Dedans, dehors : une Europe qui s’enferme — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Dedans, dehors : une Europe qui s’enferme

Un rapport de La Cimade sur les dispositifs de surveillance et de tri aux frontières de la France, de la Hongrie et en Méditerranée.
Publié le 03/07/2018

Télécharger le Rapport d'observation de La Cimade

Site Internet de La Cimade

Contrôles et clôtures en Europe :
une voie sans issue

La mobilité des êtres humains est un fait social normal, ordinaire, aussi nécessaire qu’irréductible. Face à cette évidence historique, l’Union européenne et ses États membres répondent par une politique répressive de limitation drastique de cette mobilité, les conduisant à déployer aux frontières des dispositifs policiers et militaires relevant de périodes de guerre, à édifier des murs, installer des systèmes biométriques d’identification, empêcher les personnes migrantes d’atteindre le territoire européen via des accords de coopération indignes avec des pays comme la Libye, la Turquie, le Niger ou encore le Soudan.

Cette politique de fermeture se mène au mépris des droits humains les plus élémentaires, et au prix de pertes humaines que l’on n’imaginait plus possibles sur les routes migratoires.

Une politique du pire qui voit ainsi se développer une forme de compétition entre États, devant consacrer celui qui portera in fine la politique la plus à même de dissuader les personnes migrantes d’entrer sur son territoire national.

La France semble vouloir jouer les premiers rôles dans cette compétition désastreuse.

Certes, elle n’est pas la seule, mais quand un gouvernement, et singulièrement un ministère de l’intérieur, exploite et alimente les peurs collectives par un discours sulfureux permanent, refoule les personnes aux frontières sans qu’elles aient pu faire valoir leurs droits ou durcit de façon inédite sa législation en matière de contrôle, d’expulsion et de bannissement, elle ne fait qu’encourager cette politique du pire qui se propage au sein de l’Union européenne.

La Hongrie, l’un des lieux d’observation de ce rapport, n’est pas en reste, avec la mise en place de politiques d’une grande répression, criminalisant les personnes étrangères et les organisations de défense des droits humains. Cette politique du pire génère par ailleurs, en Méditerranée, des logiques de marchandage de la part des États de part et d’autre de cet espace maritime pour demander aux gardes-côtes libyens d’intercepter les personnes migrantes et les ramener vers des geôles dénoncées jusqu’aux Nations unies.

Témoignage éclairé de cette politique, ce rapport d’observation dresse ainsi un constat sans appel de ce qui se passe à plusieurs frontières internes et externes d’une Union qui ne voit de salut que dans son propre enfermement.

Une logique enkystée et mortifère de forteresse assiégée qu’il appartient aux sociétés civiles dans leur ensemble et conjointement de dénoncer, en s’appuyant notamment sur des rapports d’observation de ce type. Le défi n’est pas simple. Il impose de changer le regard négatif sur les migrations internationales que tend à porter une partie de nos sociétés au sud et au nord de la Méditerranée. L’édification des politiques migratoires européennes doit cesser de se faire en alimentant les peurs et en mêlant migration et terrorisme. Il est nécessaire que les États aient le courage et l’ambition de penser d’autres politiques permettant d’accompagner les circulations des personnes et de protéger leurs droits fondamentaux.

Jean-Claude Mas,
Secrétaire général de La Cimade