Après deux témoignages des pères Jean Courtaudière, délégué diocésain aux relations avec l’islam, et Gérard Marle, curé des paroisses de La Courneuve, sur ce qui se vit au quotidien dans le diocèse, le politologue Gilles Kepel, diplômé d’arabe et de philosophie, a brossé un tableau de l’évolution de l’islam en France au fil des années. Il distingue historiquement trois phases : l’islam des Pères (les « darons ») correspond aux travailleurs immigrés venus reconstruire la France après la guerre, l’islam des Frères (les « blédards ») avec l’arrivée d’étudiants inspirés par l’islam politique des frères musulmans, et enfin l’islam des jeunes nés et élevés en France. Ces derniers se lancent volontiers dans l’action religieuse et militante, identitaire, très visible sur les réseaux Internet (voile, halal). Parallèlement à ces deux dernières phases, apparaît en France un nouveau courant, rigoriste, fondamentaliste, apolitique et traditionaliste : le « tabligh ». Se développeront alors des courants de plus en plus inspirés d’un salafisme radical voire extrémiste. A la suite de théoriciens comme Abou Moussab Al-Souri seront désignées des cibles « légitimes » : juifs, apostats, anti-islamistes… bref, tout le monde, sauf les adeptes. Ce dernier courant très minoritaire de l’islam en France conduira aux évènements tragiques récents de cette année.
Pour approfondir la réflexion sur le sujet, une bibliographie peut être demandée au secrétariat de la Maison diocésaine.
Claude Scheuble,
diacre permanent