Une si belle Nuit des cathédrales — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Une si belle Nuit des cathédrales

« Je suis émerveillé, très touché de participer à cet événement » avoue très ému Delivrance Makington, l’un des 4 artistes invités à cette nouvelle édition de la Nuit des cathédrales.
Publié le 22/05/2017

C’est bien l’émotion qui a marqué la soirée du samedi 13 mai 2017… Emotion de pouvoir admirer la façade rénovée et ses portails, le chœur et le nouvel ambon en pierre et verre, de découvrir la maquette du projet de remontage de la flèche ; émotion de partager avec les artistes ; émotion aussi d’écouter Pierre Pincemaille aux grandes orgues, nous offrant une promenade musicale avec le petit chœur de la cathédrale ; émotion encore de méditer l’Evangile selon saint Jean avec l’acteur Gérard Rouzier ; émotion toujours d’accueillir la chorale arménienne Koghtan et de s’émouvoir avec la quarantaine de jeunes formant la chorale Diony’s Voice.

Il est toujours difficile de compter, mais le succès a été au rendez-vous. Près d’un millier de personnes ont pu aller et venir dans cette magnifique basilique cathédrale pour apprécier l’un ou l’autre des programmes entre 17h et 22h30… L’art, la culture et la spiritualité ont fait corps.

Avant d’entrer dans l’édifice, Anthony Russel, enfant de Saint-Denis devenu artiste, nous a offert un chapelet géant de 17 mètres installé au pied du portail du Jugement dernier. Avec cette installation, il nous interpelle sur la situation dramatique des réfugiés. Réalisé en boules de chalut d’un bleu cristallin, de brindilles de bois et de cordages, « ce chapelet des réfugiés, installé en forme de vagues sur les marches, est une invitation à la prière. Il exprime le scandale de milliers de réfugiés morts en pleine mer », s’insurge l’artiste, également paroissien à La Courneuve.

L’appel à aider son prochain, sans distinction, s’incarne également parmi les « 5 toiles sur chevalets » de Delivrance Makington. Comme cette toile dressée dans le narthex qui nous montre une famille de migrants sur leur radeau de fortune, à deux doigts de sombrer. « Ce sont des femmes qui portent leurs enfants à bout de bras. Ceci est un appel à l’amour, ce à quoi nous invite le Christ », rappelle l’artiste, par ailleurs tailleur de pierre.

Ce message d’amour s’incarne d’une autre façon dans « Unité 4.8 » de Phélix Ludop. Cette série géométrique composée de 48 panneaux reliés deux à deux, remonte la grande nef sur plusieurs dizaines de mètres. Ce "tapis" de 60 m2 brille à la lumière des grandes verrières et devient même phosphorescent à la nuit tombée. « Chaque pièce en forme d’œuf est comme une Nation. Ces œufs sont tous différents comme nous-mêmes sur cette terre. Oui, nous sommes tous différents, mais en communion », précise l’artiste pour donner le sens de son travail. Cette œuvre, qui a nécessité 16 ans de travail avec des jeunes en difficulté, a été réalisée dans son atelier d’Aubervilliers. Pourquoi "Unité 4.8" ? « C’est en référence au psaume 48, où l’on peut voir que l’unité est plus grande que soi ».

Le photographe Philippe Pinglin a préféré offrir des « Gisants en balade » avec une animation vidéo. « Avec la mondialisation tout se promène… alors pourquoi pas les gisants de la cathédrale », s’amuse-t-il. Il joue ainsi sur notre mémoire et les environnements qui nous sont familiers : tel gisant sous un arc-en-ciel, tel autre à Pétra, ou sous une fougère arborescente de Guadeloupe, dans une grotte de Dordogne, devant les ocres de Roussillon ou un glacier en Norvège, dans une église en Suède, ou encore dans des jardins luxuriants… les teintes acidulées contrastent souvent avec la simplicité de la pierre et la brillance du marbre.

Au cours de la Nuit, nous sommes invités à passer du plasticien à l’interprète…

Ce qui anime la communauté arménienne Koghtan à venir chanter dans cette basilique, c’est justement la présence d’un gisant célèbre, le dernier roi d’Arménie qui a vécu au 14e siècle, Léon VI de Lusignan. « Il est enterré ici (depuis 1817), nous dit Gilda, suite à une alliance entre le royaume de France et le royaume d’Arménie ». Ce qui anime cet ensemble de 25 choristes, en tunique rouge sombre et pantalon noir, c’est la transmission de la musique arménienne. Avec des chants qui pour la plupart étaient de tradition orale. Le répertoire a su alterner chants traditionnels et transcriptions contemporaines.

Avant le temps d’échanges et le buffet convivial, nous avons pu vivre une émouvante interprétation de l’Evangile selon saint Jean. Gérard Rouzier, barbe grisonnante et cheveux bouclés, semble tout droit sorti du film « Les dix commandements » de Cécil B. DeMille. Durant trois quarts d’heures, occupant tout le chœur, le metteur en scène a su rendre toute la force du texte biblique et partager sa joie de déclamer en un lieu si exceptionnel. « Il faut oser dire ce poème inspiré qui exprime avec tant de beauté et de simplicité la trame et la substance du message chrétien », confie-t-il.

Du message chrétien aux grandes orgues de la basilique cathédrale, il n’y a qu’un pas que nous aide à franchir Pierre Pincemaille, titulaire de l’orgue Cavaillé-Coll depuis bientôt 30 ans. L’originalité du jeu pour cette nuit des cathédrales, ce sont les grandes orgues puis l’orgue de chœur accompagnant le chœur de la cathédrale qui se répondent tour à tour. Musique et chants pour des "Alléluia", "Dieu des pauvres", "Roi du ciel et de la terre", "Dieu créateur"…

Et combien d’Alléluia ont été chantés avec fougue durant cette soirée par la chorale Gospel. Diony’s Voice, dirigée par Louis Lorieux, rassemble une quarantaine de jeunes entre 18 et 35 ans de Saint-Denis et des environs pour chanter du gospel, du negro spiritual et des chants africains. Pour Robine et Terry, qui finissent de se préparer dans la sacristie, cette soirée est un vrai défi. « C’est un lieu emblématique, monumental, inspiré par la foi ». Toutes deux ne cachent pas leur joie mais aussi un certain trac : « c’est vraiment impressionnant de chanter ici devant autant de personnes ! »

Une si belle Nuit des cathédrales ne pouvait s’achever sans rendre grâce au Seigneur… Il est 22h, c’est l’Office des complies. Alléluia !

B. Rastoin