Retour sur la 86e session des Semaines sociales de France — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Retour sur la 86e session des Semaines sociales de France

Cette session sont le thème était : « La démocratie, une idée neuve », s'est déroulée du 25 au 27 novembre 2011 au Parc floral de Paris.
Publié le 07/12/2011

Voir les vidéos des conférences de la 86e session des Semaines sociales de France.


Point de vue de José Quazza (ACI 93)

« La Démocratie une idée neuve », thème de la 86e session des Semaines sociales de France, a invité à changer de regard, trouver des ressources nouvelles et à créer des espaces de délibération.

Comment par l'opinion publique la démocratie s'est-elle façonnée en Tunisie récemment (Asma Nouira) ou en Pologne dès 89 (Aleksander Smolar) en ouvrant une alternative politique et respectant les aspirations à la dignité ?

L'importance des nouveaux moyens de communications, sources aussi d'intoxication, a été analysée. Car la démocratie est exigeante, elle disjoint autorité et pouvoir. Le partage (mais qui partage avec qui ?), pour Olivier Mougin, c'est être ensemble et avoir des désaccords. La démocratie n'est pas l'expression des droits individuels ni un camp contre un camp. Elle ne peut exister hors de champs territoriaux ajoute Robert Rochefort, mais qui partage quoi avec qui ? poursuit Véronique Davienne, surtout lorsque les mots manquent pour dire. Tous deux s'interrogent : comment créer des espaces pour faire émerger une pensée commune, une participation ? Comment inventer de nouveaux modes de représentations ? La démocratie disparaît quand le citoyen laisse place à l'individu. Paul Thibaut interroge : comment faire société à partir de droits individuels et ne pas arriver à une démocratie de réclamation ? N'y a-t-il que le vide entre individu et intérêt général ?

L'humanité n'est pas la somme des individus, grâce à l'autre je me comprends mieux, il est donc utile de créer du lien. En ne dissociant pas la politique de la démocratie, on inclut une espérance ; mais jusqu'où aller dans le dialogue, dans l'inter-compréhension des valeurs ? L'humanité n'est pas un tas mais le centre de relations. « L'homme a le pouvoir de créer, comme Dieu, mais pas en rival de Dieu » rappelle Paul Thibaut en citant Maurice Blondel. Il a bien fallu en arriver au procès de la démocratie française et européenne dit Pierre Manent dans son état des lieux où il fait apparaître que les Droits de l'homme ont généré une tension entre l'homme et le citoyen au sens que la liberté individuelle a pris un caractère sacré. Le sentiment du semblable nait mais la confiance en la légitimité et l'efficacité de l'action commune s'amenuise. L'individu ne retrouve le sens de la liberté qu'en retrouvant la communauté. On en arrive à ériger des règles sans base de représentation en place de lois fruits d'une communauté de citoyens. Il est alors évident que les corps intermédiaires, syndicats, associations... vont permettre de réorganiser le débat, prendre des décisions politiques et les mettre en œuvre. C'est une analyse que Jean-Paul Delevoye fait en soulignant que l'on se parle de plus en plus et s'écoute de moins en moins.

Pour conduire le changement il est indispensable de prendre le temps de l'écoute, de la réflexion et de la représentation (Geneviève Roy) et, dans ces champs, les syndicats ont un rôle pédagogique en développant le dialogue social, la représentativité et créant la confiance (Bernard Ival). On en arrivera à faire la distinction entre le bien commun (100% au maximum de ses capacités) et l'intérêt général (80% d'une classe d'âge a le bac) et passer de l'exclusion à l'inclusion. Il n'est alors plus question de défendre des intérêts mais une cause.
Michel Camdessus et Sylvie Goulard ont bien insisté sur la nécessité, au niveau de toute l'Europe, de maîtriser l'endettement, gérer rigoureusement les comptes publics, réécrire la loi fiscale et remettre un sens d'équité face à la raréfaction des ressources ; les peuples partagent les mêmes soucis et peuvent faire ensemble des choses.

Et... comment faire vivre la démocratie ? Pour qui gouvernent les gouvernants ? Question posée par Loïc Blondiaux. Irons-nous jusqu'à contester les institutions tant le sentiment de dépossession et de déclin de la démocratie est fort ? Il propose de retrouver le sens de la représentation, service et non une profession, de développer des organes tiers garants du débat démocratique pour permettre aux citoyens d'exercer leur vigilance voire leur contrôle et en arriver à une délibération « sans faire taire l'autre » ; ainsi s'ouvriront l'exploration de controverses, l'inclusion, l'argumentation et la mise en œuvre de dispositifs ; l'articulation délibération/décision est à consolider. Le vote obligatoire permettrait-il de réintégrer dans le débat les catégories absentes de tout vote ? Est-il pertinent de lier démocratie et ordre marchand ? Jean-Luc Marion creuse encore le sillon pour montrer que le bien commun ne se réduit pas à la somme des biens individuels et que le citoyen n'est pas un agent économique.

La crise est structurelle, c'est la notion même de gratuité et de don, donc de l'échange possiblement sans retour qui est en cause. Le don a un pouvoir créateur, l'acteur du don peut être acteur de démocratie, tout ce qui est lié au temps est affaire de don car le temps comme la vie ne s'achète pas. Si on passe à l'échelle internationale, Pascal Lamy suggère d'introduire un maximum de pratiques démocratiques dans les instances afin qu'apparaissent d'autres acteurs de décision que les états. Pour localiser les problèmes globaux il faut que prenne parti la société civile, on ne peut rester dans le gazeux !... L'inter-national ne peut fonctionner que s'il y a égalité, indépendance mais aussi articulation entre les différentes appartenances.

L'assistance, majoritairement chrétienne a été "naturellement" invitée à un débat entre Christine Pedotti et le père Laurent Villemin sur l'Eglise et la démocratie. Il serait grand temps d'établir des règles de bonne gouvernance car le pouvoir dans l'Eglise est concentré en peu de mains et voter se fait lors de conciles, dit la première. L'Eglise n'est pas une démocratie mais elle doit avoir des pratiques démocratiques, répond le second. Tous les baptisés sont égaux : prêtres prophètes et rois et les ministères se reçoivent comme des dons. Tous sont soumis à la Parole. Trois modes d'exercice du pouvoir coexistent : personnel, collégial et synodal mais ils sont peu mis en place. Pourtant donne une place à la délibération et faire confiance au débat sans avoir peur des conflits stimule et au travers de divergences de construire l'unité.