Tur Abdin — Paroisses du Plateau

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Tur Abdin

Berceau des Syriaques orthodoxes

Nous les Syriaques sommes très fiers de nos racines et de notre patrie d'origine, c'est pourquoi notre communauté syriaque orthodoxe Mor Severios a eu l’immense plaisir de vous convier à une soirée cinéma sur le Tur Abdin et sur la restauration du sanctuaire du monastère Mor Gabriel (vendredi 5 février 2016).
Ce film consacré à notre patrimoine syriaque orthodoxe, a été réalisé par M. Jean-Claude Luyat (réalisateur) sous l'initiative de M. le professeur Alain Desreumaux (CNRS).

La projection du film a eu lieu dans  notre église Mor Severios à Coubron.

Accueil et intervention de M. le professeur Alain Desreumaux :

2016-02-05-Tur Abdin - La soiree - a from PAROISSES DU PLATEAU on Vimeo.

 Le Tur Abdin, berceau des syriaques

Le Tur Abdin n'est pas vraiment ce qu’on peut appeler une montagne. C’est plutôt une arête de 80 kilomètres de longueur qui court de l'ouest à l'est, à cheval sur la frontière entre la Turquie et la Syrie : un plateau élevé et accidenté sur son flanc nord (Turquie) et une plaine basse et plate du côté sud (Syrie). Deux villes importantes délimitaient autrefois chaque extrémité de l'arête. A l’ouest se trouvait Dara, une fortification romaine et à l’est Serwan où le château de Tur Abdin était situé. Au sud, se trouvait Nisibe, une ville célèbre à la fin du quatrième siècle pour son université chrétienne et pour ses mille jardins. Aujourd'hui, elle est située au sud de la Turquie en Haute Mésopotamie et s'étale de Hasankeyf au nord, Nusaybin au sud, Mardin à l'ouest et Cizre à l'est.

En 879 avant Jésus Christ, le roi Assurnasirpal II fait allusion à cette arête en l'appelant le mont Kashiari (Kašiari). A cette époque déjà, c'était une région riche et réputée pour ses vignobles de qualité, son bétail, ses moutons et ses fourneaux à produire du bronze. C’était aussi une région où les armées pouvaient s'approvisionner en vivres abondantes et en matériel lors de leurs campagnes militaires. Les Romains, les Perses, les Grecs, les Turcs et les Kurdes occupèrent à un moment ou un autre de l’histoire cette montagne.

Tur Abdin signifie littéralement "la montagne des serviteurs de Dieu", en référence aux moines qui vécurent dans les quelque centaines de monastères fondés dans la région après le quatrième siècle. D’autres régions aussi connurent un essor monastique. Au 5ème siècle, il y avait 300 monastères dans la montagne d'Urhoy (Edesse), hébergeant près de 90.000 moines. Dans le monastère de Saint Mathieu (Mor Mattai) à l'est de Mossoul, il y avait 12.000 moines. Au siècle suivant, le nombre de moines dans le monastère de Mar Basos près de Homs en Syrie atteignait 6.300. Il est admis que le nombre de moines et de nonnes syriennes pendant cet âge d'or atteignit le nombre fabuleux de 600.000. Parmi les moines et les ermites syriens les plus célèbres, on trouve : Saint Mathieu l'ermite, Saint Jacob de Nisibe, Saint Barsoumo et Saint Siméon le Stylite.

Quand le monachisme a surgi au quatrième siècle en Mésopotamie, la région était un lieu idéal pour y implanter des monastères. Elle était au cœur d'un carrefour militaire et culturel stratégique, mais assez à l'extérieur pour satisfaire au besoin de solitude des moines. De même, elle était assez proche de Nisibe, un important foyer chrétien, mais assez loin pour permettre à des moines d’y mener une vie monastique dans une paix relative. Cette position stratégique valut aux moines d’être courtisés par les différents empereurs et de tirer financièrement bénéfice de généreux cadeaux pour la construction et l’embellissement des monastères.