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Notre fraternité a mille visages

Un texte publié par le Conseil diocésain de la Mission ouvrière et la Pastorale des Migrants du diocèse de Saint-Denis (93).
Publié le 05/06/2018

Juin 2018

« Tu n’opprimeras pas l’étranger. Vous savez ce qu’éprouve l’étranger,
car vous-mêmes avez été étrangers au pays d’Égypte. »
(Livre de l'Exode 23, 9)

Notre fraternité a mille visages

Des chrétiens catholiques, en Seine-Saint-Denis, font l’expérience de multiples chemins de fraternité vécus avec les migrants.

Depuis plusieurs décennies le territoire de la Seine-Saint-Denis accueille de nombreux migrants. Jusqu’au début des années soixante-dix, il s’agissait, essentiellement, de répondre aux besoins d’une industrie qui nécessitait une main d’oeuvre abondante. Aujourd’hui, si certains migrants ont fait le choix de venir en France pour y exercer une profession, beaucoup y sont présents en raison des conflits, catastrophes naturelles, persécutions, changements climatiques, misère économique que connaissent leurs pays ! Devant l’importance des mouvements migratoires, aux causes si diverses et trop souvent douloureuses, le pape François nous demande d’accueillir, protéger, promouvoir et intégrer ceux qui viennent « d’ailleurs ». (Voir notamment son discours du 21 février 2017 aux participants du forum international « Migrations et paix »). Quel contenu donner à ces quatre verbes, ici, en Seine-Saint-Denis ? C’est la question que se sont posée les membres du Conseil diocésain de la mission ouvrière et du Service diocésain de la pastorale des migrants. En interrogeant ceux et celles qui les entourent, ils ont entendu des témoignages qui donnent un contenu aux quatre verbes proposés par le pape François. Avec eux, j’ai souhaité que ces témoignages soient connus de tous car ils nous encouragent à emprunter le chemin parfois difficile, mais toujours possible, de l’accueil, de la protection, de la promotion et de l’intégration. Oh, bien sûr, il s’agit de petites choses penseront certains à la lecture de ce document. Qu’il leur suffise alors de méditer cette magnifique parabole évangélique où le Christ nous dit que le Royaume de Dieu est comparable à une graine de moutarde : quand on la sème en terre elle est la plus petite de toutes les semences du monde ; mais quand on l’a semée elle pousse et devient plus grande que toutes les plantes potagères (Marc 4, 30-32) !

✝ Pascal Delannoy
Évêque de Saint-Denis-en-France

 

 
(c) Alain PINOGES/CIRIC - Michael BUNEL/CIRIC 

Si souvent stigmatisé, notre département s’est construit comme une terre de migrations et d’accueil... Nous sommes une population où toutes les origines se côtoient. Tous différents, tous ensemble, nous sommes le même peuple, aimé de Dieu, appelé à la fraternité.

Les frontons de nos mairies arborent ce joli mot de « fraternité », et si elle est diffi cile à construire tant les obstacles sont nombreux, nous, chrétiens, témoignons de tous les gestes d’humanité et de solidarité qui se déploient dans le 93, même s’ils ne font pas la une des médias.

C’est la fraternité à laquelle nous invite Jésus Christ.

Lise, bénévole dans une association d’aide aux familles roms à Bobigny, nous rappelle que, lorsque ces enfants fréquentent le soutien scolaire avec des enfants d’autres origines, ils ne sont pas montrés du doigt. Dans tout le département, des chrétiens accompagnent des migrants dans les démarches administratives si complexes (demande de carte de séjour, allocations familiales, poste, banque, hôpitaux, centre de santé, démarches et rendez-vous par Internet…), notamment dans les permanences du Secours catholique.

Nous voulons PROMOUVOIR leur place dans la société.(1)
Brigitte, engagée à Rosny-sous-Bois dans un atelier de conversation française, nous dit : « Les échanges sont très riches pour moi, car les conversations se font sur des sujets que les apprenants proposent et qui touchent leur vie. »

Éliane, de Bobigny, décrit comment, dans son association, elle participe à l’information des femmes nouvellement arrivées en France, en les prévenant des différentes formes de traite dont elles pourraient être victimes (prostitution, esclavage domestique…).

Dans le domaine de l’entreprise aussi, on se mobilise. Certains salariés mènent la lutte pour que des travailleurs non déclarés et donc livrés à la surexploitation obtiennent la régularisation de leur statut. « Pour nous, la mort et la résurrection de Jésus ouvre un chemin de libération pour tous les hommes », disent les prêtres-ouvriers.

« Qu’as-tu fait de ton frère ? » (Livre de la Genèse 4, 10) Cette question biblique résonne chaque fois qu’il s’agit de déployer mille moyens pour ACCUEILLIR les personnes contraintes de quitter leur pays,(1) souvent dans des conditions périlleuses.

Une communauté religieuse de Rosny-sous-Bois et plusieurs paroisses ouvrent leur porte à des migrants pour leur permettre d’avoir un toit pendant l’hiver.

Oui, nous voulons accueillir les personnes quel que soit leur statut. Et ainsi, nous faisons l’expérience de découvrir leur vie, leur culture, leurs richesses, leurs joies et leurs souffrances. À Aubervilliers, Odette est témoin que l’accueil est tout aussi réconfortant que le soutien matériel pour les personnes qui se rendent à l’Épicerie Solidaire.

Accueillir, c’est faire route ensemble, entrer en conversation, en dialogue. Apprendre à nous connaître, échanger tout ce que nous avons à partager de notre expérience et de notre espérance.

Des chrétiens s’engagent aussi pour PROTÉGER les personnes les plus vulnérables.(1)
Dans l’association de défense des migrants, Aimé, de Saint-Denis, travaille à la prise en charge de jeunes mineurs isolés, car, non accompagnés, ils sont en danger.

Chez les bénévoles de L’École dans la Rue, Georges, de La Courneuve, lui, participe à la protection des enfants de communautés roms en aidant les parents à accompagner leur scolarisation.

Par ailleurs, nos rencontres islamo-chrétiennes nous permettent de découvrir nos investissements dans cette commune mission de protéger le faible, le fragile, la veuve, l’orphelin tout autant que l’étranger.

Et depuis huit ans, le Cercle de Silence, organisé à deux pas de la mairie et de la Basilique cathédrale Saint-Denis, réunit chaque mois les migrants et ceux qui les soutiennent pour dénoncer les conditions trop souvent indignes des centres de rétention.

Bien des chrétiens prennent également part au long et complexe processus qui cherche à INTÉGRER.(1) C’est en désirant comprendre sincèrement, au-delà des idées reçues, les motivations de l’exil, que nous découvrons l’espérance et le courage de ces hommes et de ces femmes ; « Ce que ces femmes apprécient le plus en France, c’est la liberté, même si pour elles, la vie n’est pas facile… mais vivre sans la guerre et la peur, c’est quand même mieux ! », nous confie Anne-Marie d’Aubervilliers.

Dans l’association dont elle est membre, elle anime un atelier « d’artisteries » : peinture, argile, expressions orales… l’alphabétisation s’y fait à partir de belles chansons françaises…

Toujours dans le cadre de l’alphabétisation, Nicole témoigne qu’à la Boissière à Montreuil, chrétiennes et musulmanes se souhaitent réciproquement leurs fêtes religieuses (Noël, l’Aïd...). Elle y voit un signe d’amitié qui favorise l’intégration.

Si, dans la vie, on les rappelle souvent à leurs origines, dans leurs mouvements religieux (Action catholique des enfants, Jeunesse ouvrière chrétienne), les enfants et les jeunes ne voient pas entre eux de différences.

Le diocèse de Saint-Denis est constitué de communautés chrétiennes multicolores et multiculturelles : c’est un lieu où l’on apprend sans cesse à mieux respecter chacun dans sa culture, dans son originalité… L’authentique culture de la rencontre est toujours à améliorer pour le bien des communautés.

Eliane nous écrit : « Je regrette que ces initiatives ne soient pas assez connues, elles changeraient le regard si souvent négatif porté sur les migrants et les réfugiés ainsi que sur ceux qui les accueillent ! Partageons davan-
tage les fruits d’humanité que nous cueillons dans ces rencontres ! »

Ces actions de fraternité sont vécues par les chrétiens en compagnonnage avec leurs amis militants des nombreuses associations de solidarité. Alors même que le législateur a mis en place le « délit de solidarité », ensemble, au coude-à-coude, « ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas » vivent et veulent continuer à vivre cette belle aventure de la fraternité construite avec les migrants, fiers et heureux d’être solidaires ensemble.

« Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait »,
nous dit Jésus dans l’Évangile (Matthieu 25, 43)
 

 
(c) Alain PINOGES/CIRIC - Michael BUNEL/CIRIC

Ensemble, que faisons-nous de nos frères ?

 


(1) « Migrants, trouver une réponse commune », document des Évêques de France (janvier 2018) articulé autour des quatre mots du Pape François pour les migrants : Accueillir - Protéger - Promouvoir - Intégrer.
 

Télécharger le document : La fraternité a mille visages
Ce document sera tout prochainement disponible dans les paroisses du diocèse de Saint-Denis