La famille, lieu de l'espérance (N°21 / Février - Mars 2015) — Diocèse de Saint-Denis-en-France

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Diocèse de Saint-Denis-en-France
menu
menu
  • dscf9927-ok.jpg
Navigation
Actions sur le document

La famille, lieu de l'espérance (N°21 / Février - Mars 2015)

De quoi parlons-nous quand nous parlons de nos familles ? Ce mot recouvre, en effet, des réalités bien diverses. Il n’est pas compris par tous de la même façon. Certains disent que les familles aujourd’hui se portent bien. De plus en plus, cependant, parlent de crise des familles. Alors comment faire de nos familles un lieu de témoignage de l’espérance ?

Son et lumière Famille Je Vous Aime d'Agnès Winter, église St Germain, Gagny

« Jésus, Marie et Joseph en vous nous contemplons la splendeur de l’amour véritable »
(pape François)

 

 

Signe de l'amour de Dieu

Pas une vision utopique, mais croire que c’est possible

La famille est un cadeau du ciel

Au-delà des blessures

Apprendre à aimer

Un livre pour prier à la maison se prépare

Témoigner de cette joie chrétienne qui nous anime

Inspiration divine

Un cadre de vie où se partage l'amour

Quel accompagnement des familles pour plus de justice et de solidarité ?

Regards de grands-parents

La famille, lieu de gratuité

Repères

Signe de l’amour de Dieu

Frédéric Benoist, curé du Raincy, délégué diocésain à la pastorale familiale

Je crois que dans notre société et dans nos communautés paroissiales, dans notre « famille Église », nous employons le mot « familles » dans un sens très (trop ?) large. Il y a les familles fondées sur un lien conjugal institutionnel, civil ou religieux, c’est-à-dire les couples fondés sur le mariage et les enfants. C’est encore la majorité du nombre de nos familles. Il y a ensuite les familles basées sur ce que nous appelons la cohabitation ou les unions libres, les foyers monoparentaux, les familles dites « décomposées et recomposées », le PACS, les couples homosexuels (mais est-il exact de parler alors de couples ?)…
Pour faire de nos familles un lieu de témoignage de l’espérance, permettez-moi deux pistes.
La première : continuons, à accorder le mot famille au singulier. Le pape François a convoqué un synode sur toutes les questions autour de la famille. C’est une aventure ecclésiale qui se déroule sur trois années. Il nous parle souvent de « la » famille : « Au-delà des problèmes qui la pressent et de ses besoins immédiats, la famille est un “centre d’amour” où règne la loi du respect et de la communion, capable de résister aux assauts de la manipulation et de la domination des “centres de pouvoir” du monde (1). » Il dit aussi : « La famille est la communauté d’amour dans laquelle chaque personne apprend à se mettre en relation avec les autres et avec le monde » (2). Il dit encore : « chaque enfant a le droit à un père et à une mère » (3). Que nous le voulions ou non, une définition claire de « la famille » nous permet de mieux nous situer et de mieux appréhender pastoralement et spirituellement les différentes situations que nous rencontrons.

Dieu, source d’amour et d’espérance

En seconde piste : comme chrétiens, nous désignons « l’espérance » comme une des vertus théologales. L’espérance est donc, en premier lieu, un don de Dieu.  J’en reviens alors à des propos du pape François, en les résumant ainsi : à travers l’expérience fondatrice de l’amour familial, l’homme grandit dans son ouverture à Dieu en tant que Père. Le pape dit en effet dans son encyclique Lumen Fidei que la famille est le reflet de l’image de Dieu. L’amour humain est alors perçu comme signe et présence de l’amour divin. En Jésus-Christ, Dieu nous révèle  une force de Salut et une tendresse, capables de combler les besoins les plus profonds de l’homme. L’Église  est alors « le signe » (le sacrement) et l’instrument du déploiement de l’amour divin au cœur de l’humanité. Malgré les vicissitudes de la vie, la famille est bien le lieu de témoignage de l’espérance.

(1) Congrès de pastorale de la famille, Panama,  6 août 2014
(2) Tweet du 9 décembre 2014
(3) Colloque sur la complémentarité homme-femme, 17 novembre 2014

 

Pas une vision utopique, mais croire que c’est possible

3 questions à Monique Baujard, Directrice du Service national Famille et Société, Conférence des évêques de France

Que disent les différents textes de la Pensée sociale de l’Église sur la famille ?

Dans la Pensée sociale, l’Église part de la réalité économique et sociale des familles. Elle s’intéresse à leur quotidien, aux conditions matérielles de la vie et au rôle social que les familles jouent dans la société à travers l’éducation et la solidarité.

Ce souci de la réalité économique des familles se traduit concrètement par l’exigence d’un juste salaire pour les travailleurs et la possibilité d’accéder à la propriété privée. La demande d’un juste salaire qui permet au travailleur de vivre et faire vivre sa famille, parcourt comme un fil rouge tous les textes de la Pensée sociale de l’encyclique Rerum Novarum de 1891 à Caritas in Veritate en 2009. Dans ce dernier texte, le pape Benoît XVI précise qu’un travail digne de l’homme doit aussi lui laisser du temps pour sa famille. La demande de l’accès à la propriété pour les travailleurs est présentée, dans les textes de la fin du XIXe et le début du XXe siècle, comme un moyen de se prémunir contre les aléas de la vie à une époque où les assurances sociales n’existent pas. Mais l’Église va plus loin. Elle voit dans la propriété privée un prolongement de la liberté de l’homme. Dans la précarité, une personne est à la merci des autres. La propriété peut lui assurer « une zone indispensable d’autonomie personnelle et familiale », comme le dit Gaudium et Spes en 1965.

Le rôle social de la famille est peu développé dans les premiers textes car cela relevait de l’évidence. La famille assure un apprentissage de la vie. Elle est l’écosystème de l’homme, qui est un être relationnel et qui se construit à travers de multiples relations, à commencer dans la famille. En famille, on apprend le partage, le pardon, la réconciliation, la gratuité, l’attention au plus petit ou plus faible, mais aussi le goût de l’effort ou du travail comme le souligne Jean Paul II en 1981 dans Laborem exercens. La famille tisse aussi un réseau important de solidarité qui commence entre les époux et s’étend aux différentes générations (Centesimus Annus 1991). Seule la famille peut, par son attention aux personnes, assurer cette solidarité sur mesure.

Ce souci de la réalité économique de la famille et de son rôle social tranche avec l’approche souvent plus sentimentale et plus individualiste de la famille dans les débats de société. La pensée sociale permet de sortir la famille d’un débat uniquement moral et se révèle d’une grande actualité pour faire comprendre l’importance des familles pour la collectivité et l’interaction entre précarité matérielle et instabilité conjugale.

Quels sont les différents changements intervenus dans la société concernant les familles ?

Notre société est marquée par le primat de l’individu et du libre choix. De façon plus ou moins consciente, nous vivons avec l’idée que notre bonheur passe par notre libre choix personnel. Tout ce qui vient contrarier ou limiter ce libre choix, que ce soit à travers des règles institutionnelles, traditionnelles, religieuses ou autres, semble aller à l’encontre de notre épanouissement personnel. Ainsi, le mariage en tant qu’institution obligatoire pour fonder une famille est rejeté. Le mariage est aujourd’hui vu par beaucoup comme une simple occasion de célébrer l’amour entre deux personnes.

Le primat de l’individu fait aussi que l’épanouissement personnel passe avant le souci de la relation conjugale. Ainsi des couples se forment et continuent à tracer deux voies parallèles jusqu’au moment où l’un ou l’autre estime que ses choix personnels ne sont plus compatibles avec la vie commune. On assiste à une individualisation des trajectoires.

En même temps la famille continue à être plébiscitée dans tous les sondages comme un élément important du bonheur et les jeunes aspirent à vivre un amour qui rime avec toujours, même si beaucoup doutent que ce soit possible. Mais cet attachement à la famille est souvent à sens unique, la famille est considérée comme le cocon qui favorise l’épanouissement personnel. De la cellule de base de la société, la famille est devenue la cellule de base de l’individu.

C’est là où la pensée sociale est à nouveau éclairante car elle montre bien que la famille n’est pas qu’un agrégat provisoire au profit de quelques individus. La famille est constituée par un ensemble de liens d’amour durable qui visent à la fois l’épanouissement de chacun mais aussi le vivre-ensemble de tous. La notion de « bien commun », souvent invoquée dans la Pensée sociale pour la société, s’applique aussi à la famille. Le bien de la famille n’est pas la somme des intérêts de ceux qui la composent. C’est le bien de « nous-tous », le bien du groupe dans son ensemble.

Faire famille aujourd’hui implique alors de quitter une logique purement individuelle et de faire le pari que notre épanouissement personnel ne se fait pas sans, mais avec les autres. Mieux, il passe par la qualité de nos relations avec les autres. Des relations que nous avons à construire et qui demandent une attention et un soin quotidiens.

Comment l’Église peut-elle aider les familles à être un lieu de témoignage de l’espérance, malgré les difficultés ?

Justement en mettant l’accent sur la qualité relationnelle ! Dans la Bible et dans toute la tradition chrétienne, l’être humain n’est jamais considéré comme un individu, un être isolé. Le propre de la  personne est d’être toujours en relation avec d’autres. Beaucoup de relations sont marqués par la violence, le conflit, la compétition, l’argent, l’égoïsme. Les familles peuvent être le lieu où l’on essaye de cultiver des relations de confiance, désintéressées, attentionnées aux autres. Cela n’est pas facile non plus en famille, mais c’est davantage à la portée de chacun. Même dans les familles qui ont connu l’échec ou de graves difficultés, il y a toujours la possibilité de chercher à améliorer les relations. Le Christ nous ouvre la voie. N’a-t-il pas confié les clés de son Église à un ami qui l’avait trahi trois fois ? Les familles peuvent être un lieu de témoignage de l’espérance si elles restent ouvertes à la nouveauté du Christ qui peut toujours surgir. Cela veut dire ne pas mettre d’étiquette sur les personnes, ne pas les enfermer dans leurs limites et leurs défauts, accepter que chaque personne est un mystère, y compris pour lui-même, accepter la fragilité des autres comme la sienne, accepter d’aller chercher le meilleur chez l’autre comme au fond de soi-même. Les familles peuvent être des havres de paix. Ce n’est pas une vision utopique. Certes, la paix ne régnera jamais en permanence dans toutes les familles, loin de là. Mais c’est croire, avec l’aide du Christ, qu’il est possible de vivre ensemble et qu’il y a une joie à vivre en famille, même si cela n’est pas facile tous les jours.

 

La famille est un cadeau du ciel

David et Sandrine De Brito, Foyer d’accueil de la paroisse Notre-Dame des Missions, Epinay-sur-Seine

Nous, famille De Brito, David et Sandrine, ainsi que nos 3 enfants, sommes « foyer d’accueil » à Notre-Dame des Missions depuis le 1er janvier 2014. Nous résidons sur place, dans l’ancien presbytère des prêtres de l’église.
Nos missions ont été pensées en premier lieu par le prêtre modérateur de notre unité pastorale, père Bruno Leclerc, curé de la paroisse, et 2 membres de l’équipe d’animation paroissiale (EAP) de notre église. Ensuite, une réunion s’est organisée entre notre prêtre, notre vicaire, père Eugène Doussal et nous parents.
La validation de cet engagement s’est faite par une lettre de mission remise en main propre par notre évêque, Mgr Pascal Delannoy, lors de la messe célébrant la Saint-Denis.
Nos missions consistent à participer à la vie de l’église, à veiller à son bon fonctionnement en relation avec l’équipe d’animation paroissiale ainsi qu’avec toute l’équipe de bénévoles, et d’assurer la gestion de la mise à disposition de la salle paroissiale à la population spinassienne et ses alentours.
Avant d’être « foyer d’accueil », nous faisions déjà partie de la communauté Notre-Dame des Missions où nous étions aussi dans l’œuvre, l’un de nous faisait déjà partie de l’EAP.

Le christ fait des merveilles dans la famille

La famille est un cadeau du Ciel. Quand le Christ a sa place dans une famille, il y fait des merveilles, alors tout devient plus simple. Chaque membre de la famille, des parents aux enfants, trouve et prend place à la construction de ce bel édifice qu’est la famille.

Lors du synode des familles en octobre dernier, nous avons pris conscience, bien que la famille représentait beaucoup pour nous avant, que la Sainte Famille était notre modèle à vivre ; Dieu a établit son fils au sein même d’une famille où il a pu s’épanouir dans un climat d’amour. On a cet exemple qui nous est donné, inutile de chercher plus loin, nous avons à grandir dans ces vertus familiales que Dieu nous offre.
Pendant le synode des familles où nous nous sommes rassemblés, où nous avons prié pour notre famille, nous avons pris conscience de la primauté de la charité dans nos vies.
Le chapitre dans la lettre de Saint Paul (1, Corinthiens 13), nous donne l’espérance de rendre notre maison plus ouverte et accueillante en vivant la paix et la joie du Christ notre Sauveur.
La charité, on ne peut pas la trouver seule, il nous faut l’aide de l’Esprit Saint qui nous rétablit de nos dysfonctionnements et nous relève pour assainir nos sentiers.

Dans une famille, nous ne sommes pas concurrents l’un de l’autre, mais complémentaires. Chacun doit se sentir bien et comprendre le plan de Dieu pour être en paix, c’est d’ailleurs une promesse que Dieu nous fait : si nous le suivons de tout notre cœur, il nous rétablira et nous donnera sa Paix définitive (Ezékiel 37, 26).

Fondée sur le roc

La famille doit avant toute chose être fondée sur le roc donc en Dieu. Dieu donne la stabilité dans son amour et nous parents, devons nous efforcer de faire avancer notre famille dans ce sens. Il est donc nécessaire de demeurer dans la prière quotidienne, la lecture de la Parole, le jeûne et l’adoration du Christ. Ce n’est pas sans peine et sans investissement mais c’est pour nous l’engagement d’un chrétien pour demeurer stable auprès de Dieu.

 Foyer d’accueil : famille et fraternité

Avant que ce projet de « foyer d’accueil » soit établi, père Bruno disait souvent : « la vie appelle la vie »… C’est ce que nous essayons de faire en axant surtout nos projets sur la famille et la fraternité. Nous étions ambassadeurs de Notre-Dame des Missions à Diaconia-Lourdes 2013 et ce sont les deux thèmes que nous avions reçus lors de ce magnifique pèlerinage. Nous avons donc à cœur de le pratiquer dans notre communauté.

La force de notre paroisse est que nous avions, avant la présence du foyer d’accueil, une équipe de 40 personnes environ au service de notre communauté, nous avons donc pu mettre en place rapidement de nouvelles choses puisque la paroisse avait déjà une âme vivante et accueillante.

Nous avons donc proposé une permanence téléphonique portable disponible du lundi au vendredi de 10h à 18h, des prises de rendez-vous personnalisés, nous nous investissons sur les projets familiaux (dernièrement le synode et l’Avent). Et le projet qui prend le plus de temps c’est la création de ponts de fraternité consistant à rassembler et se rendre disponible pour l’autre.

Pour exemple, une paroissienne nous fait part de sa difficulté avec sa voiture. Les frais qu’elle pense engager sont conséquents. En nous sentant concernés par son problème, nous nous sommes investis ainsi qu’un autre paroissien pour lui éviter de payer des frais importants de main d’œuvre. Résultat, la voiture a été rapidement dépannée pour un coût cinq fois moindre qu’initialement prévu par le garage.

Tout le monde était dans la joie : la paroissienne d’avoir économisé et de s’être sentie soutenue et épaulée, le paroissien d’avoir aidé gratuitement et de voir la satisfaction de sa sœur en Christ et nous de constater que ce pont d’amour avait porté de bons fruits et pouvait finalement exister dans ce monde où l’individualisme tente de prendre place partout.

Un espace intergénérationnel

Nous pensons que, de manière générale, les personnes attendent de trouver un espace chaleureux où le respect et la confiance existent.

Dans le projet « FAMILLE », nous espérons que les vertus de la famille de Jésus, Marie et Joseph, puissent devenir le socle de toutes les familles présentes dans notre communauté.

La prise de conscience du mot « famille » doit être intergénérationnelle. Nous nous efforçons en lien avec l’équipe d’animation paroissiale et d’autres bénévoles que chaque tranche d’âge puisse se retrouver dans ce qui leur correspond, les jeunes davantage dans les activités (catéchisme, activités culturelles) et les adultes peut-être plus dans le dialogue et l’échange (groupe de prière, partage convivial).

L’investissement de chacun permet de s’inscrire dans une unité fraternelle, d’une part dans chaque famille respective et d’autre part dans la famille « Notre-Dame des Missions ».

Notre joie témoigne de l’espérance

Nous considérons qu’en vivant nous-mêmes dans la charité quotidienne, l’espérance pourra, avec la grâce de Dieu, se dessiner pour chaque personne qui viendra au sein de notre communauté.

Même en Dieu, les difficultés dans la vie existent. Elles définissent notre condition humaine. Mais ces ronces ne doivent en rien altérer la joie que nous procure la foi. Notre joie de chrétien témoigne de l’espérance car elle est signe de lumière.

 

Au-delà des blessures

Valérie Guérard, déléguée à la pastorale familiale auprès du groupe «  Divorcés et en Église 93 »

Depuis juin 2010 je suis  missionnée par notre évêque, Mgr Pascal Delannoy au sein de la pastorale familiale auprès des chrétiens touchés par le divorce. Bien qu’habitant la Seine-et-Marne, je suis rattachée à la communauté de Noisy-le-Grand qui a su m’accueillir sans jugement au moment de mon divorce. J’ai vécu très douloureusement le rejet de la communauté catholique où j’étais très investie. Actuellement je suis divorcée remariée et malgré les épreuves je n’ai jamais douté de la présence de Dieu à mes côtés.

Pour moi la famille est la cellule mère qui transmet la vie, les valeurs, c’est la pierre angulaire de la société à travers laquelle Dieu nous demande d’être co-créateurs. Avec le sacrement du mariage, la famille est une histoire sacrée qui s’écrit à plusieurs mains : celles de Dieu qui nous accompagne, celles des parents mais aussi avec celles des enfants car chacun est précieux aux yeux de Dieu.

 Comment parler de la famille sans parler de cette famille plus élargie qu’est l’Église, ce corps et ces membres rattachés au Christ ? Avant mon divorce, ne pouvant partager ma foi avec mon conjoint, je me nourrissais, je prenais des forces dans cette communauté d’Église où j’étais investie. Comment un corps pourrait-il ignorer des membres souffrants, ne pas en prendre soin ?

Un groupe dans et avec l’Église

Ce groupe «  Divorcés et en Église 93 »  rassemble tout chrétien ou toute personne en recherche qui vit une situation de séparation, de divorce, de remariage ou union après un divorce. Il propose un partage avec  d’autres chrétiens qui vivent les mêmes épreuves et les mêmes recherches de vie, d’espérance et de foi  tout en étant  dans et avec l’Église.

Ce  groupe découvre une fraternité basée sur l’écoute attentive de chaque histoire.  Nos souffrances ont souvent permis de percer nos prisons et laisser l’Esprit Saint nous travailler jusqu’à découvrir comment Dieu nous rejoint là où nous sommes. Beaucoup de participants de nos groupes sont arrivés à une plus grande confiance en Dieu et à une certaine sérénité. Nous y découvrons un chemin de vie et de foi où la Parole est adressée à chacun à travers  l’évangile de chaque rencontre.

Enfin, nous sommes heureux de faire partie de la pastorale familiale de notre diocèse car c’est aussi une manière de dire que malgré nos échecs personnels, nous continuons à croire en la valeur et l’importance du mariage. C’est surtout pour nous, l’affirmation  que chrétiens nous sommes de cette Église, avec cette Église, que nous faisons partie du corps du Christ qu’est l’Église.

Accompagner sans juger

Qu’elles soient choisies ou subies, la séparation, le divorce sont des périodes de grande souffrance et voire de désespérance. Seule la présence du Christ,  celle d’une oreille attentive à leurs côtés, d’une personne qui les accompagne sans jugement permet à ces personnes  après le déni face à cette situation trop douloureuse d’amorcer une reconstruction. Certains chrétiens séparés ou divorcés mettent des années avant de pouvoir en parler, de rejoindre un groupe car ce sentiment d’incompréhension, d’échec de leur mariage leur est insupportable en disant : « Mais je voulais ce mariage pour la vie. »

D’autres nous disent  leur regret de ne pas avoir connu plus tôt l’existence de ces groupes.

Mais que devient la famille avec le divorce ? On parle de famille éclatée… elle peut l’être en effet  si la haine, les rancœurs persistent.  Un cœur qui se laisse peu à peu pacifier permet de prendre du recul, de laisser les enfants en dehors du conflit. La famille existe toujours mais différemment. Il est important pour les enfants d’avoir leur deux parents, si je peux dire « intacts »,  sans que l’un deux soit dénigré par l’autre. Le groupe «  Divorcés et en Église 93 » permet ce rôle de pacification par la chaleur, la solidarité entre les participants mais aussi le partage de nos chemins de foi et de reconstruction qui sont chemins vers Dieu.

Un chemin de reconstruction

Malgré nos vies cabossées et non conformes nous pouvons témoigner de la présence de Dieu dans nos vies : avec les trous et les bosses, Il a décapé tout ce qu’il y avait de superficiel ou de non authentique dans nos vies. J’ai eu la chance de rencontrer Lucien : nous partageons tous les deux cette même foi en Dieu qu’Il nous demande de partager autour de nous et en toute authenticité.

Quand j’ai annoncé à mes enfants que nous désirions  nous marier ma fille aînée m’a répondu : « A quoi ça sert ? » Elle-même était très désabusée face au mariage… Un mois avant le mariage civil nous avons désiré faire un temps de prière mais elle n’est pas venue. Cela a été dur car les autres enfants étaient venus mais j’ai accepté son choix, sa colère qui, face au divorce pourtant bien à distance, était encore présente. Le jour de notre remariage civil, nous avons  désiré que ce soit la fête de l’amitié et de l’amour et nous avons monté un diaporama avec un discours où chacun a été nommé avec un petit mot personnalisé puis la journée a été échelonnée de nombreux symboles de cette amitié et de notre amour. L’authenticité de ce que nous avions exprimé a convaincu ma fille qui s’est mariée à l’Église deux ans après et qui en a témoigné l’an dernier dans une de ses lettres.

Au-delà des blessures, une famille reste toujours une famille si chacun laisse le temps à chacun de ses membres de trouver sa place et si nous puisons notre confiance, notre espérance dans le Christ, si présent dans chacune de nos blessures : alors oui, ces familles blessées peuvent témoigner de cet amour et de cette espérance dans le Christ.

 

Apprendre à aimer

Claude Scheuble, diacre permanent, Villemomble

La diversité des réalités « familiales » que l’on côtoie nous conduit de plus en plus à nous interroger et peut-être nous inquiéter. Ce n’est pas un hasard si le dernier synode romain avait comme thème central le même questionnement : qu’est ce que la famille ? Cette question suivait une longue période de consultation des catholiques, initiée par le pape François et les évêques du monde entier. Un questionnaire (auquel beaucoup ont participé) est  venu jusqu’à nous puis est retourné à Rome qui voulait connaître le ressenti du peuple catholique sur ce sujet.  Enfin, aujourd’hui, il m’est demandé de dire ce que la famille représente pour moi.
 Pour commencer, il est bon de vous dire le lieu d’où je parle : je suis père de famille marié depuis 44 ans, nous avons trois enfants tous mariés et quatre petits-enfants. Depuis que j’exerce la médecine, je me suis trouvé au contact, et souvent, comme conseiller, de familles, témoins de leurs difficultés et de leurs joies. Ordonné diacre permanent en 2000, ma lettre de mission signée du père Olivier de Berranger me demandait « de participer à la recherche de notre diocèse sur un dialogue si nécessaire entre les réalités de la vie et les convictions de l’Église ». L’ordination, et la confiance partagée qu’elle suscite, m’ont permis une proximité encore plus grande des personnes, de ce qu’elles vivent et pas seulement de la part des chrétiens. On m’a donc demandé de répondre à quelques questions que je rappellerai à chaque début de paragraphe.

Qu’est ce qu’une famille ?

Je ne sais pas si pour parler de la famille il faut commencer par la définir. Avant d’être une idée ou un concept, la famille est avant tout un long chemin existentiel propre à chacun d’entre nous. Ce chemin a commencé pour moi par les parents que j’ai eus et qui m’ont aimé sans limite, dans un entourage chaleureux de parenté proche, une sœur, des cousins, parrain, marraine et bien d’autres. Tous, sans l’exprimer par des concepts, m’avaient bien fait passer le message : le rôle des parents est d’éduquer à la liberté du cœur et du choix à chaque tournant de la vie. Pour paraphraser Jean le Baptiste, être parent c’est accepter de diminuer pour que d’autres grandissent.  Puis, j’ai rencontré celle qui allait devenir mon épouse et nous avions bien tous deux la même conscience de prendre un relais : celui de la chaîne familiale qui se traduisait dans le profond et intime sentiment d’un amour mutuel à partager et à faire partager, en commençant par nos enfants.

C’est peut-être ça la famille : un creuset d’amour, d’estime et de dons partagés entre plusieurs niveaux générationnels ; un creuset dynamique de générosité, d’envol et d’éclosion vers les autres et surtout les plus jeunes ; aussi un creuset de resourcement et de soutien lorsque les choses vont moins bien, un lieu où l’on peut reprendre haleine pour repartir. La dimension chrétienne de notre famille n’était pas immédiatement manifestée par ses comportements extérieurs, mais l’inscription dans la chrétienté se traduisait par le respect des temps forts chrétiens, des sacrements, de la messe dominicale à la prise de responsabilité dans les mouvements paroissiaux ou, et surtout, le scoutisme ; comme une extension familiale de l’Église, un lieu où l’on se sent ni solitaire ni perdu (p. 68-69)

L’ensemble reposait sur le socle, le rocher parental, indéfectible, et qui nous semblait devoir être quasi éternel.

J’ai donc hérité sans mérite de ces caractéristiques familiales, pratiquement les mêmes que celles reçues par mon épouse. C’est donc bien naturellement que nous avons essayé de les faire revivre dans le nouveau foyer que nous avons créé, au fur et à mesure de la naissance de nos enfants. Il y avait cependant une différence importante, générationnelle, entre les familles d’hier et la notre (1971): alors que nos deux mères ne travaillaient pas à l’extérieur, il nous semblait impensable (à nous les jeunes) qu’après avoir appris pendant tant d’années le métier de médecin et la prise en charge des autres, la mère de famille se consacre uniquement à son foyer. Le choix fut de trouver et de réussir un compromis équilibré et satisfaisant pour tous.

Si l’on résume ce témoignage, qu’est-ce qui fait famille ? En premier la famille dont on est issue (beaucoup se joue à ce stade et tous n’ont pas cette chance), en second l’amour qui unit mari et femme, qui construit le socle, le rocher sur lequel tous s’appuient et se réconfortent, et enfin ce que l’on peut faire passer  d’immatériel chez les enfants : la même inscription dans la chrétienté que celle reçue, dans l’intelligence et sans contrainte.

Mission d’accompagnement auprès de jeunes
Une remarque préliminaire : La construction d’un modèle de vie est plutôt difficile pour la plupart des jeunes. Ils vivent dans un monde où rien n’est assuré : on n’obtient plus une situation professionnelle pérenne, censée durer presque toute la vie comme l’ont connu les générations antérieures. Les jeunes ont le sentiment très fort de l’éphémère. Dans leur vie sentimentale aussi, le risque de l’éphémère et du vacillement est présent.

Les jeunes que j’accompagne, lorsqu’ils sont dans une proximité chrétienne revendiquée, mettent au premier plan, l’amour mutuel qui fonde le couple avec le désir de durer dans la fidélité (c’est le mot qui revient le plus souvent et dans tous les milieux !) et le bonheur qui en résulte. Pratiquement tous souhaitent « faire famille », avoir des enfants et leur assurer à travers la sécurité fondatrice du couple, un épanouissement pour une vie à construire dans la liberté et le respect des valeurs qu’eux mêmes continuent de partager et de transmettre. C’est bien évidemment dans les cercles de jeunes chrétiens les plus engagés que l’on trouve le plus d’attente quant au soutien de l’Église comme défenderesse des valeurs traditionnelles de la famille et référence à suivre tout au long de la vie.

Les jeunes adultes que je rencontre le plus souvent, sont dans une proximité chrétienne un peu moins forte. Ils vivent souvent déjà en couple, éventuellement mariés. Certains attendent une vie sociale stabilisée pour avoir des enfants (ce qui peut s’avérer long et difficile dans l’état délabré de l’économie d’aujourd’hui). Ils  attendraient plutôt de l’Église une fonction d’écoute et de dialogue ouverts, voire de conseil et même de soutien dans les difficultés ou les conflits qui peuvent surgir. Lorsque vient la possibilité et le désir d’avoir des enfants, ils essaient  de prévoir les naissances, et de les organiser. Le plus souvent, les positions de l’Église sur la procréation et sa régulation ne sont pas connues ou alors jugées obsolètes, peu compréhensibles, voire excessivement intrusives. En revanche ils souhaitent donner à leurs enfants (présents ou futurs) une éducation chrétienne à la vie en société qui reprenne les valeurs classiques de fraternité, d’intégrité, respect des parents, souci et respect des autres et de leur différence, etc.

Les grands adolescents que je rencontre, n’ont pas – sauf cas exceptionnels – de grandes attentes vis-à-vis de l’Église institutionnelle. Ils n’en connaissent pratiquement pas les enseignements (social, moral) et quand ils les connaissent un peu, ils ne les comprennent pas où même les rejettent en ce qui concerne la morale sexuelle.
La sexualité suscite chez eux  un grand intérêt et beaucoup de questions, particulièrement dans cette tranche d’âge (favorisée par le contexte sociétal) et la libération des mœurs depuis les années soixante.

Éduquer à l’amour

L’urgence du rôle éducatif est  de les aider à avoir un comportement responsable vis-à-vis des risques liés à une sexualité désordonnée : maladies sexuellement transmissibles par exemple, etc.  Ca c’est le rôle du pompier : aller au plus pressé.  La deuxième et plus fondamentale urgence est de faire progresser les comportements affectifs dans le sens du respect et de l’amour mutuels : le sexe est bon et bien lorsqu’il répond à l’évolution d’un amour véritable, à l’inverse de ce que montrent si souvent les médias, les pubs, etc. La dissociation de ces deux pôles (sexe-amour) est un facteur délétère dans la construction de la personne, des jeunes en particulier. C’est un long cheminement auprès des jeunes que doivent faire éducateurs et familles. Les familles devraient jouer ici un rôle essentiel, lorsque le dialogue y est possible.

Si ce n’est pas tabou ou complètement rejeté, voire interdit, alors la place respective de l’amour et de la sexualité peut être librement abordée : c’est une étape en grande partie gagnée pour le jeune. Les limites, discutées et acceptées en conscience et en raison,  apparaissent alors comme une possibilité de grandir. Dans ce domaine, il n’est pas de règle générale applicable dans tous les cas. Il faut aux adultes la capacité de discerner, d’évaluer avec un regard neuf chaque situation souvent différente d’une autre. Il ne faut pas hésiter à se faire aider si besoin par les professionnels du conseil. Pour un chrétien, il est d’un grand secours de se référer à la loi de l’Évangile, non pas comme à la loi de l’ancien testament qui juge et condamne, mais comme à une loi d’amour et de progrès toujours disponible pour accueillir dans la générosité et la miséricorde, à la façon de la parabole de l’enfant prodigue.

Diverses formes d’accompagnement

Voici quelques années déjà, l’enseignement catholique a souhaité former un groupe de travail sur l’éducation affective relationnelle et sexuelle (EARS) pour réfléchir à  l’accompagnement des jeunes à cette période difficile de l’adolescence ou de la grande adolescence. C’est ainsi que sur la demande de plusieurs établissements, j’ai été amené à organiser des cercles de dialogue  par petits groupes (pas plus d’une quinzaine), autour de ce que chacun veut bien partager de sa vie personnelle. Ces rencontres sont précédées d’une première étape où les jeunes peuvent anonymement déposer leurs questions sur papier. Après avoir pris connaissance de ces questions, la discussion peut s’organiser en petits groupes.
Dans quelques établissements il a même été possible d’associer (séparément) les parents  à la démarche.

Un autre type d’accompagnement que je pratique, est celui  individuel de jeunes. C’est à chaque fois une nouveauté, une vraie découverte, car lié à la relation qui s’établit de personne à personne. Il est clairement affiché et proposé comme un accompagnement alors que se posent au jeune les choix qu’il doit  faire pour orienter sa vie, réfléchir et trouver sa voie. C’est une démarche aussi plus spécifiquement spirituelle à la mesure des aspirations de l’accompagné, avec (si possible) une grande proximité et fréquentation régulière de la Parole de Dieu, pour apprendre à discerner, à relire sa vie au fil des jours, s’habituer à faire des choix avec raison dans une conscience éclairée.

Quel accompagnement pour l’avant et l’après mariage ?

Lorsque les couples grandissent et s’établissent dans la vie, qu’ils deviennent parents, ils sont plus jaloux de leur autonomie, conscients et fiers de leurs responsabilités. Si  l’on peut parler d’accompagnement dans le temps de la préparation au mariage, dans l’après mariage je parlerais plutôt d’un temps de cheminement commun. Les problèmes familiaux et intrafamiliaux qu’ils vivent peuvent être très délicats. Ce sont souvent des questions de vie de couple, d’éthique, qui viennent au premier plan et les trouvent démunis : la parole, la discussion avec un « plus ancien » (ou un couple)  peut aider à démêler les situations compliquées.

Ces rencontres me sont probablement facilitées par l’expérience acquise dans mon métier et par le fait que je suis diacre. Mais cheminer, échanger, éclairer ne veut pas dire diriger. S’il est une première règle absolue, c’est de ne jamais se substituer aux personnes concernées à qui reviennent, en dernier lieu, les choix à faire. Une deuxième règle est de faire passer le message que l’Évangile rend libre, que le Seigneur est Ami des hommes, qu’il est un secours pour faire un choix dans la vie, pour aimer et consoler. Cheminer avec l’Évangile, c’est donner aux générations de demain des raisons de vivre et d’espérer, et de laisser entrevoir que l’horizon ne se limite pas juste à ce que l’on en voit.

L’immédiat après-mariage

Ce serait un temps optimal pour favoriser une continuité dans les relations établies dans un groupe lors de la préparation au mariage, si le « courant » est bien passé. Temps optimal aussi pour garder quelques racines en chrétienté. Il faut que le ou les accompagnateurs évaluent si les membres d’un groupe ont  le désir de se revoir, et de continuer à partager. C’est alors plus facile de se dire ce qui est vécu dans cette première phase de la vie de couple, de parler des difficultés ou des bonnes choses rencontrées à tous les niveaux, même les plus personnels.
Ce serait vraiment une excellente et naturelle opportunité. Elle est cependant assez difficile à concrétiser dans les faits. Les hasards de la vie font que l’histoire des jeunes couples comporte, au début surtout, beaucoup de mouvements : professionnels, liés au logement et à l’éloignement qui vont fragmenter les groupes formés lors des rencontres de préparation.

Synode sur la famille : les enjeux

La famille traditionnelle traverse une crise culturelle profonde et la fragilité des liens, que nous pouvons tous constater, pèse sur la structure de base de la société. La courbe des divorces de catholiques pratiquants, tout en restant légèrement inférieure à celle de la population globale, suit cependant la même progression.

Le sujet de la famille est délicat comme le souligne l’intitulé du synode fixé par le pape François : « Défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation ». Il est nécessaire de proposer de « nouvelles voies » pour que la bonne nouvelle de l’Évangile atteigne toutes les familles », y est-il dit. Le synode sur la famille de 2014 n’a été que la première phase d’un processus qui s’achèvera en 2015.

Il n’y a pas eu, comme prévu, de modifications doctrinales de l’enseignement de l’Église dans cette première partie du synode, et on ne peut aucunement préjuger de ce que sera les conclusions finales de 2015. Mais il y a eu un vrai changement dans le fait qu’au plus haut niveau puissent être abordées des questions, et soulevés des problèmes de fond, sur l’évolution des mentalités sociétales dans le peuple catholique.

Changement radical de méthode aussi que d’évaluer les divergences sur la conduite à tenir entre les positions traditionnelles de l’Église sur le mariage et les situations réelles vécues par de nombreuses familles catholiques.

Il est devenu nécessaire de bien distinguer ce qui fait partie intégrante de la Tradition (le bon dépôt selon St Paul 2 Tim 1,14) et ce qui fait partie des traditions accumulées lors du passage de l’Église au travers de vingt siècles d’histoire ?

Il serait probablement inexact de dire qu’un consensus a été trouvé entre tous les acteurs de ce synode : il suffit de lire  le texte final d’étape et les statistiques de vote. Les réponses viendront surement en 2015 !

Pour terminer ce dernier sujet abordé, rappelons quelques uns  des sujets délicats qui seront abordés concernant la famille :

  • Comment prendre soin des familles blessées (séparés, divorcés non remariés, divorcés remariés, familles monoparentales, ou encore familles décomposées et recomposées) ?
  • Comment ne pas exclure, (mais alors quel type d’accueil ?), quelle attention pastorale envers les personnes ayant une orientation homosexuelle ?
  • La question homosexuelle nous appelle à une réflexion sérieuse sur comment élaborer des chemins réalistes de croissance affective et de maturité humaine et évangélique en intégrant la dimension sexuelle : celle-ci  se présente donc comme un défi éducatif important.

Et ce n’est pas fini ! Notre diocèse, comme tous les autres, est consulté encore cette année sur toutes ces interrogations. La modalité prend la forme d’un nouveau questionnaire venu de Rome, élaboré à partir des résultats de la première phase synodale de 2014.

 

Un livre pour prier à la maison se prépare

Père Etienne Grieu, enseignant au Centre Sèvres, Faculté jésuites de Paris, Compagnie de Jésus, Saint-Denis

Pourquoi un livre pour célébrer Dieu à la maison ?

Parce que Dieu ne se prie pas que dans les églises, ni seulement dans le secret de son cœur. Il se prie aussi avec d'autres, tout spécialement ceux qui nous sont proches, avec qui nous partageons beaucoup de choses. Pourquoi donc ne pas partager aussi notre désir de parler à Dieu, de lui confier notre vie ?
C'est pour cela qu'une petite équipe est en train de faire un livre qui sera largement diffusé – à partir de la rentrée 2016 – auprès des parents qui ont un enfant à l'éveil à la foi ou au catéchisme. C'est un livre pour aider les familles à prier à la maison, à y célébrer Dieu et écouter sa Parole. Cela, à partir des événements de la vie familiale : rentrée des classes, anniversaires, fêtes, maladies, retrouvailles, etc. Mais aussi au fil de l'année liturgique : prier à l'occasion de Noël, de Pâques, de la Pentecôte et des fêtes mariales, de la Toussaint. A chaque fois, nous proposerons des manières de célébrer très concrètes, avec des gestes qui cherchent à remettre la vie de chacun sous le regard de Dieu, dans la confiance.

Ces temps de prière pourront être aussi l'occasion pour les uns et les autres de se parler, de raconter des choses importantes qu'ils sont en train de vivre ou qu'ils ont traversées. Quand on parle à Dieu, ça donne envie aussi de se parler les uns aux autres, non ? Eh bien, je suis persuadé que cela peut aider à bien vivre en famille parce qu'ensemble, quand on prie, on grandit dans la confiance. Et c'est très important.

Pourquoi la famille est-elle un lieu privilégié pour découvrir Dieu ?

L'importance de la famille n'est pas à démontrer. Qui ne garde au fond de lui des souvenirs très précis de moments heureux ou douloureux, vécus à la maison ? N'est-ce pas le lieu où nous avons grandi ? Autrement dit, le lieu de notre genèse ? De même, c'est l'espace où de nouvelles générations sont en train de faire leurs premiers pas, d'apprendre à vivre avec d'autres, à se confronter à eux et à partager avec eux. Ils sont comme de petits explorateurs qui bientôt partiront à la découverte du monde.

Ce qui nous aide à grandir et à avancer, ce sont les engagements que les plus âgés ont pris avant nous, sur lesquels nous pouvons nous appuyer. Et à notre tour, nous tissons aussi des liens forts qui permettront à d'autres de trouver un appui.

Et puis, en famille on se connaît, chacun partage un peu de ce qu'il est aux autres. Il n'y a pas beaucoup d'autres lieux où l'on partage tant. C'est d'ailleurs cette proximité des uns aux autres qui fait aussi de la famille un lieu douloureux quand ça va mal, car les souffrances des uns retentissent tout de suite chez les autres.

Eh bien, c'est tout cela qui fait de la famille un lieu privilégié pour découvrir Dieu. Car le Seigneur est celui qui nous fait grandir, qui nous appelle à la vie, il est aussi celui qui a fait alliance, qui s'est engagé comme on s'engage dans un couple l'un envers l'autre ; il est enfin celui qui s'est approché, qui a tout partagé avec nous. C'est pour cela, que lorsque nous aidons des petits à grandir, quand nous nous engageons les uns envers les autres, quand nous partageons ce que nous sommes à d'autres, nous sommes exactement dans les pas de Dieu. Alors, si la famille nous met à l'unisson avec son projet, pourquoi ne pas le lui dire, pourquoi ne pas prier ?

C'est pour cela que la famille est source d'espérance, dans un contexte où les difficultés sont nombreuses ?

Oui, bien sûr, parce qu'il s'agit du premier point d'appui que nous avons dans l'existence. Et ce premier point d'appui renvoie à un autre appui plus fondamental, qui est Dieu lui-même. Ayant un point d'appui, nous pouvons avancer, traverser des choses difficiles. Sans point d'appui, on perd pied et on se retrouve ballotté en tous sens. Et en disant cela je n'idéalise pas la famille. Chacun sait que vivre ensemble, dans la plus grande proximité, n'est pas toujours simple. Il peut y avoir des frottements, des blocages, et puis parfois même des blessures. Mais alors, se parler, s'expliquer, et puis parler ensemble à Dieu, lui dire simplement ce qui nous arrive et l'appeler à l'aide, redonne une assise, une terre ferme, je crois.

Est-ce que ce n'est pas d'abord au catéchisme qu'on apprend à connaître Dieu ?

Oui, bien sûr, mais ce qu'on découvre en priant à la maison est complémentaire. En confiant à Dieu ce qui nous arrive, on découvre Dieu « au fil de l'eau ». C'est-à-dire peu à peu, au fur et à mesure qu'on traverse des choses heureuses ou difficiles. Il devient comme un ami, quelqu'un qu'on connaît non pas par des idées, mais parce qu'on entend d'autres personnes s'adresser à lui, s'en remettre à lui. C'est une très belle initiation à la foi, qui fait entrer directement dans une relation vivante à Dieu.

Bien sûr, tout cela demandera à être complété par le catéchisme où l'on découvrira Dieu avec d'autres personnes qui ne sont pas de la famille, et c'est important, sans quoi on pourrait croire que Dieu n'est que pour le cercle étroit de ceux qui vivent à la maison.

Et si l'on a envie de prier à la maison sans attendre septembre 2016, comment fait-on ?

Il suffit de m'écrire (etienne.grieu@jesuites.com). Je vous envoie les fiches que nous avons faites (qui ne sont que des brouillons pour le futur livre). Et si vous les utilisez pour prier à la maison, nous sommes toujours intéressés d'avoir ensuite un retour pour pouvoir améliorer ces propositions.

 

Témoigner de cette joie chrétienne qui nous anime

Okri Tchona, membre du groupe des jeunes adultes de Gagny et de l’équipe d’organisation de l’évènement « Famille Je Vous Aime » le 11 octobre 2014 à Gagny

Pour moi la famille est une cellule au sein de laquelle il existe un soutien permanent entre    chaque membre, soutien qui est le signe de l’amour que l’on se porte.
Le lien familial est le cadre convenable et naturel de la vie humaine, quand ce dernier s’épanouit correctement.
La stabilité d’une famille est basée sur l’amour et le respect d’autrui, en tant que chrétien cet amour pour l’autre qui nous anime est donc essentiel à la stabilité de nos familles.
Le pardon doit également être au centre de nos relations car bien sûr tout n’est pas toujours rose au sein d’une fratrie et il faut donc savoir se pardonner.
La famille témoigne constamment de l’espérance car le cocon familial, lieu où la collaboration et le soutien sont omniprésents est signe de paix et d’assurance.
Pour moi, la famille est une cellule au sein de laquelle il existe un soutien permanent entre   chaque membre, soutien qui est le signe de l’amour que l’on se porte.  A travers le sourire qui est à la base du projet « Famille Je Vous Aime » et de la rencontre avec l’autre, notre prochain, nous avons souhaité témoigner de cette joie chrétienne qui nous anime, comme l’amour de l’autre et du créateur, le socle de chacune de nos familles. Le pardon doit également être au centre de nos relations car bien sûr tout n’est pas rose. Il faut donc savoir se pardonner.

Amour du créateur et du prochain : socle de nos familles

Le projet « Famille Je Vous Aime » est né de la rencontre du groupe des jeunes adultes de Gagny avec l’artiste Agnès Winter qui est née, a été baptisée et a grandi dans notre ville ou elle fréquentait la paroisse de Saint Germain avec sa famille. Le projet est né un mois avant l’annonce du synode par le pape, aussi nous avons été très heureux de cette annonce. Nous nous sommes sentis portés par l’Esprit Saint.

Ce projet prend toute son importance car nous souhaitions que les familles de notre paroisse réfléchissent à leur manière de vivre la transmission de la foi, la prière et leur vie en famille.
Car tout d’abord la famille aujourd’hui est principalement le soutien et l’amour qui peut exister entre les membres, lorsque l’on ajoute à cela le sens biblique de la famille qui responsabilise les parents en leur demandant d’inculquer à leurs enfants l’amour du créateur, on retrouve notre motivation première dans ce projet.

Au travers du sourire qui est à la base du projet et de la rencontre avec l’autre, notre prochain, nous avons établi des contacts ou renforcé des liens paroissiaux et nous avons souhaité faire témoignage de cette joie chrétienne qui nous anime comme l’amour de l’autre et du créateur, le socle de chacune de nos familles. La projection nous a aidés à mieux nous connaître et nous investir ensemble dans un projet.

Grandi par cette expérience

Le nom « Famille, Je Vous Aime » nous est venu simplement, lors de la première réunion de préparation. En restant en concordance avec les principaux concepts de « Famille Je Vous Aime » qui sont la famille et l’amour, ce nom résonne comme une vraie déclaration et c’est en cela qu’il nous a tous enthousiasmés.
Pour ma part, ce projet m’a permis de me dépasser, notamment côté pratique, car mener à bien un projet tel que celui-ci amène à avoir une approche plus professionnelle dans les différentes activités que l’on peut effectuer. Tout au long de cette année, au fil des discussions que l’on a pu tenir avec les jeunes adultes ainsi que les différentes tâches que j’ai pu réaliser, je me suis senti grandi par cette expérience et je n’en suis que très reconnaissant envers tous les acteurs de ce projet, notamment Agnès, le père Michel ainsi que tous les membres du groupe des jeunes adultes de Gagny.

 

Un cadre de vie où se partage l’amour

Alfred Sagna, Coubron, membre du groupe des jeunes adultes de Gagny et de l’équipe d’organisation de l’évènement « Famille Je Vous Aime » le 11 octobre 2014 à Gagny

La famille est un regroupement de personnes réunis par des liens de parenté. Elle est constituée au minimum par deux personnes. On peut avoir plusieurs configurations, à savoir un mari et une femme, ou les parents avec un ou des enfants ou les enfants  entre eux en l’absence des parents. La famille peut être élargie aux cousins cousines, tantes, oncles, etc.
En effet, une famille est une communauté de personnes qui vivent dans un même cadre, partagent leur quotidien et s’identifient par rapport à une même mission, se soutiennent mutuellement et cherchent à cheminer vers une même direction. Ces personnes se donnent les moyens de s’accepter pour un vivre ensemble désiré, voulu et partagé.

A partir de là, on peut retrouver différentes formes de familles autres que la cellule familiale de base. Je fais allusion à la grande famille des enfants de Dieu qui partagent la foi Chrétienne. Il y a aussi la famille professionnelle qui regroupe les collègues de travail pour les adultes et les camarades de classes pour les étudiants ou les élèves qui arrivent à créer entre eux un cadre de vie, de partage et de solidarité stable propice à la vie en communauté. Il y a la famille des religieux et religieuses qui vivent en communauté, les prêtres aussi.
L’effort des uns et des autres est guidé par le désir de cheminer ensemble vers la réussite et l’atteinte des mêmes objectifs.

Amour respect et communication : piliers de la famille

Pour moi la stabilité d’une famille repose sur trois piliers : l’amour le respect et la communication.

L’amour est l’âme de la famille et doit être au cœur de celle-ci. Il permet à chaque membre d’accepter l’autre dans ce qu’il est et d’avoir un regard divin. C'est-à-dire aimer son frère, sa sœur, son père, sa mère, son fils ou sa fille comme soi même et comme Dieu nous aime.
Le respect permet d’établir des règles de conduites adaptées à une vie en groupe. Chacun a des devoirs et des droits. Le respect doit être mutuel et à tous les niveaux. Malheureusement, force est de constater que dans pas mal de familles, ce dernier a tendance à changer de visage.
La communication est le moteur de toute famille. Elle est l’expression d’une volonté d’être uni aux autres membres de la famille. C’est le socle de celle-ci et c’est le seul moyen d’échange et d’installer un climat social favorable à l’épanouissement de chacun. Communiquer, c’est aller vers l’autre. Cependant, il est important d’écouter mais il est encore plus important d’entendre.

La présence de ces trois piliers transporte la famille sur la voix royale de l’amour que Dieu manifeste à ses enfants que nous sommes et permet de vivre à l’image de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph.

Évangéliser par la beauté et le sourire

Famille Je Vous Aime est un projet qui prend sa source dans l’évangélisation par la beauté et le sourire. La beauté qui ne se limite pas au visage, mais à notre capacité à donner du sens à notre vie, à l’inscrire dans le service et le don de soi.
A l’origine, une artiste photographe Agnès Winter, qui a senti le besoin de revenir sur les pas de son enfance et vers l’église de son baptême pour répondre à un appel Dieu.  Elle a ainsi proposé d’utiliser son art pour illuminer la façade de l’église Saint Germain  de visages souriants. Au même moment, notre communauté paroissiale avait décidé de réfléchir sur la transmission de la foi et sur la famille. La fusion de ces deux grandes orientations nous a amenés à placer l’amour au cœur de la famille pour donner un beau projet annuel : « Famille Je Vous Aime ».

Il est de coutume dans l’Église catholique de toujours recevoir les orientations pastorales et consignes du clergé. Avec ce projet, nous avons voulu donner la parole aux paroissiens pour qu’ils partagent leur ressenti sur la famille. Trois questions essentielles ont été proposées :

C’est quoi une famille ?
C’est quoi une famille chrétienne ?
C’est quoi une famille aujourd’hui ?

Ces trois questions nous ont aidés à faire un diagnostic sur la situation de la famille dans notre monde actuel. La somme de ces réflexions a été consignée dans un livre avec les visages souriants des paroissiens que nous avons offert au pape François. Une occasion pour nous de l’inviter à venir découvrir et partager avec nous la joie et l’amour de notre communauté chrétienne de Gagny.

Un appel à l’amour, au dépassement de soi et à l’ouverture

L’objectif de ce projet était de réfléchir sur comment revenir au fondamentaux de la famille, sur le rôle de la famille dans nos églises et de l’Église dans nos familles.
Je me suis rendu compte à quel point la famille est importante pour nous. Mais que malheureusement, son visage change de jour en jour et que les hommes et les femmes ne prennent plus le temps de se poser pour réfléchir sur le rôle de chacun dans une famille. Les mariages sont plus des moments de fêtes que le témoignage de l’union sacré d’un homme et d’une femme devant Dieu et une communauté. Il est alarmant de voir le nombre de divorce augmenter chaque année. Les familles qui se déchirent pour un rien. L’incompréhension ou la peur des uns et des autres de dire ce que nous pensons ou vivons. La peur du regard des autres.

Bien que ce visage de la famille n’est pas des plus agréables, force est de constater qu’il y a toujours de l’amour à donner et à recevoir dans le cœur de tous les chrétiens. Le pape François nous exhorte à oser la rencontre. C’est un appel à l’amour, au dépassement de soi et à l’ouverture vers et avec l’autre, mon prochain.
Ma joie fut grande lorsque le Saint Père à annoncé la tenue d’un synode sur la famille. C’est un signe que l’Esprit Saint agit en nous et nous guide au quotidien. Il faut juste que nous sachions écouter et discerner.

Je suis confiant dans nos communautés

Travailler durant toute l’année sur le thème de la famille m’a permis de partager ma propre expérience, mais aussi et surtout d’apprendre de celle des autres. En réalité, nous avons les mêmes inquiétudes sur la situation de la famille, mais n’avons jamais eu l’opportunité de le dire à haute voix.

J’ai été profondément touché, quand un jeune de l’aumônerie des lycéens m’a dit que la famille n’est plus sacrée. J’ai senti à travers ces paroles, l’expression d’une profonde déception voire une crainte que certainement ce jeune n’avait jamais eu l’occasion de dire. Je suis sorti de ce projet confiant que dans nos communautés, il y a des personnes qui se donnent jour et nuit pour aider des familles à reprendre goût à la joie, à vivre convenablement et à s’aimer.

Famille je vous aime est le plus grand projet que notre communauté ait pu mener. Il a fait appel à l’ensemble des forces vives de nos paroisses et donné la place et la parole à chacun. Du plus jeune au plus âgé. Tous les paroissiens, toutes les villes avoisinantes du Raincy, de Villemomble et de Montfermeil ont été mobilisés. L’église protestante du Raincy, et les syriaques orthodoxes de Montfermeil qui sont venus s’associer à nous dans une prière œcuménique très riche.

C’est  pour dire que, si dans chacune de nos paroisses, nous faisons la somme de nos forces, nous pouvons déplacer des montagnes. Et je suis plus que content que beaucoup de nos paroissiens se donnent à cœur de participer un peu plus aux activités de la paroisse et de la joie que nous avons maintenant de nous retrouver entre frères et sœurs en Christ.

Fruit de l’union sacrée d’un homme et d’une femme

La famille est le lieu par excellence du témoignage de l’espérance et de l’amour de Dieu pour les Hommes. Et comme le disait Monseigneur Pascal Delannoy dans son homélie du 11 octobre : « Dieu aime la famille au point de vouloir que son fils naisse et grandisse au cœur d’une famille humaine » ! Signe de l’importance que Dieu lui accorde depuis la création de l’humanité. Je suis très content et fière d’avoir et d’appartenir à une famille.

La famille doit rester ce qu’elle est avec ces fondamentaux. Cependant, nous les hommes devons nous ressaisir et arrêter de philosopher un peu trop  sur ce que vivent les hommes et les femmes dans leurs familles. La société a créé et imposé des modèles de vie à nos familles qui en ont fait ce qu’elles sont de nos jours. J’ai envie de dire que peu importe le temps, la génération, ou la société dans laquelle nous vivons, la famille doit rester la famille. C'est-à-dire un cadre de vie et d’épanouissement, où parents et enfants se partagent l’amour, s’écoutent, se complètent et se respectent. C’est l’endroit dédié à l’épanouissement et à l’éducation des enfants qui sont le fruit de l’union sacrée d’un homme et d’une femme.

Chaque courant de pensée veut imposer son modèle et marquer son temps par ses idéologies. Mais quelle place accordent-ils à l’intérêt général et au projet de Dieu pour la famille ?

Aujourd’hui, il appartient à chaque chrétien de se référer du modèle parfait de la famille qu’est la Sainte Famille de Dieu. Il ne s’agit pas de faire du fondamentalisme religieux, mais de permettre à nos familles d’être fondamentalement ancrées dans l’amour de Dieu et du prochain. L’espoir n’est pas perdu et heureusement que saint Paul a transmis à beaucoup d’entre nous son bâton de pèlerin pour transmettre la Bonne Nouvelle et œuvrer pour le retour vers un monde plus humain.

 

Quel accompagnement des familles pour plus de justice et de solidarité ?

Françoise Goetz, cheffe du Pôle Urgence familles - Association des cités – Secours catholique, Montreuil

Depuis sa création en 1990, l’Association des Cités du Secours Catholique (ACSC) poursuit les actions menées dans les Cités pour l’accompagnement des familles en situation de précarité afin de les aider à sortir de l’exclusion.
Fidèles aux enseignements de Monseigneur Rodhain, les Cités développent les moyens d’une aide adaptée aux besoins locaux des territoires afin de répondre aux situations de détresse.
Une citation de saint François d’Assise est en préambule du projet associatif de l’ACSC : « Commence par faire le nécessaire, puis fais ce qu’il est possible de faire, et tu réaliseras l’impossible… ».

Les familles reçoivent notre aide et notre soutien en témoignage de la fraternité et du respect des valeurs et des convictions de chacun ; les attitudes individuelles et collectives confirment la foi des uns et/ou la confiance dans l’homme pour un « mieux vivre ensemble ».

Un accompagnement global

Notre accompagnement ne peut se faire sans rétablir les liens de confiance réciproque et les familles font régulièrement retour de ce soutien moral qui leur permet de se mobiliser à nouveau.

Je suis fière de travailler dans un établissement qui porte haut et fort les valeurs humanistes de la société. Responsable d’une équipe de 20 travailleurs sociaux diplômés, je sais que le pôle « urgence familles – logement » développe les initiatives, les prises de responsabilités, les accompagnements physiques et l’écoute pour faire valoir les droits et participer à un monde plus juste.

Les travailleurs sociaux référents des personnes proposent un accompagnement global qui prend en compte l’insertion sociale et citoyenne, la santé et le bien-être, la formation et l’emploi, l’hébergement et le logement, l’aide à la parentalité.

Depuis 1994, la Cité Myriam à Montreuil est financée par le Conseil Général pour mettre en place un accompagnement social individualisé permettant un soutien au moment de l’accès au logement et l’aide nécessaire pour prévenir des expulsions locatives. Un dispositif de logements passerelles permet de stabiliser des ménages n’arrivant pas à accéder au logement de droit commun dans des appartements mobilisés sur tout le département. Un accueil en appartement de coordination thérapeutique, places financées par l’Agence régionale de santé d’Île-de-France, favorise la prise en charge des pathologies chroniques et invalidantes de la personne malade hébergée avec ses ayants droits.

Accueil et suivi personnalisé

En étroite collaboration avec la DRIHL du 93, l’établissement poursuit la création de places d’hébergement et de dispositifs pour les familles en risque de rue.
Depuis 2003, des dispositifs d’accueil et d’hébergement des familles ont pu s’ouvrir à Montreuil, Bagnolet, Pantin et Saint-Denis. Des solutions sont recherchées pour mettre à l’abri les parents et leurs enfants qui font appel au 115 et proposer une prise en charge sociale adaptée qui permettra aux personnes de retrouver une autonomie de vie en dehors des établissements sociaux et médico-sociaux.

Depuis 2011, la Cité Myriam intervient en direction des personnes roms, en partenariat avec les Villes de Montreuil et Bobigny, sur des terrains légalisés de caravanes.

Depuis janvier 2014, un Accueil de jour situé à Pantin dans les locaux du diocèse de Saint-Denis propose l’accueil et le suivi des démarches aux familles monoparentales hébergées à l’hôtel : accueillir la mère et l’enfant, proposer une boisson chaude et nourrir si besoin, conseiller, orienter, soutenir, c’est encore et toujours aujourd’hui « répondre aux misères immédiates ».

Les missions déléguées par l’État et les collectivités locales reposent sur des contrats d’objectifs qui mettent la personne ou la famille au cœur des dispositifs, en respect des politiques publiques et des obligations légales de solidarité nationale.

La famille : premier lieu du lien social

Ce travail mené au quotidien par des équipes motivées et professionnelles prend soin de l’ensemble des personnes qui constitue le ménage à accompagner. Ainsi, sous le terme de « famille », nous prenons en compte l’ensemble des personnes ayant un projet de vie ensemble au sens de la communauté d’intérêts. La famille est le premier lieu du lien social et les enfants sont généralement moteurs pour l’élaboration d’un projet de vie. Nous savons que la précarité et l’exclusion fragilisent l’estime de soi et la confiance dans ses compétences personnelles pour faire face aux difficultés. Nous savons que l’enfant doit pouvoir s’appuyer sur les compétences parentales pour se développer et construire ce sentiment durable de sécurité, nous devons porter notre intérêt à chacun des membres d’une famille pour trouver les leviers indispensables à l’insertion, l’intégration, l’inclusion malgré les drames vécus, les trahisons subies, les violences parfois.

Le travailleur social devient souvent le « tiers de confiance », le « tuteur de résilience » pour que chacun trouve les ressources d’un lendemain possible.
Le référent social va tisser le partenariat propice à l’amélioration durable des conditions de vie.

 

Regards de grands-parents

Denise Ronssin, responsable diocésaine du Mouvement chrétien des retraités (MCR), Le Raincy

Après un sondage chez mes grands-parents du MCR, les premiers mots qui reviennent sur le thème de la famille sont : tolérance, écoute, dialogue. Les enfants ont confiance dans les grands-parents car ils ont plus de temps et moins de stress que leurs parents.
Pour nous, le MCR, nous voulons être visibles, notamment à travers la fête des associations et la messe intergénérationnelle (avec l’implication dans l’éveil à la foi et les aumôneries) qui rencontrent un très vif succès dans nos paroisses.
Les grands-parents dont les petits enfants ne sont pas baptisés sont d’avis qu’il ne faut rien imposer, mais parler de notre joie d’être chrétien engagé et d’aider notre prochain, avec l’espérance de les voir un jour franchir le seuil de l’Église.
 

 

La famille, lieu de gratuité

Groupe du Mouvement chrétien des retraités (MCR) de Montreuil et Jean-François Serres, prêtre membre de Jésus Caritas (spiritualité de frère Charles de Foucault), conseiller spirituel du MCR et vicaire de la paroisse St Pierre-St Paul de Montreuil

On choisit ses amis, pas sa famille. Les amis sont le résultat d’un choix, tandis que la famille est un don. La famille est la base, le ciment de la société. La famille habituelle comprend : père, mère, enfants, grands-parents. Les racines communes de ces membres constituent la maisonnée.

La famille est aujourd’hui plus ouverte : famille recomposée, décomposée, famille des villages d’enfants rassemblant une fratrie, famille homosexuelle avec adoption d’enfant ou non.
La famille est constituée d’amis proches, de voisins qui rendent ou à qui on rend service.
Il y a l’Église, la famille des enfants de Dieu par leur baptême. Il y a la multitude de familles religieuses (congrégation, vie consacrée, monastique).
Il y a la famille cousinade qui rassemble tous ses membres dispersés de par le monde, pour les réunir lors d’un grand évènement marquant.
Il y a la famille sociétale, politique, où les membres se reconnaissent par le partage de valeurs communes.

Ce qui nous parait essentiel à la stabilité d’une famille, c’est :

  • Honorer ses parents (4e commandement) pour assurer l’entente. L’amour, le respect mutuel entre parents et enfants, faire des concessions, sont nécessaires.
  • La confiance, la fidélité, le dialogue, le pardon, une bonne gestion du budget (les séniors gardent les 2 pieds sur terre)
  • Ne pas avoir le même langage, la même familiarité selon que l’on parle à son enfant ou à son voisin.
  • Écouter les problèmes de l’enfant, essayer de le comprendre, idem entre conjoints.
  • Se ménager chacun une autonomie (loisir) et l’accorder à l’autre.
  • Prendre du temps pour parler de Dieu et le prier.
  • Se soutenir mutuellement pour faire grandir l’autre.
  • Que chacun n’empiète pas sur le rôle de l’autre.
  • La mondialisation nous invite à élargir le regard, à enlever nos œillères.

Les relations intergénérationnelles au cœur de la stabilité familiale

Les aînés ont pour rôle d’assurer l’équilibre de la famille et le maintien des liens.
Quelques membres du MCR, seniors, ont la charge de leurs parents. Le MCR préconise d’agir ensemble pour changer les réalités telles que la solitude en maison de retraite à travers les équipes d’aumônerie.
Les aînés ont aussi un rôle à jouer au plan moral dans la transmission des valeurs, de la mémoire du passé, y compris la petite histoire qui constitue la marque de fabrique, l’ADN de chaque famille.
Après un divorce, accueillir sans distinction la nouvelle belle famille, c’est l’idéal.
La famille est le lieu de gratuité, de solidarité, de pardon, de partage. Lieu où l’on s’ouvre à l’inconnu. Il faut conserver le dialogue.
Un vœu : que les seniors fassent confiance aux jeunes et se contentent de peu en accueillant ce qui leur est donné.

Repères

 

A lire...

- Communiquer la famille : milieu privilégié de la rencontre dans la gratuité de l'amour (Pape François, 23 janvier 2015)
- Annoncer aujourd’hui l’Évangile de la famille, La Documentation catholique n° 2517, Janvier 2015
- La préparation au mariage dans le contexte de la nouvelle évangélisation, Documents Episcopat n° 7, 2014
- Les familles, miroirs de la société, Documents Episcopat n° 5, 2011
- Familles : un défi pour l'Église et Familles : vers le prochain synode, Carnet de Familles 2014 et 2015

 

Site du Vatican

- Apostolicam actuositatem (Décret sur l’apostolat des laïcs, 1965),  §11 La famille
- Relatio Synodi (rapport final) de la 3e Assemblée générale extraordinaire du Synode des évêques « Les défis pastoraux sur la famille dans le contexte de l’évangélisation », 18 octobre 2014

 

Vidéos à voir sur ktotv.com

Entre autres vidéos :
- La famille ou les familles
- Synode sur la famille (4-19 octobre 2014)
- Émission Vies de Famille