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Maryse Urdapilleta, longtemps bénévole au Secours catholique, a reçu la Légion d'Honneur

Par décret du 30 décembre 2011, Maryse Urdapilleta qui réside à Montfermeil a reçu le 5 juin 2012 des mains de François Soulage, Président du Secours catholique, le grade de chevalier de la Légion d'Honneur.
Publié le 08/06/2012

Cette décoration couronne 59 ans de services et d’engagement social. Autour de sa famille, enfants et petits-enfants, de nombreux amis, et en présence de Xavier Lemoine, Maire de Montfermeil.
 


« C'est une population très attachante, confie-t-elle. Et je me dis que j'aide à ce qu'il y ait un tout petit peu moins d'injustices sur ce bout de territoire. » (La Croix, 18/11/05)

 


Lire l’article du Parisien 93 (6 juin 2012)
L'épicerie sociale AMIE


Quelques étapes de ma vie…

Je suis née en Périgord en juillet 1929. Mon nom de jeune fille est Chavarochette. Mes parents sont venus habiter Moulins sur Allier lorsque j’étais petite et c’est dans cette ville que j’ai fait toute ma scolarité : de la classe enfantine à la terminale. J’ai fait mes études au lycée de jeunes filles où l’instruction religieuse était assurée par un aumônier. J’ai fait partie de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) dès l’âge de 12 ans et j’y ai pris peu à peu des responsabilités. De famille chrétienne et très pratiquante, d’un milieu bourgeois provincial un peu étriqué, j’ai grandi entre un père droit, bon et… coléreux et une mère inquiète, trouvant son bonheur et son horizon dans la famille et la musique, assez possessive et pleine de générosité. Mon frère, mon aîné de six ans, était plein d’admiration pour sa petite sœur qu’il protégeait ! J’ai toujours vu mes parents être généreux envers ceux qui n’avaient rien et très accueillants à tous ceux qui frappaient à leur porte.

Après le bac, j’ai voulu continuer mes études (sans m’éloigner de ma famille, c’était impensable !) et j’ai préparé l’examen de « jardinière d’enfants », puis celui des « écoles nouvelles », méthodes actives ; et là, je suis venue à Paris et j’y suis restée, émerveillée de rencontrer des gens très différents, m’ouvrant des horizons culturels et spirituels enrichissants. La paroisse Saint-Séverin était alors à l’avant garde de l’Eglise, brassant étudiants, artistes, écrivains, prêtres, tels que Marc Oraison et bien d’autres. Là, j’ai été une des quatre responsables de la mission de quartier et j’ai fréquenté régulièrement cette paroisse pendant six ans, jusqu’à mon mariage avec Alberto, veuf sans enfant, espagnol et professeur d’espagnol à l’école Albert de Mun, à Nogent-sur-Marne.

Nous avons eu deux enfants : Isabel, professeur des universités à Paris 8 et Jean-Charles, commercial à « Vacances Transat », un organisme de voyages. Tous les deux ont choisi la profession qui leur convenait. Grâce à eux, j’ai quatre petits enfants, adorables, bien sûr ! Mon mari est décédé il y a presque deux ans…

Avant notre mariage, je suis "passée" dans l’Ecole publique et j’ai été institutrice à Paris et à Villemomble lorsque nous habitions au Raincy. J’ai eu ensuite un poste de direction à Montfermeil où nous avons "fait construire", cela en 1971. Premier poste : 8 classes aux Bosquets, 23 nationalités et une population française en grande difficulté, correspondant au quart monde. 45 élèves par classe, à l’époque… J’y suis restée six ans, me promettant d’y revenir plus tard, car j’ai beaucoup apprécié la générosité, le courage de la population, sa "vérité". J’ai ensuite été nommée dans notre quartier, à Franceville, et j’y suis restée jusqu’à ma retraite en 1989.

Depuis notre mariage, nous avons fait partie de différents groupes de foyers de l’ACI Action catholique des milieux indépendants et VEA Vivre l’évangile aujourd’hui, souvent en tant que responsables d’équipe. Nous avons aussi été responsables d’une équipe ACI, composée de personnes divorcées et nous étions les seuls mariés !

Mon mari, Alberto, a dû interrompre l’enseignement à cause d’un infarctus. Avec le père Walrave, il s’est investi dans le service audiovisuel du diocèse en développant ce service au cours des nombreuses années où il y était présent, plusieurs fois par semaine.

Je m’étais promis de "faire du bénévolat" quand je serai à la retraite, ce que j’ai fait. J’ai ainsi doublé les effectifs du Secours catholique à Montfermeil... En effet, Albert Lutran y était seul depuis longtemps ! Connaissant les besoins de soutien scolaire pour les enfants en difficulté, j’ai rencontré mes anciens collègues qui m’ont proposé d’aider les jeunes « primo- arrivants » en classe de 6e, puis une collègue directrice en primaire dans une des quatre écoles des Bosquets a sollicité une aide. C’était une "première", en 1990, que l’Ecole publique demande un soutien au Secours catholique. Ayant pu bénéficier, grâce à la Mairie de Montfermeil, d’un logement de quatre pièces aux Bosquets, l’équipe d’amis, anciens enseignants pour la plupart, a pu accueillir les élèves que les écoles nous adressaient. Quatre jeunes, en service civil, se sont succédés et, grâce à eux, nous avons pu aider, du CP à la terminale, jusqu’à 70 enfants au cours d’une même année scolaire. Une personne embauchée en CDI complétait l’encadrement.

Notre logement, disponible une matinée par semaine, a permis à l’accueil social du Secours catholique de se développer et d’accueillir les personnes qui sollicitaient notre aide.

Puis, en 1996, nous avons ouvert dans un autre local, tout près de notre logement, une épicerie sociale : L’AMIE (L’Alimentaire, Moteur d’Insertion par l’Economie), ceci en collaboration étroite avec les conseillères en économie sociale et familiale de la Caisse d’allocations familiales. C’est ensemble que nous avons monté un projet ambitieux, pédagogique, exigeant, qui "marche" toujours bien, puisque les familles, épaulées, réconfortées, remboursent leurs dettes, principalement liées au logement, à plus de 85% des sommes qu’elles peuvent économiser en venant à L’AMIE. Les deux municipalités subventionnent, l’Etat également. Deux conseillères de la CAF travaillent avec nous.

Cette épicerie sociale, la première ouverte en Seine-Saint-Denis, a reçu de nombreuses visites de personnes désireuses d’en ouvrir une et nous avons ainsi beaucoup de "bébés épiceries" ! Je note aussi que l’inauguration, télévisée, a été honorée par le ministre de la Ville et par l’évêque. Il nous a semblé utile de montrer sous un autre jour une cité tant décriée et pourtant riche de courage, de dévouement, de qualités humaines.

Je noterai, en souriant, que nous avons reçu un personnage célèbre… le Prince Charles en personne. Une visite de quatre associations aidant des personnes en difficulté a été organisée par l’Elysée dans notre département pour "répondre" à la visite du Président Chirac découvrant des associations caritatives dans les faubourgs de Londres. C’est pourquoi nous avons vu l’immeuble où se trouvait notre épicerie faire peau neuve, du moins au rez-de-chaussée et dans l’escalier ! sans parler des tireurs d’élite installés sur les toits !

J’ai tenté, en vain, de laisser la main à plus jeune que moi, après notre installation dans le local actuel. Mais, il y a près de trois ans, l’année de mes 80 ans, j’ai laissé toutes mes responsabilités, pensant qu’il était bon pour L’AMIE de se renouveler. Ce qui est fait parfaitement, grâce à Alain Osty, et je l’en remercie chaleureusement.

Je tiens à ajouter que nous avons été soutenus tant par les mairies de Clichy-sous-Bois et de Montfermeil, que par la Politique de la Ville, la CAF, les assistantes sociales et par différentes associations. L’équipe solide et enthousiaste de bénévoles a fait face à diverses difficultés (une inondation par an, des cambriolages…) et ne s’est jamais laissée abattre. Il faut dire que les résultats très positifs du paiement de leurs dettes par les familles et, plus encore, le punch retrouvé par elles, leur "re naissance", a contribué à maintenir le moral des bénévoles.

Bien sûr, l’équipe de responsables de Rosny-sous-Bois (Délégation du Secours catholique) nous a beaucoup aidés, épaulés dans les moments difficiles, formés également. Personnellement, j’ai beaucoup appris et reçu du Secours catholique et c’est à lui que ces actions réussies doivent être attribuées.

L’accueil social, L’AMIE, continuent de témoigner de l’Evangile auprès des personnes en difficulté. Le soutien scolaire de Montfermeil a été repris par les Réseaux d’échanges et de savoirs dont je dirai maintenant quelques mots…

En même temps que grandissait l’équipe du Secours catholique, nous avons été trois personnes à lancer les Réseaux d’échanges et de savoirs dont j’ai accepté la présidence pendant plusieurs années. Il s’agit d’un vrai programme de société qui part de ce constat : chaque personne a des savoirs qu’elle peut transmettre et chacune a envie de connaître un autre savoir qui peut lui être transmis par une personne ou par un groupe (exemple : je peux apprendre à d’autres à faire des boutures et je voudrais apprendre la langue allemande). Un savoir en vaut un autre, l’essentiel est d’échanger gratuitement sans compter le temps passé ou la fréquence des rencontres et de trouver la personne qui peut transmettre, d’où la création d’un réseau le plus large possible et la valorisation de chaque individu. Le Réseau de Clichy- Montfermeil a prospéré, permettant l’embauche de deux jeunes, à mi temps. C’est ce réseau, subventionné lui aussi, qui a repris le soutien scolaire du Secours catholique manquant d’adultes pour encadrer les élèves.

J’ajoute que je n’aurai pas pu mener à bien ces différentes actions sans l’aide de ma famille, principalement celle de mon mari qui m’a apporté son soutien sans défaillance et ses compétences, en informatique et en secrétariat, principalement.

Maintenant, j’ai encore quelques activités sur la paroisse Saint-Pierre – Saint-Paul de Montfermeil, mes enfants et petits-enfants ayant la priorité de mon emploi du temps. Je peux également m’adonner à mes loisirs préférés : les fleurs et le bridge !

Maryse Urdapiletta