« La Plaine », située au nord de Paris, est un territoire de 700 hectares qui s’étend sur trois communes : la plus grande partie est sur Saint Denis, mais La Plaine mord sur Aubervilliers à l’est et sur Saint Ouen à l’ouest ; autrefois le sud de La Plaine était un village séparé de Paris : le village de La Chapelle.
Géographiquement cette plaine se situe entre deux collines, la butte Montmartre au sud et la colline du centre de Saint Denis au nord. A l’ouest, c’est le méandre de la Seine qui délimite ce territoire. A l’est, il se trouve aujourd’hui délimité par le Canal de Saint Denis.
Rétrospective….
Ce territoire a longtemps été, déjà avant le christianisme, avec les druides, un territoire sacré.
Sur un territoire sacré, on ne construisait pas. Les espaces ne servaient qu’aux rassemblements cultuels. Ce qui explique que ce territoire se situe entre les espaces urbanisés.
Le méandre de la Seine à la hauteur de l’île Saint Denis a été important pour le territoire. Les bateaux ne pouvaient pas toujours aller plus loin du fait de l’ensablement du méandre. Un port s’est construit à l’emplacement actuel de la gare de Saint Denis et les marchandises (dont les poissons) allaient plus vite dans Paris, sur des charrettes, sur la route directe qui a gardé aujourd’hui le nom de rue des poissonniers.
Les routes anciennes dont les tracés ont été définis par les Romains passaient entre les collines pour monter vers le nord et l’est. Ces tracés sortaient de Paris par le col entre la butte Montmartre et Ménilmontant. Col emprunté aussi par les voies ferrées.
Nous sommes dans le bassin parisien avec un terrain plat et fertile et une nappe phréatique peu profonde. Cela explique la première vocation maraîchère de la plaine. Cela explique aussi l’implantation par la suite d’industries consommant beaucoup d’eau.
Le temps du renouveau…. le temps des bureaux
Aujourd’hui ce territoire vit un renouveau complet, de la Porte de La Chapelle au sud, à la place appelée Porte de Paris au nord, qui marque l’entrée dans le Saint Denis historique ; du canal Saint Denis qui marque l’entrée dans Aubervilliers à l’est, au carrefour Pleyel et même à la Seine à l’ouest.
Ce territoire est géré par la communauté d’Agglomération « Plaine Commune » qui regroupe les neuf villes d’Aubervilliers, Epinay sur Seine, La Courneuve, L’île Saint Denis, Pierrefitte, Saint Denis, Saint Ouen, Stains, et Villetaneuse. Il connaît un développement constant depuis les années 1990. Lisez le dossier sur l’histoire du territoire.
En 1993 furent prises les décisions d’implanter le Stade de France sur le site des anciennes usines à gaz, de couvrir l’autoroute A1 qui traverse La Plaine du sud au nord, et d’ouvrir les deux gares de RER sur les lignes B et D. Ces travaux furent achevés en 1998.
A partir de cette date, de nombreux sièges sociaux de très grandes entreprises, historiquement situés dans Paris, ont migré vers ce territoire. Parmi les plus gros : SNCF, Générali, Orange, SFR, EDF, AFNOR, RANDSTAD, EIFAGE, etc.
Déjà quelques années plus tôt, les hangars vides d’anciennes entreprises avaient attiré le monde du cinéma et de la télévision. Rapidement, toute cette industrie de la télévision et du cinéma s’est rassemblée sur La Plaine.
Six zones d’aménagement concerté, des « ZAC », ont été définies. L’activité est essentiellement tertiaire avec déjà plus de 1 200 000 m2 de bureaux réalisés. C’est le troisième pôle tertiaire d’île de France après Paris et La Défense.
Une foule de salariés nomades…. Un habitat de plus en plus dense
Le nombre de salariés concerné dépasse déjà les 55 000. Les salariés ont dû suivre le déménagement de leurs bureaux pour conserver leur emploi. Moins de 1% des employés habitent sur place. Il en résulte d’importants déplacements en transport en commun ou en véhicule individuel qui saturent deux fois par jour le réseau de transports.
Un important réseau de bus et deux lignes de métro 12 et 13 complètent le service des deux liges de RER. Un projet de ligne de métro 14 et de Tram est en fin d’étude.
Dès le début du renouveau de La Plaine, le choix a été fait d’éviter une concentration de bureaux sans aucun logement, risquant de créer ainsi des quartiers sans aucune vie le week-end. Profitant du nombre important de friches industrielles, des promoteurs furent donc encouragés à construire aussi de l’habitat. Ce mouvement se poursuit à un rythme élevé.
En 1999 La Plaine comptait environ 6 000 habitants ; en 2009, elle en comptait 15 000 et cette croissance reste d’environ 1 000 habitant par an, correspondant à quatre immeubles d’habitation livrés chaque année.
De nombreuses nouvelles rues furent tracées. Mais avec le choix de garder les rues anciennes, avec leur nom, de façon à ne pas déraciner le quartier de son histoire.
Une grande partie des friches industrielles appartenait au réseau des chemins de fer et il reste encore de la place pour de nouvelles rues et de nouvelles constructions.
Des services qui peinent à suivre le développement économique…
Cette croissance très rapide oblige les collectivités territoriales à implanter des crèches, des écoles, des collèges et des lycées.
Par contre, les commerçants restent prudents à venir s’installer et le territoire manque de commerces variés.
Le monde universitaire qui a aussi besoin de surfaces importantes est également en train de prendre place sur La Plaine : Le CNAM, un IUT de Paris 13, la Maison des Sciences de l’Homme et bientôt l’Université Condorcet pour le troisième cycle.
Des populations qui se croisent sans se rencontrer….
Les employés, les étudiants et les habitants forment trois mondes qui se croisent sans vraiment se rencontrer.
Les employés viennent de Paris, des Hauts de Seine, du Val d’Oise ou des Yvelines.
Mais les habitants restent, pour les trois quarts, en provenance de la Seine Saint Denis, avec une persistance de 30 % de personnes d’origine étrangère. Cette population reste aussi d’un niveau de vie proche du seuil de pauvreté avec un taux de chômage important.
Comment faire vivre ensemble ces groupes humains ? Comment faire sortir les travailleurs de leurs bureaux à l’heure de midi alors que les unités de travail comportent presque toutes des restaurants d’entreprise, cafétérias et même parfois gymnase et boutiques ?
Comment faire en sorte que les rues deviennent des lieux de rencontre avec plus de commerces et plus de lieux culturels ?
C’est le défi qui reste à relever et au service duquel « Saint Paul de La Plaine » espère travailler.
Père Jean-Marc DANTY-LAFRANCE