Pèlerinages, pèlerinages — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Pèlerinages, pèlerinages

A l'occasion de l'année jubilaire, Mgr Olivier de Berranger, évêque de Saint-Denis entre 1996 et 2009, nous livre un témoignage sur l'importance des pèlerinages dans notre diocèse : Notre-Dame des Anges, Lourdes, Notre-Dame des Vertus.
Publié le 14/10/2016
Pèlerinages, pèlerinages

J’ai été ordonné évêque de Saint-Denis le 19 octobre 1996. Ma première tâche fut de faire la visite pastorale des secteurs du diocèse. J’appris à connaître l’ensemble des forces vives de cette Eglise particulière, passionnées par l’annonce de l’Evangile sur le territoire de nos « 40 villes ».

En lisant les orientations diocésaines mûries au temps de mes deux prédécesseurs, tout en vibrant à l’impulsion missionnaire qui les avait inspirées, je constatais une relative absence des familles et de la famille. Pourtant, la famille n’est-elle pas, me disais-je, l’une des sources possibles d’un renouveau des vocations et de l’évangélisation ?

Alors que je découvrais à Clichy-sous-Bois la chapelle très ancienne dédiée à la Vierge noire de Notre-Dame des Anges, je lus le document publié par le pape Jean-Paul II le 2 février 1994 : Lettre aux familles. Je décidai de répercuter son message et d’en faire, cette année-là, le thème du pèlerinage à Notre-Dame des Anges, en la fête de la nativité de Marie, le 8 septembre suivant.

Ce pèlerinage, qui prenait son point de départ dans l’ancienne Maison diocésaine de Coubron, et passait par la forêt de Bondy, avait été soutenu, au-delà de la paroisse Saint-Denis de Clichy-sous-Bois, par les Equipes Notre-Dame et les Associations familiales catholiques. Mon désir était que désormais tout le diocèse, si possible, se réapproprie cette démarche spirituelle, comme il en avait été dans un lointain passé, au vu de photos anciennes qui montraient son caractère très populaire.

C’était, dans mon esprit, une initiative d’évangélisation. Il s’agissait de rejoindre les familles, toutes les familles, ferventes ou non, engagées ou non, françaises ou non, au cœur de leurs joies et de leurs peines, avec les enfants, les jeunes, les grand parents et les personnes d’âge mûr. C’était une manière de placer au centre les malades et les handicapés, les pauvres et ceux qui se sentent, à tort ou à raison, plus ou moins en marge dans l’Eglise.

Le pèlerinage est une pratique très ancienne et universelle. Celle-ci utilise un langage simple : la marche, le chant, les témoignages, les saynètes, une liturgie accessible, visuelle et joyeuse… quel que soit le temps ! C’est l’expérience que, depuis lors, beaucoup de diocésains ont pris goût de faire ensemble d’année en année. Sans atteindre des chiffres de participation extraordinaires, elle a gagné en popularité, en évoluant sur les parcours et les thèmes abordés, souvent dans la dynamique des Journées mondiales de la jeunesse en préparation. Le sommet de 2000 pèlerins fut atteint… en l’an 2000, année de la promulgation du Synode diocésain sur « l’Evangile dans la Ville ».

Aux participants habituels ou occasionnels de dire ce qu’une telle démarche apporte à leur vie de foi. Pour ma part, j’ai toujours aimé méditer le Magnificat et voir en Marie celle que saint François d’Assise appelle « la Vierge faite Eglise ». Et l’Eglise ne se réalise bien que comme « peuple de Dieu » en chemin, ainsi que le pape François aime à nous le redire et à nous le montrer, à la suite du Concile Vatican II (1961-1965).

« Toutes les générations me diront bienheureuse », chante la Vierge Marie. Le pèlerinage de Notre-Dame des Anges en est, parmi d’autres, un témoignage vivant. Là, nous ne sommes pas cloisonnés mais ensemble. Petits et grands partagent, dans la marche, le pique-nique commun, les stands, le chapelet, le sacrement de réconciliation, la messe… la même joie, les mêmes intentions de prière, le même désir de ressembler au Seigneur Jésus et de nous aimer, pour devenir ses envoyés auprès des autres dans ce grand diocèse aujourd’hui déjà quinquagénaire !
 

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Il faut remonter à seulement dix ans cette année pour dire quelques mots de l’aventure de Lourdes. Si ma mémoire est exacte, le P. Jacques Midy avait accepté d’être aumônier des pèlerinages. C’est lui qui, dans une conversation, me suggéra qu’à l’occasion des 40 ans de notre diocèse, une nouvelle initiative serait la bienvenue. Pourquoi ne pas lancer un pèlerinage à Lourdes, comme il en existait dans les diocèses voisins, et notamment dans celui de Pontoise, avec lequel nos contacts étaient naturels ?

Un autre prêtre, le P. Guy Gelly, qui avait longtemps exercé son ministère au Brésil, me raconta que là-bas, c’était souvent l’évêque qui emmenait tous ses prêtres dans un lieu de pèlerinage et qu’il leur prêchait lui-même la retraite. Ces deux perspectives furent adoptées la même année 2006 et eurent un franc succès. Prêtres, diacres, religieux et laïcs cherchaient de cette manière à se saisir concrètement de l’appel à la conversion et à la créativité missionnaire lancé par le Synode.

Dès le commencement, il y eut une petite équipe de chrétiens, à Gagny, assez convaincus pour prendre en mains l’aspect matériel et opérationnel de l’organisation : inscriptions, transport et surtout hospitalité. Le P. François-Xavier Zeller (+2010), directeur des pèlerinages à Pontoise, nous prêta main forte, et nous nous sommes sentis tout de suite bien accueillis par l’Hospitalité de Lourdes, qui inscrivit avec enthousiasme notre diocèse dans la liste déjà longue des diocèses coutumiers du grand pèlerinage marial.

Nous n’avons pas pu tout de suite inviter les handicapés à se joindre à nous, car une hospitalité, au sens donné par Lourdes à ce terme, ne s’improvise pas. Elle demande des bras et des compétences médicales, donc suffisamment de jeunes et de professionnels motivés. Rapidement toutefois, ces conditions ont pu être remplies. Le chiffre des pèlerins n’a cessé de croître, et le Service diocésain des pèlerinages est devenu un organe vivant du diocèse.

Le fait d’adopter chaque année le thème de Lourdes proposé à tous les diocèses, tout en y introduisant nos propres orientations, a été porteur pour nous mettre au diapason des recherches de l’évangélisation dans l’Eglise de France et du monde entier qui aime à venir prier devant la grotte avec l’humble Bernadette. D’ailleurs, à travers le « Frat » en Ile-de-France, de nombreux jeunes de chez nous sont familiers de cette figure et de l’atmosphère de service et de partage qui émane des lieux.

Il y a une grâce propre de conversion à Lourdes, vécue dans les célébrations,  le chemin de la croix, la confession ou aux piscines, mais surtout à travers le compagnonnage et la tolérance mutuels, en se mettant au service les uns des autres.

Lourdes est un haut lieu de catéchèse. Personne n’en repart comme il est arrivé. Chacun y puise, au bon moment, la lumière de l’Esprit Saint et la force dont il a besoin sur le chemin de sa vie chrétienne à l’intérieur de sa famille, de son travail, de ses engagements sociaux, de ses projets et de son insertion dans l’Eglise. Nous pourrions tous nous raconter ce que nous y avons expérimenté personnellement et comme peuple de Dieu. Bonne route aux futurs pèlerins !
 

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Je ne veux pas conclure sans au moins mentionner le pèlerinage qui part de  Notre-Dame des Vertus, à Aubervilliers, et va jusqu’à la cathédrale Saint-Denis. On le fait aussi en sens inverse. Je ne suis évidemment pas l’initiateur de ce pèlerinage ! Celui-ci remonte au moins jusqu’au XVIème siècle. Ce sont les prêtres de Notre-Dame des Vertus qui ont repris l’usage ancien. Rien de plus heureux que de longer le Canal d’une basilique à l’autre, et de méditer ensemble sur le thème de la miséricorde par exemple.

Je me suis contenté d’encourager cette marche du 1er mai. Sans oublier saint Joseph et les travailleurs, l’accent est mis, une fois encore, sur le rôle de Marie.

Le seul fait que je rappellerai c’est le suivant. Une fois, lors de notre entrée en procession dans Aubervilliers, cantiques sur les lèvres, bannières au vent, quelle ne fut pas notre joie de voir des jeunes musulmans dans la rue et des commerçants sur le pas de leurs portes applaudir à notre passage pour nous encourager ! Notre-Dame des Vertus avait trouvé là de nouveaux amis, dont certains, sans doute, gardaient de bons souvenirs de Notre-Dame d’Afrique.

Les pèlerinages ne sont pas ostentatoires. Ils n’expriment pas la peur des autres ou je ne sais quel « piétisme » désuet. Ils sont l’expression populaire de l’espérance qui nous habite, celle qui, ailleurs dans le monde, à Fatima, à Czestochowa, à Aparecida ou Guadalupe, reflète la foi incarnée du peuple de Dieu.

+Olivier de Berranger
ancien évêque de Saint-Denis-en-France