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Bernadette Forhan, le courage de la patience

Bernadette Forhan, très engagée dans le diocèse de Saint-Denis, a été élue présidente de l'ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) en avril 2018. Portrait…
Publié le 31/07/2018

Bernadette Forhan, le courage de la patience

Élue présidente de l'ACAT en avril 2018, Bernadette Forhan compte garder la même ligne qui a guidé son parcours de militante et qu'elle tient de ses parents : patience et persévérance.

« Nous avions rendez-vous à 10h, mais, le temps que j’arrive et que je dise bonjour à tout le monde ... » Il est 10h15 et c’est avec un peu de retard que nous commençons l’interview. Bernadette Forhan, mieux connue à l’ACAT sous le surnom révélateur de « Madame peine de mort », n’a pas une minute à elle lorsqu’elle vient au Secrétariat national. C’est que les diverses sollicitations dont elle fait l’objet sont à la hauteur de son investissement sans faille dans l’association, depuis 34 ans. Élue présidente de l’ACAT au lendemain de l’Assemblée générale d'Agde (Hérault), en avril 2018, elle témoigne d’un parcours long et engagé : membre du groupe local d’Aubervilliers, coordinatrice de région, membre de plusieurs commissions, du Comité directeur, puis du Bureau exécutif, elle s’est même distinguée comme l’organisatrice du « Die-in » afin de protester, chaque année le 2 juillet, contre les exécutions capitales aux États-Unis.

Figure paternelle

Au bout de dix minutes, Bernadette Forhan enlève ses lunettes et les laisse retomber sur son gilet rose. Le signe qu’elle commence à être à l’aise ? Une chose est sûre, elle est de celles avec qui l’on pourrait discuter pendant des heures. Rythmer ses phrases, rebondir sur une anecdote, donner un exemple concret dès que l’attention de l’auditoire retombe : elle sait prendre la parole et surtout, elle sait la garder. Les traces d’une carrière dans l’Éducation nationale comme professeure de sciences, mais aussi la preuve d’une persévérance à toute épreuve qu’elle tient indéniablement de son histoire familiale. « Militant politique et syndical, mon père voulait d’abord être instituteur, mais on ne l’a pas pris à cause de son handicap physique. Ensuite, mes parents ont dû se battre pour se marier parce que ma grand-mère matemelle ne voulait pas que sa fille se marie avec une personne en situation de handicap », raconte-t-elle. Le parcours de son père, qui a fini sa carrière comme responsable des informations religieuses au journal La Croix, a énormément influencé Bernadette Forhan : « Lutter contre les injustices, être déterminé, la fidélité à une cause, l’engagement au long cours, tout ça a fait ce que je suis aujourd'hui. » L’émotion qui transparaît lorsqu’elle parle de cette figure paternelle est tout aussi perceptible lorsqu’elle cite l’autre homme de sa vie, Gilles Forban, avec qui elle est mariée depuis 48 ans. Avec lui, elle forme une équipe à tel point qu’à l’ACAT on les voit rarement l’un sans l’autre. C’est ensemble qu’ils ont adhéré à l’ACAT en 1984, 12 ans après le déclic qui persuade Bernadette Forhan de s’engager contre la peine de mort. « Quand, en novembre 1972, j’ai appris que Claude Buffet et Roger Bontems avaient été guillotinés, je me suis dit "on continue de guillotiner des gens à Paris, alors qu’on se dit pays des droits de l’homme". » Dans la foulée, elle lit l’Exécution de Robert Badinter. D’« abolitionniste logique », elle devient une militante hyperactive et convaincue : « C’est un événement qui a ancré mon combat pour l’abolition. »

Vertus cardinales

Alors qu’elle refusait de reproduire le schéma du militantisme familial, rythmé par les meetings politiques et syndicaux, ainsi que par les visites quasi-quotidiennes du tout Paris – « de l’étudiant ivoirien fauché, en passant par les évêques jusqu’au nonce apostolique », tient-elle à préciser – la voilà rattrapée par son héritage, sa mère étant déjà une militante ACAT des premières heures. « Le militantisme, je suis tombée dedans quand j’étais petite », ajoute-t-elle. Transmettre les traditions, les valeurs, les pratiques et les savoirs : là est l’autre ambition que Bernadette Forhan tient de ses parents. Et qu’elle compte bien porter en tant que présidente de l’ACAT, après avoir participé à la commission Éducation aux droits de l’homme et à plusieurs interventions en milieu scolaire. Elle affirme vouloir mettre la pédagogie au cœur de son action « pour faire réfléchir les gens et les accompagner dans leur réflexion ». Si elle considère que l’ACAT doit s’adresser au grand public « pour se faire connaître et devenir une référence incontournable », elle estime que les chrétiens constituent un public prioritaire qu’il faut sensibiliser en s’appuyant sur l’Évangile. Tout en gardant en tête que la patience est la première des qualités lorsque l’on mène des combats au long cours. « Patience et persévérance sont les vertus cardinales des acatiens. » Nul doute qu’elles guideront, pendant un an, son mandat de présidente.

Anna Demontis,
Chargée de projet éditorial à l’ACAT

Cet article a été publié dans la revue de l'ACAT "Humains", N°6 - Juillet-août 2018


 

L’ACAT est une ONG oecuménique de défense des droits de l’homme créée en 1974. Association loi 1901, elle est reconnue d'utilité publique et d'éducation populaire. L'ACAT a pour but de combattre partout dans le monde les peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, la torture, les exécutions capitales judiciaires ou extra-judiciaires, les disparitions, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les génocides. Elle assiste les victimes de tous ces crimes, notamment en se constituant partie civile devant les juridictions pénales et elle concourt à leur protection notamment par toutes actions en faveur du droit d’asile et de la vigilance à l’égard des renvois qui s’avèreraient dangereux. L'ACAT fonde son action sur un réseau actif de 39 000 membres adhérents, donateurs et salariés.