontrer des familles de notre cité ou venue d’ailleurs qui, à la suite de problèmes de logement ou de papiers, me transmettent leur richesse de cœur.

Voici 2 ans, en 2009, a démarré une nouvelle association appelée AMA (Association de la Maison des Anciens) faite d’anciens qui veulent vivre l’intergénérationnel. Le responsable est Malien de la région de Kayes, très lié à son peuple et ancien militant de la commission immigrée de la CFDT. Au Mali, les « Sages, c’est-à-dire les Anciens, jouent un rôle considérable au village dans l’éducation des enfants. Il s’agit de rassembler toutes générations confondues, de travailler au "Vivre ensemble"…

Aussi, nous arrive-t-il de rendre grâce pour ce vécu tout simple de nombreuses familles et amis aux Francs-Moisins, et de la grâce qui nous est faite d’y vivre, comme l’ont vécu Antoine Chevrier à la Guillotière et Alfred Ancel à Gerland.

Jean-Pierre Watrelot

 

L'histoire du Prado du 93
Vivre en proximité « Etre avec… »,

Une longue histoire « au cœur des masses »

Les Frères à la cité des Francs-Moisins de Saint-Denis : qui sommes-nous, la Fraternité du Prado ?

La Fraternité du Prado a une histoire au sein de l’Association des Prêtres du Prado dont nous sommes membres. Nous sommes des laïcs consacrés à la suite du père Chevrier qui, en 1850, envoyé par son évêque dans la banlieue pauvre de Lyon, souffrait de la séparation qui existait entre l’Eglise de son temps et cette population « de pauvres, d’ignorants et de pécheurs ». Ce sont les mots de celui-ci.

Nous sommes présents en France (Lyon, Marseille, Limoges, Annonay, Saint Lô). La Fraternité existe aussi à l’étranger : en Inde à Calcutta et en Egypte.

Antoine Chevrier : «  J’irai au milieu d’eux, je vivrai de leur vie, je leur donnerai la foi… » PII 31 « Les gens ne viennent pas, il faut aller les chercher ! » VD 450

Présence au plus près par le quartier et le logement : le logement à Brise Echalas (Saint-Denis)

« A la fin de l’année 1956, conformément à sa volonté, Georges Arnold, prêtre du Prado, s’installe dans une misérable petite chambre de trois mètres cinquante sur trois, sans eau, ni gaz, ni électricité. Elle est située au fond de la cour d’un pauvre hôtel-restaurant, 18 rue Brise-Echalas, au bord du canal Saint-Denis. Y vivent une cinquantaine de locataires, des Algériens pour la plupart mais aussi quelques Tunisiens et de rares Français, Bretons pour la plupart. Un seul point d’eau et un unique WC pour tout le monde ! Le propriétaire est un français qui habite au 16 et loue à un algérien – plus tard ce sera un tunisien – qui, à son tour, fait payer les locataires. Par la suite, la cave de l’hôtel, située sous le café et où l’on ne peut pas se tenir debout, sera louée à des Maliens et des Mauritaniens. Ils y seront installés sur des grands lits où ils dormiront à plusieurs. Les Algériens de l’hôtel sont des hommes seuls ; leurs femmes sont souvent en Algérie. Ils travaillent.

L’évêque autorise Georges à ne pas porter la soutane à l’hôtel ! Il va vivre au milieu de ces travailleurs nord-africains qui, au début, ne le connaissent pas comme prêtre et se demandent, avec méfiance, ce qu’il vient faire là ! « Pendant un certain temps, écrira-t-il plus tard, je n’étais guère rassuré, car je ne savais pas comment me situer. On était en pleine guerre d’Algérie. Ne me prendraient-ils pas pour un policier en civil ? » Il arrivera que des Algériens le croisent dans la rue, vêtu en prêtre, n’en croyant pas leurs yeux. Ils ne lui en parleront pas mais c’est ainsi qu’ils sauront qu’il est prêtre. « Le fait d’être seul et de ne pouvoir travailler me mettait dans une situation assez fausse : je ne me rendais dans le logement que pour y dormir, et là seulement j’étais en civil. Le reste du temps, j’ai continué à vivre au presbytère », écrira-t-il.

En août 1957, deux frères du Prado le rejoignent : Fernand Alias et Jean-Pierre Watrelot. Fernand est d’origine rurale. Il est embauché comme manœuvre à l’usine Hotchkiss mais n’est pas dans son élément dans ce monde la grande usine. Il restera une année à Saint-Denis avant de repartir vers le monde rural.

Jean-Pierre Watrelot, lui, se fait embaucher comme ouvrier spécialisé chez Lavalette, une usine de métallurgie qui emploie 2300 ouvriers. Il travaille cinquante heures par semaine et rentre épuisé le soir. A l’usine, il découvre un mouvement ouvrier puissant, largement dominé par la CGT à laquelle il lui est alors interdit d’adhérer par le Supérieur du Prado, Alfred Ancel. Il participe à des manifestations avec les ouvriers de l’usine. Il restera deux ans rue Brise-Echalas.

En 1958, arrive Jacques Pasquereau, qui sera employé comme garçon de salle de l’hôpital où Georges est aumônier du personnel. Puis ce seront Guy Barrière, Jean Poirier, Henri Bienvenu, Gaston Grandjean (qui plus tard, à Calcutta, à la Cité de la joie, prendra le nom indien de Dayanand).

En novembre 1960, les religieux lazaristes leur adressent également un jeune frère qui souhaite travailler. Il a 20 ans et se nomme Jean Logean. Il est suisse. Il travaille d’abord à l’hôpital puis chez Spiros, une usine métallurgique de 3000 ouvriers où il va rester trois ans et adhérer à la CGT.

Durant les années suivantes, ils obtiennent une deuxième petite pièce dont ils font une chapelle, lieu de prière et de méditation quotidienne. Ils dorment dans des lits superposés. La présence de Frères au travail permet d’approcher de plus près les réalités de la vie ouvrière. Les Frères choisissent les métiers les plus humbles afin de rester parmi les plus pauvres : manœuvres, OS, garçons de salle. « Ainsi, écrira Georges, ils rendent l’Eglise présente en plein milieu de travail, à tout un monde qu’on ne voit jamais dans nos églises, et au milieu duquel se trouvent très rarement des chrétiens… »

Le lieu est exigu mais toujours ouvert sur l’extérieur, les visites y sont nombreuses. Chaque matin, à six heures, avant que ses camarades partent au travail, Georges leur dit la messe. »

Extrait du Livre « Un témoin : Georges Arnold, prêtre du Prado » DDB, page 83

 

L’histoire du Prado dans le 93
Témoignage de Mgr Olivier de Berranger, évêque émérite du diocèse de Saint-Denis (de 1996 à 2009), membre de l’Association des prêtres du Prado, à l’occasion des 50 ans du diocèse de Saint-Denis (2016)

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