Jeannine Marta. Ce nom ne dit probablement rien à la génération des jeunes chrétiens fréquentant St-Pierre-St-Paul de Montfermeil ; pour les plus anciens, très certainement oui car Jeannine y était discrètement active avant que les vicissitudes de sa santé ne l’en éloignent depuis une dizaine d’années.
Jeannine était volontaire, généreuse et adroite de ses dix doigts dans à peu près tout ce qui est créatif, en particulier la couture - sans surprise car formée comme première main chez les plus fameux tels J.L. Scherrer, Balmain, Dior…Elle travaillait rarement en solitaire ; soucieuse de partager et de transmettre son savoir, elle avait constitué une équipe qu’elle appelait « mes filles quilteuses » et ensemble elles ont créé nombre de patchworks, œuvres d’art comme un Arbre de Jessé, une immense rosace, un chemin de croix, des scènes bibliques diverses exposées dans l’église St-Pierre-St- Paul avant les travaux. Elle a également réalisé des compositions à partir d’éléments prélevés sur de vieilles chasubles miteuses.
Jeannine donnait du temps au service des autres et ce, depuis les années 70 où le couple habite Montfermeil, le quartier « des oiseaux ». Non seulement, elle s’impliquait dans la vie de l’Église (mariage, funérailles, catéchuménat, Chrétiens retraités-MCR) mais aussi s’est-elle engagée dans plusieurs associations comme Échange de savoirs, Horizon-cancer, le Don du Sang qu’elle a présidé un temps.
La vie de Jeannine n’a pas toujours été une sinécure ; quand elle rencontre son futur mari, elle travaille en atelier, seule avec deux enfants à charge ; Vincent est veuf pour la seconde fois avec deux enfants également, il est militaire de carrière, ce qui suppose de fréquentes mutations. Ils se marient. Jeannine élève donc les quatre enfants. Solitude pendant de longues périodes mais dans certaines missions de plusieurs années, elle peut suivre son militaire qui lui fera découvrir Djibouti, Tahiti et bien sûr la Martinique, son île natale.
Sa santé défaille inexorablement, Jeannine ne sort plus guère mais continue de coudre et coudre encore… en priant. Pour Jeannine, le travail était plus qu’une prière.
Humblement, Jeannine ne tirait nulle gloire de ses dons, ce qu’elle créait était cadeau. Présentant une monumentale création collective d’une année de travail à l’aiguille, Jeannine l’expliquait en ces mots : La réussite de cette œuvre ne réside pas seulement dans sa beauté, mais dans la communion de nos cœurs et de nos mains. Dieu était présent parmi nous. Là est la réussite.
Merci, Jeannine, de nous avoir enrichis.
Photo; Kermesse de Franceville 2006; costume traditionnel de Picardie
Christian PERRODIN
(Saint-Pierre-Saint-Paul de MONTFERMEIL)
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Réalisation collective à 14 mains, assemblage decentaines de morceaux de tissus par des milliers de points, cousu 500m de gances noires figurant le plomb, brodé, soutaché, sur un tableau de 3m50 de haut sur 1m70 de large.
Il a été réalisé à la demande du P. Trudeau, ancien curé de Montfermeil, pour Le Blanc-Mesnil.