Des visites pastorales dans les cités…
En 2009, après avoir été installé évêque de Saint-Denis, Mgr Pascal Delannoy a poursuivi la démarche de son prédécesseur, Mgr Olivier de Berranger, en effectuant une visite pastorale dans les cités de Seine-Saint-Denis.
3 années… plus de 20 villes parcourues. Pour le pasteur de Saint-Denis, ces nombreuses visites sont plus qu’un simple regard sur les chrétiens qui vivent et agissent dans les cités et les grands ensembles ; elles sont pour eux un soutien et un encouragement à annoncer, vivre et célébrer l’Evangile dans la ville.
Durant ce long périple, élus, associations, chrétiens vivant en cité, jeunes ou adultes, chacun aura à cœur d’exprimer la vitalité et l’espérance qui animent les cités et les quartiers de Seine-Saint-Denis.
…au rassemblement diocésain dimanche de Pentecôte 27 mai 2012 : « Pentecôte 2012, Quand la diverCité nous unit »
Le rassemblement « Pentecôte 2012 » n’est pas un aboutissement, une fin en soi. Nous sommes envoyés pour témoigner du souffle de Pentecôte dans nos diverses origines sociales et culturelles, au cœur de nos cités et de nos quartiers. Membres d’un même corps, nous sommes appelés à ouvrir un avenir meilleur, un monde de fraternité et de solidarité.
Nous sommes envoyés pour témoigner du souffle de Pentecôte !
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Quartiers sensibles, zones urbaines défavorisées, Cités de non-droit… Et si on regardait du côté des passionnés de la solidarité et de la fraternité, du côté des chrétiens qui agissent au quotidien dans les cités !
- Vidéo : visite pastorale de Mgr Pascal Delannoy à Bobigny
- Magazine Pèlerin : reportage photo de la dernière visite pastorale de Mgr Pascal Delannoy à Bobigny
- Veilleurs de la solidarité (Aubervilliers)
- Des chrétiens dans la cité (Aulnay-sous-Bois)
- La culture de la confiance, la culture du don (Bagnolet)
- Comment se tisse le « vivre ensemble » (Clichy-Montfermeil)
- Bien des gens aspirent à vivre en solidarité (Epinay-sur-Seine)
- La cité Bénoni revit grâce à ses amis (Drancy)
- La culture… pas seulement ce qu’on apprend à l’école (Montreuil-sous-Bois)
- Se dire bonjour, se connaître (Neuilly-sur-Marne)
- Notre évêque en visite pastorale (Les deux Neuilly)
- Des gens courageux, des signes d’espérance (Clichy-sous-Bois/Montfermeil)
- La rencontre des mamans d’ados (Rosny-sous-Bois)
- Des liens forts commencent à se tisser (Saint-Denis)
- Un acte de résistance refusant la fatalité (Saint-Ouen)
- Regard d’Etienne Grieu, prêtre jésuite, sur les cités Zola et Arago(Saint-Ouen)
- Être témoin de Jésus Christ (Sevran)
- Ma cité est aussi un lieu de vie ! (Villetaneuse)
Veilleurs de la solidarité (Aubervilliers)
« A travers cette visite pastorale, ce qui a le plus retenu notre attention, c’est la solidarité vécue et rencontrée dans les associations. Il y a dans cette ville d’Aubervilliers une volonté d’entraide et de solidarité auprès des plus pauvres et défavorisés vivant dans les cités. L’évêque a souligné que c’est dans les situations de pauvreté que l’Évangile est vécu et annoncé, qu’il fallait être chrétien non seulement dans l’Église, mais aussi dans la ville, appelant ainsi les chrétiens à s’engager et à faire davantage pour témoigner de leur charité. »
Des catholiques d’Aubervilliers
Des chrétiens dans la cité (Aulnay-sous-Bois)
« La visite de notre évêque a véritablement créé une dynamique. Un groupe de chrétiens a pu voir le jour avec une rencontre mensuelle. Celle-ci se déroule toujours chez Liselotte, très impliquée dans la vie paroissiale. Balagny est un quartier plutôt agréable, et nombreux sont ses habitants qui y demeurent très attachés. Les participants des premières réunions étaient des fidèles de la paroisse Saint-Sulpice ou de la chapelle du Coudray toute proche, des résidents de la cité ou ses alentours. Le bouche à oreille a permis à quelques amis de nous rejoindre, nous sommes entre cinq et huit personnes autour du père Gérard. Nos partages sont organisés de la manière suivante. Tout d’abord la vie du quartier, avec les nouvelles de chacun, des gens que l’on connaît, l’évocation des beaux gestes comme des faiblesses, la vie des familles, des personnes en difficulté. Ensuite un temps de partage sur la parole de Dieu, les sacrements vécus ou attendus, la prière et la messe. Enfin, le monde et l’Église à construire pour un monde d’amitié, de paix et de tolérance. Ces rencontres
ont permis de se reconnaître comme des chrétiens dans la cité, et montrer qu’une communauté chrétienne est bien présente et bien vivante. »
Jean-Luc, Aulnay-sous-Bois, quartier Balagny
La culture de la confiance, la culture du don (Bagnolet)
« Ce 22 octobre 2010, rencontre à Bagnolet avec le père Pascal Delannoy. En tout, 19 personnes. Après que chacun s’est exprimé sur les difficultés rencontrées dans le quartier, le père évêque nous a encouragés en proposant l’antidote à la désespérance : d’une part la culture de la confiance, d’autre part celle du don. Cette visite pastorale a ouvert des partages d’Évangile que nous organisons plusieurs fois par an, chez l’une ou l’autre personne. Les rencontres se sont intensifiées cette année, cette fois à partir des textes du livret « Diaconia 2013 : Parole de Dieu, service du frère ». Concrètement, une équipe prépare avec le prêtre, puis envoie une invitation avec le texte d’Évangile et quelques questions pour guider la réflexion et favoriser le partage de foi. Cela débouche souvent sur la vie du quartier… la vie tout court. »
Groupe du quartier Sesto Fiorentino, Bagnolet
Comment se tisse le « vivre ensemble » (Clichy-Montfermeil)
« A la cité du Bois-du-Temple de Clichy-sous-Bois, sous un ciel gris d’hiver. Peu de monde dehors. Les enfants sont aux écoles voisines Henri-Barbusse et Jean-Jaurès, les ados au collège Romain-Rolland, les jeunes au lycée Alfred-Nobel. Nous entrons dans les locaux du centre social « La Maison Blanche » au rez-de-chaussée d’une tour. Nous rencontrons des visages lumineux. Ernest, africain, le responsable, le sourire des femmes, maghrébines entre autres, bénévoles et salariés de l’association. Une dizaine de personnes des cités voisines nous rejoignent, puis une quinzaine d’enfants du primaire pour le soutien scolaire. Echange avec ces jeunes qui disent à notre évêque ce qu’ils ont appris de nouveau dans la journée. Nous captons dans ce lieu comment peut se tisser le « vivre ensemble ». Le lendemain soir, rencontre à la maison paroissiale avec une quinzaine de jeunes et aînés de la Jeunesse ouvrière chrétienne et de la Mission ouvrière locale. A tour de rôle, les jeunes expriment des expériences contrastées. Notre évêque a beaucoup écouté. Il les a ensuite invités à tirer les leçons de ce qu’ils vivaient… Avec le Christ, leur a-t-il dit, même les galères peuvent être des lieux de rencontres. Jésus ne nous invite pas à faire nombre, mais à faire signe, à être sel de la terre et lumière du monde. »
Père Bernard, Clichy-sous-Bois
Bien des gens aspirent à vivre en solidarité (Epinay-sur-Seine)
« La visite pastorale de l’évêque a créé le besoin d’organiser des rencontres dans la cité. Celle organisée chez moi réunissait le père Bruno, des voisins de l’immeuble, une personne d’une association du quartier, une famille tamoule avec parents et enfants, et six paroissiens habitant la même rue et aux alentours. Au cours de cette rencontre, nous avons fait connaissance et évoqué la vie de notre cité avec ses difficultés comme l’insécurité, l’augmentation du loyer, le problème des enfants à l’école… Malgré cela, on constate que bien de gens aspirent à vivre en solidarité, heureux d’agir pour une meilleure vie dans notre quartier, loin des clichés sombres collés au « quartier chaud ». Reste entière la question de ce que je peux faire pour mon Église et pour ma cité en tant que chrétienne. »
Caroline, Epinay-sur-Seine, Quartier d’Orgemont
La cité Bénoni revit grâce à ses amis (Drancy)
Juliette Coulon habite la cité Bénoni à Villemomble depuis son origine en 1966.
Elle entendait les gens répéter : « dans notre cité, il n'y a rien… c’est mort ! ».
Elle espérait faire quelque chose, mais avec son travail et ses 4 enfants, elle ne le pouvait pas.
Juliette a été responsable diocésaine du Mouvement chrétien des retraités, de 2001 à 2007, et aussi catéchiste. Elle est actuellement responsable de l'équipe du Rosaire à Villemomble. Dans la cité tout le monde la connaît. Finalement, ce n’est qu’en 2005, avec une petite dizaine de personnes, qu’elle réussit à créer l'association « les amis de Bénoni » afin de développer la convivialité entre habitants. Avec ses 75 ans Juliette est l'aînée de l’association, les autres membres ayant autour de 35-40 ans. « Les amis de Bénoni » proposent deux fois par semaine, à l'Espace Bénoni, des activités pour enfants et adultes comme la danse orientale (très appréciée) et, en lien avec la Caisse d'allocations familiales, du soutien scolaire.
Ce qui est remarquable c'est que cette petite association propose chaque mois un événement ou une fête de quartier : journée porte ouverte, concours de pétanque, pot de l'amitié avec la galette des rois, crêpes et déguisements pour les enfants, stands dans le square, chasse au trésor, loto, vente de muguet, kermesse de Villemomble avec stand de frites et barbecue, "Immeubles en fête" avec un grand repas où chacun apporte sa spécialité pour la partager.
« Lorsque nous organisons des jeux, les enfants sont vraiment heureux, mais, reconnaît Juliette, nous sommes surpris de voir que les parents restent sur leur balcon plutôt que de descendre encourager leurs enfants. Ils ont encore peur de se mêler les uns aux autres. Nous aimerions qu’ils participent plus. C'est un défi que nous voudrions relever ».
Nous aimerions que les parents descendent de leur balcon.
Cette même année 2005 où se créait l’association, Juliette accueillait chez elle un groupe de partage pour le carême. Puis les gens ont souhaité poursuivre cette bonne expérience. Juliette témoigne tout simplement : « Depuis trois ans, nous sommes 12 personnes à nous retrouver tous les mois avec un thème proposé par le père Michel Serain, prêtre accompagnateur ; par exemple, la prière du Christ, les rencontres du Christ avec des personnes… Nous commençons par un temps de prière, puis nous partageons sur l'Évangile, ensuite nous échangeons sur les événements et diverses questions. Viennent à ces partages des personnes qui n’iraient pas forcément à l'église. En juin nous organisons un repas fraternel où viennent une trentaine d'enfants de la cité ».
Père Vincent Chopart, responsable secteur Drancy
La culture… pas seulement ce qu’on apprend à l’école (Montreuil-sous-Bois)
« Cohabiter ensemble dans un même immeuble n’est pas toujours facile ; et pourtant si je prends le temps de regarder mon voisin, de lui parler, de le connaître lui et le pays d’où il vient, c’est une chance. Cela m’enrichit culturellement, car la culture n’est pas seulement ce qu’on apprend à l’école, c’est aussi l’école de la vie. En cité, on y apprend la fraternité, la solidarité, la richesse qu’il peut y avoir dans tout être humain. »
Des chrétiens de Montreuil-sous-Bois
Se dire bonjour, se connaître (Neuilly-sur-Marne)
« La cité des Pommiers est cosmopolite et compte environ 450 habitants. En dix ans, la jeunesse des Pommiers s’est dégradée par manque de travail, d’activité. Aujourd’hui, ces jeunes deviennent agressifs, violents. L’idée des rencontres dans la cité est venue d’un petit groupe de chrétiens de la chapelle Sainte-Marie vivant dans la cité, depuis la visite de notre évêque. Nous cherchons tout d’abord à nous rapprocher les uns des autres, nous dire bonjour, nous connaître… La nécessité de se parler ensemble, de partager nos peines, nos joies, nos soucis de la cité, sans laisser de côté les personnes âgées. Un projet : partir à la mer cet été avec les familles seules et les personnes âgées. »
Anne, Monique et Mireille, Neuilly-sur-Marne, cité des Pommiers
Notre évêque en visite pastorale (Les deux Neuilly)
Le père Pascal Delannoy a entrepris en octobre 2009 une première visite pastorale à Neuilly-sur-Marne et Neuilly-Plaisance. C’était pour notre évêque le début d’une longue série qui le mènera à rencontrer des chrétiens et non-chrétiens dans les cités et les quartiers du 93. Retour sur la visite pastorale dans les cités des deux Neuilly.
Les cités sensibles étaient la priorité majeure, mais c’est toute l’Église locale qui a été visitée : messe paroissiale à Saint-Henri de Neuilly-Plaisance, rencontre avec les enfants et les parents de catéchèse à Neuilly-sur-Marne, soirée « saint Paul » pour le secteur pastoral… Un an avant, l’équipe pastorale avait ouvert la route à cette aventure.
Entre décembre 2008 et juin 2009, pas moins de 60 personnes se sont réunies chez des gens de différentes parties du quartier des Fauvettes à Neuilly-sur-Marne. Plus récemment, des chrétiens du quartier des Renouillères à Neuilly-Plaisance en ont fait autant.
À chaque fois, de petites rencontres modestes – de 5 à 15 personnes – ont permis d’échanger sur la vie en cité : certes des galères, mais aussi beaucoup de richesses, exprimées par ceux qui les vivent. Chacun a ainsi découvert une autre façon de vivre l’Église... l’Église qui se réunit à la maison.
Notre évêque a pris le temps d’écouter différents acteurs : chrétiens en habitat collectif, mais aussi éducateurs de rue, animateurs du Centre social ou des Restos du Coeur… Une famille lui a ouvert sa table, ainsi qu’à quelques voisins. Il a pris le temps de relire ce qu’il a commencé à vivre, lors de la messe célébrée à Sainte-Marie de Neuilly-sur-Marne, en encourageant les chrétiens à ne pas baisser les bras : « Cette fragilité, comme croyants, nous l'accueillons non pas comme un échec, mais comme un point de départ, aussi fragile soit-il. »
Une soirée de relecture a eu lieu, avec l’équipe pastorale, à laquelle se sont adjoints les diacres et l’équipe qui a mis sur pied ce projet. Les liens qui se tissent et les bonjours qui continuent à se dire gardent leur importance. Depuis la visite pastorale, la lumière reste allumée : des voisins ont appris à se connaître, chacun fait plus attention à la vie qui l’entoure… Et des chrétiens auront à coeur de s’impliquer dans la fête des voisins, en mai prochain.
Père Michel Erche (Chimel), responsable du secteur de Neuilly-sur-Marne / Neuilly-Plaisance
Des gens courageux, des signes d’espérance (Le Plateau : Clichy-sous-Bois, Montfermeil)
« Les problèmes actuels sont liés au manque de travail et à la précarité grandissante. Ceux liés au logement sont moins visibles, grâce au plan de rénovation urbaine, mais il reste beaucoup de gens hébergés dans des conditions déplorables ; et les « marchands de sommeil » sont nombreux. Les religieuses et quelques laïcs ont une forte présence et contrebalancent certaines influences. Une police de proximité proche de la population, en particulier des jeunes, éviterait bien des incidents. Bien des gens sont courageux, ils veulent sortir de ces problèmes. L’action des associations et de la municipalité, la rénovation du quartier, tout cela sont des signes d’espérance. »
Maryse, Montfermeil, cité des Bosquets
La rencontre des mamans d’ados (Rosny-sous-Bois)
« Lors de la visite pastorale de l’évêque, une rencontre des « parents d’ados » était prévue pour la ville. Quelques temps après, des mamans ont créé une « Rencontre des mamans d’ados ». Deux fois par an, le dimanche après-midi, ces mamans échangent sur leurs préoccupations de parents d’ados, parfois difficiles à comprendre. Des sujets divers sont abordés, comme l’orientation scolaire, l’argent de poche, les loisirs, les copains, les motivations, la foi… Et les fruits sont là : la parole est plus libre, la confiance grandit et à plusieurs on se donne des idées. Pour prolonger ce partage, chaque maman repart avec un texte sur le sujet abordé, une prière... Cette initiative est soutenue par l’équipe d’animation paroissiale (EAP). »
EAP de Notre-Dame-de-la-Visitation, Rosny-sous-Bois
Des liens forts commencent à se tisser (Saint-Denis)
« La visite pastorale de notre évêque a porté ses fruits. Pendant les temps forts, comme l’avent ou le carême, quatre groupes se réunissent dans chaque quartier, à tour de rôle chez les uns chez les autres, pour partager l’Évangile, prier, vivre un moment de convivialité. Des liens forts commencent à se tisser. Une fois par mois le dimanche, au moment où les enfants ont une catéchèse, les adultes et parents ont un enseignement sur la Bible, grâce à nos amis jésuites. A l’entrée de l’église, pour mieux se connaître, l’équipe d’accueil porte un badge et un foulard. Dans ce quartier qui est en pleine mutation, un livre est ouvert pour que chaque nouvel arrivé à La Plaine-Saint-Denis se fasse connaître. »
Pierrette, Saint-Denis
Un acte de résistance refusant la fatalité (Saint-Ouen)
« En mars 2010, la visite pastorale de la cité par notre évêque s’annonçait. Occasion de se rassembler dans la salle de la cité avec voisins, amis, bénévoles de l’aide au devoir… nous étions une bonne trentaine. Une majorité de femmes était présente. Elles ont partagé leur vie de tous les jours avec ses joies et ses peines. Et comment elles avaient investi la dalle de la cité afin de permettre aux enfants d’utiliser l’aire de jeux en sécurité et dire « non » aux jeunes qui voudraient squatter la dalle pour leur trafic. Notre évêque a été touché par cet acte de résistance refusant la fatalité. Son souci que l’Église soit attentive aux habitants des cités, son regard lucide sur les difficultés affrontées au quotidien, ont apporté réconfort et encouragement… Oui, « on peut être heureux en cité ! » comme lui ont chanté les enfants de l’Action catholique des enfants. »
Nelly, Fraternité carmélitaine, Saint-Ouen, cité Salvador-Allende
Regard d’Etienne Grieu, prêtre jésuite, sur les cités Zola et Arago (Saint-Ouen)
C’est un quartier où les usines, ateliers, entreprises étaient très imbriquées dans le tissu urbain ; du coup les habitants travaillaient sur leur lieu d’habitation, ce qui donnait un esprit un peu village (tout le monde se connaît bien) ; il en reste quelque chose même si les aînés disent que ça a énormément changé. Il reste qu’on parle beaucoup, et que la vie y est très agréable à cause de cela. Evidemment le quartier a été beaucoup remodelé : les entreprises sont presque toute parties ou sont remplacées par des emplois tertiaires. Il y a une cité, là aussi imbriquée dans le tissu urbain.
Le gros point noir du quartier c’est la drogue : un trafic important, qui a provoqué la mort de plusieurs jeunes (règlements de comptes entre bandes rivales). Depuis que le quartier est passé au journal de 20h il y a 4 ou 5 mois, nous avons droit à la police tous les jours, mais sur le fond, rien n’est réglé.
Ça faisait partie du programme de la visite de notre évêque (il souhaitait visiter les différentes cités de la ville). Sa visite a donné l’occasion de se retrouver (le soir même de sa venue, nous étions une quarantaine) ; et ce fut un très bon moment, où plusieurs ont pu dire des choses importantes sur la vie du quartier, sur les relations jeunes-adultes, sur les relations entre jeunes (certains étaient là et ont parlé). Si bien qu’après, plusieurs ont souhaité que des rencontres de ce type se poursuivent. Et depuis, une douzaine de personnes se retrouvent environ tous les mois et demi.
Les rencontres en question ne concernent pas que les habitants de la cité, puisque celle-ci est tout à fait imbriquée avec le quartier.
Je crois que l’on ressent le besoin de se parler, de se dire comment on perçoit les choses ; nous ne sommes pas passés au stade d’un agir ensemble. Mais ça pourrait se produire.
Elles sont organisées successivement par les uns et les autres, et nous nous retrouvons dans les appartements de ceux qui invitent. De même ceux qui préparent tournent. En général, il y a un temps de prière (à partir de la vie du quartier, de ce que les uns et les autres portent, et aussi à partir d’un texte biblique) ; puis nous parlons : nous nous donnons des nouvelles ou bien échangeons sur un thème en rapport avec la vie du quartier.
Ce qu’on constate, c’est que quelques personnes qui ne vont jamais à l’église (ou rarement) fréquentent de temps en temps cette équipe. Une petite équipe est beaucoup moins intimidante que la grande assemblée ; et puis ça permet de poser des questions.
Être témoin de Jésus Christ (Sevran)
« La mission est au milieu des cités, des associations, des maisons de quartier, de ces diversités. Même si je ne dois pas parler de ma foi dans les lieux publics, j’essaie de me comporter en témoin de Jésus Christ. Même si je ne l’annonce pas, beaucoup de monde savent maintenant que je suis chrétienne. J’essaie de vivre en enfant de Dieu, avec mes défauts et mes qualités. Dans nos rencontres de chrétiens en cité, nous partageons l’Évangile et nous le commentons, tout en parlant des événements, de la vie d’aujourd’hui, de la cité… pour essayer de changer. »
Françoise, Sevran
Ma cité est aussi un lieu de vie ! (Villetaneuse)
« La cité Victor-Hugo est l’une des deux cités de la zone Nord de Villetaneuse qui a été construite en 1980. Les habitants, issus d’une grande diversité de populations, sont particulièrement jeunes ; environ 37 % ont moins de 20 ans, et connaissent de nombreuses difficultés économiques avec un important chômage. Un sentiment d’insécurité y règne parfois, surtout quand les jeunes investissent les halls d’entrée. Lors de la visite pastorale des cités, des rencontres ont été organisées chez une des habitantes de la cité. C’était la première fois que nous avions ce type de rencontre et cela m’a permis de prendre conscience que j’avais très peu de contacts avec les voisins de la cité. C’est comme si ce qui se passait à l’extérieur de mon appartement ne me concernait pas. Aujourd’hui, je connais beaucoup de voisins par leur nom, je prends le temps de discuter avec eux, de mieux les connaître. Et lorsque je ne vois pas l’un d’entre eux depuis quelques jours, je me renseigne pour savoir ce qu’il en est. Ma cité n’est pas seulement un lieu d’habitation, elle est aussi un lieu de vie ! »
Dominique, Villetaneuse, cité Victor-Hugo