Et le vent des prophètes s'est levé ce matin…

Et le vent des prophètes s'est levé ce matin…

Mais d’où vient-il, ce vent qui envahit toute la maison ce jour de la Pentecôte ? Le jour où « s’accomplit » la Pentecôte, dit littéralement le texte grec.

La Pentecôte juive, c’est la fête qui commémorait l’alliance de Dieu avec son peuple au Sinaï.

Ce qui s’accomplit ce jour-là, c’est donc cette alliance. Comment ? Les Douze, ceux-là mêmes qui venaient de reconstituer leur groupe, « se trouvaient tous ensemble ... Vint du ciel un bruit tel que celui d’un violent coup de vent ... Tous furent remplis de l’Esprit Saint. »

L’Esprit Saint, Luc nous en a déjà parlé dans son Évangile : c’est Lui qui vient sur Marie le jour de l’annonciation pour lui faire concevoir Jésus ; c’est Lui qui fait prophétiser Zacharie lors de la naissance de Jean­Baptiste pour proclamer la réalisation de la promesse ; c’est Lui qui fait déplacer Syméon au temple pour voir le messie de Dieu ; c’est Lui qui repose sur Jésus depuis son baptême dans le Jourdain puis le pousse au désert, et le ramène en Galilée ; c’est Lui qui le fait tressaillir de joie. C’est Lui que Jésus a promis à ses disciples. Le voici donc !

Mais cet Esprit vient de plus loin encore. Ce mot qui parcourt l’ancienne alliance, il était là dès l’origine, ce « pneuma », c’est le souffle du premier jour, celui-là même qui planait sur les eaux et qui se manifeste dans la Parole : « Dieu dit ... et cela fut ».

L’Esprit Saint, c’est le souffle même de Dieu qui crée et donne la vie. « Tu envoies ton souffle, ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre. » dit le psaume (104, 30).

Et c’est bien de cela qu’il s’agit ce jour-là : la création est renouvelée.

Le texte de Luc insiste sur une particularité très étonnante de ce souffle créateur qui répand l’Esprit de Dieu, car son action se déploie dans deux dimensions. À la fois celle du « tous ensemble » et à la fois la dimension du « chacun d’eux ».

Ainsi, Luc nous dit « qu’ils étaient tous ensemble dans un même lieu », que « le vent envahit la maison », qu’« ils furent tous remplis d’Esprit Saint », que « la foule s’étonne d’entendre tous ces galiléens » et enfin que « Pierre se leva avec les onze ».

L’Esprit Saint emplit les douze, ces successeurs des douze tribus d’Israël, image de tout le peuple juif. Et ce faisant, l’Esprit donne une vie nouvelle à ce peuple. C’est bien au nom des onze autres apôtres que Pierre s’exprime, première image de l’Église. Ce jour-là, fête de l'alliance de Dieu avec son peuple, l’Eglise a été insufflée.

Mais au sein de ce collectif, le texte de Luc insiste aussi sur le « chacun ». C’est sur « un chacun », insiste le texte grec, que se posent les langues de feu ; Pierre le reprendra dans son discours, citant le prophète Joël : « Je répandrai mon Esprit sur toute chair. » C’est chacun des douze individuellement qui reçoit l’Esprit Saint, et quand ces douze se mettent à prophétiser, c’est « selon ce que l’Esprit leur donnait de s’exprimer », chacun avec son individualité, avec ce qu’il est, ce qu’il reçoit, et c’est « un chacun (le grec reprend l’expression) des gens présents qui l’entend dans sa propre langue. »

Cette action de Dieu a ceci d'extraordinaire que, fondant le groupe, elle a tout autant cette capacité de concerner uniquement et intimement chacun de ceux qui constituent le groupe. L’alliance est tout autant collective qu’individuelle.

Et au groupe tous ensemble comme à chacun dans sa propre chair est donnée une nouvelle vie. Dans cette re-création se réalise pleinement l’alliance avec Dieu ; c’est le souffle même de Dieu qui désormais habite et chacun et le groupe, et, comme depuis l’origine, les fait parler. Dans un résumé saisissant, au nom du groupe, Pierre parle.

Tout le texte dit la nouveauté d’un événement qui reste indicible. Un nouveau commencement. Les douze qui avaient été plongés dans la mort de Jésus, que sa résurrection avait réunis, sont aujourd’hui remplis d’une nouvelle vie. Et la diffusion de cet Esprit a un effet immédiat : alors que, jusque-là, le texte grec nous dit qu’ils étaient assis (« il remplit toute la maison où ils étaient assis » ; la traduction française oublie parfois cette précision), l’Esprit commence par les mettre debout : « S’étant mis debout, Pierre éleva la voix et s’exprima. »

Comme à l’origine, le souffle de Dieu crée et parle en eux, et Pierre proclame ce qu’il y a un instant encore, ils n’avaient pas compris : l’alliance promise a été réalisée en Jésus. « Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ... Il a reçu du Père l’Esprit Saint et l’a répandu ... Dieu l’a fait Seigneur et Christ… Convertissez-vous et vous recevrez le don du Saint Esprit, vous et tous ceux que Dieu appellera. »

L’Esprit Saint proclame comment le monde a basculé dans une nouvelle création. Avec Jésus commence l’an zéro. Les apôtres étaient dans les starting-blocks à la fin du chapitre 1. Le chapitre 2 les propulse vers les hommes.

Ce jour-là, ils imaginaient que les hommes, c’était le peuple juif, réparti sur toute la terre, comme le signifient tous les peuples représentés. Mais toutes ces nations sont là pour rappeler la vocation universelle du peuple juif : être signe pour toute l’humanité. Le vent violent n’a pas fini de souffler.

Dominique et Jean Pelloux-Prayer (diacre permanent à Montreuil)
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Ces dernières semaines, m’est-il arrivé de voir l’Esprit à l’œuvre, en moi-même ?
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Si oui, à quel(s) signe(s) l’ai-je reconnu ?
Sinon, quelle en est l'explication : l’Esprit est-il absent ou est-ce moi qui suis aveugle ?

PARLONS-EN AVEC DIEU
Seigneur,
À nous qui sommes baptisés, confirmés depuis longtemps, comme à ceux à qui tu viens maintenant te manifester, donne la grâce de croire que ton Esprit habite en nous, et d’en vivre. « Puisque l’Esprit vous fait vivre, laissez-vous guider par l’Esprit. » (Galates 5, 25)

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