Qui sont nos prêtres ? (N°38 / Janvier - Février 2018) — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Qui sont nos prêtres ? (N°38 / Janvier - Février 2018)

La diversité des prêtres en mission dans le diocèse est grande, à l’image de ses communautés paroissiales. Le prêtre est donc appelé au « don désintéressé de lui-même au diocèse auquel il appartient ou dans lequel il exerce, comme pasteur et serviteur de tous. Cette appartenance diocésaine touche indistinctement tous les prêtres qui y exercent, non sans valoriser le charisme propre de chacun. »*

Légende de l'image

« Le même Esprit crée la diversité, l’unité, façonne un peuple nouveau, diversifié et uni : l’Église universelle » (Pape François)

 

Servir l'Eglise dans la diversité

Unis dans la diversité

Don de la foi

Faire triompher l'Eglise universelle

J'espère me faire tout à tous

Une équipe cosmopolite

C'est bon toute cette diversité

Témoins de Jésus-Christ dans l'ordinaire des jours

Repères

 

 

Servir l'Eglise dans la diversité

Père Laurent Gizard, curé des paroisses de Villemomble - Unité Pastorale Le Raincy-Gagny-Villemomble

Notre évêque, Mgr Pascal Delannoy, rappelle souvent aux prêtres du diocèse que « quelle que soit la mission qui nous est confiée, nous sommes invités à la vivre dans un esprit de service ». Pour la diversité des prêtres en mission dans le diocèse, « cela signifie également voir les choses et agir en communion avec l'évêque et les confrères prêtres, pour le bien du peuple de Dieu »*.    
Ma mission de curé m’est confiée avec deux confrères : les pères Rémy Engelmann et Jean-François Ribard. Ils sont d’un grand soutien pour accompagner les personnes de tous âges qui sont présents sur nos paroisses. Nous appartenons à la Fraternité Missionnaire des Prêtres pour la Ville (FMPV). Nous avons donc une vie communautaire : prière le matin, repas ensemble, messes concélébrées et conseil hebdomadaire. La FMPV est présente à Villemomble depuis 2002 à la demande de Mgr de Berranger pour soutenir les vocations et manifester la joie d’être prêtre diocésain.

Outre la paroisse, nous avons une école de la Congrégation des Servites de Marie qui fête ses 90 ans de présence à Villemomble. Notre collaboration est forte avec l’école, et le père Rémy passe une grande partie de son temps au service de la pastorale scolaire.
Ma vie quotidienne forme un tout bien uni ! Outre la communauté et la vie paroissiale nous avons un foyer de jeunes étudiants et jeunes professionnels. Ils vivent à côté de nous ! Nous partageons un repas chaque samedi midi et nous partageons même avec eux les machines pour laver le linge ! Comme le dit l’expression on lave son linge sale en famille. J’ai le sentiment que nous formons avec eux quelque chose de cet ordre. Mais cela a des conséquences. Deux fois par mois, avec un de mes confrères, nous faisons les courses au supermarché local. Nous remplissons deux chariots ! C’est pour moi une façon d’exercer et de vivre mon service pour cette communauté que nous formons.

Le prêtre diocésain, que je suis, est au service de l’évêque et d’une Eglise particulière (un diocèse). Ma tâche est d’aider l’évêque dans ses missions au service du peuple de Dieu. Contrairement aux prêtres missionnaires et religieux, nous restons souvent dans la même région. Nous avons donc, avec le temps, une meilleure connaissance des personnes au-delà des catholiques. Cela permet de créer un lien de confiance et d’amitié avec les familles accompagnées dans les différentes étapes de leur vie chrétienne. Pour les prêtres diocésains, les chrétiens du diocèse deviennent les membres de leur propre famille.

Prêtres d’ici et d’ailleurs    

Un peu moins d’un tiers des 130 prêtres en mission dans le diocèse ne sont pas diocésains et viennent d’autres diocèses pour repartir après leur mission achevée : Spiritains, Lazaristes, Rédemptoristes, Fils de la charité, Piaristes, Jésuites... Nous les aidons à s’intégrer dans la famille diocésaine le mieux possible et eux nous apportent un regard neuf sur notre diocèse.
Le Conseil presbytéral représente l’ensemble des prêtres du diocèse auprès de l’évêque. C’est pour lui l’occasion de les rencontrer et de réfléchir avec eux aux grands enjeux de la vie chrétienne dans notre diocèse. Les membres de ce Conseil sont élus par leurs pairs. Ma mission en tant que vice-président consiste à animer les rencontres et à organiser les retraites spirituelles proposées aux prêtres. Une fois par an, nous organisons la rencontre des prêtres du diocèse le Mardi Saint. A l'occasion de la messe chrismale, notre évêque, entouré des prêtres du diocèse, manifeste la prière et l'unité avec lui des prêtres qui renouvellent solennellement la promesse de leur ordination sacerdotale.

Je me demande toujours si le Conseil permet à l’évêque d’entendre vraiment la voix des prêtres du diocèse et de discerner avec eux ce que l’Esprit Saint attend de nous. Comme nous y invite le pape François, demandons cette grâce à l’Esprit Saint : « Esprit de Dieu, Seigneur qui te trouves dans mon cœur et dans le cœur de l’Église, toi qui conduis l’Église, façonne-la dans la diversité, viens ! Descends encore sur nous et enseigne-nous l’unité, renouvelle nos cœurs et enseigne-nous à aimer comme tu nous aimes ! Amen. »

 

Unis dans la diversité

Père Franz Lichtlé, curé modérateur - Unité Pastorale Le Blanc-Mesnil-Le Bourget-Drancy (Saint-Louis)-Dugny
Je suis alsacien d'origine, religieux de la congrégation du Saint Esprit. Etant donné que le 93 et ses communautés chrétiennes sont peuplés de gens de toutes les cultures, le père Olivier de Berranger (évêque du diocèse de Saint-Denis de 1996 à 2009) a vu que les Spiritains, qui vivent l’inter-culturalité à travers leurs missions dans le monde et en communauté, avaient une tradition qui pouvait aider le diocèse « arc-en-ciel » à mieux entrer dans la diversité culturelle et aider les chrétiens de diverses origines et sensibilités à faire communauté. Nous sommes tous des hommes, mais  naître  en Algérie, au Congo, au Sri Lanka ou à Paris fait de nous des hommes « culturellement » différents, tant au point de vue de ce que l’on cultive et mange, que de nos manières d’entrevoir la vie, la mort, Dieu, les rites…

Il s’agit de chercher ensemble, avec nos expériences passées, comment mieux détruire la Tour de Babel qui séparait les hommes pour continuer la Pentecôte, grâce à laquelle, parlant des langues différentes, ils sont unis dans l’Esprit-Saint. A la paroisse Saint-Charles, de 2001 à 2017, il y a eu quinze prêtres spiritains originaires de différents pays africains (Nigéria, Congo, Tanzanie, Ouganda, Ghana, Cameroun), européens (un irlandais, un polonais, cinq français) et d’Haïti.      

La touche spiritaine

Une fraternité spiritaine a été fondée pour permettre aux paroissiens de se nourrir de notre spiritualité, de se rapprocher de notre charisme diversement vécu à travers la France et le monde, et de se familiariser avec nous. Certains ont pu vivre des voyages organisés par des confrères de la communauté (Pologne, Tanzanie, Ghana…) et ainsi reconnaître la touche spiritaine dans ces pays. Bien sûr, nos homélies du dimanche, nos petits commentaires des messes de semaine, notre façon de conduire les rencontres et les orientations pastorales, notre façon d’être au quotidien sont emprunts de ce que nous sommes comme Spiritains, même si c’est rare que nous le signons comme tel.

Une plus grande tolérance vis-à-vis de l'autre

En 30 ans de vie religieuse, j’ai changé quatre fois de communauté. C’était à chaque fois un déchirement de partir, de quitter un lieu et des personnes, des activités et engagements. Mais c’est un choix délibéré. J’essaie de m’engager à fond dans ce que je fais au présent. Il y va du respect de celles et ceux qui me succèdent, et qui ont leur apport à donner.
Particulièrement en Seine-Saint-Denis et sur nos paroisses, beaucoup ont quitté leur maison, leur pays, leur famille, non par choix, mais par obligation : politique, économique, professionnelle… Notre situation de déracinés nous permet de vivre une forme de compassion avec celles et ceux qui vivent mal l'éloignement des leurs. Notre réalité leur permet aussi d’être plus facilement à l’écoute de ce que nous pouvons exprimer de notre foi et de notre espérance. Pouvoir échanger autour de ces souffrances soude une communauté et permet une plus grande tolérance vis-à-vis de l’autre.
J'ai été en stage pastoral avec la délégation catholique pour la coopération, pendant deux ans à Pointe Noire au Congo Brazzaville.
En première affectation, après mon ordination presbytérale, j'ai été en Haïti : Jacmel et Pont Sondé.
Ensuite, j'ai passé six années à Valence dans la Drome pour l'animation d’un foyer de jeunes et pour la pastorale dans une nouvelle paroisse de cinq clochers, dans la banlieue nord de Valence.
Depuis neuf ans, je suis dans l’équipe spiritaine à laquelle a été confiée l’Unité pastorale du Blanc-Mesnil comprenant six paroisses.

Ouverts à tous les hommes

Le « charisme » des Spiritains est de porter la Bonne Nouvelle de l’Évangile de Jésus-Christ aux quatre coins du monde.
En témoins de l’Evangile, « nous l’annonçons à des peuples et à des groupes humains qui ne l’ont pas encore entendu. Ainsi nous proposons une rencontre féconde entre l'Evangile du Christ et les traditions locales culturelles et religieuses ».

Ouverts à tous les Hommes, « nous dialoguons et collaborons loyalement avec les responsables et les croyants des autres religions et avec ceux qui ne croient pas en Dieu. Nous sommes confiants en l’Esprit Saint qui nous mène, les uns et les autres, dans la vérité tout entière ».

Face aux défis du monde, « nous sommes engagés auprès des pauvres, pensant que l’Evangile invite à la libération intégrale de l’homme, à l’action pour la justice et pour la paix et à la participation au développement, plus spécifiquement dans les milieux en difficulté sociale. Nous nous faisons, au nom du Christ, avocats, soutiens et défenseurs des faibles et des petits. Nous privilégions les situations pour lesquelles l’Église trouve difficilement des ouvriers apostoliques. »

Vivre la fraternité

Nous vivons au quotidien les dimensions communautaires et fraternelles au niveau de la communauté spiritaine à travers :
-  la rencontre communautaire du lundi soir est essentielle : temps de reprise de ce qui a été vécu au cours de la semaine, et comment ces moments ont nourris notre foi, nous ont questionné, remis en cause… Temps également pour échanger autour du programme d’activités de la semaine à venir, partage des services de la semaine et information sur des visites et des rencontres.
-  la messe du jeudi matin, entre nous, qui est un autre temps fort communautaire et qui peut être suivie de mises au point.
- L’office du milieu du jour et les vêpres qui sont dites par ceux qui sont dans la maison à ces heures…
- les repas qui sont pris en commun.

Avec les autres prêtres de l’unité pastorale, nous vivons au quotidien les dimensions communautaires et fraternelles à travers :
- la table qui leur est ouverte les mardis, ainsi qu’au père Bertrand de Drancy.
- Le mercredi nous allons tous manger à Ste Louise de Marillac à Drancy.
- Une fois par trimestre nous nous retrouvons tous ensemble, les sept prêtres de l’unité pastorale, pour une matinée d’échanges, de partage fraternel et de nouvelles des villes, des paroisses et du diocèse. 

 

Don de la foi

Père Serge Nzuzi, curé des paroisses de Romainville - Unité Pastorale Romainville-Bagnolet
Originaire de la République Démocratique du Congo, j’ai frappé à la porte du diocèse de Saint-Denis dans le cadre de Fidei Donum (« don de la foi ») qui met des prêtres à la disposition d’autres diocèses pour participer à la mission universelle de l’Église. Je viens rendre service dans un diocèse qui n’est pas le mien dans un esprit de collaboration entre Églises diocésaines.      
Cette expérience de la rencontre des cultures devient une richesse pour celui qui est donné et pour ceux qui l’accueillent. Il appartient donc à la communauté accueillante de recevoir le prêtre qui vient comme un don de la foi et à ce dernier de s’intégrer dans le projet pastoral mis en place.

Ainsi, le grand défi, est de faire de cette diversité d’expériences une chance pour les deux diocèses. Cette diversité peut devenir un lieu d’enrichissement où chacun apprend à connaître l’autre, à s’ouvrir avec respect à sa culture, à écouter ses questionnements, à tenter de comprendre ses résistances ou ses hésitations, sans vouloir dominer, ni imposer sa vision. C’est dans l’ouverture et en encourageant l’émergence des charismes dans leur diversité que se joue l’avenir de nos communautés. Que chacun, dans le respect de sa vocation, apporte sa part à la mission de l’Église.

Les missions du prêtre

Voulant faire des chrétiens un seul corps, le Seigneur a établi parmi eux des ministres, investis des pouvoirs d’offrir le Sacrifice et de remettre les péchés, qui exercent publiquement en son nom la fonction sacerdotale (PO n°2). C’est en ces termes que le concile Vatican II définit la mission des prêtres. Ces derniers sont au service du peuple de Dieu, ou plus précisément d’une Église locale, confiée à l’évêque. En étroite collaboration avec ce dernier, ils exercent au nom du Christ la triple mission d’enseignement, de sanctification et de gouvernement. Ce modèle correspond à celui des prêtres diocésains qui sont, par leur ordination, incardinés dans un diocèse et appartiennent, par conséquent, à un presbyterium, c’est-à-dire au corps sacerdotal formé autour de l’évêque.

La diversité des prêtres, reflet des paroisses

Dans le diocèse de Saint-Denis, on compte avant tout la présence des prêtres diocésains incardinés. Ils sont de différents âges : les prêtres aînés de plus de 75 ans, ceux entre 60 et 75 ans et ceux de moins de 60 ans. Certains, parmi ces prêtres, se retrouvent en petits groupes de spiritualité (prêtres du Prado, Mission de France, Mission ouvrière, etc.) pour prier et réfléchir sur leur ministère. On compte également la présence des prêtres diocésains non-incardinés. Ils sont prêtés par leurs diocèses d’origine pour exercer leur ministère en tant que « prêtres étudiants » ou « prêtres Fidei donum ». Parmi ces derniers, on note la présence de ceux qui ont choisi de vivre en communauté. C’est le cas notamment des prêtres de la Communauté d’Emmanuel et de la fraternité missionnaire des prêtres pour la ville (FMPV). Enfin, même si cela ne fait pas partie de leur vocation première, les prêtres religieux se reconnaissent à titre exceptionnel membres du même presbyterium dans la mesure où ils accomplissent leur mission dans l’esprit de la ligne pastorale définie par notre évêque. Ce dernier a ouvert les portes du diocèse à plus de dix congrégations religieuses avec des spiritualités différentes (Spiritains, Lazaristes, Rédemptoristes, Fils de la charité, Piaristes, Missionnaire de la Salette, Jésuites etc.). La diversité du presbyterium reflète celle de nos paroisses, composées également de fidèles d’origines et de cultures différentes.

Pour une meilleure organisation de l’action pastorale dans le diocèse, toutes ces différentes figures des prêtres sont regroupées en unités pastorales. L’objectif de cette nouvelle structure voulue par notre évêque est de permettre, dans le respect de la vocation des uns et des autres, l’épanouissement de chaque prêtre, le développement de la fraternité entre eux et une meilleure collaboration avec les diacres et les laïcs de nos paroisses.

 

Faire triompher l'Église universelle

Gladys Bankole, Equipe d'animation paroissiale (EAP), Le Bourget
Les prêtres spiritains étaient déjà présents au sein de la communauté à mon arrivée sur la paroisse Saint-Nicolas du Bourget. Tous les quatre ans ou plus, il y a un renouvellement. Cette année, nous en avons accueilli deux nouveaux. Très souvent, les prêtres spiritains viennent d’horizons multiples et personnellement, j’apprécie cette diversité qui se retrouve au niveau de la communauté comme au niveau des prêtres.

Je pense que nos rencontres au sein de l’EAP sont des moments très conviviaux. Nous commençons par un repas, chacun se présente du moins les nouveaux, puis un moment de partage de l’évangile et ensuite des nouvelles diverses de nos quartiers, cités… avant de rebondir sur la paroisse.
Je pense pour ma part que les prêtres sont très bien accueillis. La question  est de savoir si, eux, trouvent leur place. Tout est fait pour une meilleure collaboration en ce qui nous concerne, et s'ils sont à l'écoute, notre collaboration n'en sera que plus belle.

Certes, la difficulté est là, car il s’agit de personnes venant d’horizons multiples et de diverses cultures. Il s’agit donc d’avoir une meilleure ouverture d’esprit afin qu’ensemble, aussi bien les équipes que les prêtres spiritains nous puissions mieux faire vivre nos eglises.

L'homélie de Pentecôte du pape, le 4 juin 2017, prend tout son sens quand il explique que « le même Esprit crée la diversité et l’unité et, ainsi, façonne un peuple nouveau, diversifié et uni : l’Église universelle. »  Nous devons donc, dans ce sens, prendre conscience de cette diversité tout en recherchant une unité. Un travail de longue haleine, qui a pour unique but de faire triompher l’Eglise universelle. Au sein de notre paroisse St-Nicolas au Bourget, l’implication de la communauté est disparate et donc nous avons besoin de nos prêtres afin de mieux sensibiliser les chrétiens. Nous ne sommes qu’au début de notre collaboration qui n’est pas de tout repos vu les difficultés déjà présentes au sein de notre communauté paroissiale.

 

J'espère me faire tout à tous

Père Désiré Zanté, curé des paroisses de l'Unité Pastorale Epinay-Villetaneuse
Je suis prêtre de la congrégation du Très Saint Rédempteur (CSsR) communément appelé les Rédemptoristes. Je viens de recevoir au 1er  septembre dernier le service de la charge de curé modérateur de l’Unité Pastorale d’Epinay-sur-Seine et de Villetaneuse. Bien avant, j’avais été mandaté par le Conseil Provincial des Rédemptoristes de France en accord avec Mgr Pascal Delannoy et son conseil pour faire une « prospection » dansle diocèse de Saint-Denis afin de permettre une arrivée future d’une communauté de Rédemptoristes dans le diocèse. Ce temps m’a permis de passer deux années pastorales à Sevran. Auparavant, J’avais reçu la mission pastorale paroissiale de deux paroisses de la ville de Valence (Drôme), en ayant en même temps la charge d’accompagnateur diocésain de la pastorale des migrants et des personnes de l’itinérance. En remontant un peu le temps avant Valence, j’étais en mission au Niger. Je suis orignaire du Burkina Faso, pays des hommes intègres.

Le récit de ma vocation, c’est tout une histoire. Mais je dirais simplement ceci : je suis devenu rédemptoriste par un coup de la Providence. Dieu a voulu, que les rédemptoristes soient là au moment où il fallait. Après un accompagnement de quelques années, touché par leur simplicité et particulièrement par l’attention accordée au plus humbles, je me suis laissé embarqué et cela dure depuis 18 ans déjà.

Envoyés pour évangéliser et se laisser évangéliser

La congrégation des Rédemptoristes a été fondée en 1732 par saint Alphonse Marie de Liguorie, confesseur et docteur de l’Eglise. Touché par la misère des campagnes et des paysans parce qu’ils étaient délaissés des pouvoirs publics de l’époque et aussi oubliés par l’Eglise. Alors, Saint Alphonse et ses compagnons ont décidé d’être les plus proches des plus éloignés de l’Eglise et de la société. L’apostolat de la périphérie existait déjà dans le génome du rédemptoriste. Nous sommes envoyés pour évangeliser et nous laisser évangeliser par ceux vers qui nous sommes envoyés. A une époque, les Rédemptoristes étaient appelés des « espèces de Jésuites de campagne ». Aujourd’hui nous sommes dans 83 pays dans le monde et sur les cinq continents.

Pourquoi une communautéde rédemptoriste dans le diocèse de Saint-Denis ? Je dirais pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la congrégation est dans un mouvement de redynamisation de sa vie missionnaire. Ce mouvement a été souhaité par plusieurs chapitres généraux depuis quelques années. Cette redynamisation missionnaire concerne toute la congrégation et particulièrement l’hémisphère nord. Ensuite, il y a plusieurs années, les Rédemptoristes de France envisagaient une présence pastorale missionnaire à Paris « Extra Muros ». Il y a eu une expérience de prospection à la fin des années 70 à Cergy-Pontoise. Je voudrais noter en passant que pendant un siècle la basilique Mineure Notre-Dame du Perpétuel Secours à Paris 11e a été un lieu de mission des Rédemptoristes. D’ailleurs, un confrère de cette équipe a été curé à saint Médard pendant 7 ans à Epinay-sur-Seine dans les année 1870. Enfin, le diocèse de Saint-Denis, à plusieurs égard, a attiré l’attention des Rédemptoristes. D’une part, par les orientations pastorales des dernières décennies qui étaient en adéquation avec notre charisme et d’autres part, par  le défi de la pastorale de proximité pour une Eglise aux multiples visages et multiculturelle dont  le contexte actuel d’un monde blessé ».

Vivre la coresponsabilité dans la mission

Sur l'Unité Pastorale Epinay-Villetaneuse, nous sommes une communauté de trois confrères en mission depuis septembre 2017. Nous pensons vivre une mission collégiale. Nous venons d’Asie, d’Afrique et peut-être bientôt d’Amérique et d’Europe. Je voudrais mentionner la participation de nos confrères de la communauté des Rédemptoristes de Paris. Nous travaillons à la même cause. Car, c’est bien la communauté qui évangelise.

Je n’oublie pas aussi la présence d’un prêtre étudiant sur le territoire qui travaillent avec nous. Nous avons un prêtre aîné résidant à Villetaneuse qui participe à cette mission. Nous avons aussi la participation d’autres prêtre aînés qui ont récemment travaillé dans le secteur et qui sont en maison de repos.

Nous espérons vivre avec la communauté paroissiale de l’Unité Pastorale la co-responsabilité dans la mission, par la participation de chacun, selon ses possibilités et ses compétences.

Je suis reconnaissant envers le Christ pour la mission qu’Il me confie. Avec un esprit d’humilité, et avec mes confrères, j’espère être au service et à l’écoute de ceux vers qui nous sommes envoyés. J’espère pouvoir me faire « tout à tous ». Travaillons à la mission de proximité car Dieu fait concourir tout au bien de ceux qui l’aiment.

 

Une équipe cosmopolite

Claude Gauthey, Equipe pastorale (EP), Epinay-Villetaneuse
Fin décembre 2016, nous avons appris que l’équipe actuelle de prêtres allait laisser la place à une nouvelle équipe, ce qui m’a profondément troublé car le père Bruno (ancien curé des paroisses d'Epinay-Villetaneuse, ndlr) est mon père spirituel et je me suis senti un peu abandonné. Les plus anciens, peut-être plus habitués, émettaient des hypothèses sur les possibles successeurs et se remémoraient les différentes équipes de prêtres passées sur le secteur, leur caractère au travers d’anecdotes qui soulignaient leur personnalité ou l’évolution des structures : tel centre de santé devenu maison pour une famille d’accueil à Notre-Dame des Missions, l’effondrement du toit de l’église Saint-Liphard après la messe de Noël… Dans l’église les permanents sont les chrétiens, les curés ne sont que de passage. Nos anciens sont la mémoire vivante de l’Eglise. Ils ont la trace d’une sagesse pratique, la phrase concluante.
Un représentant de l’évêché est venu expliquer à l’équipe paroissiale comment allait se passer l’installation des nouveaux prêtres et toute l’attention qui était portée au devenir de nos prêtres aînés : le père Michel Allioli (91 ans) et le père Bernard Berger (83 ans) dont l’avenir nous inquiétait. Ils résident maintenant à Saint-Denis dans une maison de retraite tenue par les Petites Soeurs des Pauvres où ils continuent leurs activités et viennent faire sur le secteur quelques messes. Le plus ancien ronchonne qu’on le couve trop et c’est plutôt bon signe ! 

Passage de témoin

Il nous a été demandé de continuer le programme déterminé en équipe pastorale et à chacun de tenir sa place pendant au moins un an après l’arrivée de la nouvelle équipe de prêtres. Cette nouvelle équipe devait gérer le programme pastoral annuel à compter de septembre. Son apogée a été la messe du 12 novembre qui a clôturé l’année de la confirmation et qui a réuni à l’Espace Lumière un millier de participants, la nouvelle et l’ancienne équipe de prêtres ainsi que notre évêque Mgr Pascal Delannoy.
De nombreuse choses restaient à faire, notamment la rénovation totale du presbytère et de sa toiture pour accueillir la nouvelle équipe et donc le déménagement, avant le début des travaux, de l’ancienne équipe (maison de retraite pour les plus âgés, logement transitoire en attendant leur nouvelle affectation pour les autres), la poursuite d’un programme immobilier sur le terrain de l’église Sainte-Cécile, la transformation d’un pavillon attenant au presbytère en pavillon de location en plus des activités habituelles des équipes d’animation paroissiale. La plus grande charge reposait sur les épaules de notre prêtre Bruno Leclerc qui a traversé cette tempête solide à la barre. Un repas de présentation de la nouvelle équipe à l’équipe pastorale a eu lieu fin juin. Le 2 juillet une messe d’action de grâce a eu lieu à l’église Sainte-Cécile qui réunissait la nouvelle et l’ancienne équipe de prêtres pour l'anniversaire de sacerdoce du père Bruno.

Une nouvelle équipe qui fait l'unanimité

En septembre, dès les premières messes, le contact est passé avec les paroissiens, les prêtres se sont présentés, proches, amicaux, fraternels. Le père Désiré qui voulait rapidement connaître tout les paroissiens, personnellement, d’ici la fin de l’année, le frère Joseph d’origine vietnamienne qui a été ordonné diacre en décembre 2017 et assiste à la messe en soutane avec un col romain (réflexion d’une paroissienne : c’est pas l’habit qui fait le moine…). Le père Olivier et le père Joseph, qui les soutiennent, sont africains. Bref, une équipe cosmopolite qui a fait l’unanimité dès les premières messes, dès les premiers contacts. Les premières réunions de l'Equipe pastorale et de l'Equipe d'animation paroissiale, de préparation du bulletin d’information paroissiale se sont déroulées sur la lancée des précédentes en présence du père Désiré et du frère Joseph le plus souvent. On a essayé de déterminer un ordre du jour, de faire un tour de table et de tenir les horaires sans trop digresser chacun essayant de rester dans ses habitudes et le père Désiré se glissant dans son rôle de référent, semble-t-il sans trop de difficulté. Le principal objectif : la messe de clôture de l’année de confirmation était prévue, le père Bruno avant son départ en avait écrit la trame qu’il a fallu cependant mettre en oeuvre.

Nous formons une équipe

Au terme de ces trois premiers mois ensemble, nous avons appris à nous connaître, nous formons une équipe, il ne semble pas y avoir de problèmes relationnels, j’ai personnellement eu l’honneur de recevoir à mon domicile début septembre l’équipe des nouveaux prêtres pour fêter mes 35 ans de mariage, j’ai appris que le père Désiré et le père Olivier ont assisté à l’anniversaire d’un de mes amis et que l’un de leurs objectifs, celui de connaître personnellement chacun de leurs paroissiens avance rapidement.
Nous essayons de dégager nos prêtres des tâches administratives et ménagères en établissant des équipes d’entretien ou en recueillant les coordonnées de ceux qui peuvent mettre leurs compétences au service de l’Eglise (administratif,entretien, électricité, plomberie, jardinage…).  tandis que les prêtres commencent à mesurer l’ampleur de la tâche qui va au-delà de  « connaître chacune des brebis de son troupeau par son nom ». Il faut aussi traiter des affaires immobilières, ou des problèmes relationnels, confier des responsabilités, conseiller... Je n’ai pas eu connaissance de réelle difficulté qu’aurait rencontré un paroissien avec nos nouveaux prêtres. Mon inquiétude a disparu, je suis rassuré, j’ai appris ce qu’est une équipe et que, pas à pas, l’obstacle peut être franchi. C’est ma première année dans l'Equipe pastorale. pour certains, notamment les anciens, il est trop tôt pour juger d’une nouvelle spiritualité. Je ne sais pas ce que ça veut dire ! Je n’ai pas vu de nouvelles pratiques… Cependant à la paroisse Saint-Médard un groupe de jeunes particulièrement volontaire s’est formé et agit : fait la quête, l’éveil à la foi, prépare des messes. L'un d'eux assistera à la réunion de l’équipe d’animation paroissiale. La prochaine réunion de l’équipe pastorale déterminera l’orientation de l’année pastorale et la nouvelle équipe des prêtres rédemptoristes aura la plénitude de ses moyens...

 

C'est bon toute cette diversité                                                 

Françoise Bolo, Stains
Dans nos paroisses, la population a changé depuis plusieurs années, fruit des mouvements de populations venues s’installer dans le département, notamment pour le travail. Nos prêtres sont à l’image de ces populations diverses. C’est beau de les voir lorsqu’ils sont nombreux, rassemblés lors des célébrations diocésaines, comme à la Fête de Saint-Denis. Tous ces prêtres venus d’horizons différents, qui marchent vers l’autel pour la prière eucharistique, qui chantent tous d’un même cœur, ensemble dans la même démarche de foi. C’est bon toute cette diversité à l’image de notre communauté paroissiale.   

 

Témoins de Jésus-Christ dans l'ordinaire des jours

Martine Cool, Saint-Denis
C’est en 1981 que j’ai rencontré pour la première fois des prêtres de la Mission de France, en Savoie, alors que je passais de la vie étudiante au monde du travail. Dans ce passage à la fois enthousiasmant et rude, ils m’ont donné des points de repère spirituels, d’autant plus éclairés qu’ils étaient eux-mêmes salariés : médecin, éducateur, ouvrier, chercheur…

L’Eglise les envoie dans le monde du travail, dans les milieux populaires, dans les périphéries géographiques et existentielles, pour y partager la condition humaine et y discerner les signes des temps. Ce sont des « défricheurs » nourris par la spiritualité de Charles de Foucauld, des témoins de Jésus-Christ dans l’ordinaire des jours comme l’était Madeleine Delbrêl dans la banlieue ouvrière, aimant le monde à la manière de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Telles sont les trois références spirituelles de la Mission de France.

Aujourd’hui, je fais partie de la Communauté Mission de France, créée en 2002 pour formaliser l’implication de laïcs aux côtés des prêtres et des diacres, afin de partager leur mission. C’est ce qui motive mon engagement dans l’animation de la maison d’église Saint-Paul-de-La-Plaine, avec mon équipe de la Mission de France, mais aussi mon activité professionnelle dans un Plan Local pour l’Insertion et l’Emploi en Seine-Saint-Denis.

Cinq prêtres de la Mission de France vivent leur ministère dans le diocèse, salariés ou en retraite, impliqués dans la vie locale et diocésaine (formation des laïcs, aumônerie de la santé, paroisses, associations) sauf bien entendu le doyen qui a 103 ans !

Propos recueillis par Anne-Marie Tossou

 

Repères


A lire
-Les prêtres venus d’autres pays, Documents Episcopat N°1/2 – 2017
-Bible et migration, Père Pierre Trudeau, Edition Karthala, 2009
-Appelés à servir l’Eglise, Quatre-Pages n°35 Juin-Juillet 2017

Sur www.vatican.va

-Presbyterorum ordinis, Décret sur le ministère et la vie des prêtres, 1965
-Lettre de Benoît XVI pour l’indiction d’une année sacerdotale, 2009
-Message pour la 47e Journée mondiale de prière pour les vocations, 2010
-Homélie du pape François, messe de Pentecôte 2017

Sur mavocation.org 
Rubrique « Appelés à quoi ? »

A voir
-Vidéo  : Prêtre, connaître son peuple
-Sur ktotv.com - reportage : Prêtre fidei donum, la mission universelle