L'eucharistie dans nos vies (N°17 / Juin - Juillet 2014) — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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L'eucharistie dans nos vies (N°17 / Juin - Juillet 2014)

« Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde » (Matthieu 28, 20). C’est la promesse du Christ faite à la première communauté chrétienne. Elle se réalise au jour le jour dans l’eucharistie. Eucharistie est un mot grec qui veut dire « merci » ; c’est l’action de grâce rendue, en Église, au Père par le Christ. L’eucharistie est dans nos vies pour que nos vies deviennent ainsi eucharistie.
 

« Faites cela en mémoire de moi. »
1 Corinthiens 11, 24-25


Photo : Ciric / A. Pinoges
 

« Que la participation de l’eucharistie nous invite à suivre le Seigneur chaque jour,
à être instruments de communion, à partager avec lui et avec notre prochain ce que nous sommes. »

Pape François, homélie du 30 mai 2013, basilique Saint-Jean de Latran

 

L'eucharistie fait l'Eglise

La source du bonheur

Qu’est-ce que j’offre au Seigneur ?

Jésus a fait jaillir ma foi

Imiter le Christ soufrant, sauveur

Puiser à la source de vie et d'amour

L’Esprit agit en chacun

Par l'eucharistie, c'est Jésus qui se donne

Aimée par le Christ

Consanguin au Christ

Vivre l’eucharistie autrement

Vivant et réellement présent dans l’hostie

La nourriture de l’âme

Communier à l'humain, au mystère, à l'avenir

Les arrhes de la vie éternelle

Aimer Dieu, aimer nos frères

Signe que je suis enfant de Dieu

L’eucharistie, sommet de ma vie chrétienne

Ma propre résurrection dans le Christ

Visage unique de ce Jésus

Sûrs de ton amour, nous attendons ta venue

Continuer d'espérer

Servir en actes la communauté

Je me réjouis d’être aimé par le Christ

L’eucharistie se vit avec… en communauté

Au cœur de la vie des fraternités

L’eucharistie est le coup de fil au Seigneur

Toute la vie humaine du Christ

Un programme pour l’éternité de  ma vie

Le Seigneur ressuscité peut me transformer

L’eucharistie, nouvelle alliance

Repères

 

L’eucharistie fait l’Eglise

Georges Khamis, délégué diocésain pour la pastorale liturgique et sacramentelle

Offrant sa vie, une fois pour toute, pour le Salut du monde, Jésus se donne à nous en vraie nourriture. Au dernier repas avec ses disciples, par des mots et des gestes, Jésus résume sa vie entière et anticipe sa Passion et sa Résurrection. Il nous demande de faire mémoire, non pas seulement de ce moment, mais de toute sa vie terrestre, sa naissance parmi nous, ses rencontres, son enseignement, son souci de voir l’Homme debout, sa compassion pour les malades, les pêcheurs, les handicapés, ses larmes versées devant le tombeau de Lazare et jusqu’à son abaissement lors du lavement des pieds. Avant son dernier repas, Jésus a fait des annonces de cet événement, de ce don à venir. Les Pères de l’Eglise ont reconnu dans le bon Samaritain la personne du Christ ; c’est par l’huile de l’onction du baptême et le vin de l’eucharistie que l’humanité est guérie.

L’eucharistie transforme les fidèles
L’eucharistie n’est pas un moment limité en dehors de ma vie, de nos vies. Elle n’est pas quelque chose d’extérieur à nous, non plus. « Devenez ce que vous recevez, devenez le corps du Christ. Devenez ce que vous recevez, vous êtes le corps du Christ »… Avons-nous médité ces paroles que nous chantons avec enthousiasme en assemblée dominicale afin de découvrir ce que nous sommes ; car « L’eucharistie transforme les fidèles en elle-même… Le Christ est ainsi tout en tous » (La Mystagogie, de saint Maxime le confesseur - Ed. Migne) L’Eglise fait l’eucharistie et avec et par l’eucharistie, elle devient l’auberge où le blessé de la vie, le malade, le sans domicile, l’exclu ou le sans-voix trouvent en l’un ou l’autre parmi nous celui qui s’approche, bande la blessure, charge le malade, le mène à l’hôpital et prend soin de lui (Parabole du bon Samaritain (Luc 10, 29-37).

L’eucharistie pour le monde
L’eucharistie est le sacrement de la présence du Christ et en même temps le sacrement du frère. Jésus, je ne le vois pas, mais je le rencontre dans le frère. La liturgie n’est pas un refuge ni un temps de recueillement personnel où tout est beau. Dans la liturgie, la communauté locale, parcelle du peuple de Dieu présidée par l'évêque ou en son absence par un prêtre, est rassemblée par et autour du Christ pour rendre grâce au Père, se ressourcer et se nourrir de la parole de Dieu et de l’eucharistie. Animée par l’Esprit saint, cette communauté est envoyée dans le monde que le Créateur lui confie. Le Christ s’est fait eucharistie pour nous afin que nous soyons, jusqu'à sa venue dans la gloire, eucharistie pour le monde.

La source du bonheur

Sœur Marie-Josèphe Desnoyer, Enfant-Jésus, Montfermeil

L’eucharistie me redit l’amour du Christ qui se donne et m’appelle à donner ma vie pour ceux avec qui je vis. Venir à la messe, c’est venir à la rencontre du Christ qui s’est donné et se donne complètement dans l’amour. C’est entrer dans le mouvement de sa vie donnée, c’est entendre sa Parole et la partager entre frères et sœurs. Je "reçois" la vie du Christ et "j’offre" ma vie pour entrer dans sa propre vie. Agissant en moi et par moi, dans le service des frères, le Fils réalise la volonté d’amour du Père qui nous appelle tous à entrer dans sa joie… mais avant de venir à l’autel, « va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande » (Matthieu 5, 24), nous dit Jésus. L’eucharistie est l’incarnation à son achèvement : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fi n du monde. » (Matthieu 28,20) Pas une présence comme celle d’un ami mais avec la force de la victoire de la vie sur la mort : l’attention à toute puissance de vie dans les personnes pour en favoriser la croissance. C’est un appel à se faire proche de celles et ceux dont on ne parle pas, qu’on ne regarde pas, qu’on ne voit pas, qui ne s’estiment pas, qui doutent de leur valeur, de leurs capacités. C’est le « service du frère » sous toutes ses formes. L’eucharistie nous transforme de l’intérieur pour aller jusqu’au bout du don comme Jésus (Philippiens 2, 5 et suivants). La Croix appelle et suscite notre propre don dans l’amour ; la victoire sur la mort est ce qui donne sens à la foi chrétienne, et notre vie ne se comprend qu’orientée vers le retour du Christ… la rencontre du Dieu amour !

Qu’est-ce que j’offre au Seigneur ?

Filipe Kamutondo, Saint-Denis

A la messe, je viens rencontrer le Christ, remercier le Seigneur pour tous ses bienfaits, me ressourcer de sa Parole et me préparer à recevoir l’eucharistie. Lors du repas eucharistique, Jésus se donne à nous. Même si nous communions de manière individuelle, ce lien très fort nous unit dans la joie et la fraternité. Un repas crée la fraternité car c’est un moment où chacun se révèle, se manifeste. Dans ma vie de tous les jours, l’eucharistie revêt une place essentielle. Cette nourriture est le moteur par excellence de ma vie humaine et spirituelle. Comme un véhicule a besoin de carburant, comme la terre a besoin d’eau, mon âme a soif et a besoin de cette nourriture. Et moi, qu'est-ce que j’offre au Seigneur ? Bien peu, car tout lui appartient… Je n’offre que son amour ! L'eucharistie ravive ma joie d'être aimé par le Christ, et cette joie je dois la partager aux autres : par l’annonce de la bonne nouvelle et le service de mes frères et soeurs. Comme Jésus sur la croix qui étend les bras pour embrasser l’humanité tout entière. C’est une relation de confiance et d'amour semblable à deux êtres qui s’aiment. Alors, prenons le temps de nous immerger au sein de ce mystère, pour en retirer les fruits de l’épanouissement de notre foi.

Jésus a fait jaillir ma foi

Elise Bourriquis, Rosny-sous-Bois

Je ne pensais pas du tout venir chercher quelque chose à la messe, et voilà qu’un dimanche à l’homélie j’entends ces mots : pauvre, malheureux, faible, la femme et l’orphelin, captif, prisonniers. J’ai été saisie d’une grande émotion avec des larmes qui montaient et la gorge serrée. J’ai fermé les yeux et baissé la tête, une immense tristesse m’avait envahi ; pourtant ces mots là, je les avais déjà entendus plus d’une fois. En rentrant chez moi, et pendant des jours, ces mots ont résonné dans ma tête. Je ne comprenais toujours pas (pourquoi) et un matin voilà que je prends ma Bible et surtout je l’ouvre – chose qui m’était très difficile de faire –, et je me suis dit qu’il était nécessaire d’écouter, de prendre du temps pour lire un passage de la Bible dans le silence. La parole de Dieu relie l’histoire de toute personne au Christ, la parole de Dieu produit du fruit, elle est reliée à notre vie et nous transforme chaque jour. Depuis, j’offre ce que j’ai, un sourire, un bonjour, du temps, du partage, de l’écoute, accueillir la main tendue là où je suis.

Le partage du corps et du sang du Christ unit intimement au Seigneur
L’eucharistie me permet de comprendre et de croire que le Christ m’aime d’un amour incommensurable et inébranlable ; son sacrifice sur la croix pour nous sauver tous. Nous sommes tous frères en Christ, mais avons aussi nos différences, j’accepte l’autre tel qu’il est, j’essaie de ne pas juger mais de voir ce qui a de bon dans chacun d’entre nous. Je suis convaincue que je ne peux rien toute seule, le partage du corps et du sang du Christ unit intimement au Seigneur, et me guide quotidiennement dans ma vie pour aller vers l’autre, l’eucharistie est le don du Christ, pas seulement un don fait par le Christ mais c’est le Christ lui-même qui s’est donné pour nous. Alors comment ne pas voir celui laissé sur le bord de la route, celui qui mendie, celui qui souffre et qui est triste. Jésus s’est laissé crucifier sur la croix dans d’horribles souffrances pour notre pardon. A chaque fois que je rencontre des difficultés ou que, sans me rendre compte, j’ai blessé quelqu’un, je demande au Seigneur de me guider, de me pardonner et me donner le courage d’aimer et pardonner comme lui, sans attendre à demain… pardonner n’est pas facile ! Sans la communion au corps et au sang de Jésus, mon amour pour ceux avec qui je vis serait normal comme une mère pour ses enfants et une femme pour son mari, mais avec l’eucharistie mon amour doit être différent. Je ne saurais l’expliquer, car c’est les autres qui me le disent très souvent. L'eucharistie, c'est mon moment de convivialité avec Jésus, le moment ou je fais silence pour faire un cœur à cœur avec lui.

Sans amour pas de vie, ni d’unité ni de communion
Comment ferais-je à la place de Jésus, cloué sur une croix ? La femme que je suis aurait-elle pardonné ? Avant de mourir, Jésus eut ces paroles pour les hommes : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » Quelle preuve d’amour envers son Père et pour nous. Jésus nous dit « aimez-vous les uns les autres comme je vous aime… et aimez aussi vos ennemis », comme lui-même l’a fait. Là encore, je crois que ce mot amour résonne en moi comme le moteur de notre vie car sans amour il n’y a pas de vie, ni d’unité ni de communion. La résurrection du Christ est importante pour tout chrétien, elle rend témoignage à l’infinie puissance de Dieu lui-même. Croire en la résurrection, c’est croire en Dieu qui a créé l’univers et qui a tout pouvoir sur lui… Quand j’étais petite (8-10 ans), j’avais pour habitude de m’allonger sous un manguier et contempler le ciel, d’écouter le vent dans les feuilles, de regarder les étoiles et me dire que c’est beau ; je n’y comprenais rien mais cela me rendait heureuse et j’étais stupéfaite de constater qu’il n’y avait personne capable de faire bouger ce si gros arbre et pourtant les branches se balançaient de droite à gauche. Cela me procurait une joie intense, car je n’ai pas connu l’éveil à la foi. Pas question de poser des questions sur Dieu, et encore moins de parler de la Bible. Aujourd’hui, je remercie Dieu pour ma naïveté d’enfant, car maintenant je me dis qu’à cette époque de ma vie, je n’avais pas besoin de chercher à comprendre tout ce que je vivais. C’était enfoui en moi, mon petit jardin secret était bien gardé mais que quelqu’un d’autre le connaissait mieux que moi, Jésus, et le moment venu, il a fait tout remonter et de mon petit jardin secret ; Jésus a fait jaillir les fleurs que je cachais, ma foi.

Accepter nos fragilités
La promesse de sa venue, c’est mon espérance. Je crois que Dieu ne peut pas laisser ses enfants dans ces souffrances (la maladie, le chômage, la précarité, le manque de logements, etc.) Pour combattre toutes ces divisions, il est important de regarder d’où viennent les nœuds et d’essayer de les comprendre. Je crois qu’il faut qu’on accepte nos fragilités et aider les gens que l’on rencontre à les découvrir eux aussi et les accepter, de ne pas laisser croire que pour s’en sortir, il faut être parfait. Jésus lui-même a souffert, et pourtant il n’a jamais perdu espoir dans son Père. Comme Jésus, nous devons faire confiance, croire en la parole de Dieu, être obéissants, être serviteurs et charitables les uns pour les autres… L’espérance, c’est à nous de la donner aux autres, c’est le chemin que Jésus nous a montré.

Imiter le Christ soufrant, sauveur

Sœur Tantely, La Salette, Bondy

A la messe, je viens prier, chanter et louer Dieu avec mes autres frères et sœurs en Christ. Je reçois la paix et la grâce, en toute liberté. Avec la nourriture spirituelle, les paroles de Dieu, le corps et le sang du Christ sauveur, je rends grâce à Dieu ; par le sacrifice du Christ, j’offre ma vie tout entière au monde. Vraiment, l’eucharistie ravive ma joie d'être aimée par le Christ, m’apaise et me procure une joie intérieure. Le Christ est là, présent en moi. C’est un don de Dieu, signe d’unité et gage de la vie éternelle. L’eucharistie qui est corps du Christ ravive l’amour pour mon prochain, m’encourage à aimer toujours plus mes semblables, à donner et partager cet amour reçu. J’essaie d'imiter le Christ soufrant, sauveur ; je pense à sa rédemption, à son amour pour les autres et à son pardon. Par la transformation des biens naturels de la terre, le pain et le vin deviennent au cours de la messe et pendant la prière eucharistique le corps et le sang du Christ : partage, communion fraternelle, entraide, sens des autres, union aux pauvres qui ne peuvent pas communier. L’eucharistie nous donne la force et la santé spirituelles. Dans ma vie quotidienne, l’eucharistie, ce don de Dieu infini, est grâce, amour, lumière et vérité. Elle est actualisation de ma vie spirituelle et religieuse, chrétienne et professionnelle. Je travaille pour la gloire de Dieu, sans obligation ni corvée. Sans l'eucharistie, ma vie quotidienne manquerait l'essentiel.

Puiser à la source de vie et d'amour

Anne-Marie Tossou, suit le parcours de l’Année Saul

Lorsque je viens à la messe, j’offre au Père tout ce que je peux lui offrir, c'est-à-dire tout simplement ma vie (mes joies, mes peines, mes soucis, mes prières…) en m’associant au sacrifice du Christ auquel il associe, par l’eucharistie, son corps l’Eglise et donc tous ses membres. Ainsi, je viens puiser, par ce sacrifice, à la source de vie et d'amour en recevant les grâces du salut répandues par le Christ sur son corps. Pour résumer, je reçois l’amour infini de notre Seigneur qui donne accès dès à présent à la vie éternelle avec lui en communion avec toute l’Eglise (du ciel et de la terre). En prenant part à l’eucharistie, je prends conscience de l’amour infini de notre Seigneur pour chaque homme, personnellement, et pour moi en particulier. Un amour qui vient me toucher au plus profond de moi-même dans la contemplation de ce mystère inépuisable dans lequel j’entrevois un amour si grand qu’il pousse le Seigneur à nous faire le don de sa propre vie en allant jusqu’à s’unir corps et âme avec chacun de nous ! Un geste inouï de l’Eternel, Saint, Très-Haut, Tout-Puissant s’abaissant pour s’offrir dans une extrême vulnérabilité entre les mains d’un simple pécheur mortel. Un geste impressionnant pour moi, qui témoigne d’un amour inconcevable, sans limite, du Créateur pour sa créature afin qu'elle vive en plénitude ! Quelle joie ! Ainsi, l’eucharistie, à travers laquelle le Seigneur se donne sans cesse et sans limite aux membres de son corps est pour moi une preuve d’amour infini sans cesse renouvelée, source d’un émerveillement et d’une joie intense et profonde sans cesse renouvelés.

Je suis née pour être aimée et pour aimer
Je crois fermement que chaque eucharistie ravive mon amour pour mon prochain parce qu’en augmentant mon union avec le Seigneur, elle me recentre sur l’essentiel et me rappelle que je ne suis pas seule (je suis unie aux Christ et aux membres de son Corps, l’Eglise), et que je suis née pour être aimée et pour aimer. A chaque communion, en recevant celui qui est l’amour-même et la source de tout amour, se renouvelle en moi les dons de Dieu, ces forces de vie et d’amour, nourritures de mon âme. Chaque communion me rend plus capable d’aimer comme Dieu aime, parce que c’est lui qui vit en moi et moi, je vis par lui. Ainsi, je suis capable de dépasser mes peurs, mes limites, mes faiblesses ou mes réticences dans mes relations avec les personnes que je côtoie, par amour pour le Seigneur qui donne sens à ma vie et l’éclaire, et parce qu’il me donne une force d’amour parfois insoupçonnée qui peut jaillir de manière intuitive ou à l’issue de combats intérieurs finalement remportés avec sa grâce. Je réalise chaque jour que c'est le Seigneur qui m'aide à aimer, qui m'apprend à aimer et ce qu'est l'amour, non pas l'amour, mais l'Amour (avec un grand A) !

Un lien au-delà du sang génétique nous unit
En communiant au corps du Christ dans le repas eucharistique, je suis unie au Christ qui m’unit à tous les membres de son corps, mes frères et sœurs dans le Christ, tous unis en un seul corps, l’Eglise. Ce ne sont pas que des mots. Ainsi, je considère réellement les membres de l'Eglise comme mes frères et mes sœurs parce que je considère qu'un lien au-delà du sang génétique nous unit. Par la sainte communion, c'est le sang du Christ qui coule réellement dans nos veines et qui nous rappelle que par le baptême nous sommes tous liés au-delà de nos propres vies : filles et fils d'un même Père qui nous aime et qui nous donne la vie, frères du Christ.

L’eucharistie sur le chemin périlleux et éprouvant de la vie
Je sais et je sens que l’eucharistie est essentielle à ma vie de foi et à toute mon existence. Le Christ est la vigne et je suis le sarment. J’ai compris en effet que si je demeure en lui et lui en moi, je serai capable de beaucoup aimer, bien au-delà de mes propres forces limitées et fragiles. La sainte communion soutient, ravive et renouvelle mes forces de vie et d’amour sur le chemin périlleux et éprouvant de la vie. Elle m’aide à éviter les embuches et à me reprendre si je trébuche. Ainsi, j’éprouve le besoin et la joie de participer à l’eucharistie au moins chaque dimanche, dans la foi et l’espérance confiantes que le Seigneur, parce qu'il m'aime, me soutiendra par sa grâce et m’apportera tout ce dont mon âme et mon corps ont besoin. Avec la conscience de la grandeur de l’eucharistie et des persécutions vécues par de nombreux chrétiens dans le monde qui ne peuvent vivre en paix ou que très rarement l’eucharistie dans certaines régions reculées du monde, je saisis et j’accueille chaque opportunité de pouvoir participer à l’eucharistie, notamment en plus de la célébration dominicale, comme une grande grâce qui se savoure. Ne pouvant pas accéder à l’eucharistie tous les jours de la semaine, je me mets en présence du Christ quotidiennement à travers l’action de sa Parole et de l’Esprit Saint en lisant la Parole de la liturgie du jour et en prenant un temps de lectio divina et de relecture de la journée. « Le rappel de sa mort provoque notre amour, l’annonce de sa résurrection ravive notre foi et la promesse de sa venue nourrit notre espérance » (préface commune de la messe, n°5). Ces paroles résument très bien les fruits de l’eucharistie dans ma vie. Parce que l’eucharistie est une union avec le Christ renouvelée, c’est le moteur et la source vivifiante qui préserve, renouvelle, nourrit et fortifie les dons reçus par mon baptême et me permet de vivre en relation avec notre Seigneur en me configurant à lui.

L’Esprit agit en chacun

Annie Meyer, mouvement VEA (Vivre l’Evangile aujourd’hui)

A la messe, je viens tout d’abord chercher une meilleure connaissance de la Parole afin qu’elle agisse dans ma vie et qu’elle m’aide à améliorer mes faiblesses, mais aussi, je reçois beaucoup d’amour. C’est la base de notre nourriture : le pain de la Parole et le pain de vie. Notre témoignage est essentiellement basé sur l’amour que nous offrons aux uns et aux autres que nous côtoyons, mais aussi auprès de celles et ceux pour lesquels nous sommes envoyés, missionnés. Pour donner de l’amour, il faut en recevoir. L’eucharistie est une grande prière d’action de grâce, un grand « Merci ! » pour tout ce que nous recevons de Dieu et aussi une force, celle de son amour qui nous procure une grande joie intérieure qui doit transparaitre sur nos visages : témoigner de la joie de vivre et du bonheur d’être chrétien. Lorsque je célèbre les obsèques, je reçois cette grâce de pouvoir témoigner de cette foi et cette espérance qui m’habite à l’assemblée, en les vivant pleinement pour atteindre leurs cœurs en écoute, et je peux lire sur leurs visages, leur réception, leur attention. Semons humblement et laissons l’Esprit agir en chacun.

Relire sa vie à la lumière de l’Evangile
Pour VEA, je puise auprès du Seigneur la force de toujours stimuler les membres des équipes, cherchant aussi à faire comprendre auprès de paroissiens ou de prêtres qu’il est important, dans la vie d’un chrétien, de prendre du temps pour s’arrêter et relire sa vie à la lumière de l’Evangile, au sein d’un petit groupe ouvert et divers (âges, cultures, milieu social, engagements ...), mais ce n’est pas toujours facile et entendu. Au cours de la messe, je demande l’aide et le soutien du Seigneur.

Par l'eucharistie, c'est Jésus qui se donne

Père Benjamin Vergniaud, Fils de la charité, Saint-Ouen

Le don de Dieu fait aux hommes, c'est celui du Christ offert par amour. C'est bien le don qui est premier et non le sacrifice. A travers l'eucharistie c'est Jésus, Fils de Dieu, qui se donne par amour pour toute l'humanité. Et ce don est pour ainsi dire sans contre partie même si Dieu attend de nous une réponse. Sans contrepartie parce que total, complet et gratuit. Bien que nous soyons appelés à répondre à ce don de Dieu, il faut nous souvenir que lui a tout donné dès la mort sur la croix, en ce sens est le sacrifice, mais pas un sacrifice culpabilisant pour nous, non un sacrifice qui est don d'amour nous invitant toujours plus à entrer dans cette alliance proposée par Dieu à tous les hommes.

Tout est relation dans l'eucharistie
Tant que l'eucharistie n'est pas vécue comme une rencontre personnelle entre Dieu et chacun de nous, on ne pourra pas percer son mystère. Venir à l'eucharistie, c'est reconnaître que Dieu fait don de sa vie par amour. Que cet amour est source, qu'il nous nourrit et qu'il est sommet, qu'il est but de notre vie. Mais tout cela ne se fait pas seul, il y a la communauté qui porte, soutient et réjouit chaque croyant. Cette eucharistie n'est pas seulement le pain partagé, mais aussi la Parole entendue et ruminée. On ne peut pas aller à l'eucharistie seul, comme on ne peut pas la célébrer seul, que ce soit pour le fidèle comme pour le prêtre. Aimer l'eucharistie et en vivre, c'est accepter que Dieu nous offre tout dans le pain et la Parole tout en lui confiant son existence. C'est une question de relation, car tout est relation dans l'eucharistie : relation avec Dieu, avec soi-même et relation avec nos frères.

Toute vie chrétienne est eucharistie
Pour que l'eucharistie dominicale soit centrale, il faut, comme déjà souligné précédemment, que ce don et ce remerciement soit vécu dans une dimension communautaire mais aussi et d'abord personnelle. On ne peut pas "obliger" quelqu'un à venir à la messe, mais il faut lui laisser le temps de découvrir qu'à cette occasion, comme dans tous les sacrements, Dieu s'adresse à lui personnellement et qu'il ne veut rien d'autre que lui proposer un chemin de vie. Cela peut prendre du temps. On ne peut pas seulement proposer de beaux chants et de grands orchestres, il faut également découvrir que la Parole m'interpelle dans ma propre vie parce qu'elle la rejoint. Et que ce pain donné me nourrit en même temps qu'il m'invite à me donner aux autres hommes qui sont mes frères. Le lien entre repas eucharistique et fraternité me semble totalement évident. Comment puis-je m'approcher de l'autel et recevoir le pain si je ne suis pas en accord dans mes relations avec mes frères ? Le Christ s'est donné pour tous, voilà pourquoi nous sommes nous aussi invités à partager avec nos frères. Il ne suffit pas d'aller bien loin, il suffit de commencer par créer ce lien de fraternité avec nos frères qui sont assis à nos côtés pendant la messe. Cette fraternité appelée par l'eucharistie est quelque chose de difficile et trop souvent déconnectée de notre vie. Si l'eucharistie est au centre de notre vie, elle doit être le signe de la fraternité qui nous unit. Si nous nous disons chrétiens et que nous ne sommes pas attentifs à entrer en relation avec tous nos frères quels qu'ils soient par l'accueil, le partage et l'amour, il me semble que nous ne sommes pas en adéquation entre ce que nous célébrons dans une église et ce que nous vivons dans notre vie quotidienne.

Mort et résurrection
« Le rappel de sa mort provoque notre amour, l’annonce de sa résurrection ravive notre foi et la promesse de sa venue nourrit notre espérance. » Dans cette préface commune de la messe, nous retrouvons les trois vertus théologales qui sont à la base de notre vie à la suite du Christ : à savoir, la foi, l'espérance et la charité. Faire mémoire du Christ c'est nous souvenir que le Christ à donner sa vie pour nous par amour. Cet amour donné, nous sommes invités fortement à nous en inspirer pour le redonner autour de nous à commencer auprès de nos frères et sœurs qui sont les plus fragiles. Mais pas de sens à cette mort si il n'y a pas de résurrection. Notre foi n'est finalement possible qu'à partir de la résurrection. Notre foi se nourrit de l'événement de la résurrection pour pouvoir relire à la fois la croix, mais aussi toute la vie de Jésus Christ et cela depuis son incarnation en Marie. Enfin, notre vie n'est pas accomplie et même si le Royaume de Dieu est déjà là, il reste bien du chemin à parcourir. Notre espérance en son retour à la fin des temps ne nous dispense par d'agir et d'êtres responsables, mais nous savons que nous ne pourrions rien sans l'aide de Dieu. Notre espérance est peut-être ce que nous avons de mieux à offrir au monde.

Aimée par le Christ

Suzette Vanhove, ACAT, Saint-Denis

A la messe, je reçois le « pain de ce jour », un ressourcement vital… et j'offre ce que je suis, avec tous ceux qui "habitent mon cœur" et tous ceux et celles qui sont concernés par les événements du jour. Ce matin, par exemple, j'ai intensément offert et intercédé au cœur de la prière eucharistique pour ce père Frans Van der Lugt, père Jésuite assassiné à Homs, en Syrie, mais surtout pour sa communauté qui doit le pleurer… et aussi pour son assassin "qui ne sait pas ce qu'il a fait" ! L'eucharistie est une grande joie d'être "aimée par le Christ" : je suis toujours bouleversée de penser qu'il vient à la rencontre de chacun, chacune, même si je ne réalise pas l'inouï de sa démarche, dans la droite ligne du mystère de l'incarnation. L'eucharistie me permet d'aimer plus et mieux tous ceux que je rencontre, surtout "ceux et celles que je n'aime pas assez"… ceux qui n'ont "rien à me rendre" dont parle notre pape François dans son exhortation « La joie de l'Evangile ». Il me faut davantage "inviter", ne serait-ce que par un regard de bonté ; je pense à tous nos frères qui font "la manche" dès la porte de la basilique. Elle me permet de tendre au « comme je vous aimés » proposé par Jésus-Christ à ses disciples donc à nous tous, baptisés du 21e siècle … Si un repas crée généralement de la fraternité, le repas eucharistique devrait toujours en créer et être vécu par « un peuple de frères » – comme nous le chantons souvent – rassemblés au nom du Père. Il devrait favoriser d'une façon plus visible une fraternité entre tous les membres d'un même corps : le Christ, présent au milieu de nous tous. Ici, nous essayons de vivre au moins un peu de cette fraternité sans nous enfermer dans un "ghetto".

L’eucharistie donne sens à ma vie quotidienne
Laïque consacrée à Dieu, j'ai le grand privilège de vivre de l'eucharistie quatre fois par semaine, à la basilique, avec de nombreux paroissiens ou gens de passage, même en semaine. Elle est le sommet qui donne sens à tout le reste de ma vie quotidienne, spécialement ma vie de relation avec le Seigneur-Trinité et avec les nombreuses personnes qui peuplent ma vie de Dionysienne d'origine. Ayant travaillé comme infirmière pendant 35 ans à l'hôpital, je connais beaucoup de monde dans ma ville. Mais j'associe aussi à ma prière de louange et d'intercession tous ceux et celles qui sont empêchés de recevoir le corps du Christ, pour une raison ou pour une autre ; je la porte chaque semaine à deux personnes qui ne peuvent plus se déplacer. Je crois intensément à la "communion des saints". Les paroles de la préface commune de la messe n°5 : « le rappel de sa mort provoque notre amour, l’annonce de sa résurrection ravive notre foi et la promesse de sa venue nourrit notre espérance », je les reçois comme un rappel très fort qui actualise les trois vertus théologales et leur source. Pour le passé, le présent et l'avenir. Paroles qui récapitulent le cœur du mystère de notre foi au Christ, mort-et-ressuscité et attendu par tous les baptisés. Je les reçois comme un encouragement pour raviver ma foi en ce Christ qui s'est livré pour moi, pour chacun et chacune de nous, pour tous les hommes de par le monde. Ne sommes-nous pas "catholiques", c'est-à-dire "universels" ?

Consanguin au Christ

Père Benoît Aubert, Fraternité missionnaire des prêtres pour la ville, Aubervilliers

Comme l’Evangile nous le révèle, l’eucharistie c’est le Christ qui vient habiter en nous : « qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » (Jean 6, 56). Le pape Benoit XVI n’hésitait pas à dire qu’en recevant l’eucharistie nous devenons « consanguin au Christ », nous devenons « un autre Christ ». Et alors, nous sommes capables de vivre l’Evangile, c’est-à-dire d’aimer comme Il a aimé. En effet, recevant l’eucharistie, nous ne vivons pas seulement l’amour comme le Christ nous en a donné l’exemple, nous vivons cet amour parce que le Christ est en nous et qu’il porte dans sa grâce notre volonté d’aimer et tous nos actes d’amour. D’une certaine manière, le Christ aime alors à travers nous, malgré toutes nos fragilités et nos petitesses. C’est le miracle de l’eucharistie, non seulement nous recevons le corps du Christ mais nous nous transformons en lui et le monde pourra être sauvé si nous, les chrétiens, "assumons" cette transformation eucharistique. Peut-être que nous ne croyons pas suffisamment à la grâce de l’eucharistie ; à ce que cela change pour nous même si nous ne ressentons rien au moment où nous recevons l’hostie consacrée. Lorsque nous communions, nous communions au corps du Christ ressuscité. Le saint Curé d’Ars disait que « la première communion, c’est une journée passée au ciel ». Nous nous interrogeons parfois sur la résurrection de Jésus, et plus encore sur notre propre résurrection. N’oublions pas qu’à chaque fois que nous recevons l’eucharistie, la certitude de la résurrection croît dans tout notre être. L’eucharistie nourrit notre espérance.

L’eucharistie nous engage
Jésus se donne dans l’eucharistie de manière humble, fragile et vulnérable. Quoi de plus glorieux que le Pain de la vie, et en même temps, quoi de plus vulnérable qu’une hostie consacrée… Il me semble qu’à travers la matérialité de l’eucharistie, le Christ vient assumer toutes les pauvretés humaines et il nous en rend, d’une certaine manière, responsable dans le sens où il nous appelle ainsi à nous engager contre toutes ces misères. C’est vrai de la matérialité de l’eucharistie ; c’est encore plus vrai de sa réalité, puisqu’à chaque eucharistie nous faisons mémoire de la Croix. Comme le disait le père Joseph Wresinski, fondateur d’ATD-Quart Monde : « On  dit que le Christ, c'est le pain partagé, le pain rompu à chaque communion. Mais c'est la souffrance des hommes qui nous est partagée, c'est la souffrance des hommes qui nous est donnée en communion. Et cela n'est pas une idée, ce n'est pas un mythe, c'est la réalité même de Jésus aujourd'hui, de Jésus ressuscité qui ne cesse d'être - non pas seulement d'épouser mais d'être - la souffrance des hommes, la peine des hommes, les larmes des hommes, l'espérance et la joie des hommes. Car auprès de son Père, en ce temps de la résurrection, Jésus demeure le ressuscité, porteur des agonies, non pas de celle qu'il a subie hier, mais de celles qu'il subit aujourd'hui, à travers les plus pauvres, quels qu'ils soient, celles qu'il continue de subir dans sa propre personne. Encore une fois, non pas du tout parce qu'il a épousé, mais parce qu'il est cette réalité même. Aujourd'hui, Il est la misère offerte, la souffrance offerte en partage aux hommes. Et ce Jésus-Christ, aujourd'hui encore, est l'exclu. Et même dans l'eucharistie, il est l'exclu, lorsque l'on ne prend pas conscience qu'en mangeant et en buvant le corps et le sang du Christ, en réalité, nous prenons en nous, nous acceptons de prendre en nous, le sort de tous les souffrants, de tous les souffrants du monde.

Vivre l’eucharistie autrement

Valérie Guérard, Groupe divorcés et en Eglise 93

Je suis accro à la communion eucharistique depuis ma première communion ;  ado, j’allais même jusqu’à vivre la messe quotidiennement : Dieu a toujours eu une place importante dans ma vie. L’Eglise et la communauté que je fréquentais aussi ; avec le catéchisme pour mes enfants, l’animation liturgique, les temps de prière en communauté. L’Eglise était pour moi une grande famille qui nourrissait ma foi, la faisait vivre : « on n’est pas chrétien tout seul » prenait tout son sens ; d’autant plus que mon mari ne pratiquait pas et acceptait seulement l’idée de Dieu intellectuellement…  Voilà en résumé les 35 premières années de ma vie ou la partie visible de l’iceberg ! Puis, à 45 ans ce fut l’effondrement quand  j’ai pris conscience de la partie cachée de l’iceberg dans ma vie de couple. N’arrivant pas à exprimer mon mal être, je commençais à développer des maladies psychosomatiques. Mon mari penchait de plus en plus vers une vie facile, tout en autarcie ce qui nous laissait peu d’ouverture sur le monde. J’ai eu peur de glisser dans le néant, de voir ma foi et mes liens avec le Seigneur diminuer ; alors j’ai fui cette prison dorée où je mourais tout doucement, j’ai pris mes jambes à mon cou et, en six mois, j’avais quitté le domicile conjugal, seul moyen que j’avais pu trouver pour pouvoir rompre cet état d’enchainement et me libérer. A l’effondrement de ma vie de couple s’est ajouté le rejet de la communauté catholique face à ma décision de quitter le domicile. Du jour au lendemain, j’étais rejetée de cette « famille Eglise » qui m’était si chère.

Sentiment d’être en marge de l’Eglise
Dans le même temps, je rencontrais Lucien : il m’a aidé à me reconstruire humainement, à libérer ma gorge nouée et ma parole, il m’a permis de partager ma foi, d’être reconnue et aimée telle que j’étais, de pouvoir exprimer librement par la suite tout cet amour du Christ qui m’inondait et de poser des actes d’amour spontanés autour de moi. Notre amour pourtant interdit aux yeux de l’Eglise nous permettait à l’un et l’autre de grandir dans la foi et l’amour du Christ. Mais ce n’est pas simple d’être ainsi en décalage, de vivre ce sentiment d’être en marge de l’Eglise, avec ce rejet de certains membres de la communauté. Tout cela me mettait très en colère… sans compter cet engagement du mariage que je voulais pour la vie et que j’avais dû rompre. N’avais-je pas fui pour survivre ? Comment survivre en n’ayant pas accès aux sacrements, sans pouvoir recevoir le corps du Christ ? Je décidais de continuer à communier, je me renseignais même sur les autres religions chrétiennes. J’ai désiré faire une retraite avec Lucien au foyer de charité de la Flatière : ce chaos dans lequel j’étais a commencé à prendre sens : le Christ se servait des événements pour me bousculer dans mes certitudes ; Dieu me permettait de le choisir à nouveau en me disant qu’il ne m’abandonnait pas, que j’étais toujours sa fille bien aimée ; la décision de lui faire confiance s’est imposée à moi avec celle de ne plus communier au corps du Christ. Je voulais lui donner ainsi la preuve de ma confiance ; arrêter de fuir et de chercher des solutions d’arrangements était le premier pas pour me permettre d’accepter ma condition de divorcée et de continuer à faire Eglise avec le Christ. Le Seigneur avait besoin d’épurer ma vie, d’ébranler mes certitudes… Vivre ces blessures m’a permis de me construire différemment, de quitter mes certitudes de fille de Dieu "dans le bon chemin". Mon regard sur l’Eglise n’était pas un regard qui jugeait. Ce fut un chemin où j’ai pu déposer chacune de mes blessures, un chemin libérateur : j’étais à nouveau reliée au corps du Christ. Le Seigneur avait ainsi commencé à préparer la route pour la mission d’Eglise qui allait m’être demandée.

Témoigner et partager mon chemin
Nous avons eu connaissance avec Lucien du groupe de Chrétiens en situation de divorce qui se réunissait dans le diocèse de Saint-Denis. Je me suis sentie appelée à témoigner et à partager mon chemin avec celui des autres. Puis, au fil des rencontres, une recherche de spiritualité s’est engagée… C’est là que j’ai le plus partagé le chemin que je faisais pour vivre l’eucharistie autrement, depuis ce chemin d’abandon et de lâcher prise choisi lors de ma première retraite. Le Christ m’a embarqué dans un chemin de confiance et de foi que je découvre de jour en jour : en acceptant de ne plus communier, je renonçais à un cœur à cœur avec le Christ qui me nourrissait depuis l’âge de mes 7 ans ! Mais j’ai continué à croire à son amour malgré tous les manques vécus dans les larmes à chaque eucharistie : mes larmes peu à peu ont été remplacées par cet acte de foi « Seigneur, toi qui peux guérir à distance le serviteur du centurion, viens aussi habiter mon cœur sans passer par l’hostie consacrée. » Certains parlent de communion de désir : pour moi, c’est bien plus que cela le désir est dépassé, il devient réalité ! Ce chemin parcouru ne m’empêche pas de comprendre que des chrétiens divorcés remariés fassent le choix en conscience de communier : la privation de communion peut représenter en effet une telle souffrance qu’elle peut amener à prendre des chemins de désespérance.

Vivant et réellement présent dans l’hostie

Chantal You, Adorateurs du Sacré-Cœur de Montmartre, Montfermeil

La messe est pour moi un besoin physique et spirituel : besoin de retrouver le Seigneur au calme, parce que je sais qu’il est là, dans le tabernacle et sur l’autel au moment de la consécration et dans l’hostie. C’est un besoin vital que de resserrer les liens que j’ai avec lui, liens quelque peu malmenés dans mon quotidien. Besoin aussi de faire le point pour m’assurer que je ne me perds pas, ne me trompe pas de chemin. La Parole aussi est nourriture. Je ne viens pas seule, j’emmène avec moi, mes proches qui me sont chers et qui n’attachent pas autant d’importance à cette rencontre avec le Seigneur. Ils sont dans mon cœur et je les dépose sur la patène pour qu’indirectement ils participent à cette rencontre. J’ai la certitude que le Christ est là, qu’il m’attend, qu’il nous attend, chacun d’entre nous. Cela ravive en moi la conviction que nous ne sommes qu’un seul corps avec lui. Nous sommes de sa parenté. Je ne sais pas si je peux appeler cela "ma joie", mais cette sensation est pour moi Paix. J’aimerais surtout partager avec ceux avec qui je vis cette expérience qui les rendrait plus heureux, et moins de "ce monde" qui tire vers le bas. Nous ne savons pas ce qu’il y a au fond de leur cœur. Je pense qu’il est important pour moi d’être moi-même. Ils savent mon attachement à cette rencontre à la messe et à l’adoration eucharistique. A moi d’être cohérente entre ce que j’y trouve et ce qui fait mon quotidien. Souvent j’aimerais "rester sur la montagne" mais il faut redescendre auprès d’eux. Je ne sais pas si en sortant de la messe, j’aime mieux ceux avec qui je vis, en tout cas, je les aime "autrement". Je les regarde "autrement", surtout s’il y  a des conflits.

Fraternité du repas eucharistique
La fraternité tient dans le fait que nous communions au même Seigneur. Notre point commun est d’être habité par lui. Nous formons corps alors. Nous ne pouvons pas nous déchirer après cela. Et l’amitié nous lie. La communauté prend alors toute sa place. J’aime m’y sentir intégrée, c’est ma famille. Je crois vraiment alors que nous sommes « tous enfants d’un même père qui par son fils nous nourrit ». La présence réelle dans l’eucharistie est pour moi fondamentale et ne se résume pas uniquement à un repas partagé. C’est parce qu’il est vivant et réellement présent dans l’hostie que le Christ nous relie lorsque nous communions. Pour faire mémoire uniquement, il suffirait de quelques prières. Non, ce lien  créé par le Christ nous montre jusqu’où il est allé pour prouver son amour aux hommes. Unis par son corps présent dans l’hostie, il nous montre le chemin de cet amour. C’est en le suivant que nous faisons mémoire.

Fidèle de l’adoration eucharistique
L’eucharistie est pour moi le pain de la route. Je repense à la Parole entendue et  à l’homélie. J’essaie de les méditer. Ne pouvant aller à la messe quotidienne, je lis au moins les textes du jour. Cela permet de rappeler les fondamentaux de ma vie chrétienne. Je trouve que cela est nécessaire pour ne pas "dérailler". Cela m’unit à ceux qui assistent ce jour-là à la messe. Et puis je suis une fidèle de l’adoration eucharistique dans ma paroisse tous les vendredis soirs ou quand cela nous est proposé. Mais aussi avec les Adorateurs du diocèse aux deux journées de récollection au Sacré-Cœur de Montmartre pendant l’Avent et le Carême. Venant des différentes communes du diocèse, nous sommes très heureux de partager cet amour du Christ dans ce sanctuaire de l’adoration perpétuelle.

La nourriture de l’âme

Christelle Majeur, Villetaneuse

Je viens à la messe pour me ressourcer de la semaine passée. Ecouter la parole de Dieu, prendre part à l’eucharistie et pouvoir échanger avec mes frères et sœurs en Christ sont une joie et un immense plaisir que j’attends chaque dimanche. Prendre part à l’eucharistie du dimanche est pour moi un hommage que je rends à Dieu, une façon de dire merci de m’avoir accompagné tout au long de ma semaine. L’eucharistie est la nourriture de l’âme, un instant de communion avec le Christ et un moment de recueillement intérieur. Ces paroles : « le rappel de sa mort provoque notre amour, l’annonce de sa résurrection ravive notre foi et la promesse de sa venue nourrit notre espérance » nous rappellent la raison de la venue du Christ, le don de sa personne pour le rachat de nos péchés et la promesse d’une vie d’amour et de joie auprès du Père, du Fils et du Saint Esprit.

Communier à l'humain, au mystère, à l'avenir

Père Gérard Brisseau, Aulnay-sous-Bois

L'eucharistie est d'abord pour moi ce "rassemblement", d'un peuple si varié. Combien on se réjouit quand c'est une fête, où on arrive en courant, pour vivre une belle rencontre avec des frères. Et voici que souvent le poids de la vie se révèle dans des démarches fatiguées, des visages inquiets, de femmes et d'hommes qui souvent pressent les mains d'enfants pas encore très réveillés. N'est-ce pas aussi la messe ! C'est le premier don que Dieu fait aux hommes, Jésus : je suis là au milieu de vous, rassemblez-vous en mon nom, soyez heureux d'être des vivants, d'être des frères ! Quand vous aurez puisé force, car la vie est lourde et difficile, je vous enverrai apporter votre part au monde, pour qu’il soit nouveau. Et personne ne sera en trop, ni même celui ou celle qui doute de soi, car vous trouverez le moyen d'y croire.

Parole et gestes
Et puis il y a la « Parole ». Il faut qu'elle soit bien dite, car elle parle au cœur. Parole de l'alliance, de cette belle et grande histoire d'un peuple qui cherche la lumière de la foi dans les événements, à travers les épreuves, les luttes, les joies et les fêtes. Ce qui est l'éternelle réalité d'aujourd'hui. Parole qui s'ouvre sur l’au-delà : « Ceci est mon Corps ». Et les « gestes » : celui du pain partagé, celui de la main tendue, faisant suite à celui de la paix. Tant d'autres gestes, si ordinaires : ouvrir la bouche pour chanter, un amical bonjour à la personne qu'on est heureux de retrouver, une aide à un voisin qui ne trouve pas la page, et cette personne au-delà des convenances qui dit bonjour à tout le monde, avec un immense sourire désarmant. Eucharistie, action sainte d'un Dieu qui se donne dans les réalités les plus simples, et nous invite à retomber les pieds sur terre. Communier à l'humain, communier au mystère, communier à l'avenir. Cela est immensément grand et beau. Un fabuleux trésor à partager !

Les arrhes de la vie éternelle

Groupe de prière du Renouveau charismatique 

Quelle grande merveille que la messe ! Ce que je viens y chercher ? D’abord, la capacité de faire la volonté de Dieu chaque jour autant qu’il est possible, en y recevant le souffle, la vie, l’amour, en la personne de Jésus-Christ qui est chemin, vérité, vie. J’y offre ma propre vie, avec tout ce que je suis de meilleur et de pire, mes joies, mes souffrances unies aux siennes, ma volonté, mes imperfections, afin qu’il y pourvoie, mais aussi tous ceux pour qui je prie, à commencer par mes plus proches… J’unis aussi à toutes les messes les défunts, connus et les inconnus pour qui personne ne prie, les prêtres qui la célèbrent et la multitude de tous mes frères en humanité de la terre afin que soient comblés leurs vrais besoins. J’offre encore toutes les souffrances des guerres, des calamités, des maux de l’humanité afin qu’unies à la Passion du Christ, elles portent fruit avec les siennes et  leur amènent le soulagement.

Je ne me rassasie pas de la pensée que Dieu lui-même daigne nous visiter aussi  intimement pour faire de nous un seul corps, et j’en demeure émerveillée. Tout l’amour dont je ne suis pas capable, je puis ainsi le lui demander, demander à Jésus de suppléer à mon insuffisance et à celle de tous mes frères, de nous saturer de son  Esprit Saint afin que nous soyons tous unis dans le même amour pour la gloire de Dieu et le salut des âmes des pêcheurs, que nous sommes tous. Je souffre parfois de voir avec quelle légèreté on vient communier le cœur rempli de jugements de rancœur, de divisions, de révoltes ou bien avec indifférence, les mains dans les poches, comme si communier n’était qu’une formalité, alors que Jésus est là qui se donne encore une fois pour nous dans un sacrifie qui bien que non sanglant, devrait nous rappeler le prix de notre salut qui mérite le respect.

L’eucharistie, c’est l’incroyable amour d’un Dieu qui n’a reculé devant rien pour nous ramener à lui, nous sauver. Elle me donne la force de dépasser tous mes problèmes, de me fortifier dans toutes mes lassitudes, me donne la joie de savoir qu’avec lui, rien de ce que nous vivons n’est perdu, fussent nos plus grandes souffrances, nos plus lamentables chutes et relèvements. Elle me donne au jour le jour, les arrhes de la vie éternelle et me fait vivre dans l’espérance de la vie bienheureuse, la désirant pour tous, spécialement pour ceux qui se perdent dans l’indifférence générale. Grâce à Jésus, je vis autant dans le visible que dans l’invisible et puis ainsi communiquer cette espérance à qui veut la recevoir… Rendons grâce pour cet incroyable cadeau d’un Dieu qui se donne lui-même pour communiquer vie à qui le veut… Que la Passion qui précède la résurrection nous trouve réceptifs au sens profond de notre vie unie à celle du Christ et nous fasse prendre conscience de la valeur de toute vie humaine, fusse-t-elle la plus défigurée.

Michelle


Paix et joie. Je viens à la messe rencontrer Dieu. Ecouter sa Parole. Faire communion avec les frères, la communauté où le Christ qui se donne corps et sang pleinement en ce sacrement de l’Eglise qui est l’eucharistie. J’offre la présence, ma pauvreté, l’offrande de moi-même, les intentions qui me sont confiées. Je peux dire que cette grâce d’attrait est une joie qui répond à toutes mes attentes. Oui, l’eucharistie transforme une vie, que nous ne voyons pas mais agissante en nous et autour de nous. Dans la vie quotidienne, je vais à la messe sur ma paroisse ou quand je me déplace sur Paris, car il y a une grâce dans chaque eucharistie et chaque jour est nouveau. Jésus nous invite tous au banquet ; les premières communautés étaient assidues à la prière et rompaient le pain, ce que nous vivons dans l’eucharistie : le repas du Seigneur. Jésus viens nous sauver par sa mort et sa résurrection, faisant ce mémorial, l’Esprit Saint nous enrichit de sa grâce (Romains 5, 1-5).

Lucien


La messe, ainsi que l’eucharistie, est l’accomplissement de la nouvelle Alliance promise. En allant à la rencontre du Christ, je viens faire la communauté des enfants du Père et rencontrer son Fils qui se donne pleinement à chacun, lui, le chemin, la vérité et la vie. Je reçois le corps du Christ qui est vie et amour. Je l’accueille, je m’offre à lui afin de devenir à mon tour amour pour les autres (Recevez et devenez). Le plus grand bonheur est de recevoir Jésus vivant, je me  plonge dans la mort et dans la résurrection du Christ et je deviens témoin en essayant de faire sa volonté. J’assister aux célébrations au moins quatre fois par semaine afin de vivre ce temps de grâce et d’amour avec mon Seigneur et mon Dieu. Jésus se livre à la croix pour moi, il a pris tous mes péchés sur lui pour mon salut ; c’est ce grand mystère qui me permet de vivre pleinement la parole de Dieu, et je crois, j’espère, dans la foi, l’espérance, et la charité.

Pierre-Paul


L’eucharistie, source d’amour et de vie institué par Jésus le Jeudi Saint : « Et tandis qu'ils mangeaient, il prit du pain, le bénit, le rompit et le leur donna en disant: "Prenez, ceci est mon corps"». L’eucharistie évoque l’existence et la présence de Jésus dans un grand mystère d’amour, mystère lumineux comme dans le chapelet. L’eucharistie nous rassemble pour faire communion avec nos frères et sœurs en Christ, comme un repas de noce nous explique Jésus. Eucharistie est le sacrement ou nous recevons Jésus directement car il veut que je sois sauvé mais avec ma famille et l’humanité. Eucharistie nous met au service de nos frères comme dans Luc (17, 10). Eucharistie me permet de faire la rencontre avec mon Seigneur et mon Dieu ; je l’avise et il m’avise, ses rayons d’amour me transperce afin de toucher mes sens et mon cœur. Eucharistie est vitale pour moi mais aussi pour l’Eglise, sinon elle finirait par mourir.

Joséphine

Aimer Dieu, aimer nos frères

Sœurs Yvette, Pierrette, Claudie, Très-Saint-Sauveur, Bagnolet

L’eucharistie dominicale est pour moi, et pour nous, vitale en tant que « baptisées et religieuses ». Nous venons avec la communauté paroissiale rendre grâce, pour la semaine vécue, nous ressourcer, proclamer notre foi avec l'assemblée. C’est elle qui célèbre, rappelle, et actualise la vie du Christ. Nous recevons le corps du Christ qui nous donne sa force pour mieux vivre la semaine et renouvelle notre amour pour lui et nos frères, et nous ajuste à la volonté du Père par l’Esprit. L’eucharistie se vit chaque jour, par l’écoute et la méditation de la parole de Dieu et sa mettre en pratique dans le quotidien. Vivre unie au Père en communion avec le Père. Accepter le don de Dieu, accueillir les joies et les peines, les vivre avec lui, pour que notre vie devienne "eucharistie" : aimer Dieu, aimer nos frères.

Signe que je suis enfant de Dieu

Huguette Carnier, Gagny

A la messe, je viens écouter la Parole, partager avec la communauté ce moment de grâce où le prêtre, comme Jésus, consacre le pain et le vin, cette offrande divine. Je suis comblé… Que Dieu soit béni pour ce sacrifice d’amour dont il nous comble. L'eucharistie est la preuve de l'amour que Dieu a pour moi. Je suis aimé de Dieu et moi aussi, je l’aime. Recevoir le corps du Christ est pour moi signe que je suis enfant de Dieu. L’eucharistie est pour moi, amour, patience, courage, espérance… Car tous ces mots sont essentiels pour une vie en famille et avec ceux qui m'entourent. Ce lien est une rencontre, un échange, une invitation au partage du pain et de la Parole. Cela me rappelle le Christ avec ses disciples au moment de la fraction du pain et du partage du vin. Dans la vie quotidienne, je regarde autour de moi avec le regard du Christ. Voir l’autre, écouter, parler… Hospitalière au côté des malades, animatrice ACE (Action catholique des enfants). Mort par amour pour nous. Ressuscité ! Christ a vaincu la mort pour nous racheter. Nous sommes dans l'espérance en attendant sa venue. Alléluia !

L’eucharistie, sommet de ma vie chrétienne

Isabelle Lopez, Le Raincy

J’ai découvert la messe quotidienne à l’âge de 11 ans et j’ai été très touchée par le recueillement des personnes présentes, par le silence. Quand nous sommes arrivés en Région parisienne, nous avons eu la joie d’habiter dans un appartement situé en face de l’église, avec vue sur le clocher depuis notre salon qui nous servait d’horloge. Quand nous avons déménagé deux rues plus loin, j’ai continué à vivre au rythme des cloches, de l’angélus, du glas qui ponctuaient ma journée avec autant de temps de prière. Maman de six enfants, j’ai vite compris que l’oraison m’était bien difficile intra muros, je me suis organisée très rapidement pour pouvoir assister au moins deux fois le matin à la messe quotidienne. Puis  les enfants grandissant, j’ai pu y participer plus fréquemment. En marchant jusqu’à l’église, je récite un bout de chapelet pour toutes les intentions familiales dont je suis chargée. J’arrive un quart d’heure à l’avance pour pouvoir prendre un temps de prière personnelle où je dépose tous mes fardeaux, mes incertitudes, mes demandes. Cela me permet de redire mon « fiat » (Oui) quotidiennement. Mes enfants savent que je prie pour eux et c’est important pour toute la famille, même pour ceux qui ne pratiquent pas régulièrement.

Les rencontres qui émaillent ma journée
J’ai la grâce de ne pas avoir de vie professionnelle, donc je peux offrir ma messe pour tous ceux qui en sont privés. J’en ressors remplie de paix et d’énergie pour toute ma journée, l’eucharistie m’est devenue indispensable ! J’ai la certitude qu’avec ce temps privilégié de rencontre avec mon Seigneur, il entend ma prière, me comble de tendresse et me donne tout ce dont j’ai besoin pour remplir mon devoir d’état et témoigner de la joie d’être sauvée dans les rencontres qui vont émailler ma journée. L’eucharistie quotidienne me permet de mettre le Seigneur au cœur de ma vie. Notre assemblée matinale est pleine d’attention les uns pour les autres et de fraternité. « Voyez comme ils s’aiment ». Je rends grâce au Seigneur pour toutes les merveilles qu’il accomplit dans ma vie. « J’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours » (Psaume 22).

Ma propre résurrection dans le Christ

Marie-Jo Soubrane, Epinay-sur-Seine

A la messe, je viens chercher une nourriture spirituelle qui me permet de rapprocher ma vie de celle du Christ pour aimer comme lui, le Père et les Hommes. Je lui offre ce que je suis tout simplement, en lui faisant pleinement confiance. L’eucharistie est pour moi un besoin vital, pour vivre en vérité avec mes plus proches et ainsi les aimer davantage ; entendre de leur part mes manques d’amour et ainsi demander pardon au Seigneur pour qu’il corrige en moi mes défaillances. Un repas crée la fraternité… Un repas où nous prenons le temps d’écouter la Parole se manifester dans une conversation, qui mettra en évidence l’action de l’Esprit Saint, aujourd’hui dans notre humanité, c’est le complément et le lien entre la Parole évangélique et la parole "inspirée" transmise par les Hommes. Un repas où l’on partage notre nourriture, notre joie de vivre ensemble, nos soucis et nos petits bonheurs, n’est-ce pas de quelques manières à la ressemblance de l’eucharistie ? En prenant le matin le temps de prier en couple, pour les rencontres que nous ferons au long de la journée, prolonge l’eucharistie dominicale. Il y a aussi l’eucharistie en semaine qui permet une étape de ressourcement. Son amour donné gratuitement pour sauver l’humanité réveille en moi un élan, provoqué par l’Esprit Saint, source d’amour vers le Père donnant son Fils. La célébration de sa résurrection, effectivement ravive ma foi, sinon celle-ci serait vaine, comme le dit Saint Paul et annonce ma propre résurrection dans le Christ. C’est vraiment cela mon espérance et la joie de ma foi.

Visage unique de ce Jésus

Sœur Y.M., Enfant-Jésus de Chauffailles, Drancy

A la messe, je viens rencontrer chaque jour celui qui m’a appelée, dans ma jeunesse et chaque jour de ma vie jusqu’à aujourd’hui, à vivre avec lui en lui disant « Toi seul ». Pour moi, cette joie est au-delà de toute expression. Jésus me remplit de joie à chaque « eucharistie » et sa présence m’entraîne à témoigner dans ma vie de son amour inégalable à chaque personne que je rencontre. Je demande chaque jour au Seigneur la joie d’être au milieu de ceux qui m’entourent… « visage unique de ce Jésus ». Voilà tout ce que je fais chaque jour en demandant à Jésus la force et la sagesse. Pour bien répondre à son amour pour nous et en disant au Père avec Jésus « Que tout se passe selon ta volonté ! » …

Sûrs de ton amour, nous attendons ta venue

Martine Isabey, Noisy-le-Grand

La messe est pour moi un moment privilégié de partage avec mes frères, d’apaisement, de réflexion intérieure difficile à obtenir dans un environnement familial et une vie très active. L’eucharistie m’apporte de la joie, du bonheur, et je demande au Seigneur dans son amour de m’aider à mener une vie et des actions dignes de lui. Pendant l’eucharistie, je demande au Seigneur de m’aider à supporter mon entourage, pas toujours facile et qui ne comprend pas tout à fait ma dévotion et qui rend plus difficile mon engagement. Au quotidien, au début du repas, en silence, je remercie le Seigneur et je pense à ceux qui n’ont pas à manger. En présence d’invités, je trouve une phrase pour remercier le Seigneur de nous réunir. Un repas signifie un partage et le repas eucharistique rappelle la cène ; nous communion au corps et au sang du Christ… L’amour pour mon prochain est l’application de « Aimez-vous les uns les autres comme je vous aime. » Notre vie et notre espoir en la résurrection nous permet de croire et de supporter les deuils parfois cruels. Nous sommes sûrs de ton amour et nous attendons ta venue ; je le récite tous les jours et cela me donne de la force. Alléluia !

Continuer d'espérer

Nicole Albiges, Aulnay-sous-Bois, ACO (Action catholique ouvrière)

A la messe, je viens confier à Dieu la vie des copains, copines rencontrés dans la semaine, au travail, dans le quartier, dans les actions menées en association … La vie partagée en révision de vie ou dans d'autres lieux. Pour moi, aller à la messe, c'est aller à la rencontre de Jésus, répondre à son invitation et aller à la rencontre d'autres chrétiens qui vivent leur foi autrement, avec d'autres personnes. L'eucharistie ravive ma joie d'être aimée et me rend responsable de transmettre cet amour du Christ à tous ceux que je rencontrerai, de même pour chacun des membres de l'assemblée. Il y a un chant qui dit : « Vous êtes le corps du Christ, vous êtes le sang du Christ… vous êtes la joie, la paix du Christ, alors qu'avez-vous fait de lui ? » Le rappel de la mort du Christ nous invite à tenir dans les moments difficiles. Nous sommes invités à donner notre vie pour plus de justice, de fraternité. La résurrection du Christ nous aide à tenir à continuer d'espérer. Le texte des pèlerins d'Emmaüs nous parle beaucoup en ACO. Ce texte nous parle d'un Dieu qu'on rencontre sur le chemin de la vie dans les moments de doute, d'un Dieu qui nous fait relire notre vie à la lumière des Ecritures. Il se fait reconnaître dans le partage du pain, puis disparait pour nous inviter à reprendre la route avec au cœur la certitude d'être aimé, et l'enthousiasme pour transmettre aux autres personnes cette bonne nouvelle.

Servir en actes la communauté

Sœurs de Saint-Gildas, Epinay-sur-Seine

La messe est pour moi une démarche sacramentelle, où je retrouve le Christ présent par sa Parole, son pain et la communauté réunie. Je viens offrir mon vécu, la vie de mes plus proches et la vie du monde… L’eucharistie conforte ma foi au Christ, donne sens à ma vie donnée pour lui, là où ma Congrégation m’envoie. C’est sur ce lieu de mission que me sont assurées paix et joie profondes. L’eucharistie m’apporte la force d’aimer et de servir en actes la communauté dont je suis membre, le corps Congrégation dont je fais partie, tout comme les personnes que le Seigneur met sur mon chemin. Messe dominicale et messe en semaine sont le même repas eucharistique, pris en communauté fraternelle. J’y participe dans les quatre paroisses d’Epinay et dans les trois maisons de retraite. Dans chaque lieu, je deviens membre de la communauté réunie et je vois bien que ma présence de "sœur" n’est pas indifférente aux personnes, surtout lorsqu’elles sont en attente de partage, d’écoute avant ou après la célébration, comme on le fait à un repas. Chaque jour, je lis les textes de la parole de Dieu, la veille au soir et le matin. Pour fixer mon attention, j’ai pris l’habitude de souligner les mots forts dans Prions en Eglise, mots et phrases que je garde en mémoire au long de la journée… Je savoure aussi l’Evangile, en entendant tout le texte comme prononcé par Jésus lui-même.

Mémorial du mystère pascal
« Le rappel de sa mort provoque notre amour, l’annonce de sa résurrection ravive notre foi et la promesse de sa venue nourrit notre espérance. » Les paroles de la préface (n°5) sont le mémorial du mystère pascal, mort, résurrection et retour du Christ, mystère reproposé à chaque messe. Mais l’habitude peut affaiblir mon attention ! Cependant le fait de devoir changer de paroisse, et de célébrant, peut réveiller l’attention. L’écoute renouvelée du message eschatologique intensifie mon espérance en sa venue.

Je me réjouis d’être aimé par le Christ

Paul Boli, Neuilly-sur-Marne, suit le parcours de l’Année Saul

Quand je viens à la messe, c'est pour participer à la célébration eucharistique, c'est-à-dire prendre le corps et le sang du Christ qui efface nos péchés, la lecture de la Parole, les explications données par le prêtre pour la compréhension de cette Parole dans le contexte de notre vie d'aujourd'hui ; il y a aussi l'envie de se retrouver en communauté. Je reçois l'amour, la présence de Dieu dans les visages de toutes les personnes que je vois. J'offre ma présence, ma joie de célébrer. L'eucharistie ravive ma joie d'être aimé par le Christ et mon amour pour ceux avec qui je vis, parce qu’à travers l'eucharistie, Jésus nous apprend à nous aimer les uns les autres. En participant à la messe, je me rends compte que le Christ est vraiment mort pour nos péchés, en nous donnant son corps et son sang lors du dernier repas avec ses disciples – lors de la cène du Jeudi saint –, et à travers sa mort sur la croix. De plus, il y a tant de passages dans l’Evangile qui démontrent l'amour de Jésus pour nous que je ne peux que me réjouir à l'idée que le Christ nous aime. Dans le repas eucharistique, la communauté chrétienne, toute origine et rang social confondus, est unie au Christ. Jésus nous invite à vivre dans l'unité (Jean 17).

Jésus nous appelle frère et non esclave
L’eucharistie dans ma vie quotidienne, c’est tout d'abord une lectio divina tous les jours que Dieu me le permet. Puis, au travail et dans la vie, j'essaie de mettre en pratique tous les enseignements de Jésus, même si parfois je dois le reconnaître ce n’est pas facile à faire. Les enseignements qui m’interpellent le plus au quotidien que je m'efforce de mettre en pratique : aimer les personnes que je rencontre (l'amour de 1 corinthiens 13) ; se mettre aux services des autres ; faire confiance en Dieu quel que soit le déroulement de ma vie ; la lecture de la Bible chaque soir pour apprendre les voies que Dieu veut pour ses enfants et rendre grâce à Dieu pour tous les dons reçus, ainsi qu’à toute la communauté chrétienne. Jésus est mort par amour pour nous. Il nous demande de marcher à sa suite ; il nous appelle frère et non esclave. Sa résurrection montre à quel point Dieu est fidèle à sa Parole. Cela me donne la foi. Parce que Dieu a été fidèle avec notre aîné Jésus Christ, j'espère en lui et j’attends la venue de Jésus en marchant dans ses voies.

L’eucharistie se vit avec… en communauté

Sœur Elisabeth-Lucie, Petite sœur de Jésus, La Courneuve

L’eucharistie se vit pour moi avec, en communauté. Il ne s’agit pas d’une démarche individuelle. C’est nous retrouver avec d’autres et nous nourrir de la Parole et du pain vivant, reconnaître la miséricorde effective de Dieu pour chacun, et célébrer l’amour de Dieu donné en son Fils, et lui dire merci pour sa présence continue dans notre vie quotidienne. C’est être ensemble avec et pour Dieu, et habités des dimensions du monde. Notre présence embarque bien plus que les personnes qui sont là ; nous sommes avec le monde, la création toute entière. Cela nous dépasse ! Nous retrouver en communauté pour dire « Merci ! » nous fait nous porter les uns les autres, nous accompagner, non seulement par la foi et la prière, mais aussi par le soutien amical, fraternel. Ne sommes-nous pas tous frères et sœurs en Christ ? L’eucharistie c’est avec la célébration, la vie au quotidien, quand le partage, la fraternité se vivent avec d’autres. Ce sont les joies et les souffrances partagées, le bonheur de partager une table, une rencontre dans la rue, une attention … Frère Charles (de Foucauld) disait en reprenant les mots de Jean Chrysostome : « Il ne faut pas séparer le sacrement de l’autel du sacrement du frère », et quelques mois avant sa mort, il écrira à l'un de ses amis : « Il n'y a pas je crois, de parole d'Evangile qui ait sur moi une plus profonde impression et transformé davantage ma vie que celle-ci : « Tout ce que vous faites à un de ces petits, c'est à moi que vous le faites ». Si on songe que ces paroles sont celles de la vérité incréée, celle de la bouche qui a dit : « ceci est mon corps... Ceci est mon sang... », avec quelle force on est porté à chercher et à aimer Jésus dans ces "petits", ces pêcheurs, ces pauvres. »

Aimer et se laisser aimer, pour aimer
L’eucharistie est aussi pour nous, petites sœurs de Jésus, le cadeau et la responsabilité de prendre du temps pour adorer Dieu chaque jour. C’est ce regard d’amour réciproque, un silence, vivre une relation d’enfant de Dieu, une présence d’amour qui se dit et se révèle : aimer et se laisser aimer, pour aimer. Il y a des moments de désert parfois, mais c’est moi qui les mesure quand je dis cela. Je crois que Dieu va bien au-delà de mon regard… Frère Charles (de Foucauld) disait encore : « Vouloir aimer, c’est déjà aimer. » Etre là, essayer de faire silence pour lui  laisser la place. Etre pour Lui, à la fois seule, démarche personnelle, mais présence qui déborde plus que mon être, plus que ma vie. Mon corps, mon être veulent être à Dieu en ce temps d’adoration ; je m’y donne, Il s’expose. Il s’agit de gratuité, d’être là souvent en silence, habitée de l’humanité, avec l’humanité et l’univers… être là ! Je vois que jour après jour, cette démarche devient un besoin d’amour. Si je ne peux le vivre, l’absence creuse un manque, un désir. Entretenir le désir, c’est être attentive à vivre l’équilibre entre la vie et les temps, les espaces consacrés à Dieu. C’est pour moi capital, vital.

Vivre une vie eucharistique
Participer de l’eucharistie quotidienne, je ne le peux. Cependant, je crois profondément que mes sœurs de communauté quand elles rejoignent la communauté paroissiale vont célébrer l’eucharistie aussi avec celles et ceux qui le désirent mais ne le peuvent. Leur démarche se fait présence communautaire ample, large, qui se nourrit par la foi au Dieu vivant. Cela veut dire aussi pour moi essayer de vivre une vie eucharistique : là où je suis, (travail, RER, la rue, le quartier, la fraternité…), c’est essayer de rendre compte par la vie toute simple du Christ ressuscité, vivant, qui m’habite. Il est déjà ressuscité en nos vies, en nos êtres. C’est à la fois simple et immense, et cela ne m’appartient pas ; c’est une réalité. C’est essayer avec l’aide de Dieu de le laisser aimer à travers moi !

Le festin
Jésus a choisi l’une des matières les plus communes de son époque pour faire mémoire de lui et se donner à celles et ceux qui ont faim de lui : le pain ! Par ce choix, il se fait accessible à tous, comme à Bethléem, « Maison du Pain » : il naît dans une étable. Là, les bergers et les mages peuvent venir l’adorer. S’il était né à Jérusalem, les bergers y auraient-ils eu accès ? Jésus aime la fête ; le vin symbole de son sang, de la vie, de la fête, les noces de Cana nous le rappellent bien. Et souvent, nous expérimentons que les repas de fête partagés expriment en plus la surabondance. J’apporte un peu, tu apportes un peu de ce que tu as fait, de ce que nous avons préparé, de ce que nous sommes, nos dons, et il reste toujours plus. Il reste de quoi partager avec d’autres, et nous repartons différents de comment nous sommes arrivés, car nous nous sommes reçus les uns les autres.

Au cœur de la vie des fraternités

Petites sœurs de Jésus, Bagnolet

Comme tous ceux et celles qui se sont mis à la suite de Jésus, dans la spiritualité du Bienheureux Charles de Foucauld, l'eucharistie tient une grande place dans notre vie, on peut dire qu'elle est au centre de notre vie, au cœur de la vie des fraternités. A la messe, nous venons d'abord nourrir notre foi par l'accueil de la parole de Dieu puis nous unir au Christ qui s'offre à son Père pour le salut de la multitude. Nous venons ainsi, et par la communion, y chercher la nourriture qui nous configure à lui, qui nous fait vivre de lui, qui va nous permettre de transmettre son amour à ceux que nous approchons. C'est dans la foi que nous venons à l'eucharistie et que nous en recevons purification, paix du cœur et joie. Jésus nous invite à sa table. A la messe, nous sommes ensemble à recevoir le don de son corps. Après avoir échangé le signe de la paix, avec ce pain partagé, c'est une certaine fraternité qui se crée. Ce mémorial de l'amour du Seigneur nous garde éveillées dans l'attente de son retour.

Nous allons à Jésus eucharistie dans la prière
Dans le prolongement du sacrifice eucharistique, nous, petites sœurs, nous faisons chaque jour, une heure d'adoration devant le Saint Sacrement (si petites soient-elles, nos fraternités comportent toujours une pièce-oratoire avec la présence de Jésus eucharistie). C'est un moment privilégié pour approfondir notre intimité avec lui et notre désir de partager sa mission de Sauveur. Ces rencontres avec lui, peu à peu, façonnent notre cœur pour aimer comme lui. La présence de Jésus dans l'eucharistie est inséparable de sa présence dans ses frères, surtout les plus petits. C'est une intuition qui a bouleversé la vie de frère Charles, tellement marqué par cette parole de l’Evangile : « Ce que vous avez fait au plus petit d'entre mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait », en lien avec cette autre parole : « Ceci est mon corps ». C'est ainsi un va-et-vient : nous allons à Jésus eucharistie dans la prière en lui apportant tout ce qui fait la vie de ceux avec qui nous vivons : leurs joies, leurs souffrances et leurs peines ; et d'autre part, Jésus nous renvoie vers eux avec la force de son amour dont il nous a nourri. Là est notre mission, les porter à Dieu dans une prière de louange, d'action de grâces et d'intercession, et aller à eux avec toute la tendresse reçue de lui.

L’eucharistie est le coup de fil au Seigneur

Sœur Sophie Cygan, Enfant-Jésus Nicolas Barré, Rosny-sous-Bois

La messe quotidienne est, pour moi, le moment important de ma journée. D’une part, comme sur le chemin d’Emmaüs, le Seigneur est là, il vient à moi, sous les espèces du pain et du vin. A moi de le reconnaître ! D’autre part, lorsqu’on aime quelqu’un, on trouve toujours, même dans une journée très occupée, le temps d’une visite ou d’un coup de fil. Ma participation à l’eucharistie est le coup de fil au Seigneur, ma pensée tournée vers lui. La seule différence, c’est que je reçois plus que je ne donne. Elle me permet de l’adorer, de créer des liens avec des membres de la communauté paroissiale. Je rappelle au Seigneur le nom de ceux qui me sont chers, vivants ou morts. Bénévole au Secours catholique, je lui présente aussi l’immense détresse de certains accueillis. Avec un certain étonnement, mêlé de foi, je remarque que le Seigneur entend et voit ces détresses.

La présence du Christ dans le pauvre
Jean Rodhain, fondateur du Secours catholique, voyait dans le pauvre la personne même du Christ. Il l’écrivait : « Il existe des Hommes qui croient à la présence du Christ dans le pauvre. » Ils ont compris plus tard, comme Pierre, ce que signifie le lavement des pieds. Celui qui est né pauvre dans son étable se met à genoux devant ses pauvres apôtres. Quelle proximité entre le lavement des pieds et l’institution de l’eucharistie : les mêmes mains du Seigneur. Quel rapprochement entre ce langage des mains du Seigneur et quelques instants plus tard, ce discours de la Cène… Impossible de regarder, de considérer le pain vivant présent, sans nous associer au pain partagé. C’est le Seigneur également dans l’eucharistie et dans le prochain. Suivant des modes différents certes, mais c’est de lui qu’il s’agit. » (Jean Rodhain, prêtre, Tome II). Je crois que le Seigneur a réuni dans un seul sacrement, qui est celui de l’eucharistie, un condensé qui est la preuve de son amour pour nous. Nous y retrouvons sa mort, sa résurrection et la promesse de son retour. Ceci ne peut que raviver notre amour de notre foi et notre espérance dans toutes les circonstances de notre vie.

Toute la vie humaine du Christ

Pierre Vidal, Villepinte

Je viens à la messe faire mémoire de Jésus-Christ. C’est ma conviction que « Jésus a les paroles de la vie éternelle, à qui d’autre pourrais-je aller », comme le dit saint Pierre (Jean 6, 68), alors que Jésus vient de dire « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » (Jean 6, 54) Jésus lui-même nous a demandé de faire ce mémorial, et je pense que je ne pourrais pas entretenir ma foi sans cette célébration régulière, tant ce que j’y entends est inouï, différent de ce que notre monde véhicule comme valeurs dominantes, y compris chez les chrétiens : « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. » (Jean 13, 14). La parole de Dieu est ce que je viens chercher en premier lieu, bien qu’elle soit aussi disponible dans d’autres contextes, la prière, la révision de vie, un groupe biblique ; mais à la messe, nous nous rappelons en même temps que Jésus a vécu jusqu’au bout cette Parole, dans un don total, et cela lui donne un tout autre poids, une toute autre urgence pour que j’en fasse quelque chose dans ma vie. Je viens aussi célébrer avec mes frères et sœurs pour former le peuple de Dieu : « Le bon vouloir de Dieu a été que les hommes ne reçoivent pas la sanctification et le salut séparément, hors de tout lien mutuel ; il a voulu en faire un peuple qui le connaîtrait et le servirait dans la vérité » (Lumen gentium, 9). Comment d’ailleurs pourrait-il en être autrement puisque notre commandement est « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jean 13, 34) ? A ce sujet, j’ai une appréciation ambivalente : d’une part, une belle liturgie ne remplace pas une vraie communion et les difficultés que nous avons à prolonger le temps collectif au-delà du rituel peut être le symptôme d’une conception trop individualiste de la religion ; d’autre part, le fait que les uns et les autres passent plutôt leur temps dans des activités qui permettent de rencontrer le plus grand nombre de personnes de milieux différents est une nécessité missionnaire à préserver.

Poursuivons nos livres de fragilités et de merveilles
L’eucharistie ne ravive pas souvent ma joie. Est-ce que je peux réjouir alors que certains de mes frères et sœurs sont opprimés par la maladie, la pauvreté, la guerre, la compétition infernale de tous contre tous ? Je crois que Dieu aime tous les êtres humains et que Jésus souffre encore sa Passion à travers eux. Et, comme les apôtres qui demandaient « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » (Actes 1, 6), au moment même où je proclame que Jésus est « assis à la droite de Dieu », j’ai du mal à comprendre que nous ne puissions pas supprimer tous ces malheurs. La joie de l’Evangile, je la trouve dans tous les petits gestes de service des saints anonymes, chrétiens ou pas, qui nous entourent, mais ils sont bien rarement célébrés dans nos eucharisties. Il faudrait poursuivre nos livres de fragilités et de merveilles commencés pour Diaconia. Oui, j’ai besoin de la parole du Christ pour reconnaître tout ce que je dois à toutes les personnes qui m’entourent, et au-delà de mes proches, regarder avec toute l’estime qu’ils méritent : la caissière du supermarché, le collègue de travail, la femme de ménage du bureau, l’aide-soignant qui s’occupe de mon père, et je n’oublie pas celles et ceux qui nous permettent justement de célébrer l’eucharistie. Et je crois justement que la Parole m’invite à sortir du cercle étroit de mes relations familiales ou amicales : « En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? » (Matthieu 5, 46-47). Et oui aussi, la contemplation du Christ qui se donne me permet de relativiser mes contrariétés, les reproches que je rumine contre tel ou tel, et de retrouver la paix du cœur et le désir de regarder les choses de façon plus positive.

Le semeur sortit pour semer la semence
« Le rappel de sa mort provoque notre amour, l’annonce de sa résurrection ravive notre foi et la promesse de sa venue nourrit notre espérance » (préface commune de la messe). C’est bien dit, mais cela reste des mots très abstraits. Les prières eucharistiques pour assemblées d’enfants me plaisent davantage. Et en y réfléchissant davantage, je ne suis pas sûr que cela exprime bien ce que vis dans ma foi. Ce qui provoque mon amour, c’est toute la vie humaine du Christ, et pas seulement sa mort ; celle-ci est certes un paroxysme d’amour, mais je ne peux la comprendre qu’en me rappelant tout ce que Jésus a dit et a fait dans sa vie. La résurrection est bien sûr une nécessité pour que notre foi ait un sens ; pour que notre vie ait un sens, il faut qu’il y ait quelque chose après la mort ; mais une tautologie n’est pas un argument, c’est juste une cohérence dans ma foi. En revanche, cette résurrection, ensemble avec l’annonce du jugement, nourrit effectivement mon espérance : et cette espérance, c’est que tous les gestes d’amour que nous faisons ne sont pas perdus même si nous n’en voyons pas aujourd’hui de résultats concrets ; ils construisent un Royaume d’amour à venir et déjà-là qui lui-même inspire mystérieusement les hommes et les femmes de bonne volonté à poursuivre sur ce chemin. « Le semeur sortit pour semer la semence, … Il en tomba enfin dans la bonne terre, elle poussa et elle donna du fruit au centuple. » (Luc 8, 8)

Un programme pour l’éternité de  ma vie

Rémy Pignal, Les Lilas

Au soir de la Cène, Jésus dit à ses disciples qu'il désirait vivement manger cette Pâque avec eux (Luc 22, 15). Il ne leur a pas d'abord parlé de mort, de sa passion ou de la trahison de l'un d'eux ni n'a commencé à rompre le pain, il leur a dit désirer manger la Pâque avec eux. Si je viens à la messe, c'est d'abord parce que j'y suis invité par le Christ. C'est comme une grande fête de famille avec tous nos frères et sœurs chrétiens où nous allons nous réjouir d'être réunis par le Christ et où nous allons faire mémoire et rendre présent pour notre temps son amour pour chacun d'entre nous ; nous, pour qui il a donné sa propre vie. La joie d'être aimé par le Christ est une joie de tous les instants. Être chrétien, c'est fondamentalement être joyeux parce qu'aimé de Dieu. Chaque matin, chaque soir en priant, à chaque rencontre de la journée, chaque signe d'amour observé ou partagé participe à ma joie d'être aimé par le Christ ; mais l'eucharistie est un moment particulier où je viens rencontrer le Christ qui se rend présent pour moi et pour chacun de nous. Ecouter s'entendre dire en vérité « je t'aime, je souhaite que tu ne fasses qu'un avec moi, et pour cela je te donne ma vie » ne peut que me transporter.

Offrir l'amour, rien que l’amour du Christ
Communier, c'est recevoir un amour si grand que rien ne puisse jamais l'épuiser ; si beau qu'on ne peut que vouloir le partager. L'eucharistie non seulement ravive mon amour pour ceux avec qui je vis, mais est source de cet amour. Lorsque nos cœurs ne se ferment pas à la grandeur de cet amour, il déborde naturellement vers tous ceux qui nous entourent. Un cadeau si merveilleux et en si grande quantité que la seule envie est de le partager et d'en offrir autour de nous ; or, ce qu'il y a à offrir c'est l'amour ; l'amour du Christ pour chacun d'entre nous. Que je sorte d'une célébration eucharistique sans souhaiter le bonheur de ceux que je croise ou sans souhaiter partager un peu de ce que j'aurai reçu et je serai certain d'avoir loupé quelque chose.

Rassemblés pour ce repas
Le repas eucharistique ne se limite pas à créer la fraternité, il fait communion, fraternité en Christ et la nuance est de taille. Si le repas créer fraternité, quelle différence / quel besoin qu'il soit eucharistique ce repas ? Ce qu'il a de commun avec un repas c'est qu'il rassemble, ce qu'il a de plus c'est que c'est autour du Christ qu'il rassemble. Le Christ qui aujourd'hui, pour nous, se rend présent réellement en son corps et son sang et s'offre à nouveau afin que nous soyons transformés. C'est bien plus que de la fraternité, c'est un don de vie. Dans ma vie quotidienne, l’eucharistie est comme une fête, le moment de la journée – ou de la semaine – où je viens rencontrer le Christ, lui porter tout ce que j'ai fait, ce que je suis et ce que je vis pour l'en remercier. Je me réjouis de l'entendre me dire qu'il est avec moi et qu'il sera encore là quand je repartirai pour s'assurer que j'aurai plein d'autres bonnes raisons de revenir lui dire merci ! « Le rappel de sa mort provoque notre amour, l’annonce de sa résurrection ravive notre foi et la promesse de sa venue nourrit notre espérance » (préface commune de la messe n°5). Le rappel de la mort de quelqu'un est souvent quelque chose de douloureux. Cette douleur est l'expression concrète qu'aujourd'hui encore j'aime celui qui est mort. Se rappeler la mort du Christ est l'expression qu'aujourd'hui encore cela nous touche d'une certaine façon et donc exprime notre amour. L'annonce de sa résurrection ravive notre foi car elle oblige à entendre ce qui ne peut pas être entendu par notre simple intelligence, elle nécessite un engagement de notre part, un acte de foi. Enfin, la promesse de sa venue nous rappelle que tout cela n'a pas été fait en vain ou n'est pas sans conséquence aujourd'hui mais parce que Dieu voulait nous offrir le salut et telle est mon espérance : un acte de confiance en la promesse de Dieu de sa grâce aujourd'hui et du salut éternel. Voila un beau programme pour l’éternité de  ma vie !

Le Seigneur ressuscité peut me transformer

Sœur Marie Clarisse, Marie Auxiliatrice, Villepinte

« Notre vocation est fondamentalement eucharistique. C’est dans l’eucharistie célébrée, contemplée et vécue que se renouvellent nos forces pour l’annonce de Jésus-Christ. Pendant ce temps de l’adoration, la prière du Christ devient nôtre, au cœur de la mission » (Constitutions, n°9). L’eucharistie reçue nourrit chaque jour vie, temps fort où ma consécration à Dieu se trouve, en quelque sorte scellée au quotidien ; le corps du Christ reçu est ma force, un moment privilégié d’union à Jésus Christ. L’eucharistie contemplée – car dans notre Congrégation l’adoration du Saint Sacrement exposé tient une grande place – est un temps silencieux où je loue et rends grâce à Dieu pour tant de bienfaits reçus et visibles dans le monde ; un temps où j’offre les misères du monde et les miennes au Christ venu les racheter ; un temps de présence gratuite devant l’amour infini de Jésus Christ, qui  reste présent parmi nous ;  temps où le Seigneur ressuscité peut me transformer. L’adoration eucharistique est comme une prolongation de la messe où j’ai reçu le corps du Christ. Au cours de cette adoration, je puise la force d’aimer et de pardonner. Cette adoration du Saint Sacrement, dans notre Congrégation est en elle-même une mission que nous pouvons remplir (avec la prière), même lorsque nos forces ne nous permettent plus une vie active, et c’est mon cas. « L’eucharistie restera au centre de leurs œuvres, comme le principe d’où tout part et où tout revient » (Constitutions, n°134). Notre Mère Fondatrice, la Bienheureuse Marie Thérèse de Soubiran (1834-1889) nous a laissé des normes fondamentales qui font parties de nos Constitutions et aussi des textes dans ses Ecrits spirituels que nous faisons nôtres, encore maintenant.

L’eucharistie, nouvelle alliance

Nelly Boussac, Fraternité carmélitaine, Saint-Ouen

L’eucharistie est le dernier signe que Jésus nous a laissé. Il pose cet acte au moment où il va accepter sa mission jusqu’au bout avec tous les risques que cela comporte. Il s’inscrit dans une confiance totale à son Père et de remise totale de lui-même, « non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » L’eucharistie a une dimension pascale. L’eucharistie, c’est le don du Christ qu’Il a fait de lui-même au Père et aux hommes dans sa mort et sa résurrection. L’eucharistie est la nouvelle alliance que Dieu nous propose, scellée par le corps et le sang du Christ et le don de l’esprit-Saint, c’est la naissance de l’Eglise. Chaque dimanche en venant à l’église, nous faisons Eglise. C’est un temps pour Dieu, un temps pour nous rappeler que Dieu nous aime, qu’il n’est pas indifférent à ce qu’on vit chaque jour. Un temps pour retrouver des frères. Chaque dimanche, Dieu nous invite à nous rassembler en son nom pour renouveler les promesses de notre baptême : recevoir la vie de Dieu en nous reconnaissant fils : « tu es mon fils bien-aimé » ; recevoir le Christ qui a donné sa vie pour nous : « Prenez et mangez, prenez et buvez, ceci est mon corps livré pour vous » ; recevoir des frères, ceux avec qui nous partageons ce pain avec lesquels nous formons le corps du Christ, mais aussi tous les autres, ceux qui sont proches – ceux qui sont loin, l’humanité toute entière. En échange, nous apportons notre offrande ; comme le Christ a offert sa vie, ce sont nos vies avec nos joies et nos peines, nos luttes et nos combats, que nous offrons à Dieu. « Regarde Seigneur le sacrifice de ton Eglise et daigne y reconnaître celui de ton Fils ». La banalité de nos vies sur lesquelles nous portons bien souvent un regard réprobateur prend de la hauteur. Notre offrande est unie à celle du Christ. Ainsi notre offrande, nos vies offertes au Christ, sont transformées par la prière d’action de grâce en son propre corps.

Eucharistie pour nos frères
Cet échange d’amour, je reçois-j’offre, nous transforme et c’est toute notre vie qui est appelée à devenir eucharistie. Nous devenons le Christ quand nous mangeons la chair et buvons le sang. Nous devenons par le fait même eucharistie pour nos frères. En nous se cache et se révèle en même temps le Christ lui-même sous nos apparences, à la mesure où nous nous laissons saisir par lui, transformer par lui. Nous sommes présence du Christ. « Je suis venu pour qu’Ils aient la vie et la vie en abondance. » Le Christ vient chercher la vie en l’autre. Consentir à être donné, envoyé, livré dans une vie simple partagée en communion avec les autres. Nous sommes responsables de la vie qui nous est confiée mais aussi responsables de la vie des autres, du devenir de notre communauté. Travailler, vivre avec d’autres, non pas pour leur dire ce qu’il faut faire mais pour inventer ensemble. Travailler à l’unité, travailler pour le bien commun.


« L’Eucharistie est essentielle pour nous : c’est le Christ qui veut entrer dans notre vie et la remplir de sa grâce. »

Pape François, tweet du 28/02/14

 

Repères


Pastorale liturgique et sacramentelle
• Délégué diocésain : Georges Khamis - Courriel

Ecrire à : Maison diocésaine Guy Deroubaix, 6 avenue Pasteur - BP94 – 93141 Bondy Cedex
Tél. : 01 48 47 91 35

 

A lire...

Pour vivre l’eucharistie, Philippe Béguerie – Ed. du Cerf (1993)

Trouver grâce et rendre grâce : l’eucharistie, Mgr Robert Le Gall - Documents Episcopat n°5/2005 (www.eglise.catholique.fr)

L'eucharistie : source intarissable de pardon, Roger Poudrier – Ed. Médiaspaul (2007)

Eucharistie et service de l'homme, P. Jacques Turck – Ed. Bayard (2008)

Le pain qui nous fait vivre : approfondir le mystère de l'eucharistie, Cardinal Christoph Schönborn – Ed. Parole et Silence (2005)

L'eucharistie, sacrement de la rencontre - Ed. Christus n°242, Hors-série (mai 2014)

 

Textes officiels

Sacrosanctum concilium, Constitution sur la sainte liturgie - Concile Vatican II (1963)

Ecclesia de Eucharistia (L’Eglise et l’eucharistie), Lettre encyclique de Jean-Paul II (2003)

Sacramentum Caritatis, (L’eucharistie source et sommet de la vie de l’Eglise), Exhortation apostolique post-synodale de Benoît XVI (2007)

 

A voir...

Les sacrements en pratique : l’eucharistie, Le Jour du Seigneur