Quels droits pour les femmes agricultrices du Nord-Kivu ? — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Quels droits pour les femmes agricultrices du Nord-Kivu ?

Théogène Kambere, chef de projet UWAKI, association partenaire du CCFD-Terre solidaire en RDC, est intervenu dans le diocèse.
Publié le 22/03/2018

Ce dimanche 18 mars après-midi, à l’occasion du cinquième dimanche de Carême, l’équipe du CCFD-Terre Solidaire de Seine-Saint-Denis a eu la joie d’accueillir Théogène Kambere, chef de projet de l’association UWAKI, « partenaire » du CCFD-Terre solidaire, en RDC. Cette Fédération des « Union de femmes agricultrices du Kivu » agit pour le développement de l’agro-écologie familiale, pour l'accès et le maintien des femmes à la terre  et pour la bonne gouvernance familiale, afin de lutter contre les violences domestiques.

Après avoir fait une intervention au cours de la messe à Garges-lès-Gonesse, Théogène était attendu à Saint-Denis pour partager un repas « solidaire ». Cette année en l’honneur de notre hôte, nous avons proposé un plat africain. C’est l’association malienne « Femmes de logo-Lambé » qui nous a préparé un « Tchiep au poulet ».

36 convives, dont Samuel Pommeret, chargé de mission par le CCFD-Terre solidaire dans la Région des Grands Lacs, ont entouré Théogéne, dans une ambiance très fraternelle.

Un peu avant 15h, un chant, suivi du commentaire de l’Evangile du jour (le grain de blé... Jean 12, 20-33) par Daniel Roussière, aumônier diocésain du CCFD-Terre Solidaire, a ouvert l’après-midi à laquelle ont participé une petite cinquantaine de personnes.

Le témoignage de Théogène, retraçant le contexte violent et complexe de la République démocratique du Congo dans lequel doit évoluer son association, ponctué par des chants faisant l’éloge de la solidarité et de la fraternité, fut reçu avec enthousiasme et intérêt de la part des participants. La description des actions menées par UWAKI auprès des femmes paysannes grâce au soutien du CCFD-Terre Solidaire n’a pas manqué de toucher l’auditoire.

En effet, concernant les pratiques agro-écologiques comme levier pour le développement durable et le vivre-ensemble dans les territoires ruraux à l’Est de la RDC, les actions d’Uwaki sont multiples : l’apprentissage de nouvelles techniques de fertilisation du sol via la fabrication de composts liquides et solides et la plantation d’arbres fertilisants, des formations sur la bonne gouvernance au sein des familles et dans les entités administratives décentralisées, des actions de plaidoyer auprès des chefs terriens et des concessionnaires pour qu’ils acceptent de louer une partie de leurs terres aux familles sans terres, le tout dans un objectif global de construction locale de la paix.

 

Ces actions remportent un franc succès aujourd’hui. Théogène souligne notamment la véritable maitrise des familles paysannes dans la préparation et l’utilisation des engrais organiques (compost solide, compost liquide, purin et arbres fertilisants) et le lancement d’une démarche de combinaison de tous les engrais. Les champs cultivés selon ces techniques deviennent de plus en plus fertiles. Les paysans peuvent donc rester à proximité de leurs villages ce qui favorise le rapprochement des familles et l’éducation des enfants. De plus, le travail de préparation de l’engrais organique unit les membres de la famille et alors que jusqu’à présent seules les femmes travaillaient aux champs, les formations de bonne gouvernance portent leurs fruits et l’installation des terrasses donne du travail aux hommes qui s’investissent et soutiennent leurs femmes.

Les formations autour de la bonne gouvernance des familles et des entités administratives représentent un axe de travail majeur de l’association UWAKI. Grâce à ces formations, qui se basent sur des techniques d’animation issues de l’éducation populaire, des résultats très positifs sont recensés : les conflits familiaux et entre propriétaires et paysans diminuent notablement, les chefs terriens connaissent leurs droits et leurs devoirs envers les petits exploitants et ont compris l’importance des terrasses et des arbres fertilisants, les femmes ont retrouvé leur place dans la gestion des terres et le plaidoyer auprès des concessionnaires pour l’accès des familles sans terre aux pâturages commence à porter ses fruits.

L’atelier d’échange qui suivit fut riche de remarques, questionnements et approfondissements, démontrant une réelle implication de l’assistance sur les thématiques abordées. Les participants se sont réunis en petits groupes de travail et ont réfléchit à ce qui faisait échos ici, dans nos villes françaises.

Emilie Bruel, pour le CCFD-Terre Solidaire 93