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A propos de la « Manif pour tous » du 13 janvier 2013...

Gérard et Xavier sont dans la même équipe Fils de la Charité. A 68 et 34 ans, ils confrontent leur attitude par rapport à la manifestation qui s'est déroulée le 13 janvier.
Publié le 22/01/2013

Xavier Séclier, Fils de la Charité, La Courneuve

Pourquoi j’ai manifesté :

C’est la première fois le 13 janvier dernier, que je manifestais. Ce n’est pas dans ma culture même si je ne suis pas insensible aux combats des hommes pour plus de justice. Je me méfie de ces grands rassemblements de foules. Il faut donc une cause qui touche profondément mon cœur et l’une de ces causes principales (parmi bien d’autres) c’est la valeur classée n°1 par les Français dite «valeur refuge » : la famille. Nous le constatons tous les jours, la famille comme matrice qui donne et protège l’épanouissement de la vie est en grande fragilisation (chômage, divorce, monoparentalité...).

Je constate tous les jours les dégâts que font nos modes de vie sur celle-ci. Or, je crois que ce projet de loi fragilisera plus encore cette matrice en brouillant davantage la filiation mais également l’altérité structurante père/mère.

On peut le regretter mais l’un et l’autre ne sont pas interchangeables. La nature dans sa grande sagesse exige un masculin et un féminin pour créer la vie. La différence n’est pas une inégalité à combler mais une richesse à assumer pour éviter la confusion (je suis un être unique). Confusion qui est également entretenue dans ce mélange entre « droit de l’enfant » à avoir le meilleur pour se développer et « droit à l’enfant » comme on aurait des droit sociaux.

Il n’y a pas de droit à l’enfant. L’enfant n’est pas un droit mais un devoir, une responsabilité envers un être en devenir qui à son tour devra, avec sagesse, assurer l’avenir de notre monde. Par amour nous devons exiger le meilleur pour les enfants et dénoncer tous ces mensonges qui se veulent sans doute généreux à l'origine mais sont des catastrophes pour l'avenir.
 

 

Gérard Marle, Fils de la Charité, La Courneuve

Pourquoi je n’ai pas manifesté :

C’est tout simple, je ne suis pas du tout convaincu par les arguments des partisans du projet « le mariage pour tous », même s’ils se disent « déterminés ». Sur un tel sujet de société, où rien ne presse en vérité, ne faut-il pas, par le débat, rechercher une forte majorité, à défaut d’un consensus ?

Ce n’est pas un incident, c’est une faute : on ne traite pas de cette manière les responsables des grandes religions de ce pays, comme l’a fait un parlementaire indigne, sous le prétexte que ce sont des religieux et qu’ils s’opposent à un projet de loi ; il n’aura pas lu les articles 1, puis 26 à 36, de la loi de 1905, ni surtout l’article 19 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 qui, une fois signée, prévaut sur toute autre législation, et qui affirme que « tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression… ». Dans le même texte, Jean Louis Schlegel parle de cette laïcité orgueilleuse qui prétend ne rien apprendre des autres, et il renvoie aux réflexions du philosophe allemand rationaliste Jürgen Habermas ; il pourrait aussi renvoyer à Alexis de Tocqueville. Mais ce sont là des auteurs que notre parlementaire ignore, peut-être jusqu’à leur nom. C’était une raison suffisante pour aller manifester.

Et je suis resté chez moi. Incohérence ? Je ne suis pas plus illogique que le Grand Rabbin, si précis dans son argumentation et qui s’est abstenu d’appeler à la manifestation. Quant à moi, je devinais sans peine que l’Eglise catholique allait fournir le gros des troupes, et je suis viscéralement opposé au « front catholique », attaché que je suis au pluralisme éthique, religieux et politique. J’avais aussi le pressentiment que les gens des quartiers populaires (là où j’habite) ne se déplaceraient pas, alors même qu’ils n’en pensent pas moins ; comme nous tous, ils peuvent ne pas être à l’aise partout et en toutes circonstances. Troisième raison et peut-être la plus décisive : depuis le 1er décembre 2012, je suis descendu dans la rue par deux fois, nous étions entre cent et deux cent cinquante. Là, chaque manifestant comptait. A tout prendre, c’est auprès des chômeurs d’abord que je me retrouve. C’est mon histoire, mais aussi le signe d’une maladie professionnelle, celle du religieux que je suis et qui me conduit en priorité auprès de ceux que l’on n’entend pas.


Publié dans les « Nouvelles des Fils de la Charité » - Janvier 2013, n° 122
Avec l’autorisation des auteurs