Appelés à servir l'Eglise (N°35 / Juin - Juillet 2017) — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Appelés à servir l'Eglise (N°35 / Juin - Juillet 2017)

Le témoignage de prêtres heureux et profondément donnés tient sans doute une grande place dans la naissance de toute vocation sacerdotale. Associée à ces modèles de prêtre, l’expérience d’une communauté de foi authentique et courageuse est nécessaire pour que le secret d’un amour naissant s’épanouisse en projet de servir l’Église.
« Les vocations sont l’affaire de toute l’Eglise, alors osons appeler ! » (Mgr Delannoy)

« Le sens de ma vie est de désigner le Christ au milieu du monde » (Père Marc Fassier)

 

Une vocation particulière

Y as-tu déjà pensé ?

Une joie profonde

Accueillir et accompagner ceux qui nous sont confiés

Un prêtre heureux

Une vocation missionnaire

L'Esprit de sainteté en chacun de nous

Aidons les séminaristes !

Dieu n'appelle pas des saints, mais des pécheurs

Viens

Repères

 

 

 

Une vocation particulière

Père Michel Stoeckel, délégué diocésain aux vocations

Le père Jacques Schneider : quelle fougue ! Quelle santé ! Et surtout, quel amour passionné du Christ ! Autour de lui se réunissaient des jeunes adultes pour aborder la Bible et y découvrir Celui qui s’adresse à chacun, à l’intime. Il nous emmenait marcher l’été pour que la foi nous rentre par les pieds, bien sur terre avec le cœur au ciel.
A lui, je dois d’avoir rencontré le Christ et de me découvrir le goût de lui ressembler.
Un autre prêtre racontera son histoire de vocation dans un tout autre scenario. Ce sera toujours à la gloire de Dieu, avec la même expérience intérieure d’un appel au bonheur.
Quel que soit son trajet, la naissance d’une vocation de prêtre dans le cœur d’un jeune homme est toujours un mystère divin. Et le mystère ne s’explique pas, il se visite avec crainte et joie mêlées.  
La force d’un appel au sacerdoce provient de la rencontre entre la beauté du Dieu désirable, la perspective d’un accomplissement personnel dans un bonheur profond et l’appel de l’Eglise qui accueille le don qui lui est fait.

Un terreau fertile

Notre pape François, vigoureux pour interpeler les communautés d’Eglise afin qu’elles s’ouvrent à leur vocation à la proximité avec les pauvres, offre ainsi à nos paroisses, mouvements et services un critère de relecture et de conversion salutaire pour leur vitalité tout autant que pour l’émergence de nouveaux prêtres à leur service.
Même s’il arrive que des jeunes mûrissent une vocation de prêtre sans l’aide apparente de leur famille, l’amour gratuit reçu en famille ainsi que l’encouragement au don que favorise la vie dans une famille ancrée dans la communauté chrétienne, mélange subtile d’attention et d’audace, donnent à un jeune un socle suffisamment solide pour qu’éclose une vocation au don de soi, à la suite du Christ.

Cela réclame cependant de la part des parents une ouverture à la possibilité d’un appel de leur enfant ; bien plus qu’une acceptation, un désir d’offrir son fils à plus grand qu’eux, au prix de se savoir éventuellement privés de petits enfants. Ensuite, une véritable vocation de prêtre s’élabore et s’affine dans le temps, grâce à différents moyens de discernement. L’accompagnement spirituel personnel en est le pilier. Mais aussi l’Année Saul, différents groupes vocationnels, équipes de recherche, année communautaire en colocation, vie en diocèse, stages en paroisse et partage avec des équipes de prêtres… Tous ces lieux façonnent une personnalité qui pourra se proposer à entrer en formation au service de son Eglise diocésaine.

De fait, il faut aux futurs prêtres des fondations solides pour répondre aux défis de la vie de prêtre dans les décennies qui viennent : les caractéristiques des prêtres dont l’Eglise aura besoin et les conditions du ministère sont en évolution profonde, au rythme des transformations de la vie de l’Eglise, pour autant qu’elle soit soucieuse de répondre, pour sa part, à sa vocation de Corps vivant du Christ aujourd’hui.

 

Y as-tu déjà pensé ?

Père David Krupa, vicaire des paroisses de Montfermeil

La première personne à qui j'ai parlé de ma vocation est ma grand-mère. Nous parlions parfois religion mais jamais je ne lui avais parlé de mes interrogations quant à mon avenir. A ma grande surprise, lorsque je lui ai annoncé ma décision d'entrer au séminaire, je l'ai entendu me dire : « Je l'ai toujours su ! Vas-y, fonce ! » Quelle surprise pour moi mais aussi quelle joie de me savoir soutenu. 

Le reste de la famille, étant plus éloigné de l'Eglise, s'est longtemps interrogé : qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Est-ce qu'il rentre dans une secte ? Et finalement, voyant que je m'épanouissais de plus en plus, ils ont été rassurés. Même si mon choix a pu les dérouter, ils ne m'ont jamais fait obstacle... au contraire. 

Le courant passe !

Dans mon cheminement, plusieurs personnes ont compté. Tout d'abord ma grand-mère, grâce à qui j'ai pu commencer à découvrir la foi. Puis, ma catéchiste : en effet, avant d'entrer au séminaire, je suis entré en catéchuménat pour me préparer à la première communion puis à la confirmation. Ce furent deux belles années durant lesquelles j'ai pu approfondir ma foi. Enfin, le prêtre qui m'a accueilli la première fois que je suis entré dans une église. Sa manière de célébrer, de prêcher m'ont permis de découvrir la grandeur de ce que nous célébrons à la messe. 

Ce qui fait ma joie de prêtre, aujourd'hui, c'est de voir des personnes découvrir l'amour de Dieu dans leur vie. A travers les sacrements, à travers une parole, voir Dieu rejoindre ces gens. En tant que prêtre, nous sommes appelés à être les fils conducteurs entre Dieu et son peuple : quelle joie de voir que le courant passe ! Un exemple : durant la période de l'Avent, nous organisions des temps de confession juste avant la messe du samedi soir. Voilà qu'un enfant du caté vient, tout seul, comme un grand, suivi de deux de ces camarades. A la fin de la confession, quelle joie de l'entendre dire à son copain : « La confession, c'est trop bien !»

Prier le maître de la moisson

Le message que j'aimerais adresser aux communautés chrétiennes et aux famille est un encouragement à la prière. J'étais totalement déconnecté de l'Eglise jusqu'à l'âge de 20 ans. Je n'ai pas eu le désir du sacerdoce en voyant une affiche, un tract ou autre. Ca m'est tombé dessus. Et je suis persuadé que je suis le fruit de nombreuses prières. Notre mission première est d'obéir au Christ qui nous dit : « Prier le maître de la moisson. » Ce n'est pas une option, ce n'est pas facultatif, c'est nécessaire. 

N'ayez pas peur

La deuxième chose est d'arrêter d'avoir peur : peur de violer la liberté d'un jeune, peur que vos enfants ne soient pas heureux en étant prêtres, peur de ne pas avoir de petits-enfants. Notre évêque parle d'une « culture de l'appel ». C'est précisément là que se vit la véritable liberté, en posant cette simple question : « Et toi ? tu y as déjà pensé ? »

Pendant trop longtemps nous avons oublié que le Christ veut passer par des médiations, par l'Eglise, par chacun de nous, pour rejoindre l'autre. C'est aussi valable pour l'appel au sacerdoce. 

 

Une joie profonde !

Père Marc Fassier, délégué diocésain à la formation

Je me souviens de ce jour où l’Eglise, par la voix de l’évêque, m’a appelé à servir comme prêtre dans le diocèse. On se sent toujours petit par rapport à un appel de Dieu. Mais je voudrais dire aujourd’hui combien le Seigneur est Celui qui nous donne les moyens de répondre à son appel.
Je ne compte pas sur mes propres forces mais je les puise dans ma relation au Christ en lui posant chaque matin cette question : « Que veux-tu que je fasse pour Toi ? » Car ce qui m’a donné le désir de suivre le Christ comme prêtre, c’est avant tout la joie du témoignage de prêtres donnés par amour, ceux de mon enfance, mais aussi plus tard, de moines faisant de leur vie une louange au Seigneur.

Un bouleversement

Puis j’ai fait l’expérience, dans mes études, de milieux loin de Dieu et de son Eglise. Cela n’a fait que renforcer mon désir de porter le Christ au monde. Un dimanche matin, lorsque j’étais étudiant, je suis allé à la messe de 9h, alors que je m’étais couché bien tard suite à une soirée étudiante. J’ai été profondément bouleversé par ce prêtre âgé qui ne faisait que redire ces paroles avec une voix fragile : « Ceci est mon corps livré pour vous. » Le Christ lui-même se donnant à moi par amour, mais pas seulement à moi, à toute l’humanité, y compris à mes amis étudiants que j’avais laissé quelques heures auparavant et qui ne le connaissaient pas ou lui étaient indifférents.

Désigner le Christ au milieu du monde

Je me suis dit que le sens de ma vie pouvait alors se résumer dans cet acte : désigner le Christ au milieu du monde. Aujourd’hui, tout ce que je vis dans mon ministère est motivé par ça. Cela peut passer par ma parole lorsque je parle de l’Evangile, lorsque je forme des laïcs à l’approfondissement du mystère de l’Eglise, lorsque je témoigne de l’espérance auprès de familles en deuil ou de malades. Mais désigner le Christ peut se résumer aussi à une présence qui accompagne, lorsque que je suis avec des couples qui cherchent un chemin pour s’aimer en présence de Dieu, ou lorsque je soutiens des dirigeants d’entreprise (une de mes missions à Roissy) alors qu’ils cherchent à donner un sens chrétien au travail. Désigner le Christ, c’est être prêtre à tous les moments de ma vie, y compris lorsque je vais au cinéma avec des amis ! C’est alors un mystère qui dépasse ma personne. Et le prêtre désigne pleinement le Christ lorsqu’il rassemble dans l’unité le peuple de Dieu. C’est là que je puise ma joie : voir des femmes et des hommes si différents, des enfants et des jeunes vivre une communion fraternelle parce qu’ils ont répondu à l’appel du Christ. Partout où je suis passé comme prêtre, ma motivation était de faire des communautés une famille joyeuse, fraternelle, où chacun est attentif aux besoins de l’autre. Un des gestes simples que je fais chaque jour et qui remplit mon cœur d’une joie profonde, c’est de servir la communion. Voir ces personnes, ces vies données pour accueillir ce don immense du Christ qui se fait nourriture de leur vie. Si je n’avais plus la capacité de faire toutes les autres choses que je fais dans ma vie de prêtre et s’il restait cela je serais comblé.

 

Accueillir et accompagner ceux qui nous sont confiés

Père Patrick-Jacques Lefèvre, délégué diocésain à la formation des ministères

Je suis un prêtre missionné et délégué par notre évêque, Mgr Pascal Delannoy afin d’accompagner l’insertion pastorale de ceux qui sont en devenir d’être prêtre. Cela se manifeste par une attention, une écoute, un discernement, un approfondissement dans un dialogue, un respect pour celui qui exprime cet appel et son désir de devenir prêtre de Jésus-Christ...
Cela nécessite aussi une présence nécessaire auprès de tout candidat en lien avec l’instance intellectuelle et spirituelle qui le forme pendant de longues années au séminaire ou toute autre maison de formation accréditée par l’évêque.

Soutenir le candidat au quotidien

Cela en lien avec une communauté catholique locale qui accepte de le recevoir pendant quelques années afin de discerner concrètement sur le terrain l’ouverture et les aptitudes nécessaires. Une vie de prêtre au service de Dieu et de son Église dans le diocèse de Saint-Denis-en-France sont à ces conditions.

Les orientations du diocèse sont là pour aider afin que l’Évangile de Jésus-Christ soit annoncé aujourd’hui, vécu et célébré au sein des villes du département.
Autant dire que le délégué du diocèse vit un temps de maturation, d’approfondissement, de confrontation avec le candidat et le curé qui le reçoit chacun dans sa responsabilité pastorale.

Une grâce partagée

Recevoir un séminariste dans une paroisse, un mouvement, un service est une grâce largement partagée et très souvent bénéfique.
Accompagner ceux qui nous sont confiés, au titre d’une responsabilité, manifeste que nos communautés chrétiennes en devenir vivent toujours dans la joie et l’espérance du Christ Ressuscité.
C’est le  beau service et la marque de confiance que je vis au quotidien au service de l’Église de Saint-Denis-en-France.

 

Un prêtre heureux

Père Benoît Aubert, curé des paroisses d'Aubervilliers

J'ai été ordonné le 24 juin 2006, en la fête de la nativité de saint Jean-Baptiste, pour le diocèse de Paris. Je suis donc entré au séminaire il y a maintenant 18 ans. Pour mes amis, ce ne fut pas une surprise car je parlais facilement de cette possibilité de devenir prêtre et ils me voyaient très engagé dans différents mouvements d'Église. A cette époque, si tous mes amis n'étaient pas catholiques pratiquants, l'immense majorité d'entre eux étaient baptisés. Ils étaient donc plutôt fiers de s'imaginer dans quelques années avec un ami prêtre.

Pour ma famille, c'était assez différent. J'ai essayé d'en parler à plusieurs reprises avec mes parents, tous les deux catholiques pratiquants. J'ai tout de suite compris que c'était un sujet sensible pour maman et je dois bien reconnaître avoir été maladroit à quelques occasions. Finalement, c'est devenu un sujet tabou. J'ai "caché" les principales avancées de mon discernement à tous ceux qui connaissaient mes parents, à commencer par mon frère et ma sœur. Je me souviens que pendant mon année de service militaire, maman me rappelait très souvent qu'avec papa, ils ne m'avaient pas payé des études d'ingénieur pour rien... Elle s'inquiétait de ne pas me voir chercher un travail... J'ai appris plus tard que personne n'était dupe. Mon oncle prêtre, le frère de papa, m'a dit plus tard en avoir parlé très ouvertement à mes parents et qu'ils ne se faisaient aucune illusion...

J'ai pu annoncer la bonne nouvelle à toute ma famille

A la fin de mon service national, je suis venu passer quelques vacances en famille. Ne sachant pas comment aborder le sujet, j'ai fini par déposer un petit dossier sur le séminaire sur la table du salon. Donc, je n'ai jamais dit à ma maman, les yeux dans les yeux : « Je rentre au séminaire. » Il y eut simplement ces quelques feuilles... Maman a pleuré pendant 15 jours alors que papa m'a tout de suite soutenu (comme il l'avait toujours fait), m'apprenant qu'il avait lui-même réfléchi à être moine à mon âge. Au bout de cette période, ô miracle, j'ai vu ma maman coudre sur mes vêtements des petites étiquettes avec mon nom comme c'était précisé dans le dossier de mon entrée au séminaire (pour les lessives communes). J'ai su alors qu'elle avait accepté ! J'ai pu annoncer la bonne nouvelle à toute ma famille et entrer le cœur en paix au séminaire. Je prie souvent pour certains séminaristes dont les parents n'ont pas encore "digéré" l'entrée de leur fils dans cette préparation à la prêtrise.

Par la suite, pendant toutes les années de mon séminaire, mes parents, ma famille et mes amis ont toujours été là pour moi. Je me suis senti très soutenu par leur amitié et par leur prière. Aujourd'hui, mes parents sont tous les deux heureux de me savoir heureux, même si nous parlons finalement assez peu de ma vie de prêtre quand je suis avec eux.

Accompagné par les communautés

Au cours de ma formation, j'ai été très accompagné par les différentes communautés que j'ai pu fréquenter (paroisses de Saint Severin, de Notre-Dame des Buttes-Chaumont et de saint François de Molitor ; aumôneries du Lycée Janson et de la prison de la Santé). Il m'a été accordé beaucoup de confiance et j'ai pu construire de belles amitiés. J'ai découvert l'Église et appris à L'aimer davantage. Je suis conscient d'avoir été beaucoup soutenu. Je rends grâce à Dieu aussi de m'avoir permis, par des expériences difficiles, de redescendre du pied d'estal sur lequel on vous met assez vite : il est tellement merveilleux ce jeune séminariste, il a tout donné pour suivre le Christ,...

Pour ne donner qu'un exemple, j'ai été très marqué par la confiance que m'accordaient les personnes rencontrées dans la prison. Ils venaient naturellement me confier de très grandes souffrances, notamment leur honte d'avoir abandonné leurs familles "dehors". Cette attente de compassion et d'intercession, venant d'hommes souvent plus âgés que moi, m'a fait entrer de plein pied dans mon futur ministère et dans cette exigence de la responsabilité vis-à-vis d'autrui. Cela m'a conforté dans mon appel à la vie sacerdotale.

Je suis tellement reconnaissant envers Dieu

Aujourd'hui, je suis un prêtre heureux, notamment lorsque je suis le témoin de ce que Dieu fait dans le cœur de mes frères. C'est incroyable de constater l'évolution de tel ou tel jeune qui après plusieurs années, parfois difficiles, trouve sa place dans l'Église. C'est tout aussi incroyable d'entendre les expériences de foi de tel ou tel autre paroissien. Je suis fier et heureux d'avoir rencontré tellement de belles personnes, sincères et en route sur le chemin de la sainteté... Je suis aussi tellement reconnaissant envers Dieu de m'avoir donné cette vie. Je me sens vraiment à ma place. Plusieurs fois, j'ai reçu des grâces de paix, notamment lorsque je donnais la communion aux fidèles.

Un terreau qui facilite la rencontre avec le Christ

Pour aider les jeunes hommes à aller au bout de leur discernement, il faut d'abord que nous soyons des communautés fidèles à l'évangile. Si la "mariée" est belle, ils seront heureux de lui donner leur vie.

Il faut aussi les aider à bien comprendre ce à quoi ils s'engagent en vivant le célibat, les aider à vivre la chasteté dans leurs relations avec les autres,...

Enfin, nous devons être des communautés où le Christ est vu, entendu, touché,... Si nous créons un terreau qui facilite la rencontre avec le Christ, c'est sûr des jeunes se lèveront pour marcher à sa suite dans le sacerdoce.

 

Une vocation missionnaire

Père Brice Testu, Missions Étrangères de Paris

Les Missions Étrangères de Paris (MEP) ne sont pas un ordre religieux, c’est une société de prêtres missionnaires (d’où le nom complet : Société des Missions Étrangères de Paris), dont la plupart sont incardinés dans un diocèse français. Je suis, pour ma part, incardiné directement dans la société des MEP, mais je ne suis pas religieux, je suis prêtre séculier, comme tous les prêtres des Missions Étrangères de Paris.

Je réside la semaine à Paris pour mes études, et en fin de semaine à Aubervilliers, où je rends des services pour la pastorale, en m’occupant des confirmands, des servants d’autel et du suivi de la conférence Saint-Vincent-de-Paul.

Je me suis rendu compte très progressivement de mon désir de devenir prêtre. Né dans une famille de tradition catholique sans être très pratiquante, c’est grâce au scoutisme et au service de l’autel dans mon collège que j’ai découvert la messe et des prêtres heureux qui m’ont donné envie de faire comme eux. Ce projet a mûri tout au long de ma vie étudiante assez agitée, avec des incohérences, des hauts et des bas, mais je suis finalement entré au séminaire à la fin de mes études. Ma vocation missionnaire a grandi alors que j’ai quitté le séminaire après deux ans pour partir au Laos, un an, avec les MEP. Après cette année fondatrice, je sui rentré chez moi à Lyon, puis j'ai demandé, peu après, à être admis comme séminariste des MEP.

Les Missions étrangères de Paris m'ont attiré

Les MEP m’ont attiré pour plusieurs raisons : premièrement un grand sentiment de liberté et de responsabilité au sein de la société. C’est une société d’hommes adultes où on vous traite comme un adulte, avec la confiance et l’exigence que cela implique. Ensuite, l’équilibre de vie au sein de la société : les rapports sont francs, bienveillants et le respect mutuel est gage de soutien intense dans la prière et l’amitié, même si c’est rarement exprimé lors de grandes effusions sentimentales. Ensuite, la mission de la société est de construire les Églises des pays de mission, c’est aujourd’hui un service humble d’évangélisation et de transmission. Les MEP ne font pas carrière, ils sont au service des Églises locales jeunes et en croissance.

Prêtre diocésain dans un pays de mission

Je suis prêtre diocésain, c’est pour moi extrêmement important. Simplement, je vivrai ma vie sacerdotale dans un diocèse de pays de mission. C’est l’Église de France qui tire de sa pauvreté pour aller donner des missionnaires diocésains dans les diocèses en construction.
C’est mon parcours de vie qui m’a permis de discerner que j’étais plus à ma place aux MEP qu’ailleurs. Je n’aurai pas connu les MEP sans quitter le séminaire au bout de deux ans ! L’année de volontariat passée au Laos a été déterminante, la place que les liens tissés ont pris après mon retour m’a poussé à rechercher plus avant l’éventualité d’une vocation spécifiquement missionnaire. Le conseil des MEP, de mon père spirituel, d’amis, et surtout ma propre recherche du bonheur m’ont conduit à rentrer aux MEP. 

Une grande famille

Je dois beaucoup aux Missions Étrangères de Paris, qui sont une grande famille pudique. La société m’a accompagnée avec grande bienveillance et discernement depuis que j’ai franchi les portes de la rue du Bac (la maison mère) en 2011. Je dois beaucoup et garde une grande reconnaissance à tous les prêtres qui ont su me guider et me conseiller. Notre confiance est mutuelle, c’est un grand atout. La fraternité est réelle entre les confrères MEP, même si nous ne nous connaissons pas tous, loin de là. Avec ceux que je connais, des relations d’amitié sincères et profondes se sont développées, sans grandes effusions, mais avec beaucoup d’authenticité.

Les MEP n’ont pas de spiritualité particulière, mais nous nous tenons tous dans la prière. Sur le plan pratique, j’habite dans la maison MEP rue du Bac à Paris, et je vis donc au vouer de la société. La visite des confrères donnent l’occasion de les rencontrer.

Une grande responsabilité

Je souhaite faire découvrir au peuple que le Seigneur me confie la beauté de l’Église voulue par le Seigneur, prémice de ce que nous vivrons au Ciel.
Je n’ai pas encore pu observer grand chose depuis mon ordination (le 26 juin 2016, ndlr), je ne suis pas parti sur mon pays de mission ! De ma mission actuelle, je déduis que les fidèles attendent du prêtre une grande disponibilité, une grande qualité d’écoute et de conseil. Souvent on vient chercher le prêtre parce que « lui doit savoir, il pourra dire quelque chose ». Cela nous donne une grande responsabilité quant à la place du Seigneur dans notre vie, quant à la qualité de notre formation et de notre savoir. Il ne s’agit pas de faire peser nos compétences supposées sur les épaules des laïcs, mais au contraire de savoir les mettre à leur service et les rendre accessibles. Bien souvent, les prêtres apprennent beaucoup des attitudes chrétiennes des laïcs, c’est un échange fructueux. 

Les prêtres n’ont-ils pas l’air heureux ?

Je crains que beaucoup de personnes aient peur, soit d’être appelé à être prêtre, soit que quelqu’un de leur entourage le soit. Les sacrifices qui accompagnent le sacerdoce apparaissent trop grand pour beaucoup. Mais regardez autour de vous… les prêtres n’ont-ils pas l’air heureux ? Oui, ils ont fait des sacrifices, ne pas fonder de famille étant sans doute le plus visible de tous, ils ont des emplois du temps impossibles, ils courent partout, ils supportent beaucoup, ils ne sont pas parfaits, etc. Mais n’ont-ils pas l’air heureux ? J’ai pu considérer la prêtrise comme possible parce que j’ai rencontré des prêtres heureux qui donnaient envie. Alors si l’idée vous trotte dans la tête ou si vous la voyez trotter chez quelqu’un… n’ayez pas peur, c’est un chemin de bonheur !

 

L'Esprit de sainteté en chacun de nous

Père Tanneguy Viellard, Aubervilliers
Je suis prêtre du diocèse de Paris, vicaire dans l'équipe Fraternité des prêtres missionnaires pour la ville (FMPV) à Aubervilliers depuis mon ordination en 2012. C'est une nomination que j'avais souhaitée et j'y suis profondément heureux.

Peu de temps après mes 18 ans, le 30 juin 2002, lors d'une ordination sacerdotale dans la cathédrale d'Autun, j'ai pris conscience de l'appel au sacerdoce en moi. « Je donne ma vie Jésus, et ma joie est immense ! » avait lancé le nouveau prêtre à l'assemblée à la fin de la célébration. J'ai été retourné comme une crêpe par cette simple phrase ! J'ai eu le cœur broyé par le sacrifice du Christ et submergé par sa beauté. J'étais attiré et j'avais peur. Peur de moi-même et de mon péché devant une telle vocation. Et peur de faire de la peine à mes parents. J'ai supplié le Seigneur qu'Il prenne tout en charge.

Une année de fondation

Pendant 1 an, je n'ai parlé à personne de ce que j'avais ressenti. Puis j'en ai parlé à un ami prêtre qui m'a simplement dit de terminer tranquillement mes deux années d'études restantes à l'université et de mettre en place une vie de prière structurée et quotidienne : si l'émotion profonde ne venait que de moi, je finirais par oublier ; si cela était un appel de Dieu, alors la vie de prière le ferait germer. C'est ce que j'ai fait. Et au bout de deux ans et quelques retraites avec les exercices spirituels de saint Ignace, je décidai de rentrer à la Maison Saint Augustin du diocèse de Paris pour une année de fondation spirituelle qui permettait de discerner et confirmer ou non l'appel.

Cette année de fondation m'a permis de lire la Bible en entier, d'approfondir la vie chrétienne liturgique et communautaire. Chaque jeudi, nous allions visiter les malades et les mourants dans les hôpitaux de Paris. Un mois de stage à l'Arche auprès des personnes ayant un handicap mental et un mois de grande retraite en silence à la fin de l'année m'ont beaucoup aidé à mieux me connaître moi-même et à garder les pieds sur terre.

Le Seigneur m'a parlé par bien des personnes

Au séminaire, je ne me suis pas senti à ma place au début. De grandes résistances intérieures ont commencé à surgir. Je n'arrivais pas à me les expliquer moi-même. Cela a duré un certain temps. Le Seigneur m'a parlé par bien des personnes : des professeurs, des paroissiens, des prêtres, d'autres séminaristes. Le Seigneur m'a sauvé par la vie communautaire, les amitiés fraternelles des séminaristes, le témoignage et le sacrifice de prêtres âgés entièrement donnés, la direction spirituelle, la dévotion au Coeur-sacré. Ce qui m'a aidé, c'est d'accepter et d'embrasser la croix plutôt que de la fuir. Alors, la paix est revenue petit à petit. Et la joie aussi.

Au final, je dirais que le meilleur soutien, c'est d'abord la sainteté des uns et des autres. Le mariage édifiant de ma grand-mère m'a donné encore plus le désir d'être prêtre. Le même Esprit de sainteté agit différemment en chacun de nous. Sa présence au sein d'une communauté est sans doute plus importante que de proposer des stéréotypes de vocations sacerdotales. Néanmoins, c'est important qu'à un moment donné un jeune homme appelé au sacerdoce puisse croiser des prêtres heureux. D'où l'importance de l'amour entre prêtres et laïcs. Un amour qui soit communion, c'est-à-dire union dans l'altérité, où les rôles différenciés et la complémentarité apparaissent clairement. Les lieux d'Eglise où on sent un esprit de compétition, ça fait fuir les vocations. Enfin, l'adoration eucharistique me paraît très importante : une communauté qui adore le Seigneur dans son Eucharistie attire et fait germer les vocations de prêtres qui sont par essence des hommes de l'Eucharistie. Sans mots, cette communauté dit tant...

 

Aidons les séminaristes !

Père Patrick Morvan, aumônier diocésain du Secours Catholique - aumônier des Artisans de la Fête - artistes des cirques - aumônier des Gitans et Gens du voyage.

L’ancien évêque de notre diocèse – Mgr Olivier de Berranger – m’avait confié la mission de délégué diocésain à la formation au ministère presbytéral.  Responsable des séminaristes à partir de leur entrée au séminaire, voici quelles étaient mes principales  préoccupations : connaître les séminaristes, faire le lien entre les séminaires et le diocèse, susciter des  paroisses d’accueil avec une équipe d’accompagnement et les temps d’évaluation et de discernement.

Si le prêtre est essentiel à la vie de l’Eglise (et je le crois), c’est toute notre Eglise diocésaine (communautés et familles) qui est appelée à vivre cette conviction et à contribuer à la formation des séminaristes. A chacun de voir comment il peut y prendre sa place.

Bien entendu, la prière, l’écoute et l’étude de la parole de Dieu, le repas eucharistique, sont d’une importance vitale. Le lien fort avec l’évêque, avec la vie du diocèse, les paroisses d’accueil, les équipes d’accompagnement ont un rôle considérable. J’en ai été un témoin souvent émerveillé.

J’ajoute ces précisions vraiment pas originales mais peut-être pas inutiles à nous redire :

  • Les séminaristes ne sont pas nés séminaristes ! Ils sont d’abord des hommes ! Aidons-les à bien prendre en compte leur humanité, leurs racines, leur famille, leur histoire, le terreau de leur vie...
  • Les séminaristes ne sont pas d’abord de futurs prêtres éventuels ! Ils sont des baptisés. Aidons-les à vivre maintenant leur vie en réponse à l’appel de Dieu…

La vie, lieux où Dieu se donne à rencontrer

Notre société est pleine de bouleversements, y compris sur le sens de la famille  - beaucoup ne croient plus à des engagements durables, définitifs. Aussi, la formation donnée n’est pas une boîte à outils toute faite, prête à répondre à toutes questions et besoins de notre Eglise, et du monde.
Il me paraît ainsi très nécessaire que les futurs prêtres aient dans notre diocèse des lieux, non seulement de prière, mais aussi de formation continue faite de réflexion, de partage et d’écoute pour mesurer les enjeux et les difficultés de nos choix et initiatives au regard de l’Evangile…

Je crois profondément que la vie est le lieu privilégié où Dieu se donne à rencontrer. Nous sommes habités par l’Esprit, qui nous conduit vers le Père et nous envoie vers tous nos frères : sur le chemin de la vie, et parfois dans des communautés de proximité, nous avons à accueillir,  à annoncer et à célébrer  la Pâques du Christ. C’est pourquoi, l’attention à la vie est si importante.

Faire Eglise

Nous avons à aider les futurs prêtres à faire Eglise… avec tous les autres membres du Corps du Christ : baptisés laïcs, religieux - religieuses, diacres, prêtres, et évêque.

Il s’agit de former des hommes de Dieu qui soient des hommes de communion, d’écoute, de dialogue, des hommes qui n’ont pas réponse à tout, mais qui ont le bonheur de devenir des compagnons de route. C’est le témoignage des disciples d’Emmaüs quand Jésus les a rejoints sur le chemin de leur vie, et que leurs yeux s’ouvrirent au partage du pain. (Luc 24, 13 à 35)

Accompagnateur des séminaristes, j’ai été très souvent impressionné, ému et conforté dans ma foi  par la profondeur de leur démarche pour répondre personnellement et en Eglise à l’appel de l’Esprit. Je les en remercie vivement ainsi que les séminaires, familles, communautés, paroisses, qui les ont accueillis.

 

Dieu n'appelle pas des saints, mais des pécheurs

Père Jacques Braem, curé des paroisses de Pierrefitte-Stains

Les signes de l'appel de Dieu ont été des évènements et des rencontres. Evènements souvent douloureux et rencontres souvent joyeuses.

Le tout premier signe a été le fait d’être appelé par le curé de ma paroisse à être enfant de chœur à la chapelle Saint-André de Villemomble puisque j’allais à la messe tous les dimanches. C’est à ce moment-là qu’un copain a voulu se moquer de moi en disant : « Toi plus tard, tu seras curé ! » car il me voyait habillé en aube servir la messe. Alors je me suis dit : « N’importe quoi, devenir curé, ça ne m’intéresse vraiment pas. » C’est à ce moment-là qu’au fond de moi une question est restée enfouie malgré moi : « Pourquoi ça ? Pourquoi ne pas devenir curé ? », un peu comme si au fond de ma conscience, je savais que je n’avais pas répondu sérieusement à la question et que je me sentais coupable de ne pas y répondre sérieusement.
Puis cette question m’est revenue de temps à autre et chaque fois, je voulais l’effacer car vraiment ça ne m’intéressait pas.
Puis il y a eu la mort de mon frère Guy à 21 ans, d’un cancer qui est celui de la maladie d’Hodgking. Moi je n’avais que 14 ans. On avait l’habitude de jouer ensemble, et cela m’a posé la question sur ce qu’il y a après la mort, l’existence de Dieu, bref des questions très sérieuses pour savoir où était passé mon frère.

Puis il y a eu la rencontre d’un moine dans le monastère de la Trappe du Mont des Cats, dans le nord, que j’ai croisé en allant participer à la prière des complies. Il ne m’a rien dit mais je m’attendais en entrant dans ce monastère à voir des hommes très austères, du genre de ceux qu’on rencontre dans le film Le nom de la rose. Mais au contraire, j’ai ressenti une grande paix intérieure et une joie profonde et cela m’a étonné car pour moi, le monastère était comme une prison et pour vouloir y entrer c’est qu’on était forcément malheureux, dépressif, qu’on en avait marre du monde.

Puis il y a eu la mort d’un acteur que j’aimais bien, Patrick Dewaere, qui s’était suicidé. Je ne comprenais pas qu’on puisse se suicider à 35 ans alors qu’on avait tout pour être heureux : la santé, l’argent, le succès…

Connaître le bonheur

Alors, à la période du bac de philo, je me suis demandé si le bonheur existait, c’est-à-dire la joie dans la durée. Ou bien n'y a-t-il que des plaisirs à prendre comme ça vient mais sans pouvoir jamais être heureux longtemps.

Alors, je me suis dressé mentalement une liste de personnes qui me paraissaient connaître le bonheur… Une seule personne correspondait : mon oncle prêtre dans la Somme. Et ça m’a étonné car il était toujours égal à lui-même heureux de manière profonde, rendant mille services alors que sa vie me paraissait sans intérêt car il faisait des enterrements, fréquentait surtout des personnes âgées, n’avait pas de week-end, passait son temps dans des églises froides et humides, ne fondait pas de famille, vivait modestement, il ne donnait pas l’impression de penser à lui mais aux autres...

C’est à ce moment là que ça m’a fait penser au moine de la Trappe qui, malgré un endroit à faire peur, vivait intérieurement un bonheur.

Pourquoi ne pas devenir prêtre ?

Alors, évidemment la question revenait d’autant plus forte : « Pourquoi ne pas devenir prêtre ? » Mais ça ne m’intéressait toujours pas. Je préférais devenir pompier pour l’action ou autre chose.
Et puisque la question persistait j’ai cherché les bonnes excuses qui faisaient que je ne pouvais pas devenir prêtre.

J’en avais 3 réelles.

  • La pauvreté : étant de génération Cola, stylo jetable je ne voyais pas pourquoi même si j’étais de milieu modeste, il faudrait se passer de certains biens si on pouvait les avoir. La pauvreté ne m’attirait pas du tout.
  • La sainteté : pour moi, être prêtre c’était être un saint et je ne me savais pas saint du tout.
  • La timidité : le prêtre est l’homme qui parle devant tout le monde au micro et moi j’avais toujours refusé de faire une lecture à la messe. Ca  me faisait paniquer.

Et malgré cela, malgré avoir répondu pour la 1ère fois vraiment à la question  « pourquoi ne pas devenir prêtre ? », la question demeurait en moi.
Alors cela m’embêtait, c’était la période de l’université, où je pensais plus sérieusement à mon avenir, où je fréquentais plus les filles, mais tout cela était incompatible avec cette question « pourquoi ne pas devenir prêtre ? »

Ma prière a changé

Alors, puisque c’était la période du service militaire qui était obligatoire je me suis dit que j’allais en profiter pour couper les ponts avec la religion, m’éloigner un peu de la famille et profiter pour aller au soleil en Afrique.
Et je me suis porté volontaire chez les "para" en faisant même avant le service militaire, une préparation militaire parachutiste à Orléans pour être sûr d’être envoyé chez eux.
Et voilà que j’ai été envoyé à l’étranger mais dans le seul régiment parachutiste français en Allemagne… dans le 13e RDP.
Les 1ères manœuvres se faisaient à moins 10 degrés en décembre… Je ne vais pas détailler, mais ce régiment était particulièrement dur car il fait partie des commandos "para" qui sont envoyés derrières les lignes ennemis en temps de guerre composés surtout de professionnels.

Je me souviens que je m’étais engagé à ne plus prier pendant le service militaire pour éliminer en moi cette question de devenir prêtre, mais ce fut l’inverse car c’était très dur physiquement et moralement et il fallait bien que je me rattache à quelque chose pour tenir le choc… C’est alors que ma prière a changé. Au lieu de prier pour me donner bonne conscience, je demandais humblement de l’aide à Dieu, ma prière devenait plus vraie, plus sincère et par conséquent Dieu pouvait me parler plus librement car je l’écoutais autrement. C’est alors que ma vocation de prêtre s’est fait entendre là-bas en Allemagne au bord du lac de Constance.

Le service militaire m’a aider à me libérer de deux de mes obstacles à devenir prêtre :

  • la timidité car dans les commandos-para on apprend à maîtriser ses peurs;
  • la pauvreté car j’ai découvert que la pauvreté demandée dans l’Eglise n’est pas la misère mais se débarrasser du superflu pour vivre plus intensément.

Par contre pour ce qui était de la sainteté, ça ne m’avait pas du tout arrangé…

C’est alors que quelques mois plus tard, lors d’une visite chez mon oncle prêtre, je suis tombé sur une prière de la revue « Prier » qui disait à peu près ceci : Dieu a besoin d’un homme pour conduire son peuple au désert. Il choisit un vieillard, alors Abraham se leva. Dieu a besoin d’un homme pour fonder son Eglise, il choisit un renégat, alors Pierre se leva. Dieu a besoin d’un homme pour annoncer son message, il choisit son persécuteur, alors Paul se leva. Dieu a besoin d’une femme pour témoigner de son amour, alors il choisit une prostituée et Marie-Madeleine se leva. Dieu a toujours besoin d’un homme ou d’une femme pour que son peuple se rassemble, il t’a choisi et tu trembles pourrais-tu ne pas te lever ?
Cette prière m’a fait "tilt" car j’ai compris alors que Dieu n’appelait pas des saints mais des pécheurs et que c’est lui qui les rendait saints. Alors je me suis dit que j’étais suffisamment pécheur pour être appelé par Dieu…

Dieu peut se servir de tout pour appeler

Je peux même ajouter que Bernard Tapis m’a aidé aussi à entrer au séminaire… Dieu peut se servir de tout, même de ce à quoi on s’attend le moins pour appeler.
En effet, même si j’avais pris la décision de faire ma demande d’entrer au séminaire, un soir à la télévision, j’ai entendu Bernard Tapis dire avec ses formules chocs : « Il vaut mieux avoir les sanctions d’un échec plutôt que la frustration de ne pas avoir essayé. » Ce qui voulait dire, me concernant, que plutôt que de se dire tout le temps que Dieu m’a peut être appelé à être prêtre, même si je n’en suis pas capable, je fais ma demande d’entrée au séminaire et j’attends qu’ils me vire comme cela, je n’aurai pas de regret de n’avoir pas répondu...

J'ai discerné que c'était Dieu qui m'appelait à devenir prêtre par plusieurs éléments. D’abord la durée : j’ai longtemps eu un doute, mais puisque malgré tous mes efforts je n’arrivais pas à le « faire taire » et que la question demeurait en moi, je me suis dit que ça ne pouvait venir que de lui.
Ensuite il y a le discernement de l’Eglise : je n’ai été vraiment convaincu que quand au séminaire, on a authentifié cet appel. J’avoue même que secrètement j’espérais que les formateurs me disent que ce n’était pas pour moi… car j’avais vraiment conscience que cela me dépassait complètement et ça fait toujours un peu peur lorsqu’on se sent dépassé.

Décidé à répondre « oui »

Ce qui m'a décidé à répondre positivement à cet appel, je le résumerai en disant : prier dans la vérité, le lâcher prise ou la confiance en acceptant de sauter dans l’inconnu, porter mon regard non plus sur moi-même et mes défauts, mais sur Dieu et sa puissance de transformation. Le service de discernement de l’Eglise à travers ses prêtres, le service des vocations.

J’avais une fausse idée du ministère du prêtre en m’arrêtant sur des apparences et surtout des a priori. En idéalisant aussi la personne du prêtre. En ne connaissant pas suffisamment la miséricorde de Dieu.

J’ai fait aussi une année en monastère à la grande Trappe de Soligny pour vivre la vie des moines sans l’intention d’y rester car je voulais comprendre comment sainte Thérèse de Lisieux était devenue la patronne des missions dans sa courte vie et enfermée entre 4 murs.
Ce que j’ai compris c’est que pour être missionnaire, il faut d’abord avoir un cœur missionnaire et ce cœur se forme dans un cœur à cœur avec Dieu. Que la mission ce n’est pas une conquête mais un amour partagé. Un amour reçu de Dieu qui nous transforme et nous envoie aimer.
Cela m’a permis de creuser en moi une intériorité et une intimité avec Dieu. D’ailleurs, j’essaie d’y retourner une fois par mois pour me replonger dans cette intériorité et intimité.

Sources de joie et de bonheur

Il y a tant de choses qui sont sources de joie, de bonheur dans ma vie de prêtre…

  • D’abord, cette intimité avec Dieu, une intimité qui n’est pas Dieu pour moi tout seul mais Dieu qui me transforme, change mon regard, éclaire mon intelligence, renouvelle mon cœur pour le porter aux autres.
  • Mieux comprendre ainsi la parole de Dieu, comme le dit Madeleine Delbrel : « On ne l’emporte pas au bout du monde dans une mallette, on la porte en soi, on l’emporte en soi, on ne la met pas dans un coin de soi même, dans sa mémoire, comme sur une étagère d’armoire où on l’aurait rangée. On la laisse aller jusqu’au fond de soi, jusqu’à ce gond où pivote tout nous-même. »
  • Et puis évidemment, il y a la rencontre des personnes, particulièrement les plus fragiles. Du fait d'être prêtre, les gens sentent bien qu'à travers moi, c’est Dieu qu’isl rencontrent et c’est ce qui leur fait le plus plaisir. Par exemple, en portant la communion aux malades, ou en leur donnant le sacrement des malades, en parlant un peu avec eux lorsqu’ils se sentent démoralisés et arriver ainsi à leur redonner de l’espérance. Ou encore auprès de ceux qui se sentent possédés, qu’on leur a jeté un sort et qui, après une longue discussion, reprennent confiance en Dieu et parfois même retournent à la messe le dimanche.
  • Accompagner des jeunes qui portent de grandes blessures en eux et les aider à avoir confiance en eux.
  • Mais aussi appeler des personnes à prendre leur place dans la communauté à travers les différents conseils comme l’équipe d'animation paroissiale, et voir au fur et à mesure qu’ils progressent dans cet esprit de service de la communauté, qu’ils découvrent leurs charismes et prennent confiance.
  • Accompagner des catéchumènes et trouver des moyens pédagogiques pour mettre à leur portée le message chrétien, les aider à trouver leur place dans la communauté en les faisant participer à la semaine sainte par exemple, ou en les mettant en contact avec telle ou telle personne pour tisser des liens.
  • Créer de nouvelles choses comme le service diocésain de la pastorale des cités.

La joie dans la vie de prêtre est toute cette variété de rencontre de personnes de toutes sortes, de toutes origines, de toutes générations et pouvoir partager rapidement ce qui les fait vivre, leur joie (naissance, baptême, mariages…), leurs doutes, interrogations, leurs difficultés.
Mais aussi cette variété d’activités allant de l’enseignement, des célébrations, de l’accueil, des visites, de l’accompagnement, du management, des pèlerinages, temps forts…

Quelle aventure !

Tout le monde n’est pas appelé à devenir prêtre mais pour ceux qui le sont quelle aventure ! Une aventure au service de l’amour véritable qu’est Dieu et donc du bonheur.
C’est vrai que souvent les prêtres peuvent paraître débordés mais ils le sont parce que ce sont des passionnés, c’est pour cela que ce n’est pas un métier mais une véritable vocation. La preuve, c’est que rares sont les prêtres qui prennent leur retraite même après 75 ans… Mais ils veulent souvent donner ce qu’ils peuvent encore donner jusqu’au bout de leurs capacités.
Il ne faut pas s’arrêter aux apparences, ni aux défauts et à la fragilité de notre humanité mais chercher à comprendre ce qui nous animent et comment cette vocation transforme ce que nous sommes et ceux que nous rencontrons.

 

« Viens »

Frédéric Delemazure, directeur diocésain de l'Enseignement catholique

L’article 74 du statut de l’Enseignement Catholique explicite la mission éducative « qui se fonde sur la pédagogie du Christ. Elle déploie solidairement une attention : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? », un appel toujours personnel : « Viens… », une confiance en chacun : « Va… », une promesse d’accompagnement : « Je serai avec vous… ».

Oui, l’Enseignement Catholique doit oser appeler les jeunes… « Un jour que j’entrais dans le bureau du CPE, celui-ci m’a donné une invitation à une retraite organisée par le Service des Vocations »… « Pourquoi moi ? A ce moment-là, je ne me suis pas posé de question et j’y suis allé ; j’y ai rencontré d’autres jeunes et, sans tabou, la question de la vocation s’est posée… ».

Certes, ce jeune n’est pas devenu prêtre mais cet appel et les rencontres qui ont suivi lui ont permis de s’approprier sa foi et de prendre toute sa place au service de l’Église.

Parce que l’Enseignement Catholique a pour mission d’aider chaque jeune à donner du sens à sa vie, il doit oser évoquer la vocation sacerdotale. Les nombreuses initiatives d’éducation au choix qui jalonnent le parcours scolaire du jeune, la participation aux temps forts et aux célébrations proposés par l’équipe d’animation pastorale, le lien avec les services diocésains (pastorale des jeunes, service des vocations) et le témoignage de prêtres sont autant d’occasions de l’aider à cheminer et à ressentir cet appel de l’Eglise. A la question posée « quelle est la phrase d’Evangile que tu préfères ? », ce même jeune avait répondu sans hésiter « je suis le Servant du Seigneur » !

          

Repères


A lire
-Vocations, publication trimestrielle publiée par l’Œuvre des Vocations
-Vous avez dit vocation ? Christoph Theobald, Bayard, 2010
-Lettre aux jeunes sur les vocations, Thierry-Dominique Humbrecht, Parole et Silence, 2010
-« La vocation, un appel à s’accomplir », Les cahiers Croire n°286, Bayard, 2013
-Trois générations de prêtre, Étienne Grieu, Michel Cousineau, Jean-Baptiste Sèbe, Salvator, 2015

Sur www.vatican.va

Poussés par l’Esprit pour la mission », Message du pape pour la journée mondiale de prière pour les vocations, 2017
-Catéchisme de l’Eglise catholique, Chapitre 3 - article 6, Le sacrement de l’ordre,  §1142, 2003


A voir
-Site des acteurs de la pastorale des jeunes et des vocations
-Présentation vidéo de l’Année Saul
-Vidéo « Prêtre : connaître son peuple »