Chrétiens dans la cité (N°24 / Août - Septembre 2015) — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Chrétiens dans la cité (N°24 / Août - Septembre 2015)

Grands ensembles dans la ville, les cités sont très proches de ce qui fait le cœur du message de l’Évangile. Le Christ a appelé des apôtres dans le grand ensemble de Capharnaüm, carrefour des païens, pays de réputation de l’ombre et de la mort pour y annoncer la Bonne Nouvelle. Et il appela Pierre, André, Jacques et Jean à proximité… (Matthieu 4, 13-23)

Jérome Panconi - Ville de Saint-Ouen

« Par notre baptême, nous sommes reliés les uns aux autres pour être l'Eglise de Jésus-Christ »
(Mgr Pascal Delannoy)

 

 

Le sel de la terre

Faire Église

L’Église hors les murs

Célébrer l'eucharistie à la maison

Heureux de se retrouver

Un groupe de jeunes dynamisé par l'Evangile

Oser témoigner de l'espérance du Christ

Un lien naturel

Une confiance est née

Partager la parole de Dieu

L'Évangile au coeur de nos rencontres

 

Repères

Le sel de la terre

Père Jacques Braem, responsable du service diocésain de la pastorale des cités,
curé des paroisses de Stains-Pierrefitte

Ce qui se vit dans les cités est très proche des Béatitudes (Matthieu 5, 1-16). Ainsi, comment ne pas se laisser façonner par cet Évangile afin de mieux s’engager dans le quartier par les multiples rencontres que permettent ces grands ensembles ?

Tout chrétien est appelé à se laisser façonner par l’Évangile, c’est-à-dire à être témoin de la Bonne Nouvelle de Dieu par sa manière de vivre : en aimant tout homme quel qu’il soit et particulièrement les plus fragiles, mais aussi en combattant le mal sous toutes ses formes.

La nécessité de créer des groupes de proximité qui se laissent façonner par l’Évangile est donc d’autant plus importante dans les cités pour répondre à plusieurs besoins.

Un mouvement en marche…

Pour se soutenir mutuellement dans la foi chrétienne : en cité, les croyants sont nombreux, mais les chrétiens se trouvent en minorité, voire isolés dans un entourage composé à majorité de musulmans et de multiples croyances, telles que les évangéliques, l’hindouisme, le bouddhisme, les sectes, etc. Il est donc important de pouvoir partager sa foi avec d’autres chrétiens du voisinage pour qu’elle ne soit pas « diluée » avec d’autres croyances et que chacun puisse s’éclairer et s’émerveiller mutuellement dans la particularité de notre foi chrétienne.

Pour sortir de l’isolement : même si la population des cités est très concentrée et que dans certaines cultures vécues en son sein, on ne laisse jamais quelqu’un seul, certaines personnes, sans réseau relationnel, vivent cependant dans un grand isolement, notamment les femmes assignées au domicile par leur mari, les personnes âgées, malades, handicapées ou dépressives.
De plus, dans les cités, il est courant qu’il n’existe pas de lieux pour se rassembler entre chrétiens car l’église ou les salles paroissiales se trouvent souvent dans le centre-ville, hors de ces grands ensembles.
Ainsi, dans la cité, marquée par un important turnover (mouvements de départs et d’arrivées), les groupes de proximité permettent notamment d’accueillir et d’intégrer les nouveaux venus.

Pour se ressourcer : à cause de conditions de vie souvent difficiles (pauvreté, problèmes personnels de toutes sortes, violence, bruit, influences des autres croyances…), mais aussi tout simplement parce qu’en cité on aime la convivialité, le besoin de se retrouver pour partager sa foi se fait fortement ressentir pour se ressourcer.

Plusieurs groupes de chrétiens implantés dans les quartiers, tout en gardant un lien avec la communauté paroissiale du secteur, existent déjà ou se créent sous diverses formes sur l’ensemble du diocèse. Mais il reste encore à développer et à construire… Le service diocésain de la pastorale des cités a pour but de soutenir ce développement. Pour cela, un petit document est prévu pour la rentrée prochaine.

 

Faire Église

Sœur Guillemette Talhouët, religieuse de l’Assomption, accompagnatrice de catéchumènes, Bondy

Les communautés de quartier à Bondy sur la paroisse Saint-Pierre ont commencé, à titre d’essai, au début de l’année pastorale 2013-2014. Arrivée à Bondy fin août 2012, j’ai accompagné des adultes cheminant vers le  baptême, tout en faisant connaissance avec la paroisse.

A la fin de la première année, j’ai pensé qu’il serait bon que les catéchumènes rencontrent  quelques chrétiens de leur quartier avec lesquels ils puissent échanger, que ce serait « un plus » pour eux. Catéchumènes et chrétiens pourraient alors former une petite communauté de 8 ou 10 personnes  dans leur quartier à l’image de l’Eglise !  L’important dans les communautés de quartier c’est de créer des liens entre eux et avec le Seigneur à partir de sa Parole, construire des relations fraternelles, de communion et de paix. Ces rencontres pourraient ainsi leur faire percevoir l’Eglise comme une famille, pourraient la leur faire aimer et la faire grandir. Construire une communauté, c’est une manière de dire Dieu, de parler de la fraternité par des actes.

Des orientations diocésaines

Ces communautés de quartier, pour une Eglise de proximité, de communion, ont été demandées par le Synode qui s’est tenu dans le diocèse de Saint-Denis entre 2002 et 2005, et qui avait pour thème : « L’Evangile dans la ville »   (cf. Chemins d’avenir pour notre Eglise).

Le 9 octobre 2013,  Monseigneur Pascal Delannoy a écrit une lettre « Transmettre la joie de la foi ! » où il nous dit, après plusieurs constats : « Pourquoi ne pas proposer des rencontres entre proches, habitant le même quartier ou la même cité ? » (cf. page 8).

L’orientation du diocèse est claire. C’est le moment, si nous n’avons pas pu le faire avant, de répondre à cet appel. Ces communautés de quartier sont vraiment « chemin de vie », chemin de joie pour l’Eglise, je l’ai expérimenté longtemps en Afrique. Je me trouvais en Côte d’Ivoire vers 1980 quand le Mouvement « Pour un Monde Meilleur » est venu. Ce Mouvement, dont le Siège est à Rome, fondé par le père Ricardo Lombardi  en réponse à l’appel du pape Pie XII après la seconde guerre mondiale, a proposé des formations aux paroisses. Je me rappelle quelques sessions que j’ai suivies en même temps que beaucoup de chrétiens : "Eglise/Monde", "Nouvelle image de la paroisse", "Communion de Communautés"…  De là sont nées les communautés de quartier. Elles apportaient vraiment la vie et la joie à la paroisse. Après 5 ans d’existence, lors de leur fête à la paroisse, un chrétien me dit tout heureux : « Maintenant, c’est passé dans les mœurs ». Cela m’a remplie de joie. Ce n’est pas facile à mettre en place, c’est beaucoup de travail, de relations, de patience, d’oubli de soi, mais de là naît la joie.

Dépasser nos limites

Osons aller vers les autres, osons rencontrer ceux que nous ne connaissons pas, ceux qui ne nous ressemblent pas, qui n’ont pas la même origine, la même culture. Créons des liens de communion. Dieu est communion et nous a fait communion. Jésus veut la même union, la même communion qui existe entre Lui et son Père. « Qu’ils soient Un » dit-Il à son Père (Jean 15, 21-22).

C’est possible, malgré les difficultés. Il y en a : le manque de temps, le travail ou les études très prenantes, les imprévus, la santé,  les transports, les « papier » à régulariser etc. Si la relation à l’autre reprend la première place dans notre vie, nous trouverons le temps. Comptons avec les catéchumènes, initiés à ces communautés de quartier et de plus en plus nombreux dans le diocèse, pour développer ce projet.

Nos communautés de quartier sont encore à l’essai. Elles attendent l’annonce prochaine des orientations missionnaires du diocèse. Une bonne vingtaine de personnes sont sensibilisées à ces communautés de quartier et  six personnes peuvent accueillir une communauté chez elles. La rencontre dure une petite heure, une fois par mois. Il y a un temps d’échanges fraternels et un temps d’échanges spirituels à partir d’une Parole de Dieu. Une courte prière à la fin. La fraternité  qui est essentielle demande beaucoup d’écoute de l’autre. Aussi faut-il beaucoup de souplesse au cours de la rencontre. Il se peut que l’on parle d’un sujet inattendu mais très important pour le groupe : une actualité du monde ou de l’Eglise. Ces communautés réunissent catéchumènes et chrétiens, 8 ou 10 personnes seulement pour pouvoir créer la relation. Ces personnes sont si possible du même quartier, d’origines, de cultures, d’âges différents, à l’image de l’Eglise universelle.

Constitution de communautés

J’ai tout essayé : affiches, lettres, téléphone. Le meilleur moyen est la relation personnelle.  Aller à la rencontre d’une personne connue ou inconnue et voir dans la conversation si l’on peut aborder le sujet des communautés chrétiennes en quartier. Ne pas forcer, laisser la liberté. Que ce soit un choix.

Un animateur (ou une animatrice) qui aime l’Eglise, Corps du Christ, aujourd’hui, est nécessaire. Je vois déjà plusieurs laïcs qui pourraient l’être. Je verrai pour eux une rencontre à la paroisse, une ou deux fois par trimestre. Cette rencontre consisterait à parler du contenu, de la méthode et à faire une relecture des dernières rencontres. Ce serait le lien avec la paroisse qui est nécessaire.

 

L’Église hors les murs

Roland de Rassilly, co-fondateur d’un groupe Chrétiens en cité, Neuilly-Plaisance

Suite aux critiques négatives sur la vie dans la cité des Renouillères, exprimées par des paroissiens à Mgr Pascal Delannoy lors de sa visite pastorale, notre évêque nous a dit : « Vous pourriez vous réunir au lieu de rester seuls… » Alors, j’ai proposé à trois de mes connaissances de se réunir une première fois chez moi et d’amener d’autres personnes. Maintenant, on est une quinzaine à se réunir tous les deux mois. Le groupe est essentiellement composé de laïcs, mais le curé nous accompagne quand il peut. On réfléchit sur l’Évangile du dimanche et on fait un tour de table pour expliquer ce qui peut en ressortir pour la vie d’aujourd’hui. On fait une prière aussi avec les mystères du Rosaire. Il y a aussi des idées particulières qui arrivent spontanément.

Il y a des gens de tous âges, entre 35 et 80 ans, des couples, des célibataires, des veufs. Chacun trouve sa place quand on n’est pas plus de neuf à domicile. On cherche d’abord à se connaître. Le but est de sortir de la solitude, de retrouver la confiance et la joie. Parce qu’on s’aperçoit que si la personne est seule, elle est négative sur ce qui l’entoure parce qu’elle a peur, parce qu’elle n’est pas à l’aise. Quand on est seul, on se replie sur soi. On est malheureux, sans s’apercevoir qu’il y en a d’autres, parce qu’on n’est pas en mesure de voir. Le groupe fait sauter les verrous, s’ouvre aux personnes qui sont désavantagées. Une espèce de chaleur se transmet : ne se sentant plus seule, la personne a l’audace d’aller vers l’autre dans le quartier. Elle prend des initiatives, comme visiter et aider des gens malades, seuls, âgés… créer d’autres groupes.

C'est l'Esprit Saint qui nous mène

J’ai appris dernièrement qu’il y en a certains qui se retrouvent à 3 ou 4 chez les uns et les autres, en dehors des réunions qu’on fait, pour faire un goûter, une prière, un chapelet. J’ai vu certaines personnes qui avaient abandonné toute pratique de la messe, y aller.

Il y a par exemple une personne qui a été baptisée dans sa jeunesse, mais qui n’a reçu aucune éducation religieuse. Elle vient par sympathie, parce que c’est une amie qui l’a amenée. Elle ne dit pas grand-chose, mais elle écoute. Et d’un mois sur l’autre, elle a progressé énormément. Elle nous a dit : « Vous m’intéressez. Vous me dites des choses que je n’ai jamais entendues dans ma famille. »
Je suis vraiment très étonné parce que ça continue sans que je fasse quoi que ce soit. On prie et c’est l’Esprit Saint qui mène la chose.

Je m’aperçois que la spiritualité se développe dans le groupe et ça crée un besoin de sortir un peu du groupe. Je pense que ça va créer des initiatives. On envisage par exemple de faire une retraite, une recollection durant un week-end dans un monastère.

 

Célébrer l'eucharistie à la maison

Anne-Marie Hernandez, membre de la Mission ouvrière, Stains

Depuis 5 ans, des célébrations eucharistiques sont faites chez l’habitant à Stains dans le quartier du Bois-Moussay qui était en construction, où il était nécessaire de faire connaissance avec les futurs habitants. En se promenant dans le quartier, en faisant attention aux nouveaux visages dans nos paroisses, en discutant... nous avons proposé à une famille notre projet qui a été bien accueilli : préparation, célébration, convivialité avec un repas partagé.

Nous avions donc un premier rendez-vous pour choisir les chants et animer cette célébration avec les jeunes enfants, puis prévoir une date pour celle-ci.
Le jour venu, tout était prêt, Nous étions une quarantaine de personnes, chacune s'est présentée et la célébration a pu commencer avec beaucoup de participations. L'intensité de la prière était palpable. Nous venions d'horizons différents mais nous ne formions qu'une seule famille. Avant de nous quitter nous avons été invités à un repas convivial. Cela nous a permis de faire connaissance et de partager un peu de ce qui fait notre quotidien. Quelle expérience!
Depuis, plusieurs familles de ce quartier ont proposé de nous recevoir, ce qui a permis à certaines personnes de rencontrer une église proche des hommes.

D'autres célébrations ont vu le jour dans 3 quartiers différents, toujours sur le même modèle avec quelques variantes. En effet, en plus des chants en français, certains chants sont choisis dans la langue de la famille qui reçoit et nous pensons que cela est une manière de dire merci.

Ces célébrations eucharistiques chez l'habitant permettent :

• de tisser des liens avec ceux et celles qui habitent le quartier à travers les rencontres pour préparer la célébration eucharistique

• des temps de partage, de prières autour de cette célébration

• la participation des jeunes (soit par une lecture, soit en apportant leurs dessins et en les commentant)

• le dialogue interculturel permettant de partager nos expériences de vie

• de donner l'envie de renouveler cette expérience en se proposant d'être à son tour « l'accueillant ».

 

Heureux de se retrouver

Père Guy Gelly, prêtre aîné résident à la paroisse Notre-Dame de la Consolation, Stains

Dans sa lettre de mission, l’évêque me demandait d’être « particulièrement attentif à soutenir l’effort missionnaire des chrétiens du secteur et en particulier à leur façon d’être présents à la vie des quartiers, notamment en veillant à la naissance et au développement de communautés ecclésiales de proximité ».

C’était déjà un souci porté par l’équipe pastorale de Stains-Pierrefitte. D’ailleurs, Anne-Marie (ndlr : Hernandez, voir témoignage ci-dessus), participant à cette équipe, avait reçu la même mission. A ce titre, elle est à l’équipe diocésaine des cités (ndlr : service de la pastorale des cités). Nous assumons donc cette mission ensemble sur Stains.

Nous avons commencé au Bois Moussay : un lotissement de 100 maisons peuplé pratiquement que de migrants (Cap-Vert, Haïti, Sri Lanka, Inde, Antilles, Mali, Portugal, Congo, Cambodge, Algérie, Sénégal…). Ca représente une population jeune, d’environ 500 personnes.

Ce lotissement âgé de quelques années, avait déjà une histoire, marquée par des évènements comme le décès brusque du mari d’une capverdienne. Ca a tissé des liens de solidarité. Un certain nombre de chrétiens participant à des mouvements (Action catholique des enfants ACE, Jeunesse ouvrière catholique JOC) ou à la catéchèse, partie prenante aussi de la communauté à la chapelle du Clos Saint-Lazare (quartier voisin) témoignent d’un certain rayonnement dans le quartier.

Un climat simple et chaleureux

Avec Anne-Marie, nous avons proposé une messe dans le lotissement. Elle a eu lieu le 17 novembre 2010, après avoir été préparée avec une équipe du quartier. Les appartements ayant une grande pièce, nous avons célébré dans l’une d’entre elles. Nous étions une quarantaine de personnes. Et depuis, nous célébrons chaque trimestre un samedi soir, dans une maison, à tour de rôle. La messe est toujours préparée par une équipe, composée principalement de plusieurs capverdiennes. Il y a chaque fois plus d’une trentaine de personnes : adultes en majorité, mais aussi enfants, adolescents et jeunes. Le fait de célébrer dans une maison permet un climat simple et chaleureux, et favorise la participation : homélie dialoguée, prière universelle et action de grâce spontanées. Souvent, les enfants, guidés par une catéchiste, préparent des dessins. Personnellement, j’éprouve beaucoup de joie.

Ensuite, on dîne ensemble, plusieurs ayant apporté un plat. C’est l’abondance ! C’est surtout un moment de grande convivialité. On sent que les gens se connaissent et sont heureux de partager ce moment ensemble. Certaines personnes, libérées du travail, arrivent même à ce moment-là. Avant de rentrer chez soi, ce qui reste de nourriture est partagé entre les convives.

Une communauté ouverte

A chaque fois, je renvoie à la communauté du Clos Saint-Lazare, aux mouvements (ACE, JOC) et j’insiste pour qu’ils se rencontrent sans moi. C’est arrivé deux fois, lors d’une neuvaine avant Noël, et une fois où étant hospitalisé, ils ont célébré sans moi : « C’était comme avec le père Guy ! »… Je renvoie aussi au quartier. Mais celui-ci étant un peu isolés sans aucune structure, c’est difficile de s’organiser.

Avec Anne-Marie toujours, pendant deux ans, nous avons essayé de créer une communauté de proximité avec quelques personnes du quartier au Moulin Neuf, grande cité très populaire, à dominante musulmane. Mais sans salle, avec peu de personnes, c’est difficile ! Nous avons quand même célébré une messe et un baptême dans une famille capverdienne, il y a un an. Depuis, plus rien ! Il nous faudra relancer.

Autrement, il m’est arrivé à plusieurs reprises de célébrer l’Eucharistie dans des appartements, en général dans des cités, à la demande des gens, et aussi de participer à des réunions de prière. On y trouve des personnes qui ne viennent pas habituellement à la messe, mais qui sont heureuses de se retrouver. J’interviens peu, laissant la responsable mener. Mais j’insiste pour qu’il y ait toujours la Parole de Dieu, et pour qu’ils invitent largement.

 

Un groupe de jeunes dynamisé par l'Evangile

Paul Boli, coresponsable du "groupe de jeunes 18-35 ans des 2 Neuilly", Neuilly-sur-Marne

J’ai créé avec mon ami Garry Dokou le groupe de jeunes 18-35 ans des deux Neuilly parce qu’il n’y en avait pas et que les jeunes fréquentaient l’église sans se connaître. Le but était de les fédérer pour qu’ils puissent se rencontrer, échanger, débattre sur des sujets tels que : « comment vivre sa foi au quotidien et la partager ? », accroître notre connaissance de Dieu, construire des projets d’avenir. Le groupe est composé d'environ 35 jeunes (11 garçons et 24 filles) âgés de 18 à 35 ans. Nous nous rencontrons une fois par mois, le jeudi soir. Un calendrier est défini pour l’année. A chaque rencontre, nous allons à la messe, puis père Nicolas Maine fait une catéchèse sur le thème choisi et nous partageons un repas ensemble.

Le thème de cette année est basé sur les Béatitudes (Matthieu 5, 3-12) : les Béatitudes résument les attitudes ou le comportement que chaque chrétien doit avoir dans la vie. En tant que jeunes, on se pose la question de savoir comment faire pour aller au paradis et la réponse se trouve dans les béatitudes car si nous mettons en pratique tout ce qui se dit, Jésus nous promet qu’on ira dans le Royaume des cieux. L’Evangile a une place importante au sein du groupe à travers la célébration de la messe en semaine et les catéchèses du père Nicolas. Le thème des Béatitudes était au coeur de l'animation spirituelle du 1er tournoi de football diocésain que nous avons organisé en mai dernier.

Au sein de ma paroisse, en plus d'être l’un des responsables du groupe de jeunes 18-35 ans, je suis animateur des jeunes qui se préparent au sacrement de confirmation et aussi membre de l’équipe d’animation pastorale. Pour résumer en une phrase ce que cela m’apporte, je dirais comme notre Seigneur le dit : « Il y a plus de plaisir à donner qu’à recevoir. »
Le groupe s’implique dans la vie de la paroisse de différentes manières, en accompagnant les plus jeunes à des pèlerinages, en tant qu'animateurs d’aumônerie, pour le catéchisme, la préparation à la confirmation, etc.

Pour l’instant, il est trop tôt pour voir l’impact que l’Evangile a sur les membres du groupe comme cela fait moins d’un an qu'il a été créé. Cependant, tout au long de l’année le groupe a été au service de toute la communauté chrétienne de Neuilly-sur-Marne. Grâce à l’Esprit Saint j’ai cette espérance qu’au fil des années, l’Evangile aura une influence positive pour notre paroisse et dans l’environnement de chaque membre du groupe.

 

Oser témoigner de l'espérance du Christ

Annie Meyer, responsable diocésaine du mouvement VEA

Partager sa foi, sa vie est intéressant et enrichissant : un moyen de grandir. Pour moi, savoir exprimer sa foi avec ses propres mots dans un petit groupe où la confiance et la bienveillance sont présentes, est un apprentissage incontournable pour oser annoncer sa foi et en témoigner à l’extérieur, par une présence discrète mais efficace. A travers le mouvement Vivre ensemble l’Évangile aujourd’hui (VEA), dont les membres font le choix d’une société plus solidaire, plus juste, plus fraternelle dans l’esprit de l’Évangile, certains s’impliquent dans leur quartier par diverses actions.

VEA est un mouvement d’Action Catholique Générale qui conduit et aide ses membres pour un choix de vie tourné vers une société plus humaine : le respect et la défense du plus faible, se laisser interpeller par l’autre, les autres dans le souci de les faire grandir chacun en empruntant le chemin du Christ.

Nous sommes quatre équipes sur le diocèse (Drancy, Montfermeil et deux à Gagny) composées de femmes et d’hommes, retraités (plus largement) et actifs, d’horizons différents, engagés ou sur le seuil de l’Eglise, ce qui fait toute notre richesse. Nous essayons, ensemble, en équipe de 5-10 personnes et mensuellement, de comprendre à travers les situations exposées, ce que chacun vit, en y découvrant la présence de Dieu, pour ensuite oser témoigner de l’espérance du Christ sur nos divers lieux de vie, à l’image des compagnons d’Emmaüs.

Créer des liens et s'ouvrir aux autres

Comme diocésaine, je relaie les informations venant de la région et de l’Equipe Nationale aux équipes de base. Outre le réseau téléphonique qui fonctionne bien, nous nous réunissons en bureau et voyons ensemble quand et comment proposer des rencontres diocésaines (rassemblements, retraites...) et le choix des thèmes.
Mon rôle est de créer des liens entre tous, dans une ambiance chaleureuse et conviviale en ayant toujours le souci d’ouvrir les équipes à d’autres personnes qui désirent poser un regard sur leur vie à la lumière de l’Evangile.

Une présence discrète mais efficace

Certains sont responsables ou membres de services comme le SEM, les visites aux personnes âgées, le Rosaire, la liturgie, le CEP (groupe de prière), la pastorale des funérailles, l’Hospitalité diocésaine, la Conférence Saint-Vincent-de-Paul, le catéchuménat, le journal paroissial "Courrier de Gagny".
Nous ne clamons pas haut et fort que nous faisons partie de VEA, mais chacun, dans son rôle de baptisé et de chrétien se sent proche du plus pauvre, du plus démuni. Certains membres de VEA s'impliquent dans leur quartier par différentes actions : auprès des personnes âgées en leur portant la communion, en soutenant les personnes souffrant d'isolement, en assurant un suivi pour les familles en deuil et, hors paroisse, en accompagnant des prisonniers. D'autres rendent service à leurs voisins et permettent de créer des liens en organisant la "Fête des voisins".

Nos vies à travers celle du Christ

Une grande place puisque nous regardons nos vies à l’image de celle du Christ. Pour chacun des faits de vie, nous nous appuyons sur l’Evangile en recherchant les passages qui ont trait à la situation afin de voir à quel appel Dieu nous invite pour changer ou mieux poursuivre.
L'Evangile nous permet d'avoir un autre regard sur notre foi, nos actions, sur notre relation à Dieu pour être plus ouverts et attentifs aux autres.

 

Un lien naturel

Père Benoît Aubert, curé des paroisses d’Aubervilliers

Les paroissiens qui vivent la réalité des groupes de quartier font davantage l’expérience concrète de la fraternité et prennent plus conscience que notre foi ne se vit pas qu’à l’église. Cela pousse à interroger notre implication dans nos quartiers. Ces groupes doivent contribuer à consolider l’unité de notre communauté et nous stimuler pour vivre la dimension missionnaire de notre baptême. Un appartement dans son voisinage, plus neutre qu’une église, est un lieu très intéressant pour un véritable accueil chrétien qui permet à certains, une vraie découverte de l’Église catholique.

Depuis 3 ans, nous essayons de mettre en place des groupes de quartier au moment du Carême. Nos motivations sont les suivantes : coller au plus près aux orientations diocésaines ; permettre une meilleure connaissance réciproque entre les paroissiens ; accueillir des personnes au « seuil » de notre Église qui se sentiraient plus à l’aise dans un groupe de cette taille pour une première approche avec notre communauté ; vivre un partage biblique et de nos préoccupations.

Le nombre de ces groupes est variable : de 6 à 8. Il en est de même du nombre des participants : jamais plus de 10, avec une moyenne de 5-6 personnes par groupe. C’est une réalité fragile mais qui porte déjà quelques fruits.

Le contenu est préparé par des membres de l'équipe d'animation paroissiale (EAP) de l'église Notre-Dame des Vertus. Il y a toujours un partage biblique, avec une ouverture sur la vie de tous les jours, l’exemple d’une personnalité ou la proposition d’un texte du magistère…
Le thème de l’an dernier était « l’accueil »  et il y a deux ans c'était « le crédo ».

Les rencontres se déroulent chaque semaine avec l’une des équipes qui a décidé de se voir toute l’année. Nous aimerions bien permettre cet élargissement pour plus de groupes. Nous souhaiterions aussi réfléchir à un agir qui ferait suite à ces rencontres.

Je participe surtout en amont pour préparer le contenu des rencontres, assurer la communication et  la mise en route des groupes. Malheureusement, je ne suis pas assez présent au cours de ces rencontres. C’est une priorité pour l’année prochaine. J’essaie aussi avec l’EAP de permettre un bilan de cette activité et de lui donner une meilleure visibilité.

Au service de l'unité et de la mission

Le but premier était vraiment la recherche d’une plus grande unité au sein de la paroisse et le souci missionnaire.
C’est encore trop souvent des groupes où l’on se rassemble par affinité mais cela permet tout de même de se voir en dehors de la messe et de mieux saisir qu’être chrétien, c’est plus que de participer à la messe dominicale.
Une jeune fille, par le biais d’un de ces groupes, a noué un lien avec la paroisse : elle a été baptisée à Pâques et est maintenant assez engagée sur notre communauté.
Ces groupes sont une réalité paroissiale. Le lien se fait naturellement. C’est dommage que nous ne donnions pas une plus grande visibilité au déroulement de ces rencontres auprès de tous nos paroissiens.

Les membres de certains de ses groupes ont le souci d’inviter des personnes du quartier. Ces groupes peuvent être de véritables passerelles entre l’Église et le monde, à la condition que les membres de ces équipes portent le désir de créer ses liens et pas d’abord de créer des « groupes d’aise »…
C’est encore trop une question de sensibilité des uns ou des autres. Cela devrait être naturel.

La Parole de Dieu est toujours le cœur de ces rencontres. D’abord, il y a toujours un partage biblique. Ensuite, c’est vraiment l’Évangile qui pousse des personnes aussi différentes à se rencontrer et à se tourner vers l’extérieur.

 

Une confiance est née

Mireille, Adèle et Antoine, 3 familles qui ont formé une communauté de quartier, Bobigny

Nous avons entendu l’appel fait à la paroisse de Tous-les-Saints de Bobigny pour ouvrir notre porte afin de faire communauté dans notre quartier et de partager notre foi.
Nos trois familles se retrouvent régulièrement pour prier chez les uns et les autres à tour de rôle, et cela fait un an que nous cheminons ensemble.
Une confiance est née entre les trois familles, suivie d’une solidarité : partages de services, difficultés, joie, idées, repas dans la convivialité. Nous nous encourageons mutuellement
La confiance commence par une ouverture : « Voici que je me tiens à la porte et je frappe, si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi »
Cela apporte une confiance en soi et une grande stabilité.

Unis dans la prière

La prière est plus épanouie quand les trois familles sont réunies. La lecture de la Parole de Dieu, la compréhension partagée de certains passages, la méditation, deviennent l’expression de notre foi chrétienne.
Une invocation à l’Esprit Saint et une demande de pardon ouvrent toujours notre temps de prière.
Dans un temps de prière personnelle et universelle, nous formulons des intentions de prière pour nos proches, nos amis, en fonction aussi des évènements sur notre paroisse, notre ville, nos pays.
La louange  en groupe des familles a permis à nos enfants de savoir que ce n’est pas seulement à l’église que l’on prie mais qu’on peut prier aussi en famille, avec d’autres.
Nous vivons la joie et le plaisir de partager son temps avec des frères et sœurs chrétiens en présence de notre Seigneur Jésus-Christ. Nous avons formé une véritable famille. Avec les enfants, nous vivons cette joie  de la Parole de Dieu, et nous prions le « Notre Père » et le « Je vous salue Marie ».

Des fruits pour aujourd'hui et pour demain

La prière en familles nous a beaucoup aidés dans notre vie de chrétiens à avoir un temps pour écouter notre prochain.
L’accompagnement des enfants et des jeunes est très important. C’est une semence qu’on met dans ces enfants sans pourtant faire attention, mais qui portera des fruits plus tard.
Le constat est le même chez chaque membre, quand nous nous retrouvons 2 fois par mois, nous disons merci à notre Seigneur pour tout ce qu’il nous a fait vivre durant notre rencontre de prière.
Nous ne sommes pas un groupe de familles fermé, nous sommes ouverts à d’autres familles. Mais en même temps, on souhaiterait que d’autres familles nous emboitent le pas et nous prions pour cela !

 

Partager la parole de Dieu

Jean Peng, membre d’une communauté de quartier, Pantin

D'origine chinoise, marié, père de deux enfants, je détiens un restaurant rapide situé dans le 8e arrondissement de Paris. Ma résidence principale se trouve à Pantin. Avec les catholiques chinois du 93, nous nous retrouvons à l'église Sainte-Marthe de Pantin et je suis "animateur" de cette communauté.

Chaque dimanche, il y a une soixantaine de Chinois et une dizaine d'enfants. Cette communauté a été formée par le père Tanneguy (ndlr : Viellard), à la demande de notre évêque Mgr Delannoy qui souhaite son installation dans le département 93. 

Nous nous retrouvons chez une famille une fois par mois pour une soirée du Rosaire, nous prions ensemble le chapelet, suivi du dîner ensemble et du partage de la parole de Dieu. Il y a deux groupes du Rosaire dans cette communauté. Chaque famille prépare à son tour la soirée, ce qui fait deux fois par an pour chaque famille.

A part le groupe du Rosaire il y a plusieurs cellules d'évangélisation, qui se réunissent deux fois par mois pour partager la parole de Dieu dans la vie quotidienne. Ces groupes ont été fondés avant la communauté chinoise de Sainte-Marthe, il y a une dizaine d'années. Je constate que chaque membre progresse dans la découverte de la parole de Dieu. Il y a aussi des non chrétiens qui sont invités pour les soirées de cellules d'évangélisation. Ces rencontres leur donnent la soif de connaître l'Église.

 

L'Evangile au coeur de nos rencontres

Brigitte Ahonronsou, membre d'un groupe de quartier et de l’équipe d’animation paroissiale de l’église Notre-Dame-de Pontmain, Bagnolet 

Je fais partie du groupe de quartier Capsulerie/Sesto Fiorentino (Centre Sud de Bagnolet) composé de 16 membres dont une jeune, 2 hommes et 13 femmes sans compter notre diacre qui nous assiste.
Au départ c'était un petit groupe créé dans le cadre de la visite pastorale de l'évêque en 2010.
Objectifs : partager l'Évangile dans notre cité et en famille.
Actions : soutien et assistance en cas de coups durs et aussi dans les moments de joie.
En moyenne nous faisons une rencontre tous les mois pour parler des évènements vécus dans la cité et/ou dans nos différentes familles, partager autour de l'Évangile ou d'un texte biblique (ex : le diaconat, la conversion de saint Paul, l’encyclique La Joie de l'Évangile du pape François, etc.).
Je suis chargée de préparer et de diffuser les invitations pour les rencontres qui se font à tour de rôle dans les familles selon les disponibilités, ainsi que d'informer le groupe sur divers évènements de la paroisse.

J'ai intégré cette communauté créée dans le cadre de la visite pastorale de l'évêque sur proposition des soeurs Jeannie et Henriette car j'étais intéressée pour approfondir ma foi à travers ce que je peux apprendre dans une telle communauté...

Sûrement cela m’apporte un bien-être spirituel à travers nos partages, une liberté d'expression sans jugement, se servir de l'expérience des autres pour évoluer dans la foi...

En lien avec la vie de la paroisse et du quartier

Le groupe est en lien direct avec la paroisse, par le fait que ces rencontres sont assistées d'un prêtre ou du diacre et au besoin il informe la paroisse des cas qui ont besoin de son intervention. Par exemple, suite à un drame vécu il y a 2 ans, la mort d'un jeune tombé du 14e étage, le groupe s'est mobilisé avec la paroisse pour porter soutien à la famille par l'organisation d'une veillée de prières à l'église, qui était pleine de gens de toutes origines.

Ce groupe se trouve aussi des moments conviviaux en dehors des rencontres et se soucie aussi des dégradations du quartier (à travers nos jeunes guetteurs) mais sans vraiment y trouver une solution. Il porte soutien et assistance aux familles en souffrance.

La joie d’être chrétien

L'Évangile est au cœur de toutes nos rencontres pour un large partage selon ce que chacun a compris ou ressenti. Chacun exprime librement comment Dieu se manifeste dans sa vie, à travers les autres et la joie d'être chrétien.

Tous les membres du groupe expriment leur joie pour ces moments de partage de la parole de Dieu, leur participation à chaque évènement que ce soit au sein du groupe ou au sein de la paroisse. Par ces témoignages le groupe continue de s'élargir.

 

Propos recueillis par Anne-Marie Tossou

 

 

El Nino - "Church", clip officiel EP Renaissance
tourné à la basilique cathédrale St-Denis et à Aulany-sous-Bois

 

 

 El Nino - "Dieu dans nos quartiers", clip officiel EP RENAISSANCE 
tourné à Aulnay-sous-Bois

 

Repères

 

A lire...

 

Sur www.laici.va 

Conseil pontifical pour les laïcs

 

Sur www.ktotv.com

"Amaury Guillem - Au cœur des cités de Marseille, un chrétien témoigne"