Ordination presbytérale de Xavier Séclier, Fils de la Charité (27/06/10) — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Ordination presbytérale de Xavier Séclier, Fils de la Charité (27/06/10)

Dimanche 27 juin 2010 en l'église Notre-Dame-du-Rosaire à Saint-Ouen.

L’audace de Dieu !

Au lendemain de sa résurrection le Christ rencontre sur le bord du lac de Tibériade un homme qu’il connaît bien pour l’avoir appelé, trois ans auparavant, à marcher à sa suite. Durant ces années Pierre était passé de l’enthousiasme à l’incompréhension, de l’exaltation à la trahison.

Durant toutes ces années Pierre portait en lui la foi qui était celle du peuple auquel il appartenait : le messie tant attendu rétablirait la royauté en Israël ! Mais au lieu de la gloire attendu, fruit d’une victoire éclatante, ce fut la tragédie de la croix et les ténèbres du désespoir, avant que ne surgisse un beau matin cette nouvelle incroyable : le Christ est ressuscité !

Au bord du lac de Tibériade c’est le Ressuscité lui-même qui interroge Pierre, de manière insistante, posant à trois reprises la même question : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? ». Cette question n’est pas affaire de sentiments elle est affaire de confiance ! Pierre, as-tu suffisamment confiance dans le Christ pour que ta vie devienne, à sa suite, une vie donnée par amour de Dieu et des hommes ? As-tu suffisamment confiance dans le Christ pour conduire les hommes sur le Chemin du Royaume de Dieu que le Christ est venu annoncer, un Royaume de paix, de justice et d’amour, un Royaume qui ne connaît aucune frontière car il a pour seul territoire le coeur des hommes !

Aujourd’hui encore, à la suite de Pierre et de tant d’autres, le Christ appelle des hommes à devenir les pasteurs de ses brebis. La question qu’il leur pose est toujours la même : « M’aimes-tu ? » « As-tu suffisamment confiance en moi pour te risquer sur les chemins du don et du pardon, sur ces chemins où l’on gagne sa vie en la perdant ? » « As-tu suffisamment confiance en moi pour ouvrir, avec les communautés chrétiennes auxquelles tu seras envoyé, des chemins de vie et de bonheur ? » A cette question du Christ les prêtres répondent en balbutiant le jour où ils entrent au séminaire, ils répondent de nouveau avec enthousiasme au jour de leur ordination, ils y répondent chaque jour dans la prière qui est au coeur de leur ministère.
Malgré sa faiblesse, malgré sa trahison Pierre est appelé ! Comment ne pas s’étonner, en reprenant les mots prononcés par Benoît XVI pour la clôture de l’année sacerdotale, de « l’audace d’un Dieu qui se confie à des êtres humains, et qui tout en connaissant leurs faiblesses, les considère capables d’agir et d’être présents à sa place ». Quand des jeunes entendent l’appel du Seigneur, ils mesurent du même coup cette audace de Dieu qui les appelle, eux des hommes fragiles, pour être signes de sa présence. Cette audace de Dieu permet de saisir que le ministère presbytéral ne peut jamais se résumer à un savoir faire ou un savoir être ! Tout ministère est don de Dieu afin que sa présence soit manifestée au milieu des hommes !

Tout homme peut-être appelé par le Christ ! Tout homme est concerné par cette question de l’amour et de la confiance ! Mais le prêtre est appelé pour devenir le berger du troupeau ! Bien qu’habitant la banlieue parisienne nous savons les uns et les autres ce qu’est un berger. Il est celui qui, au printemps, veille à ce que l’agnelage se déroule dans les meilleures conditions, il est celui qui nourrit et qui soigne le troupeau, il est celui qui demeure attentif à chacune de ses brebis afin qu’aucune ne s’égare.

Xavier vous êtes ordonné pour devenir le berger du troupeau ! Un berger qui fait renaître les hommes à la vie de Dieu en leur proposant le sacrement de baptême. Un berger qui nourrit la communauté rassemblée en lui annonçant la Parole de Dieu et en célébrant l’eucharistie. Un berger qui soigne la brebis blessée en lui offrant le sacrement de la réconciliation afin que se réalise les paroles du prophète Isaïe : « Tous ceux qui pleurent, je les consolerai… ils étaient dans le désespoir, je leur donnerai des habits de fête ». Un berger qui demeure attentif à chacun, en intervenant à temps et à contre temps, dénonçant le mal, faisant des reproches, encourageant, mais toujours, dira Saint Paul, avec une grande patience et avec le souci d’instruire afin que personne ne s’égare au gré des caprices ou des courants de pensée qui le détourneraient de l’Evangile.

Xavier je n’oublie pas que vous êtes religieux, Fils de la Charité. Vous savez combien votre fondateur, le Père Emile ANIZAN, a été ce Pasteur soucieux d’aller à la rencontre des hommes là où ils se trouvaient : dans les cages d’escaliers et les courées dans le quartier populaire de Charonne à Paris, dans les tranchées de Verdun où il sera aumônier volontaire à l’âge de 61 ans. Quelque soit l’endroit le Père ANIZAN sera toujours habité par le désir de soulager la misère et d’annoncer l’évangile autant qu’il le pourra. A sa suite, à la suite de tant d’autres, puissiez-vous veiller sur ceux qui vous seront confiés en centrant votre ministère sur
les mots que l’apôtre Pierre adressait aux anciens : « De bon coeur,  comme Dieu le veut, par dévouement et en devenant le modèle du troupeau ». Amen !


+ Pascal Delannoy
Evêque de Saint-Denis-en-France