Prier en famille (N°30 / Août - Septembre 2016) — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Prier en famille (N°30 / Août - Septembre 2016)

Considérer la famille comme une « Église domestique » n’est pas une charge supplémentaire dans une vie déjà bien remplie, mais une attitude spirituelle profonde de notre vie pour donner sens à nos actes quotidiens. N’est-ce pas là le désir d’éducation le plus profond des parents vis-à-vis de leurs enfants ?

« Toute vraie prière en nous tournant vers Dieu nous tourne également
les uns vers les autres » (Mgr Pascal Delannoy)

 

Une Eglise domestique

Prier en toutes choses

Prier en famille reforce nos liens

Faire fructifier les talents reçus

Donner le goût de la prière

Prendre du temps pour le Seigneur et mon prochain

Dieu veille sur nous

La prière familiale est fondamentale

Des idées à foison pour prier ensemble à la maison

Repères

 

 

Une Église domestique

Père Frédéric Benoist, délégué diocésain à la pastorale familiale

Avec le pontificat du pape François, l’expression « Église domestique » pour parler de la famille est revenue. Cette expression remonte au 4e siècle. Alors évêque de Constantinople, Jean Chrysostome ne cesse, dans ses homélies, d’exhorter ses fidèles à vivre en chrétiens quotidiennement : « Préparons une double table : une pour les aliments, l’autre pour la lecture de la parole de Dieu » (…) Fais de ta maison une église puisque tu dois rendre compte du salut à tes enfants et à tes serviteurs ». C’est donc au sein de la famille que commence la rencontre avec le Christ et le désir de la charité et du service du frère. Le Concile Vatican II le rappelait, il y a cinquante ans : « La religion chrétienne pénètre toute l’organisation de la vie et la transforme chaque jour davantage » (Lumen Gentium n°5). Quelle que soit notre culture, nous savons bien que la rencontre de Dieu, chez un enfant, naît en premier lieu au sein de sa famille. Nous l’avions peut-être un peu oublié ces dernières années…

Dieu présent dans le quotidien

Dans mon ministère, je constate, depuis quelques années, une grande attention des parents dans la préparation du baptême de leur enfant. Cette « fête de l’enfant »  est une « fête pour Dieu ». Dans nos paroisses, dès le plus jeune âge, et grâce au concours de quelques familles, des groupes de l’éveil à la foi existent. Mais, faire en sorte que Dieu devienne pour l’enfant « quelqu’un » demande une démarche régulière sinon quotidienne.  Prier en famille, le matin avant de se disperser pour les activités, le soir, à table, au coucher ; apprendre que Dieu et Jésus sont présents dans le quotidien de nos vies, voilà ce que de plus en plus de  jeunes parents redécouvrent, malgré le rythme bousculé des journées. Alors, comment ne pas se réjouir de l’initiative du livre Prier ensemble à la maison1 qui vient de paraître, réalisé sous la direction d’Etienne Grieu pour répondre aux besoins de biens des parents ? Soutenu et accompagné par l’équipe du service diocésain de la catéchèse, il a voulu faire de ce livre un moyen simple pour que tous les membres de la famille prient dans le quotidien de la vie.  Au rythme des saisons, des événements quotidiens et du temps liturgique, le livre propose des gestes, des prières, de petits rituels du quotidien, des Paroles d’Évangile pour accueillir, échanger et célébrer ensemble Dieu à la maison. Souhaitons que ce moyen suscite des initiatives variées dans nos familles, en espérant aussi que nos célébrations dominicales, où le Seigneur convoque sa famille, en soient aussi un reflet.

1Cf. rubrique Repères p. 3

 

Prier en toutes choses

Anne-Claire Carraz, Villemomble

Mère de deux enfants, de 8 et 21 ans, et proche de la spiritualité ignatienne, j’ai toujours eu à cœur de transmettre à mes enfants l’envie de devenir des amis de Jésus, dans toutes les choses de la vie quotidienne. Mon désir est aussi de leur témoigner de la joie de croire et de prier avec eux en toutes circonstances pour que s’éveille en eux une vie intérieure.

En accompagnant Eloi, notre fils âgé de 8 ans, à l’école, je lui propose de confier à Jésus sa journée et les copains. Le midi, quand Eloi déjeune à la maison, nous chantons l’un des bénédicités qu’il a appris avec les scouts. À tout moment et en sa présence, je rends grâce pour le bonheur d’être maman. Il y a une église sur le chemin de l’école où il nous arrive de nous arrêter et d’allumer une bougie à la Vierge Marie en lui confiant nos intercessions. Le soir, avant d’aller se coucher, je lui propose de dire merci à Dieu pour une chose qu’il a vécue dans sa journée.

Parfois, le soir, avec Eloi et mon mari, nous prions plus longtemps. Pour nous tourner vers Jésus, nous allumons une bougie à côté d’une crèche. Nous lisons l’évangile du dimanche, nous prions le « Notre père », puis nous partageons ce que la prière d’alliance « Merci, pardon, s’il te plait » nous inspire. Prier en famille n’a de raison d’être qu’en lien avec notre participation à l’eucharistie dans notre paroisse, aux temps d’éveil qu’elle propose avec d’autres enfants et aux temps forts du scoutisme pour Eloi. Petit à petit, notre vie entière et, nous l’espérons, celles de nos enfants, devient prière et réponse à l’invitation de saint Ignace, de « louer Dieu en toutes choses ».

 

Prier en famille renforce nos liens

Daphné Ndong, 17 ans, Aubervilliers

Je prie plus spécialement avec ma maman car elle est plus ancrée dans l'Église. On prie ensemble les mardis soirs dans notre groupe de prière Ephata. On est aussi dans la chorale de notre église alors il suffit que l'une chantonne et on se met à chanter toutes les louanges que l'on connaît. Comme on dit : « Chanter c'est prier deux fois. » On prie aussi le chapelet ou des neuvaines quand un membre de notre famille est très malade. Dans notre salon, on a un petit coin que maman appelle « l'autel » où on se réunissait avec ma tante et ma cousine pour prier le chapelet, une prière d'un saint ou qui nous avait touchées en particulier.
Mon animateur de catéchisme aime bien citer Jésus : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » En effet, prier en famille renforce nos liens et donne plus de force. C'est plus encourageant de prier à plusieurs parce que certains d'entre nous peuvent trouver la prière un peu ennuyante, fatigante. Cela nous permet de maintenir la paix dans notre famille et exprime notre soutien envers la personne pour laquelle on prie. On pense aussi que prier ensemble apporte plus de grâces. Et ça nous apporte de la joie. Quand on loue le Seigneur, on est constamment joyeux. 
J'ai passé mon bac cette année. Il y a eu des moments où j'ai voulu tout laisser tomber, mais le fait que des membres de ma famille prient pour moi me permettait de me sentir constamment soutenue, de ne pas être seule.

Dans mon aumônerie, par exemple, lorsqu'on prie ensemble, je ressens ce même sentiment de lien qui nous unit. On forme une unité et même parfois une seule voix lorsqu'on dit des prières tous ensemble. C'est ce sentiment de rassemblement qui me plaît beaucoup. Au niveau scolaire, je pense que c'est un peu ça qui ma permit de tenir le coup.

 

Faire fructifier les talents reçus

Helda-Mary et Fabien Appavou, Bondy

J’ai occupé les fonctions de catéchiste au sein de l’église St-Louis de Bondy. Mon mari est membre de l’équipe d'animation paroissiale et mon fils est servant d’autel.
Nous prions ensemble tous les soirs avant de dormir et également tous les trois au moment de Noël devant la crèche tous les soirs après manger. Il nous arrive de prier pour notre famille également quand nous avons la visite d’un prêtre.
La prière quotidienne se déroule dans la chambre avec le livre Parole et Prière. On lit la lecture, le psaume et l’évangile. On médite, puis on prie pour chacun et aussi pour nos familles, amis, personnes malades et pour les prêtres.

On prie en famille pour avoir l’union avec le Christ et dans la famille. Mes grands-parents et mes parents priaient en famille. La prière quotidienne est un moment important ou on s’adresse à notre Seigneur.  On a besoin de ce moment, cela nous donne de la force pour affronter les problèmes de tous les jours.

Le Seigneur est toujours présent

Nous avons inscrit notre enfant au camp Bible parce que nous voulons qu’il apprenne à connaître la Bible et aussi qu’il puisse grandir dans la vie avec le Christ. Il a découvert de nombreux personnages de la Bible, qu’il peut prendre comme exemples à suivre ou à méditer. Il sait que le Seigneur est toujours présent avec lui et qu’il peut lui confier tous ses problèmes. Quand il est malade, par exemple, il n’hésite pas à prier le Seigneur pour qu’il lui apporte la guérison.

Dans la prière familiale, nous remercions le Seigneur pour tout ce qu’il nous a donné ce jour. Cela nous apporte la foi et nous donne la confiance et le courage pour combattre toutes les difficultés. Cela nous permet de fructifier les talents que le Seigneur nous a donnés, pour témoigner de notre foi en Jésus-Christ et de vivre en chrétiens.

Grâce à la prière en famille, on écoute les autres et on les aide dans les difficultés quotidiennes, on leur donne espoir en Dieu. On prie aussi en union avec les paroissiens pour les personnes malades. Au travail, on reste à l’écoute et attentif aux problèmes de chacun.

 

Donner le goût de la prière

Valérie Barbaras, Montreuil

Pour l’éveil à la foi, nous nous rencontrons une fois par mois, le dimanche matin. A Noël et à Pâques, la matinée est remplacée par une journée complète (nous partageons le repas du midi ensemble). Le groupe est constitué d’enfants de 7 ans, en CE1. Cette année, ils étaient 15. J’anime rarement la séance seule, plus souvent à deux, parfois à trois.

Les objectifs pour les enfants sont de leur faire découvrir la foi à travers les fêtes du calendrier liturgique (c’est le thème de l’année), trouver des réponses à leurs questions, vivre en amitié avec leurs camarades, se construire des repères, préparer le chemin, trouver leur place dans l’Église.
Pour l’animateur, les objectifs sont de faire écho à ce que les enfants vivent dans la paroisse, au quotidien.
Au début de l’année, j’ai encouragé les parents à co-animer les séances, mais la proposition n’a pas eu de succès, sauf pendant la journée complète de l’Avent où j’étais seule à animer et où l’un des parents m’a assistée dans la gestion du groupe. L’absence des parents me paraît normale. On échange ensuite, parfois, à la fin de la séance.

Les parents, relais de la catéchèse en paroisse

En revanche, je pense que les parents doivent se faire le relais de ce qui est dit lors des rencontres, sous peine que l’éveil à la foi soit juste un vernis culturel et non un chemin vers Dieu. Pour ma part, j’essaie de transmettre ma foi et je fais parler les enfants pour leur montrer que Jésus est présent dans leur vie. Le rôle des parents peut être de répondre aux questions des enfants, de les aider à aménager un coin prière dans la maison, de les aider à prier, à avoir envie de rencontrer le Seigneur et à faire grandir leur foi ; leur foi en Dieu, mais aussi leur foi en les hommes. Les enfants ont leur rôle et participent à la construction de la société au même titre que les adultes.

Dans cette perspective, j’ai rédigé, en début d’année, un texte à destination des parents, expliquant ce que l’on pouvait trouver à l’éveil à la foi et ce qui en était exclu. J’y détaille également les prolongements possibles à la maison. D’autre part, les enfants repartent parfois à la maison avec un bricolage à finir, ce qui leur permet de prolonger la séance ou de relire un texte que l’on a glissé dans le lutin-porte-vue. Les enfants y rangent les textes, les dessins et les chants.

Complémentarité parents-animateurs

Je pense que certains parents attendent une sorte d’éducation religieuse. Ils ont l’impression que les animateurs paroissiaux sont plus à même de construire une cohérence dans le discours, d’exploiter les textes bibliques.
D’autres attendent des animateurs qu’ils trouvent les mots qu’ils n’ont pas pour répondre aux questions des enfants.
Enfin, d’autres encore n’attendent rien de particulier : soit ils se disent que c’est une démarche logique quand on est chrétien (plus ou moins pratiquant), soit que leur enfant bénéficie ainsi d’une activité complémentaire, avec la caution religieuse.

J’informe les parents des différentes rencontres organisées par la paroisse ou le diocèse, des retraites proposées aux enfants et aux parents, pour les inciter à vivre des moments de partage avec les autres.
Concernant les méthodes, je rédige un texte sur un thème donné (les grands moments du calendrier liturgique), expliquant ce que l’on fête ce jour-là, le pourquoi du rituel, etc. Je cherche un texte s’y rapportant dans la Bible. A partir ce de texte, nous construisons quelque chose : un dessin, un bricolage, un jeu, un chant.

Tout le monde peut prier

Le goût de la prière est donné… en priant ! Nous prions au début de la séance et parfois à la fin. Les prières sont variées (à partir d’une lecture, à partir d’un chant), gaies et extériorisées, graves et intérieures, assis sur des coussins, debout, à genoux, yeux ouverts, yeux fermés. Cette variété fait comprendre aux enfants que la prière fait partie intégrante de la vie ; qu’elle est pratiquée dans un endroit propice au recueillement pour se faire rituel, mais aussi intérieurement à tous moments de la journée ; qu’elle peut aussi se faire louange collective à l’église, par le chant et la danse.

Les moments de rassemblement sur les coussins sont des moments de prière, mais aussi de débats. Les prières sont le plus souvent celles de l’Église ou celles que je trouve sur les sites « idées caté » ou « KT 42 », dans la revue du Mouvement eucharistique des jeunes (MEJ) ou dans l’ouvrage « Seigneur, apprends-nous à prier ».

L’essentiel me paraît être de ne pas considérer la prière comme un rituel réservé aux initiés. Tout le monde peut prier à sa manière et quel que soit le lieu. Une prière peut être une fête collective. Elle peut être également une confession, une demande, un remerciement, dans sa tête, yeux fermés. Dans tous les cas, la prière est un « dialogue » avec Dieu, et à ce titre, elle peut revêtir une multitude de formes. Quand on a compris cela, la prière rituelle peut prendre place dans la vie quotidienne (le matin au réveil, le soir au coucher…) car elle prend sens. C’est à ce moment que l’on prend plaisir à aménager un coin prière dans la maison ou dans sa chambre.

Les enfants expriment leur foi dans le quotidien

Les enfants sont enthousiastes dès lors qu’on leur propose d’être actifs : ils préfèrent toujours lire les textes eux-mêmes à haute voix, ils aiment changer d’espace quand on change d’activité, ils aiment construire quelque chose, dessiner.

Ils restent, en revanche, plutôt passifs dès qu’on essaie de débattre d’une question, car ils n’osent pas toujours s’exprimer ou n’ont pas le recul nécessaire pour s’exprimer sur un sujet donné (le pardon, l’amitié, la joie, etc.). Une fois le débat avancé et balisé, ils prennent confiance et deviennent plus loquaces.

Ils ont besoin d’exprimer leur foi avec leurs copains, dans la joie. Ils ont besoin de dessiner, de chanter, de rire, d’échanger sur des expériences de vie.

Ils ont aussi besoin que l’on ritualise les séances (le changement dans la continuité). Ils ont besoin de se persuader que le Seigneur les aide à faire des choix, à ne pas avoir peur, à grandir, que le Seigneur les guide, et aussi qu’il leur pardonne leurs bêtises ou leurs écarts. Bref, qu’il ne les laisse pas tomber.

Les enfants expriment leur foi dans ce qu’ils font au quotidien : aider un ami, obéir à ses parents, donner de l’argent à quelqu’un qui mendie, se réconcilier, pardonner, exprimer sa joie, remercier. Ils l’expriment aussi dans la prière, si elle est libre et consentie, et investie d’une intention.

 

Prendre du temps pour le Seigneur et mon prochain

Linda et Yuanis Fidan, Bondy

Nous sommes mariés depuis maintenant 12 ans et nous sommes les parents de Thomas, Emmanuel et Anne-Marie. Nous sommes membres actifs de la paroisse de St-Louis (équipe d’animation paroissiale, catéchisme, organisation d’évènements sur la paroisse…).
Nous prions en famille (parents et enfants) à table lors des repas (bénédiction du repas) et le soir avant le coucher des enfants.
La prière du soir, se compose d’une action de grâce spontanée de chacun puis une intention pour les malades, en particuliers ceux de la paroisse et membres de notre famille, en finissant avec le « Notre Père », « Je vous salue Marie » et une prière à notre ange gardien.
Tous les soirs nous prions également en couple avant de se coucher autour de l’icône du Sacré Cœur de Jésus, d’une statuette de la Vierge Marie et d’une bougie. Cela peut être une neuvaine, un chapelet, des intentions de prière ou un temps de partage de l’évangile du jour.
Et lorsque nous prenons la route, nous récitons le chapelet de la divine Miséricorde pendant le temps du trajet.

Un lieu pour partager la foi

La prière en famille nous permet d’être unis dans la prière.
Elle permet de transmettre la foi à nos enfants, ce qui nous semble très important pour eux, pour leur permettre de prendre conscience de l’importance de la prière, de prendre du temps pour le Seigneur.
Ainsi, nous préférons les inscrire au Camp Bible au Fil plutôt qu’au centre de loisir, sachant qu’ils sont encadrés par des religieuses avec un projet autour de la parole de Dieu.
Nous attendons du Camp Bible au Fil, que nos enfants rencontrent d’autres enfants chrétiens et que des amitiés se créent, mais également un lieu où ils peuvent échanger sur leur foi avec des personnes extérieures à la famille afin que l’Église soit toujours au centre de leur vie.
Le Camp Bible au Fil a apporté à Thomas  une certaine connaissance des personnages de l’Ancien Testament et beaucoup de chants qu’il chante à la maison et dont il fait profiter toute la famille !
Cela lui a aussi apporté le sens du partage et du service.

Des moments privilégiés

La prière en famille permet d’avoir des moments privilégiés avec nos enfants.
Nos enfants peuvent nous voir autrement que dans  le rôle des parents (fais ceci, fais cela…), nous sommes plus patients, plus calmes. Nous voir aussi nous confier au Seigneur dans des moments de faiblesses les touche particulièrement.
En famille, nous prions souvent pour les malades de notre paroisse et membres de la famille qui souffrent. Par exemple, lorsqu’une personne de la communauté est gravement malade, nous organisons un chapelet à la maison à l’intention du malade, ce qui a créé des amitiés avec les personnes présentes ces jours-là.

 

Dieu veille sur nous

Mélanie Liffschitz, Noisy-le-Sec

Nous prions tous en famille le soir, avec mon mari et nos 4 enfants de 6 à 13 ans, au moment du coucher des enfants. 
Nous commençons par une lecture. L'année dernière, c'était des paroles du pape François et cette année, c'est Le livre des merveilles Junior, chez Mame, qui propose chaque jour une histoire très courte qui raconte l'histoire d'hommes et de femmes qui se sont mis au service de Dieu, des saints évidemment, mais pas seulement.
Nous prions pour les personnes de notre entourage qui traversent des difficultés. Puis nous récitons un « Notre Père ».
Parfois nous prenons un chant méditatif mais il faut vraiment que moi et mon mari soyons très en forme !       

Action de grâce

Nous prions en famille pour nous rapprocher de Dieu, montrer à nos enfants qu'il nous aime et nous écoute.
Je pense que la prière permet aux enfants de s'apaiser et de ne pas rester centrés sur leurs petits problèmes, mais d'ouvrir leur cœur à l'amour de Dieu.
Quant à nous, cela nous permet de nous recentrer sur l'essentiel. De remercier Dieu pour la chance que nous avons d'avoir un toit, à manger et des enfants en bonne santé.
Sans doute, la prière en famille a des effets sur notre vie au sein de la communauté paroissiale, dans le monde (travail, etc.), mais nous ne faisons pas spontanément ce lien. Ce qui est sûr, c'est que Dieu veille sur nous et nous aimons à déceler les signes de son amour dans notre quotidien.

 

La prière familiale est fondamentale

Herman Houndebasso, Livry-Gargan

Ma vie de famille avec mes enfants date des années 80, époque où mes enfants fréquentaient l’établissement Fénelon de Vaujours pour l’aînée Françoise-Cécile et le second Georges-Alain. Le troisième, Jean-Jacques fréquentait encore la maternelle de Vaujours. Leur maman, sage-femme, avait des horaires de travail très décalés par rapport à la famille puisqu’elle devait assurer 24 h de « garde », deux fois par semaine, et pratiquement tous les week-ends. Le père, responsable de groupe en bureau d’études ne rentrait que tardivement les soirs, juste à temps pour répondre aux besoins des enfants concernant leurs devoirs de classe et pour faire manger la famille avant la nuit…

Dans ces conditions, les temps de prière en famille étaient bien rares en dehors des temps de repas et des week-ends, samedi et dimanche, pour rendre grâce des bienfaits de la semaine. Nous allions à la messe dominicale à l’église Ste-Thérèse du Vert Galant, notre Paroisse, où nous aimions honorer avec les paroissiens l’eucharistie du dimanche. Ces temps de prière partagés étaient toujours un réconfort face aux difficultés de chacun dans son quotidien. Et les enfants qui connaissent des moments de prière en groupe dans leur établissement gardaient un rythme de fonctionnement parfois cassé par les soirées où la maman était absente pour raison professionnelle et où le papa rentré tardivement donnait la primauté au repos des enfants, repos nécessaire pour un temps de sommeil suffisant avant de retourner à l’école le lendemain matin. La prière, avant et après le repas familial, reste en semaine le seul moment où la famille réunie rend grâce à Dieu pour tous ses bienfaits et pour la nourriture partagée par sa volonté. Au fur et à mesure de la croissance des enfants, j’ai constaté que ces contraintes de vie n’ont pas, semble-t-il, permis un éveil spirituel suffisant à leur niveau, puisqu’en l’absence du père parti temporairement aux Etats-Unis, ils ont arrêté de fréquenter l’église du Vert-Galant.

Rester fidèles à l'Evangile du Christ

A mon retour des USA, j’ai compris la nécessité de rétablir la pratique de la famille pour que la prière devienne le choix de chacun. Mais le sort en a décidé autrement. Ma famille subira un accident de circulation sur l’autoroute du Nord et la maman qui conduisait ainsi que deux enfants, l’ainée Françoise et le dernier Jean-Jacques ne seront pas épargnés en 1991.

Le rescapé de cet accident était en classe de cinquième. Avec l’aide de ses professeurs et une organisation personnelle pour lui permettre de grandir normalement, nous avons réussi à l’amener au Bac S et au concours des facultés de pharmacie qu’il a réussi. Pour recréer une famille et nous permettre de reprendre une vie normale, ma rencontre avec Emilia fut décisive. Cette nouvelle vie commençait à s’harmoniser à peine quand notre fils, en pleine deuxième année de pharmacie, fut saisi d’une crise comportementale le rendant agressif et violent envers tous ses contacts. C’est grâce à la diligence de l’hôpital Robert Ballanger d’Aulnay-sous-Bois que des soins intensifs ont pu lui être administrés. Cette situation mit fin à ses études de pharmacie, mais l’efficacité des soins lui a permis de se reconvertir après un concours administratif réussi. Emilia et moi-même avons pu également nous réorganiser, installer un oratoire pour notre prière quotidienne et rester fidèles à la spiritualité que l’Évangile du Christ nous a laissée. L’importance de la prière en famille est fondamentale pour chacun et surtout pour les enfants qui ont tendance à s’éloigner de l’Eglise… Mon fils qui vit chez lui à trente-cinq ans m’en a donné un triste exemple malgré mes efforts pour lui en faire prendre conscience…

 

Des idées à foison pour prier ensemble à la maison

Virginie Aladjidi, co-auteur avec Caroline Pellissier, sous la direction d’Etienne Grieu, du livre Prier ensemble à la maison

A la demande de l’initiateur du projet, Etienne Grieu, jésuite qui vit en communauté à Saint-Denis et de l’éditeur, les Éditions de l’Atelier, nous avons pensé la construction du livre Prier ensemble à la maison à partir d’interviews de personnes de Seine-Saint-Denis, principalement car ce projet est soutenu par le diocèse.

Avec Caroline Pellissier, co-auteur, nous écrivons à quatre mains des livres pour les enfants, des documentaires sur la nature, des histoires du soir, des livres pour parler d’art aux enfants et des livres chrétiens depuis 15 ans.

Partir de la réalité vécue dans les foyers

Pour ce projet-là, il s’agissait avant d’écrire le livre, de partir de la réalité de la prière vécue par les foyers d’aujourd’hui.

Nous souhaitions, avant d’écrire ce livre ensemble, « collecter » dans les familles qui prient toutes les idées, expériences, témoignages en ce domaine pour proposer aux lecteurs diverses idées et gestes d’une liturgie familiale tout au long de l’année. Une démarche sans doute enrichissante.

Mais allait-on trouver des chrétiens qui prient ensemble ? Chacun ne prie-t-il pas tout seul ?

La première question, posée à la soixantaine de personnes interrogées était donc :

« Priez-vous à la maison, en famille ? »

Au fond, à ce moment-là, je n’étais pas certaine que les familles prient. Je me disais que l’une ou l’autre le faisait peut-être… de temps en temps ?

Quelle émotion quand tous les gens interviewés, un à un, m’ont répondu : « Bien sûr qu’on prie ensemble ! ».

Pour symboliser le moment de prière communautaire, de nombreux foyers ont un espace prière, un oratoire avec Bible, une statue de Marie, une croix… et souvent une croix dans chaque pièce. La foi est présente dans la maison.

Beaucoup ont évoqué la prière quotidienne et des moments de chapelet (le samedi par exemple).

Des pratiques de prière ancrées dans le quotidien

J’ai été touchée qu’on ne nous dise pas : « C’est difficile de trouver du temps, de motiver les enfants, les ados ». Des témoignages que j’avais souvent entendus dans des familles qui se disaient : « Il faut prier tous les jours mais c’est un idéal guère réaliste ». Les personnes interviewées m’ont juste dit : « Oui, on prie ensemble, c’est si important de relier notre vie au Seigneur ». Une évidence, une foi.

Les gens avaient envie que ce livre Prier ensemble avec « 101 idées et autant de gestes » soit publié ! Ils veulent de nouvelles inspirations. Cela nous a motivées pour écrire ces 128 pages. Beaucoup de personnes ont dit chercher sur internet des prières, des hymnes et les imprimer pour les lire avec les enfants. Aussi, avec Caroline nous avons ajouté des prières traditionnelles de l’Église en fin d’ouvrages, certaine citées par les familles comme fondamentales.

La prière personnalisée

Même si la prière semble naturelle à ces chrétiens ils sont preneurs de textes à lire une fois rassemblés ou de découvrir de nouvelles occasions de parler au Seigneur ensemble. Dans le livre nous proposons donc aussi des prières à lire et personnaliser en même temps. Par exemple, dans la prière pour les grands-parents, chacun ajoutera leurs noms, dans la prière pour les prêtres, on citera  celui de sa paroisse, dans la prière pour l’anniversaire d’un enfant, on dira son prénom…

Une pratique en lien avec la paroisse

La prière est vécue en famille, mais aussi en lien avec la paroisse, l’Éveil de la foi, le caté, les mouvements, le scoutisme ont été cités comme lieu ressourçant.

J’ai entendu pour ces foyers l’importance aussi des pèlerinages ponctuels : dans telle église (Sacré-Cœur), dans tel lieu (Notre-Dame des Anges).

J’ai pu écouter des mères et des pères pendant que leurs enfants étaient à une séance d’Éveil de la foi (St-Ouen, St-Denis…), parents pratiquants ou parents qui commençaient à s’intéresser à la foi par les questions des enfants. Pour ces derniers, les propositions de la paroisse les guident à la maison, une famille par exemple s’est procuré une crèche pour prier pendant l’Avent ! Les enfants aiment les choses concrètes, les gestes… et cela aide les adultes à donner forme à leur foi. J’ai été étonnée de rencontrer des familles très priantes dont l’enfant n’est pas baptisé, c’est parfois pour attendre un membre de la famille qui habite ailleurs…

Des papas impliqués

Il y avait davantage de mamans que de papas dans ces lieux pour enfants, aussi au pèlerinage Notre-Dame des Anges, j’ai cherché à parler aux pères !

Cela m’a beaucoup touchée car ils citaient tous leur femme, ils voyaient leur rôle de transmetteur de la foi en binôme, en projet éducatif et spirituel commun, ancré dans leur mariage. Beaucoup ont parlé aussi de leur enfance et de l’importance du père ou de la mère dans la foi.

Quand je parlais aux mères je n’osais pas trop demander s’il y avait un papa car de nombreux foyers sont monoparentaux. Je regrette de n’avoir pas su demander car quand nous publions les témoignages, je n’ai pas le prénom du papa qui était peut-être bien présent et que j’aurais aimé nommer.

A l’écoute des enfants

J’ai pu rencontrer aussi quelques enfants, qui m’intimident davantage que les grands car si ma question est mal formulée, il n’y a pas de politesse : ils ne savent pas quoi répondre ! J’ai par exemple rencontré un groupe de caté, je pose ma question : « Priez-vous en famille ? » Grand silence, tout le monde me dit de la tête que NON. Cette rencontre avait été longue à organiser…  en une minute, tout est-il « fichu » ?

Je me mets face à un seul enfant, à sa hauteur. Je repose ma question différemment : « Est-ce que parfois tu pries chez toi ? Oui… En famille ? Oui (ou avec l’un ou les deux parents)… et comment ça se passe ? Vous avez un endroit particulier ? Oui bien sûr ! » Certains m’ont parlé d’une image d’un sanctuaire de leur pays d’origine par exemple, du chapelet…

Je suis allé à la hauteur d’un autre enfant…puis d’un autre… 20 fois. Chacun m’a dit comment il priait en famille…

J’étais émerveillée.

L’essentiel à transmettre

J’ai osé une autre question aux adultes, question qui me paraissait très difficile… celle qu’on n’aimerait pas trop qu’on nous pose ! « Si vous n’aviez qu’une chose à transmettre sur la foi, qu’est-ce que ce serait ? ».

Étonnement encore, cela semblait aller de soi pour ces gens !

« Le pardon bien sûr »,  « Que Dieu est avec nous malgré les difficultés », « Que dans la vie, on peut demander de l’aide à l’Esprit Saint »… Aujourd’hui encore je suis émue par ce que j’ai entendu, je remercie le Seigneur d’exister, de se montrer à tous ces gens, merci à l’Esprit Saint de se faire sentir… Merci aux parents qui ont envie de faire grandir leurs enfants dans l’amour… comme cette jeune maman de la cité des 4000 (vous en avez entendu parler ? me demande-t-elle) qui  redit que le plus important c’est le respect de l’autre.

En écrivant ce livre, j’ai repris le rendez-vous d’un petit moment de prière avec mes 3 jeunes enfants (et avec mon mari parfois), que j’avais oublié depuis un certain temps… C’est aussi un côté positif de ce travail de 18 mois !

A partager

Après les interviews nous avons pu ajuster notre sommaire à ce que nous avons entendu : prières pour la rentrée, l’Avent, le Carême, l’été, prières pour des événements particuliers…

Nous avons choisi de garder certains témoignages qui donnent des nuances à des idées de prières. Avec l’éditeur, en ayant à l’esprit ces « futurs vrais lecteurs », nous avions envie que ce livre soit beau pour petits et grands, les illustrations de Lucile et Raphaëlle, donnent ce dynamisme et cette joie, cette confiance… Il se peut que ce soit votre enfant qui vous dise : « Allez, on prie ! Regarde, il y a des idées de prière pour la fête des mères ! ».

Nous récoltons vos témoignages sur la page Facebook dédiée. Comment priez-vous ? Quand ? Donnez-nous d’autres idées !

 

Propos recueillis par Anne-Marie Tossou

Repères

 

A lire...

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Pour faire connaître, échanger les ressources, usages et initiatives autour du livre illustré et ludique Prier ensemble à la maison - 101 idées et autant de gestes.

 

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