La fin de l’hébergement d’urgence ou la nouvelle hospitalité — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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La fin de l’hébergement d’urgence ou la nouvelle hospitalité

S’adapter aux exigences d’accueil fraternel dans la durée, c’est construire le fondement d’une nécessaire nouvelle hospitalité.
Publié le 10/02/2016

En 2012, le Secours catholique interpellait le grand public au travers d’une campagne d’affichage nationale sur fond de drapeau bleu, blanc, rouge, intitulée « Etre près de ceux qui sont loin de tout ».

Un des slogans était : « le mot hospitalité doit-il être considéré comme du vieux français ? »

Cet hiver 2016, les bénévoles engagés auprès des personnes à la rue dans le département de Seine-Saint-Denis constatent le 4 février qu’il faut 1h30 pour accéder au 115, et soulignent le manque de réactivité et de places d’accueil.

En 1988, une dizaine de travailleurs sociaux du Secours catholique, de la Fondation Abbé Pierre, du Centre d’action sociale protestant fédérés par la Fnars Ile-de-France, ont conçu deux nouvelles approches sociales innovantes sous forme de recherche-action conforme à la méthodologie de l’université de Chicago.

La première notion est l’humanisation de  la rue avec la création de boutiques d’accueil, ouvertes en journée et proposant de manière inconditionnelle, gratuite et immédiate des réponses en terme d’hygiène, d’accueil social et l’animation d’ateliers thématiques.

La deuxième notion consiste à « aller vers » ou « aller à la rencontre » des personnes à la rue.

Cette dernière idée « révolutionnaire », à l’époque, a porté la création de nombreuses maraudes et services mobiles donnant naissance aux Samu Sociaux.

Ces deux idées ont été expérimentées, évaluées, et déclinées dans la loi de juillet 1998, dite loi de lutte contre les exclusions. Le contenu de cette loi française est largement repris et adapté par tous les pays européens mais aussi, certains pays d’Asie d’Afrique et d’Amérique.

Vingt cinq ans plus tard, nous constatons les limites de l’universalité de ces réponses humanitaires et sociales. L’ensemble des dispositifs urbains d’aide aux personnes à la rue sont saturés. Un toilettage  législatif doit être repensé afin de sécuriser les parcours et assurer l’articulation entre l’offre et les nouvelles demandes.

Des  pratiques d’accompagnement restent à explorer ou à réajuster entre éthique et efficacité sociale.

Par exemple :

- la participation des personnes accueillies (Conseils de la vie sociale) figurant dans la loi de janvier 2002, est un formidable levier de co-construction encore sous-estimé,
- la réforme en France des professions sociales répond à une demande d’uniformisation européenne permettant un référentiel universitaire commun et favorisant la conceptualisation et la mutualisation des bonnes pratiques,
- la réforme territoriale en cours ainsi que les nouvelles attributions des collectivités publiques régionales et inter-communales permettront de répondre aux plus près des réalités des personnes à la rue ou mal logées par une application de la loi de réquisition,
- les missions des hôpitaux doivent être adaptées afin de répondre à d’autres demandes au-delà des soins.

Au regard de ces constats, une nouvelle hospitalité est à l’œuvre. L’initiative d’hébergement solidaire dans 8 locaux paroissiaux de Seine-Saint-Denis mobilise 300 citoyens engagés auprès de « ceux qui sont loin de tout ».

S’adapter aux exigences d’accueil fraternel dans la durée, c’est construire le fondement d’une nécessaire nouvelle hospitalité.

Xavier Vandromme
Délégué départemental du Secours catholique