Diacres pour l’Eglise et le monde (N°32 / Décembre - Janvier 2017) — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Diacres pour l’Eglise et le monde (N°32 / Décembre - Janvier 2017)

Dans certaines paroisses, la liturgie dominicale est présidée par un ou des prêtres avec la présence d’un ou d’autres hommes revêtus aussi, d’une aube blanche et d’une étole, mais transversale. Ce sont des diacres, des serviteurs, hommes des portes et du seuil pour que l’Eglise tout entière le soit.

« Si moi, le Seigneur et le Maître, vous ai lavé les pieds, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. » Jean 13, 14

 

Signes du Christ Serviteur

Appelés aux périphéries

J'ai ressenti beaucoup de joie !

Notre monde a besoin de signes

Nous sommes accompagnés de Dieu

L'Eglise a besoin de diacres dans tous les milieux

Un relai entre Eglise et société

Ministres du Seuil

Serviteur du célébrant et de l'assemblée

Repères

 

 

 

Signes du Christ serviteur

Sœur Anne-Marie Petitjean, enseignante au Centre Sèvres, chargée de formations dans le diocèse

Le diocèse célèbre cette année les 25 ans de la présence de diacres. Visibles dans certaines paroisses et reconnaissables lors des messes à leur aube avec une étole oblique, ces 26 diacres permanents, ont un pied dans l’Eglise et l’autre dans le monde pour que l’Eglise tout entière soit servante.

Certains diacres célibataires, seront ordonnés prêtres. D’autres, célibataires ou mariés, sont diacres de manière permanente. Leur présence a pu ou peut encore étonner car ce ministère était tombé en désuétude au Moyen Âge et que seul le ministère des prêtres parut nécessaire à l’Eglise.

Pourtant, au début du 2e siècle, des lettres d’Ignace, évêque d’Antioche, montrent que les communautés d’Asie mineure étaient présidées par un évêque et que celui-ci était entouré de prêtres, formant autour de lui une sorte de conseil permanent (le « presbyterium »), et assisté de diacres disponibles, soit pour secourir malades ou nécessiteux, soit pour partir en ambassade, là où l’évêque les envoyait.

Rien d’étonnant à cette pluralité. Le Nouveau Testament atteste qu’il n’est aucune annonce de l’Evangile ni aucune communauté rassemblée sans que certains membres y exercent un rôle particulier et qu’une caractéristique de ces « quelques-uns » est cette pluralité : il y a les Douze, les Soixante-Douze, les Sept… On y remarque aussi que tout porteur de l’Evangile est soucieux d’en appeler d’autres : Jésus en appelle Douze pour être pasteurs avec lui et après lui ; selon les Actes des apôtres, les Douze ne peuvent à eux seuls servir les communautés de Jérusalem : ils appellent sept hommes pour ce faire. L’épitre aux Ephésiens, répertoriant certains ministères, précise qu’ils sont dons du Christ pour que tous les baptisés prennent leur part à la diaconie de l’Eglise (le service de tous) au cœur du monde.

Au service du bien commun

Le Concile Vatican II (1962-65) est retourné à ces sources en rappelant que pour exercer sa charge pastorale, l’évêque a besoin des prêtres et des diacres (il parle aussi de coopérateurs laïcs). L’évêque, successeur des apôtres, a besoin de ces deux types de collaborateurs pour que l’annonce de l’Evangile garde le cap indiqué par Jésus maître et serviteur : il entend rassembler et nourrir son peuple ; il va aussi vers ceux qui n’en sont pas. Il annonce le Règne de Dieu en instruisant ses disciples mais aussi en guérissant quiconque au gré des rencontres les plus ordinaires de la vie.

Le Comité national du diaconat définit ainsi ce ministère : « Le diacre est un homme qui a répondu à un appel de l’Eglise pour être signe du service. Pour que l’Église tout entière soit diaconale, il aide les baptisés à vivre le service de Dieu et des hommes dans le monde en référence au Christ serviteur. » C’est pourquoi, à l’eucharistie, ils proclament l’Evangile qui fait ce qu’il dit, introduisent les intentions de la prière universelle, reçoivent les dons des fidèles, préparent le calice sans oublier d’y verser la goutte d’eau de notre humanité. Une humanité dans laquelle leurs professions ou engagements associatifs les plongent. Et ils nous envoient pour servir nous aussi dans la paix du Christ.

 

Appelés aux périphéries

Pascal Carteron, diacre permanent, Bondy

Marié avec Florence depuis 34 ans, parent de trois grands enfants, j'ai été appelé au diaconat en 2004 par le prêtre de ma paroisse.

Etant déjà impliqué dans l'Église, les personnes de mon entourage n'ont pas vraiment été surprises. Le ministère diaconal est encore peu connu et c'est souvent d’abord une réaction de questionnement sur le rôle et les missions du diacre notamment.

Dans mon travail de cadre supérieur à la SNCF, je n'ai jamais ressenti d'opposition, au contraire. Avant mon ordination, mes collègues avaient organisé une petite fête sur mon lieu de travail avec même une église en pièce montée.

Diacres permanents, nous sommes des ministres du seuil : un pied dans l'Église, un pied dans la vie du monde, comme mari, père de famille, travailleur. Nous ne sommes pas des sous-prêtres ou des super-laïcs. Nous avons été appelés et nous avons accepté, avec l'accord de notre épouse, pour les diacres mariés, d'être les témoins du Christ serviteur. Il est sans doute plus facile pour quelqu'un loin de l'Église de venir rencontrer un diacre qui peut lui paraître plus proche de lui plutôt qu'un prêtre dont il se fait peut-être une fausse idée.

C'est dans l'accueil de l'autre et ma façon d'agir envers lui, dans mon milieu professionnel ou dans l'Église que mon ministère diaconal doit porter du fruit, en donnant l'envie de redécouvrir ou découvrir plus profondément quelle est notre foi en Dieu. 

C'est une richesse pour l'Église d'ordonner des diacres permanents pour que l'Église se fasse encore plus proche et accessible pour ceux qui se trouvent aux périphéries comme nous le dit le pape François.

 

J’ai ressenti beaucoup de joie !

Phylippe Pavilla, diacre permanent, Saint-Denis

Être diacre, c’est être au service dans l’Eglise et aussi où je vis aujourd’hui. C’est la manière avec laquelle je peux rejoindre les plus démunis, les autres dans leurs difficultés, dans ce qu’ils sont. Mon évêque m’a confié quatre missions. La première, c’est faire vivre le sacrement du mariage à travers la famille. La deuxième mission,  c’est une attention aux sans domicile fixe, au sein du Secours populaire où je fais l’accueil et le vestiaire. C’est un moment de rencontre et de partage. La troisième mission est en lien avec la communauté Antille-Guyane dont je fais partie avec mon épouse : transmettre la mémoire et connaître son histoire pour grandir d’avantage. Dans ma quatrième mission, je travaille auprès des jeunes et des handicapés en tant que prof de judo et dans le cadre de l’handisport. Quand j’ai été appelé au diaconat, j’ai ressenti une joie. Aujourd’hui, je suis heureux de ce que je vis. C’est beaucoup de joie. Je souhaite à bien d’autres de découvrir cette joie.  

Tout baptisé dans l’Eglise est amené à proclamer la parole de Dieu, à en vivre et à servir. Durant ma formation j’avais dit que même si je n’étais pas ordonné diacre, cela ne m’empêcherait pas de continuer à servir l’Eglise. C’est une question de cœur.

 

Notre monde a besoin de signes

Nicolas Boisard, diacre animateur de l’équipe chargée de l’interpellation des diacres,

Le Conseil diocésain du diaconat (CDD) a fait plusieurs constats : il y a eu très peu de diacres ordonnés dans le diocèse depuis plusieurs années; les candidats au diaconat ont été peu nombreux; les interpellations au diaconat n’ont pas toujours été faites dans des conditions optimum faute d’un processus clair; les résultats d’une enquête sur le diaconat auprès de personnes pourtant membres des équipes pastorales (EP) et d'animation paroissiale (EAP) ou de mouvements d’Eglise ont montré que ce diaconat est mal connu. Et la quasi-totalité des personnes ignorait comment s’y prendre pour interpeller au diaconat.
Il nous a donc semblé nécessaire de sensibiliser sur le diaconat pour qu’il soit mieux compris, de mieux préciser comment interpeller une personne en vue du diaconat et de présenter ce processus aux membres des EP, des EAP et des mouvements et services diocésains.

Signes vivants et visibles de Jésus serviteur

Les diacres sont ordonnés pour être signes de Jésus-Christ qui s’est fait serviteur de tout homme. Heureusement, de nombreuses personnes, répondant à leur vocation de baptisé, s’engagent de manières très diverses dans ce service, tant dans l’Eglise que dans la société. Néanmoins, par l’ordination diaconale, l’Eglise souhaite offrir au monde certains hommes afin qu’ils soient des signes vivants et visibles de Jésus au service de chaque homme ou femme du XXIe siècle. En ce sens, nos communautés doivent se poser la question suivante : est-il utile aujourd’hui, pour les personnes qui nous entourent, qu’ils aient des signes que Jésus s’est fait serviteur de tous ? Si la réponse est oui, il sera utile qu’il y ait des diacres.

Quant à la mission des diacres, elle se résume dans ce pourquoi ils ont été ordonnés : être signe, ici et maintenant, de l’amour de Dieu manifesté en Jésus qui prend la tenue de service pour chaque personne. C’est bien sûr une tâche qui nous dépasse tous. Mais ceci dit, il y a mille façons d’être au service. C’est donc important qu’il y ait de nombreux diacres pour montrer de nombreuses facettes de ce service.

Des hommes ordinaires

Notre société est très marquée par l’efficacité, par la rentabilité. De ce fait, les personnes fragiles y trouvent difficilement leur place. Jésus nous a montré que l’essentiel était dans la relation, dans l’attention aux autres, quelques fois en ayant l’impression de perdre son temps. Est-ce que le message de Jésus aurait la même intensité s’il n’avait pas passé plus de 30 ans dans une vie d’homme ordinaire ? Il me semble que notre monde a besoin de redécouvrir cette manière dont le Christ a servi l’homme en prenant du temps, en considérant les personnes, en leur redonnant confiance. Il serait bien que le diaconat puisse être signe de cela.

Cela peut commencer par une interpellation – par exemple de son curé – à réfléchir au diaconat. Ou bien une personne se pose la question d’une vocation au diaconat. A partir de là, le CDD vérifie que le contexte est bien celui prévu par l’Eglise. Il est alors proposé au postulant de rejoindre une année de discernement en vue de pouvoir répondre à la question : A quoi Dieu m’appelle ?

Si au bout de cette année, le discernement permet d’envisager que cet appel soit le diaconat, le postulant commence une formation de 4 ans. Le discernement continue pendant toute cette période avec l’aide des autres postulants et de l’équipe chargée de les accompagner. Si cette vocation se confirme, au cours de la 2e année, l’évêque appelle officiellement et publiquement la personne au diaconat au cours de la 2e année. En effet, jusque là, le parcours s’était opéré dans la confidentialité afin de laisser au postulant et à l’Eglise une entière liberté dans leur choix. Enfin, la dernière étape est l’ordination qui se produit au cours de la 4e année.

Elles sont nécessaires pour se mettre sous le regard du Seigneur afin de découvrir quel est son appel pour moi. C‘est une période où, suivant l’expression de l’écriture, le Seigneur nous modèle comme le potier avec l’argile pour en faire un vase. De plus, cette période permet de découvrir ce qu’est réellement le diaconat, et comment il se vit dans le diocèse. Enfin, cette période permet à l’Eglise de s’assurer que la personne présente « les aptitudes requises » en vue du diaconat.

Diaconat permanent et mariage

Si le candidat est marié, il le restera bien évidemment après son ordination au diaconat. Le sacrement du mariage n’est pas altéré par cette ordination. Il est donc nécessaire que le postulant et son épouse puissent voir comment leur vie de couple va pouvoir continuer à s’épanouir en tenant compte de ce nouvel état de vie. La femme doit donc avoir pleine conscience de ce qui est proposé à son mari et imaginer comment elle vivra sa propre vocation avec un mari diacre. C’est si vrai que l’ordination au diaconat ne peut avoir lieu que si l’épouse est d’accord. Pour s’en assurer, l’évêque demande solennellement à l’épouse son accord le jour de l’ordination. Enfin, l’épouse est une aide précieuse pour le candidat dans sa réflexion sur l’appel au diaconat.

Quant à la place des enfants, elle est très différente en fonction de leur âge. S’ils sont très jeunes, on ne peut leur demander de se déterminer sur une question qui les dépasse. S’ils ont pris leur indépendance, ils seront moins concernés. C’est donc aux parents de voir comment associer les enfants à ce cheminement en fonction de leur âge, de leur présence dans le foyer et de leur capacité d’appréciation.

Parce qu'il les aimait jusqu'au bout

Méditez l’évangile du lavement des pieds (Jean 13, 1-17). Voyez comme Jésus a besoin de laver les pieds de ses disciples pour qu’ils comprennent qui il est. Et découvrez comment Jésus n’a pas réalisé cela seulement par besoin mais surtout parce qu’il aimait ses disciples jusqu’au bout comme le précise le texte. Aujourd’hui, notre monde, nos communautés, les personnes que nous côtoyons ont-ils besoin d’avoir des signes de ce Jésus qui se met à nos pieds pour nous aimer et nous servir ? Si oui, des personnes peuvent-elles en être le signe en devenant diacres ?

Les communautés ou les hommes qui s'interrogent sur le diaconat permanent peuvent prendre contact avec le responsable du Conseil diocésain du diaconat qui est Philippe Solignac, diacre permanent - 06 75 41 88 92 ou envoyer un courriel

Vous pouvez aussi prendre contact avec Nicolas Boisard, diacre animateur de l’équipe chargée de l’interpellation, 06 60 36 65 00 ou envoyer un courriel

 

Nous sommes accompagnés de Dieu

Roselyne Cordier, épouse d'un diacre permanent

Etudiants à Paris, nous nous sommes mariés, et nous sommes venus à Montreuil avec notre premier bébé. Nous y avons élevé 4 enfants qui ont pris leur envol professionnel et familial en dehors de la région. Ils sont touchés et respectueux du choix de leur père depuis le début.

J’ai aujourd’hui cessé mon activité professionnelle et, pour autant, sa richesse en colore toujours ma personnalité. J’ai travaillé comme psychologue d’abord puis comme psychanalyste, avec des personnes de situations personnelles et sociales différentes : auprès de tout-petits, d’enfants, de femmes isolées, de jeunes dits « porteurs de handicaps » avec de nombreux collègues. J’ai reçu ceux qui venaient rechercher les moyens de prendre leur vie en main. J’ai animé de nombreuses équipes, de bénévoles en soins palliatifs, et de soignants. J’ai aussi toujours partagé une vie associative importante et des groupes de travail où la lecture biblique y était centrale. C’est durant cette période que la réflexion du diaconat a été proposée à Christian, il y a plus de 20 ans.

L'appel au diaconat

Comment cela est-il arrivé ? Je retrouvais Christian chez un ami prêtre, il y avait été question de diaconat, ils venaient de l’évoquer, et pas plus que lui je ne connaissais ce terme. Ce vocable m’a interrogée mais sans plus. Je n’en voyais pas le sens. Christian partageait cet avis et m’a proposé de répondre positivement pour avoir plus d’éléments. Je ne comprenais pas en ces débuts, l’intérêt de ma présence, mais je m’y suis prêtée.

Et il y eut le temps de cette présentation, de l’approfondissement diocésain. Il y eut celui des week-end de la formation à Orsay avec 5 autres couples, épaulés par ceux qui cheminaient déjà, les premiers dans le diocèse et qui terminaient ce parcours, puis par ceux qui le démarraient après nous. Les ordinations des uns et des autres étaient alors un bain de paroles de festivités et d’attentions nombreuses. Les élaborations et la réflexion en diocèse, les nombreux échanges ont eu raison de mes réserves.

Associée à mon époux

Aujourd’hui, 19 ans après l’ordination de Christian, je trouve essentiel d’être associée à ce cheminement. Pour ma part, j’aurais certainement acquiescé à l’engagement diaconal de mon époux, mais sans en être ; au fond comme dans sa vie professionnelle ce serait un engagement différent.
C’est cela qui a été le plus grand bouleversement : Christian serait diacre, et j’y serais associée activement. Dans notre mariage, nous nous sommes engagés l’un envers l’autre, dans l’Alliance de Dieu, pour que vive la Vie. Dans le diaconat de Christian, j’en serais, mais autrement et sans savoir comment.

Je ne suis pas investie dans un quelconque rôle dans les missions qui lui sont confiées, pas du tout. Par contre serviteur pour que toute l’Eglise porte ce service à l’humanité, oui, j’y adhère complètement. Je suis de cette Eglise-là,  pour porter en notre alliance la prière pour le monde, pour vivre en notre alliance reçue de Dieu à notre mariage cette coloration spécifique du service du frère et de la parole divine.

Je n’ai pas vécu de difficultés avec le fait que Christian soit diacre. Et je m’amuse toujours intérieurement de cette curieuse habitude qu’ont certains, de demander si « le diaconat de mon mari crée une tension dans le couple ou en famille ». Il n’y a pas de diaconat de mon mari,  il est diacre c’est tout. Il y a une emprunte, une coloration évidente et très forte de son engagement en Eglise  sur nous. J’en suis la première aspergée. Nous sommes accompagnés de Dieu et de la fraternité diaconale d’abord. Et il y a sans doute entre nous, les femmes des diacres, une belle complicité reçue avec l’ordination de nos époux, complicité diocésaine, mais aussi au-delà.

Sur le plan personnel, je m’étonne moi-même d’une spiritualité qui se développe et que je perçois comme essentielle. Et sans doute est-ce la grâce des sacrements : en être transformée. De nombreux couples bibliques (ou non) l’éclairent : Joseph l’époux de Marie, Sarah d’Abraham, Claire avec François d’Assise, mais encore aujourd’hui les sœurs du Monastère Françoise Romaine aux côtés des moines du Bec Hellouin ; comme une forme d’accueil d’un appel fait au très proche (au conjoint pour nous), et une facilitation pour que cela se déploie, une mise à disposition librement offerte.

 

L'Eglise a besoin de diacres dans tous les milieux

Bernard Moulin, diacre permanent, Montfermeil

La campagne d’interpellation au diaconat permanent dans le diocèse a été relancée parce que, pour continuer à vivre, tout corps a besoin de se renouveler. C’est pourquoi il faut régulièrement faire un appel. Le nombre de diacres présents dans le milieu professionnel diminue pour cause de retraite alors que la présence dans ce milieu est une part importante de leur mission. L’Eglise a besoin de diacres dans tous les milieux et de tous les âges.

L’Eglise n’a pas ordonné de diacres permanents pendant plusieurs siècles et cela ne l’a pas empêchée de vivre et d’annoncer Jésus-Christ. Le rétablissement du diaconat permanent s’inscrit dans l’esprit général du Concile Vatican II : une Église en solidarité avec l’humanité dont elle partage «les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses », une Église, «Peuple de Dieu», «servante et pauvre». Je ne crois pas que le mot « utile » s’applique au diacre dans le sens de faire des choses. Sa mission se situe plus au niveau de « l’être » : être pour l’Eglise et le monde un signe de l’amour du Christ serviteur. Le diacre n’est pas ordonné pour pallier au manque de prêtres.

La mission des diacres permanents dans l’Eglise et dans le monde est d’être signe du Christ serviteur, cela se traduit effectivement par des actes, par des engagements, notamment auprès des pauvres et des hommes et des femmes qui n’ont pas rencontré Jésus-Christ. Dans l’Eglise, le diacre est serviteur de la charité, de la Parole et des sacrements, mais pour que tous soient au service des hommes, pour que l’ensemble de l’Eglise soit servante, et dans le monde (encore que l’Eglise est dans le monde) il est témoin de l’amour du Christ qui sauve tous les hommes.
Dans la communauté, il est celui qui fait le lien entre celle-ci et ceux qui sont à l’extérieur de l’Eglise.

Des étapes pour devenir diacre

Le cheminement pour devenir diacre est le suivant. Des chrétiens ont remarqué des hommes qui ont un certain charisme de service et une foi profonde. Ils les signalent aux curés ou aux responsables de service ou de mouvement. Ceux-ci demandent à ces hommes s’ils acceptent de réfléchir à un appel au diaconat. S’ils acceptent, ils feront une première année de discernement suivie de cinq ans de formation (4 week-end plus 5 à 6 réunions en semaine par an). Le discernement se poursuivra pendant les deux premières années de formation. L’évêque appelle à l’ordination diaconale pendant la quatrième année. Pendant tout ce temps, l’Eglise et la personne interpellée restent libres de leur décision. C’est pourquoi une grande discrétion est demandée.
Ces temps sont nécessaires car l’ordination diaconale engage toute la vie. Tout engagement implique aussi une formation.

Même si ce n’est pas le couple qui est ordonné, il est important que la femme du candidat saisisse tous les enjeux de l’ordination et puisse donner son accord pour cet engagement en toute connaissance de cause. C’est pourquoi il lui est aussi demandé de discerner et de suivre la formation. En ce qui concerne les enfants, pour que le couple puisse garder sa liberté de décision, ils seront informés par les parents lors de l’appel de l’évêque.

En ces temps de repli sur soi et de tentations communautaristes, il est important que les communautés interpellent des hommes qui, là où ils sont, pourront annoncer la bonne nouvelle du salut. C’est aussi une façon de répondre à l’appel de notre Pape qui nous demande d’être aux périphéries et pour les communautés de s’ouvrir à l’extérieur.

 

Un relai entre Eglise et société

Ernest Badji, membre de l'équipe pastorale de Gagny

Je viens d’être sollicité pour participer au Conseil diocésain pour le diaconat (CDD). Dans nos paroisses (St-Germain et Ste-Thérèse) nous avons un diacre, André Jourde, qui a la charge de l’accompagnement des couples qui se préparent au mariage, la préparation au baptême, l’accompagnement de la mission ouvrière. Il est investi par ailleurs  dans l’association de son quartier, Groupement pour le cadre de vie (GPCV) et élu membre du conseil citoyen du quartier. Dans la vie professionnelle il est syndicaliste à la CFDT et greffier pour une juridiction spécialisée traitant des contentieux de l’aide sociale.  

La mission propre du diacre pour moi est d’inviter tous les chrétiens au service de leurs frères. Il invite chacun, par sa présence dans l’Église, à se situer selon sa vocation propre. Portant le souci de la mission particulière qui lui est confiée et des personnes qu’il rencontre, il a vocation à sensibiliser les chrétiens aux pauvretés et détresses de tous ordres.
Son double enracinement d’homme engagé dans la vie et de ministre ordonné lui donne un rôle de pont entre l’Église et la société des hommes.
Son expérience humaine, les contacts qu’il noue dans ses différents milieux de vie, les missions qu’il reçoit de son évêque et qui l’orientent vers des personnes ou des groupes humains bien particuliers font de lui un interlocuteur naturel. Pour beaucoup de ceux qui le côtoient, croyants, ou plus souvent encore qui se disent loin de l’Église, il représente l’Église facilement accessible.

Si je devais résumer l’apport de la présence d’un diacre dans la paroisse et dans la société, je dirais qu’il a un rôle de relai, de passeur dans les deux sens, de la société vers l’Église, de l’Église vers la société.

 

Ministres du seuil

Père Hubert Louvet, curé à Montfermeil

Prêtre depuis une bonne vingtaine d’années, je vis actuellement ma quatrième mission et à chaque fois, j’ai eu la grâce de vivre la mission avec des diacres permanents.  Diacre signifie serviteur et le diacre rappelle à toute l’Eglise qu’elle est appelée à être servante et que tout chrétien a vocation au service : le Christ lui-même est au milieu des disciples comme celui qui sert : Il lave les pieds de ses disciples au soir du jeudi saint et Il les invite à faire de même (Jean 13, 14-15). Le diaconat est le premier degré du sacrement de l’ordre si bien que prêtres et évêques sont aussi diacres permanents en un sens mais on réserve dans le langage courant ce terme à ceux qui le resteront durant toute leur vie sans accéder aux autres types de ministère. J’ai donc eu la chance de vivre tout d’abord une proximité avec cinq diacres et leurs familles (sur les cinq, un seul est célibataire). Leurs missions sont le plus souvent axées sur la charité (aumônerie d’hôpital, service des plus démunis), la préparation aux sacrements (baptême, mariage), les jeunes adultes, la participation aux équipes d’animation (Equipes d’Animation Paroissiale ou Equipe Pastorale). Grâce à sa formation, à sa participation au sacrement de l’ordre, le diacre a une proximité naturelle avec le prêtre. Il  est situé comme un laïc par son insertion dans le monde via le plus souvent par sa vie professionnelle et par sa vie conjugale et familiale ; aussi connaît-il  bien  la réalité d’une vie «  ordinaire » et peut-il  apporter au prêtre un éclairage intéressant.

Un pont entre la communauté et le prêtre

J’aime voir le diacre comme un ministre du seuil, celui qui amène au Christ, tel Jean Baptiste. Je me souviens de l’un d’entre eux qui avait préféré quitter le chœur au moment de la liturgie de la Parole afin d’aller converser à l’entrée de l’église avec des jeunes dont le comportement laissait à désirer durant la messe. Le diacre est peut-être un pont entre la communauté et le prêtre, entre la communauté et ceux qui se sentent aux marges de l’Eglise. Bien souvent, je suis émerveillé par le sens du service et le don de leur vie qui émanent d’eux. On sent aussi que ce ministère les remplit de joie et est aussi source de joie pour les épouses même s’il leur faut parfois accepter que leur mari consacre du temps à son ministère au détriment, à première vue, de ses proches.

 

Serviteur du célébrant et de l'assemblée

Michel Richoux, diacre permanent, Livry-Gargan

Je suis très souvent à l’autel sur l’une ou l’autre paroisse de la ville où je fais l'homélie 1 à 2 fois par mois. Je suis responsable du service migrant de la délégation du Secours Catholique(à Rosny-sous-Bois) où j'accueille notamment tout le mercredi (avec  une équipe) les étrangers sans papier. Je « pilote » aussi une équipe « Diaconia »  qui travaille depuis octobre le texte du pape François sur la famille). J’ai proposé au nouveau curé d’accompagner une équipe de laïcs pour les obsèques.

Le jour de mon ordination l’église Saint-Michel était pleine : paroissiens, amis, parents, collègues. Mais je ne perçois pas d’attente particulière. Peu de paroissiens sont venus à la soirée de présentation du diaconat par le diacre responsable de l’époque. Et cela leur reste peu clair. Aussi des textes de présentation du diacre, notamment sur le plan liturgique, ont été distribués lors de mes 5 ans, puis 10 ans de diaconat.

Je perçois fortement mon rôle de diacre comme à la fois serviteur du célébrant et de l’assemblée, notamment par des attitudes ou des paroles significatives de ce rôle de diacre.

Bien sûr, ce ministère est vécu étroitement avec ma femme qui fait suggestions et réflexions. Je pense depuis longtemps que chaque communauté chrétienne devrait avoir un diacre (environ la moitié des communes du 93 n’en ont pas), de même un diacre aux côtés de l’évêque (à tour de rôle bien sûr) et idem pour le pape. Mais on constate un problème pour recruter de nouveaux hommes pour le diaconat. En fait, je pense que les paroissiens sont guère attentifs à ce diaconat permanent qui reste peu compris. Donc il n'y a pas d’appel. Autrement dit, bien des paroissiens sont davantage dans le rituel que dans le service de la charité qui leur paraît secondaire, ou plutôt, ils pensent qu'il n’y a pas vraiment besoin de diacres pour cela. Des laïcs font au moins aussi bien… Cela pose le problème d’une formation religieuse approfondie.

                                                                                             

Propos recueillis par Anne-Marie Tossou

 

Repères

 

Contacts

  • Les communautés ou les hommes qui s'interrogent sur le diaconat permanent peuvent prendre contact avec le responsable du Conseil diocésain du diaconat qui est Philippe Solignac, diacre permanent - 06 75 41 88 92 ou envoyer un courriel
  • Vous pouvez aussi prendre contact avec Nicolas Boisard, diacre animateur de l’équipe chargée de l’interpellation, 06 60 36 65 00 ou envoyer un courriel

A lire

  • Revue Diaconat Aujourd’hui, la revue des diacres pour le monde - Abonnement : 58 av. de Breteuil, 75007 Paris
  •  «Service des tables et services de la Parole», M.-T. PERROT, Cahiers Evangile n°159, 2012

Site national du diaconat permanent
A voir sur le site  : les vidéo-témoignages

Sur www.vatican.va