Quel genre de "moulin" sommes-nous ? — Diocèse de Saint-Denis-en-France

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Diocèse de Saint-Denis-en-France
menu
menu
  • bapteme.jpg
Actions sur le document

Quel genre de "moulin" sommes-nous ?

Petite réflexion sur le message du pape François pour la Journée mondiale de la communication du dimanche 28 mai 2017.

Fabrice Bault / CIRIC

Publié le 22/05/2017

En successeur de Pierre, le pape François nous partage une réflexion sur les usages numériques dans notre vie, à l’occasion de la Journée mondiale de la communication [1]. Et met la communication au premier plan. « L’accès aux médias, grâce au développement technologique, est tel que beaucoup de gens ont la possibilité de partager instantanément et de la diffuser de manière capillaire », écrit-il en amorce de son message.

François nous place rapidement en face de nos responsabilités, nous invitant à ne pas nous laisser guider par un monde tel que nous voudrions qu’il soit, mais de nous confronter au monde tel qu’il est. Ce monde, à la merci de l’esprit humain, fait grandir aussi bien la joie que la détresse, autant la paix que la violence, la confiance que la méfiance. Nous avons donc, souligne le Pape, « la possibilité de décider de moudre du grain ou de l’ivraie ».

Alors, on pourrait se poser cette question : quel genre de "moulin" sommes-nous ?... Un moulin ne broie pas tout et n’importe quoi, à n’importe quel moment. Il tire le meilleur parti de la force et des caprices du vent et de l’eau. Pour nous aiguiller, le Saint-Père cite saint Cassien : « L’esprit de l’homme est toujours en action et ne peut cesser de "moudre" ce qu’il reçoit, mais c’est à nous de décider de quel matériel l’approvisionner ». Cette vérité du saint martyr m’oriente vers un autre moulin admirable de l’abbatiale de Vézelay, connu sous le nom de "moulin mystique", où Moïse verse le grain et l’apôtre Paul recueille la farine. Ce chapiteau roman nous montre la première alliance reçue au Sinaï et la nouvelle alliance qu’est le Christ… notre farine. Oui, Jésus Christ est la farine de notre vie sur terre [2]. Là est bien la différence pour nous chrétien. La bonne nouvelle de Jésus nous a laissé un Evangile pour nous guider à voir le monde comme il est et de vivre notre quotidien comme il doit être, « pour lire la réalité avec de bonnes "lunettes"… Jésus utilisait les paraboles, dans lesquelles le Royaume de Dieu est souvent comparé à la semence, qui libère sa puissance vitale justement quand elle meurt dans le sol [3] »

Communiquer l’espérance et la confiance en notre temps, ce n’est pas rejeter la réalité, avec ses réalités humaines et matérielles, mais c’est de nous enrichir de ces réalités pour "moudre" le meilleur de nous-même. « Tout nouveau drame qui arrive dans l’histoire du monde devient aussi le scénario d’une possible bonne nouvelle, car l’amour parvient toujours à trouver le chemin de la proximité et à susciter des cœurs capables de s’émouvoir, des visages capables de ne pas se décourager, des mains prêtes à construire », signale le Saint-Père. Avec la conviction qu’avec plus de 7 milliards d’êtres humains, « il est possible d’apercevoir et d’éclairer la bonne nouvelle présente dans la réalité de chaque histoire et dans le visage de chaque personne », poursuit-il.

Avec la multitude des médias et des réseaux sociaux, nous sommes confrontés à une superposition de réalités qui trop souvent incarnent les peurs et les angoisses de notre temps, et régentent nos comportements. Et puis, quelle est la part du vrai et du faux, surtout à l’heure des fake news (informations truquées) ?... « Si tout le monde accepte le mensonge, le mensonge passe dans l’histoire et devient la réalité », écrit Georges Orwell dans son célèbre roman 1984.

L’équation n’est pas de savoir tout ce qui se passe sur la planète en temps réel, mais d’enrichir les événements du monde d’une réponse personnelle. Par un authentique témoignage de vie, irriguée par notre propre énergie - comme l’eau ou le vent qui permet au moulin de faire son œuvre -, « comme d’un homme qui aurait jeté du grain en terre : qu’il dorme et qu’il se lève, nuit et jour, la semence germe et pousse [4] ». Par notre baptême, nous avons cette vocation. Parce qu’en témoins et disciples du Christ, éclairés par l’événement de la Pentecôte [5], par les dons et la mission reçus, nous sommes « communicateurs d’une humanité nouvelle, rachetée, "jusqu’aux extrémités de la terre" [6] ».

Alors, avec un regard lucide, mettons dans notre "moulin" le meilleur de nous-même, pour être « comme des phares dans l’obscurité de ce monde, qui éclairent la route et ouvrent de nouveaux chemins de confiance et d’espérance ». C’est la belle invitation du pape François en conclusion de son message.


Bruno Rastoin,
Délégué diocésain à la communication

 

Lire le message du pape François pour la Journée mondiale de la communication 2017

 

[1] Dimanche 28 mai 2017
[2] En tournant la meule, Paul, tu sépares la farine du son. De la Loi de Moïse, tu révèles la connaissance profonde. De tant de grains est fait le vrai pain sans son, notre nourriture éternelle et angélique. Abbé Suger, Œuvres, les Belles Lettres, 1996
[3] Cf. Marc 4, 1 à 34
[4] Cf. Marc 4, 26-27
[5] Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière (Séquence de Pentecôte)
[6] Cf. Actes des apôtres 1, 7-8