Premiers pas dans la foi (N°27 / Février - Mars 2016) — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Premiers pas dans la foi (N°27 / Février - Mars 2016)

Le catéchuménat commence lorsqu'un adulte ou un jeune de 13 à 17 ans prend librement la décision de demander explicitement à l’Église de devenir chrétien. Cette démarche commence le plus souvent par une demande de baptême. Ce cheminement enracine dans la vie du Christ en intégrant son Corps, l’Église.

« Je vis, mais ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ! » (Galates 2, 20)

 

Passer au Christ

Accueillir avec humilité

J'ai dit « oui »

Il suffit juste de l'accepter

Petite face à l'oeuvre de Dieu dans les coeurs

Une présence discrète auprès d'elle

Une marche trépidante vers le Tout-Puissant

Suivre Jésus

Les catéchumènes chinois du 93 : porteurs d’espérance !

Repères

 

 

Passer au Christ

Colette Ta Ninga, déléguée diocésaine au catéchuménat
L’adulte ou le jeune qui répond à l'appel de Dieu, se met sur un chemin de conversion. Un retournement se produit dans sa vie. En se laissant conduire par l’Esprit de Dieu, il prend plaisir à connaître la vie du Christ. Il peut alors demander à faire partie de l’Église qui célèbre dans la liturgie son entrée en catéchuménat. Il constate chemin faisant, que sa vie a changé depuis qu'il connaît le Christ qui lui parle d’un Dieu Père qui n’est qu’Amour et dont le dessein est de sauver l’humanité. Il comprend que ce salut le concerne personnellement. Il se met à y croire et à vivre en homme déjà sauvé. Ses difficultés ne disparaissent pas, mais il reçoit une force pour les surmonter dans sa confiance en Christ. Cela change toute sa vie. Alors, le jour de l'appel décisif, il peut répondre « oui » à cet appel à suivre le Christ adressé par l'évêque de la part de l’Église et il inscrit son nom dans le livre des appelés. Il peut professer publiquement sa foi le jour de son baptême et être pleinement uni au Corps du Christ dans l’eucharistie.

« Je lui parlerai cœur à cœur »

Notre diocèse comprend 32 équipes de catéchumènes. Leur fonctionnement fait partie intégrante des activités de la paroisse. « Ceux qui ont reçu de Dieu, par l’intermédiaire de l’Église, la foi au Christ, doivent être admis au catéchuménat par des cérémonies liturgiques. Le catéchuménat n’est point un simple exposé des dogmes et des préceptes, mais une formation à la vie chrétienne intégrale et un apprentissage par lesquels les disciples sont unis au Christ leur Maître. Les catéchumènes doivent donc être initiés, de façon appropriée, au mystère du salut, à la pratique des mœurs évangéliques, et introduits, par des rites sacrés, à célébrer à des époques successives, dans la vie de la foi, de la liturgie et de la charité du Peuple de Dieu »1.
Chaque année dans notre diocèse, près de 300 adultes et jeunes reçoivent le baptême lors de la veillée pascale. Le sacrement de confirmation célébré un an à distance du baptême et de l’eucharistie permet au nouveau baptisé d’employer ce temps de préparation pour enraciner sa foi dans la prière, se nourrir de l’eucharistie, découvrir et vivre le sacrement du pardon, en lien avec ses frères chrétiens en Église. Cela pour toute la vie, car le catéchuménat n’est que la mise en route de la vie chrétienne qui trouve sa plénitude en Dieu. Le Christ nous le dit : « Moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jean 10,10). Le cheminement catéchuménal permet d’abord un enracinement dans la vie du Christ en faisant partie de son Corps qui est l’Eglise. De là découlent les autres lieux d’enracinement comme le service du frère dans la charité, la participation à la vie matérielle de l’Eglise et le sentiment d’appartenance au peuple de Dieu. Cet enracinement peut être vécu durablement dans la mesure où dès le départ, la communauté chrétienne est concernée par l’initiation des catéchumènes. « Cette initiation chrétienne au cours du catéchuménat doit être l’œuvre, non pas des seuls catéchistes  ou des seuls prêtres, mais celle de toute la communauté des fidèles, spécialement celle des parrains, de sorte que, dès le début, les catéchumènes sentent qu’ils appartiennent au peuple de Dieu (…) Les catéchumènes doivent de même apprendre à coopérer activement par le témoignage de leur vie et la profession de leur foi à l’évangélisation et à l’édification de l’Église »1.
L’exemple de la vie communautaire, dans les Actes des Apôtres, continue d’inspirer les chrétiens de notre temps par le rassemblement pour l’enseignement de la Parole de Dieu, la prière, le partage, l’eucharistie, la solidarité entre les communautés chrétiennes. C’est dans toute cette vie chrétienne que le service du catéchuménat est chargé d’introduire progressivement les catéchumènes.

1Ad Gentes §14, Décret sur l’activité missionnaire de l’Église, Paul VI, 1965

 

Accueilliir avec humilité

Père Jacques Meunier, prêtre à Romainville
Quand j'ai été nommé comme prêtre en responsabilité pour les paroisses du Haut Montreuil, quelques adultes se sont manifestés (auprès de moi ou d'autres) pour demander le baptême. Après un temps de réflexion, de demandes de conseils et de contacts, j'ai sollicité trois adultes dont j'avais eu vent de l’intérêt pour ce type de mission : Bernadette Anouchian (une religieuse implantée depuis de longues années sur le coin et qui avait été amenée à accompagner individuellement quelques catéchumènes adultes mais en souhaitant une démarche moins individuelle), Claude Caillère (un laïc, ancien permanent de JOC et d'ACO, lui-même en équipe ACO, dont j'avais écho de la capacité à partager sa foi en tenant compte de ses interlocuteurs, et de son souci d'une Église attentive au monde populaire) et Gonzague Dumérac (un Frère des Écoles Chrétiennes, inséré en communauté sur une cité du Haut Montreuil). Nous étions d'accord tous les quatre sur une perspective commune : une volonté de proposer un chemin de découverte de Jésus-Christ qui s'enracine à la fois dans l'Évangile et dans la vie des catéchumènes. Et qui commence par une attitude d'accueil de chacun.

Avec ce trio, dès le départ, nous avons été d'accord pour inviter à une première rencontre commune les adultes que nous avions repérés ou qui nous avaient été signalés comme demandeurs de catéchuménat (baptême ou confirmation). La richesse de cette première rencontre nous a beaucoup marqués, et, dans notre rencontre de reprise de cette première rencontre nous nous sommes dit que nous avions de la chance d'être témoins de ces adultes en qui l'appel de Dieu traçait des pointillés… Et nous avons continué sur la lancée !

Avant d'arriver à Montreuil, je n'avais jamais été sollicité pour accompagner des catéchumènes adultes, sauf un intérim à Neuilly-sur-Marne, où j'ai repris durant une année avec un couple responsable du catéchuménat, mais sans être investi en direct. C'était donc pour moi un investissement nouveau. Mais je ne crois pas m'être posé explicitement la question de savoir si j'étais capable d'assurer cette mission… Des personnes frappaient à la porte : il fallait accueillir leur demande. Tout simplement ! Mais mon manque d'expérience du catéchuménat adulte n'est sans doute pas étranger au fait que j'ai souhaité une démarche portée à plusieurs, pour qu'on s'épaule, qu'on se complète, qu'on s'ajuste aux catéchumènes avec nos approches forcément un peu différentes.

Demeurer humble

Aujourd'hui ? Je viens de quitter le Haut-Montreuil en passant la main. Il est envisagé que je “reprenne du service” sur mon nouveau lieu d'insertion, à Romainville. Je m'en réjouis. Je me sens à l'aise dans cette mission. J'ai été témoin (avec les autres membres de l'équipe d'accompagnement) de beaucoup de transformations, de découvertes, de “conversions” humaines (d'ouverture, de sens communautaire …). Est-ce que je me sens plus capable d'assurer cette mission ? Il y a certainement le bénéfice de l'expérience vécue depuis dix ans qui me donne quelques “sécurités”, mais je crois important de demeurer très humble, et très à l'écoute des adultes qui nous demandent un accompagnement, car c'est à chaque fois une aventure dont nous n'avons pas les clés ! 

Je n'ai pas de diplôme d'accompagnateur… mais je crois que ce que j'ai vécu durant de longues années (j'ai été ordonné prêtre en 1968) au service des mouvements, d'abord la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) et puis l'Action catholique ouvrière (ACO), reste pour moi un repère qui conduit mon attention à la vie des personnes accueillies. La pratique de l'aumônier en JOC ou en ACO (avec quelques différences dans la mesure où il s'agit de jeunes ou d'adultes) a été pour moi, presque dès la sortie du séminaire, une école d'écoute, du respect de l'expression de l'autre, un apprentissage du discernement, un appel à taire ce que je crois déjà savoir pour accueillir d'abord ce que l'autre vit et sait déjà…  Tout cela semble très beau, et ça l'est ! Mais ce n'est pas toujours facile à vivre !

Un travail d'équipe

Notre équipe d'accompagnement (les 4 du départ) s'est modifiée peu à peu, avec les départs de tel ou tel, ou les fins de mandat (en pratique, les “appelés” le sont pour une durée de 3 ans renouvelable une fois). Dans l'équipe que je quitte, il n'y avait plus que moi qui étais dans l'équipe du départ. Mais quelle que soit sa composition (j'y reviendrai plus loin), cette équipe a été pour moi un soutien, un appui. Ce soutien ou cet appui, je crois que nous l'avons toujours été les uns pour les autres. C'est cette équipe qui nous offrait le lieu d'une relecture de chaque rencontre, où nous parlions de ce que nous percevions comme évolution, comme progression, comme difficultés ressenties de la part de tel participant. C'est cette équipe qui était le lieu d'une recherche pour définir le point de départ à proposer à chaque nouvelle rencontre. C'est cette équipe qui nous donnait “d'inventer” le parcours. Nous avons testé plusieurs “outils” qui nous proposaient une démarche, un contenu, un parcours, une méthode… mais au bout de l'essai, nous ne nous sentions pas bien à l'aise. Si bien que nous choisissions d'avancer à notre rythme, ou plus exactement au rythme des catéchumènes. En fin d'année, nous faisions le récapitulatif des “thèmes” abordés, des textes de la Bible travaillés  ensemble.

Un grand bonheur

L'accompagnement m'a apporté beaucoup de bonheur dans ma vie d'homme et dans ma vie de prêtre… Il y a déjà l'expérience d'une amitié forgée dans l'équipe d'accompagnement, à travers le partage de nos responsabilités, à travers le souci de ”coller” à ce que sont les catéchumènes, chacun dans sa singularité. La complémentarité de nos points de vue (sur ce que deviennent au fur et à mesure les catéchumènes) est précieux et le temps passé ensemble (quasiment autant que le temps passé avec les catéchumènes) forge dans l'équipe une façon commune de nous intéresser à leur vie, leurs souffrances, leurs espoirs, leurs joies…  Pour moi, c'est un vrai travail d'Église que nous portons ensemble, laïcs et prêtre.

Dans ma relation avec les catéchumènes, j'éprouve aussi un grand bonheur. Je crois expérimenter une certaine forme de paternité. Quelques-uns ou quelques-unes me le disent, d'ailleurs, à leur façon. Ils expriment de la reconnaissance. La qualité du partage dans le groupe, ou les groupes, entre catéchumènes, nous a scotchés quelquefois : lieu de confiance profonde entre eux, pour oser dire ce qu'ils n'avaient jamais osé exprimer ailleurs pour certains ! On est là, témoins de personnes qui, parce qu'elles se sentent écoutées, sans être jugées, se libèrent, s'épanouissent. Elles découvrent à travers l'accueil du groupe, un Dieu patient, un Dieu Père, un Dieu Frère…

A travers ces années d'accompagnement, j'ai expérimenté le degré de confiance que nous faisaient ces catéchumènes. Nous ne sommes pas meilleurs qu'eux. Nous sommes, nous aussi, en recherche de Dieu… mais à leurs yeux, nous sommes comme des grands frères ou des grandes soeurs auxquels ils confient leurs questions, leurs appréhensions, leurs découvertes… Et cela, c'est grandement nourrissant pour notre prière d'action de grâce, et, tout autant, pour notre humilité ! Qui suis-je, Seigneur, pour accompagner cette personne qui me semble tellement plus proche de Toi que je le suis… ?

Faire face aux difficultés

Ce qui me vient à l'esprit, au niveau des difficultés rencontrées, tourne autour des demandes qui veulent “aller vite”. Nous avons l'expérience d'une catéchumène qui était pressée de recevoir le baptême, et ensuite la confirmation, malgré une régularité problématique (que nous comprenions en partie, compte tenu de sa situation familiale et de ses horaires de travail). En en parlant dans l'équipe d'accompagnement, nous étions hésitants : fallait-il faire patienter ? Était-il plus opportun de satisfaire sa demande ?

Dans le même ordre d'idée, il y a la difficulté liée à l'intention des demandeurs : certains sont demandeurs du sacrement (baptême, eucharistie ou confirmation), mais n'ont pas le désir d'une vie en Église. Ils participent aux rencontres plutôt avec fidélité, mais ne se lient pas autant que d'autres avec le groupe. Et, au bout du compte, une fois le sacrement reçu, il n'y a pas de liens avec une communauté qui puisse offrir un soutien en continu. Nous le regrettons, mais on ne peut imposer ce qui est de l'ordre d'un choix libre et personnel.

Un autre type de difficulté est lié aux situations humaines, aux conditions de vie concrète, au statut social d'un bon nombre de catéchumènes. Accueillir un travailleur catéchumène sans papier suppose que nous acceptions au départ une participation chaotique aux rencontres, compte tenu des offres d'emploi au noir qui se présentent pour lui et qui lui sont vitales !

Parmi ces situations humaines de nos quartiers, il y a l'obstacle de la langue. Je pense à une catéchumène, jeune adulte, ne maîtrisant pas la langue française. Nous avons eu quelques cas comme le sien, mais plusieurs de ces situations n'ont été que provisoires grâce aux efforts des catéchumènes eux-mêmes et de leur entourage (y compris par l'investissement de tel ou tel du groupe). Mais dans le cas auquel je pense, la situation dure et cela se traduit par une grande difficulté d'expression, de partage – et, apparemment, de passivité qui, à la longue, pose question.

Il y a aussi un certain nombre de demandes qui n'aboutissent pas. Des personnes se signalent, mais ne viennent pas, et pourtant elles disent qu'elles veulent venir… Notre pratique est de continuer à transmettre les invitations pendant un an, deux ans ou plus - à moins que la personne concernée nous dise clairement qu'elle souhaite arrêter ou faire une pause, et encore même lorsqu'il est question de pause, je demande si l'intéressé souhaite recevoir quand même les invitations.

Devant ces situations, nous trouvons appui dans notre réflexion au sein de l'équipe d'accompagnement. Pour ma part, j'ai besoin de leurs appréciations pour ajuster mon jugement. En ce sens, l'équipe est un soutien évident pour moi.

S'appuyer sur l'essentiel

Il y a déjà quelques années, un membre de l'équipe diocésaine a pris contact et nous l'avons invité à partager avec l'équipe d'accompagnement d'alors. Nous lui avons dit notre façon de faire, mettant en premier la démarche de partage collectif et en second le dialogue individuel pour les catéchumènes qui le désirent. Son écoute, ses réflexions, ses questions nous ont aidés. On s'est senti être en communion avec l'équipe diocésaine du catéchuménat, même si nous développions une manière de faire un peu originale.

Deux points me paraissent essentiels dans l'accompagnement.
D'abord, essayer (c'est audacieux !) de susciter (s'il n'y est pas déjà) le désir de Dieu, la recherche de Dieu, l'attirance vers Dieu-Amour… Creuser une soif et offrir des premiers rudiments pour nommer cette soif, et la satisfaire… Cela, dans notre pratique, passe par le travail sur la parole de Dieu, à travers laquelle Dieu se laisse découvrir dans l'humanité de son Fils, un Dieu proche des hommes, un Dieu de pardon, de miséricorde… A mes yeux, il s'agit de mettre en route des débuts de réponse. Nous ne cherchons pas à proposer un parcours de la foi qui serait exhaustif. Je me dis que la vie (et je l'espère, la vie en Église !) continuera après le baptême ou la confirmation… Peut-être faudrait-il aller plus loin dans la présentation du “Mystère chrétien” ? Je choisis plutôt de mettre en appétit d'une vie de communauté qui puisse se prolonger.

C'est le second point : donner envie d'un partage qui continue. Nous avons l'expérience d'un adulte venu pour préparer sa confirmation (il avait été catéchisé dans son enfance). Alors que nous le sentions pleinement préparé, il a reporté sa confirmation… En s'expliquant avec lui, nous avons compris que, pour lui, le groupe des catéchumènes était un lieu important pour lui, un lieu de partage, de communion, de recherche, de prière qu'il ne voulait pas quitter… Et cela nous a fait réfléchir et accélérer nos propositions pour interpeler en l'occurrence une équipe de l'Action catholique ouvrière (ACO) qui puisse partager son expérience et permettre peut-être ensuite une mise en route (ce qui s'est effectivement réalisé).

Cela rejoint un point qui me paraît important : que l'équipe d'accompagnement porte dès le présent du catéchuménat le souci de préparer les catéchumènes à un “après”, une “suite”. C'est là que, à mon avis, se pose la question des critères d'appel des accompagnateurs du catéchuménat. Il y a des personnes qui ont une capacité naturelle à un “rayonnement appelant”, d'autres sont plus réservées. Quand l'accompagnateur vit lui-même une vie d'équipe (que ce soit en ACO ou ailleurs), je crois qu'il mesure plus facilement l'intérêt ou l'importance de préparer le terrain pour que les catéchumènes puissent eux aussi goûter à ces lieux d'un partage nourrissant, à ces lieux de vie en Église, au-delà de la pratique dominicale. Vivant cela lui-même, ou elle-même, il ou elle est mieux en capacité d’en témoigner.

L'appel

J'ai eu l'occasion, ci-dessus, d'évoquer l'un des critères pour appeler à l'équipe d'accompagnement : l'expérience d'avoir été ou d'être nourri par la pratique d'un mouvement d'Eglise, ou de participer soi-même à une équipe de révision de vie. Mais d'autres critères sont aussi à prendre en compte : l'aptitude à écouter, à donner la parole plutôt qu'à parler soi-même; l'aptitude à valoriser la parole qu'on entend; la capacité de conduire un travail de groupe, avec souplesse, et en veillant à ce que la parole soit bien partagée, sans trop de “divagations”… Vu notre façon de “fonctionner”, il est important que la ou les personnes appelées soient bien à l'aise dans un travail de groupe, dans le partage entre accompagnateurs. Tel que nous vivons notre mission, la vie d'équipe me semble un facteur important de témoignage ecclésial auprès des catéchumènes.

Un avant et un après

Il y a un avant et un après le sacrement reçu pour un certain nombre de catéchumènes ! Quand on regarde ce que sont devenus les catéchumènes avec lesquels nous avons cheminé (en une dizaine d'années, sans doute une bonne cinquantaine), nous pouvons regarder le verre à moitié vide ou à moitié plein… Des catéchumènes ont pris leur place dans des services d'Église, et cela sans forcément attendre le baptême ou la confirmation : équipe d'animation paroissiale, accompagnement de l'éveil à la foi des tout-petits, catéchèse d'enfants, accompagnement de groupes d'aumônerie, accompagnement d'équipe de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), équipes d'entretien de l'église-bâtiment, participation ponctuelle à une équipe du Comité contre la faim et pour le développement (CCFD), accompagnement des parents demandant le baptême de leur enfant, accompagnement des fiancés... La liste est impressionnante ! Plusieurs des catéchumènes, ayant goûté à la richesse d'un lieu de partage pour eux, ont accroché à la proposition de rejoindre ou de former une équipe de l'Action catholique ouvrière (ACO), et dans le cas précis, ils se sont vite sentis à l'aise dans la démarche proposée.

Mais il y a aussi le verre à moitié vide… C'est le cas d'un bon nombre aussi de catéchumènes dont nous ne savons pas ce qu'ils sont devenus. Et nous n'avons pas mission de vérifier ce qu'ils deviennent ! Une partie d'entre eux ont déménagé. C'est un phénomène qui touche au-delà des catéchumènes : retour au pays pour plusieurs Antillais et Africains, déménagement en grande couronne pour quelques autres, et puis d'autres qui restent sur place ou ont déménagé dans le proche environnement.  Mais certains ne souhaitent pas, pour le moment, tisser ou retisser des liens. Je me dis que cette situation n'est pas anormale. Dieu fera signe peut-être plus tard…

 

J'ai dit « oui »

Jocelyne Dauchy, Aubervilliers

J’ai reçu le baptême le 7 avril 2007 à Notre-Dame-des-Vertus à Aubervilliers et le sacrement de la confirmation en mai 2008 en la basilique Saint-Denis.
Depuis cette époque, je suis accompagnatrice de catéchumènes car j'ai énormément apprécié le fait d’être personnellement accompagnée pour le baptême. En effet, ce partage nous permet d’être plus libre sur notre questionnement concernant la foi qui engage tout notre être où se mêlent moments d’exaltation et de doutes et comme tout est basé sur la confiance on peut se "livrer".

Après la confirmation il m’a été proposé par le prêtre référent du catéchuménat de suivre la Formation pour une mission d'Eglise (FORME) à Bondy où, pendant deux ans, nous suivons des cours théologiques et où, petit à petit, on sent poindre un désir d’entrer dans une mission d’Église.

Pour moi il a été vite évident que j’avais celui de partager le cheminement d'un autre frère ou sœur vers un sacrement d’initiation. Car quand je m’étais sentie appelée par le Seigneur, j’étais dans une période de complexité quant à la direction donnée à ma vie jusque là.

J’avais une vie sociale, familiale étant une maman comblée par 2 filles merveilleuses mais un espace dans mon être était resté en "jachère" et rien de ce que j’entreprenais n’arrivait à s’installer durablement dans cette zone vide ! Et là, en cette période de doutes, Dieu attentif à chacun de nous a capté cette quête et m’a rendu visite !
Sur ce point, son mystère qui lui appartient reste entier, mais j'y ai lu un signe m’invitant à me laisser guider vers Celui que je ne connaissais pas encore, notre Seigneur Jésus.
Après, tout est allé très vite, j’avais tellement espéré qu’un évènement comble mon attente que c’est avec un réel enthousiasme que j'ai dit « oui » à Dieu le 7 avril 2007.
Et cette sainte alliance avec Celui qui est venu sauver le monde me donne depuis la réponse tant souhaitée : je suis venue sur cette terre pour le rencontrer, le connaître et l’aimer, le prier et le servir. Quelqu'un me faisait confiance et me rendait responsable d'un choix de vie quelle dignité !

Transmettre le don de Dieu

J’aime entendre Dieu nous dire : « Vous avez reçu gratuitement donnez gratuitement. » C’est un merveilleux programme de partage ! Et ce que j’ai envie de donner, c’est ma joie toujours présente et renouvelée de goûter sa Parole, La méditer et essayer de la mettre en pratique dans mon quotidien avec mon entourage mes petits élèves, leurs familles, mes collègues, mes amis et ma famille qui n’a pas encore reçu le don de Dieu !
Et pour ce faire au mieux, malgré mes trop nombreuses faiblesses, je vais demander cette force à la messe que j’essaye de vivre le plus souvent possible.
Et dans ce partage de foi dans le cadre de l’accompagnement, je dis souvent ma joie de participer à l’eucharistie qui est le magnifique cadeau de Dieu pour son peuple où il se donne dans le Pain de Vie, en espérant communiquer cette expérience en respectant le rythme de chacun car aucune leçon n’est à donner.

La FORME m’avait beaucoup aidée sur ma capacité à accompagner car je ressentais une trop lourde responsabilité et la peur de faire des erreurs d’interprétation sur les demandes exprimées mais les intervenants étaient vraiment à notre écoute pour nous aider et nous donner des pistes. D’ailleurs, les accompagnateurs d’Aubervilliers sont régulièrement invités à suivre la formation diocésaine.
Ensuite, nous invitons les catéchumènes et néophytes à s’investir dans des services pour qu’ils se sentent intégrés dans la communauté et leur donner l’envie de continuer après la confirmation.

Que dire de plus sinon que c’est une très belle aventure de voir comment Dieu agit en nous et au travers de nos amis en route pour recevoir les sacrements qui leur sont donnés par grâce.

 

Il suffit juste de l'accepter

Pierre Hilbrandt, Les Lilas
J’ai rejoint depuis un an et demi l’équipe en charge du catéchuménat du diocèse de Saint-Denis. En paroisse, je fais partie de l’équipe d'animation paroissiale et des accompagnateurs du catéchuménat, et je suis correspondant des Chantiers du Cardinal.

Il faut dire avant tout que mon parcours est un peu particulier. J’ai commencé très tard mais je suis allé quand même assez vite ! Il s’est passé moins de 10 ans entre ma 1ère communion (à l’âge de 35 ans) et mon intégration dans le service diocésain du catéchuménat. La 1ère partie de ma vie n’était pas du tout chrétienne et c’est la découverte des communautés vivantes au Viêtnam (où j’ai vécu), dans une spiritualité très ancrée dans les œuvres (orphelinats, écoles…), qui a commencé à me poser question. D’où venait cette force, cet engagement de ces familles, de ces sœurs ? Ensuite, j’ai l’impression que chaque étape s’est déroulée naturellement, comme une évidence. Je me suis complètement abandonné au parcours qui se dessinait, en l’acceptant. Lorsque j’ai rencontré le diacre en charge des catéchumènes dans ma paroisse, je ne savais même pas ce que j’allais lui dire en cours d’entretien ! C’est « sorti » tout seul : « Je veux préparer ma confirmation ».

J’ai été accompagné d’une manière éblouissante, c’était très intense. La question de mon engagement en Eglise s’est résolue de manière assez inattendue. Etant engagé sur les questions de coopération internationale (Asie et Afrique) et par ailleurs plutôt « intello », je pensais aller naturellement vers ces directions. Or à l’invitation de mon accompagnatrice spirituelle, j’ai confié ces questions à la prière et il en est sorti tout autre chose : l’appel me dirigeait nettement vers les aspects pratico-pratiques, concrets, de la vie en Eglise. Mon accompagnatrice m’a dit : « Je trouve ça très bien que tu arrêtes de faire travailler ton cerveau ! » Après, j’ai juste accepté ce qui venait, notamment la proposition d’accompagner des catéchumènes, puis de rejoindre l’équipe du catéchuménat diocésain. Je m’en félicite, il y a beaucoup de bienveillance, de joie et de professionnalisme dans cette équipe.

Je ne m’en sentais pas capable à l’époque et je ne m’en sens toujours pas capable aujourd’hui ! Pas évident quand on est tout frais émoulu du catéchuménat de passer de l’autre côté de la barrière. A partir de là, je vais dire une banalité, mais chaque fois que je ne sais pas comment m’y prendre, je m’en remets à Celui pour qui nous faisons tout ça. Je n’ai pas trouvé de meilleure méthode et il se trouve que ça ne marche pas trop mal...

Des outils d'accompagnement

Nous nous appuyons sur « Rencontre avec Jésus le Christ », un outil que je trouve très riche dès lors qu’on comprend qu’il ne faut pas forcément le suivre comme un programme qu’il faudrait absolument couvrir de manière exhaustive, mais comme une boîte à outil qui fourmille d’idées et de pistes à utiliser suivant ses besoins propres. Il y a aussi les formations diocésaines pour les accompagnateurs, qu’il faudrait mieux faire connaître. L’équipe de catéchuménat de la paroisse des Lilas est très structurée, solide. Personnellement, j’ai aussi un faible pour le livre de l’acteur Michael Lonsdale, L’amour sauvera le monde, recueil de très beaux textes d’époques différentes, offert par mon ancienne accompagnatrice en confirmation et que j’utilise maintenant avec mes catéchumènes. Un bel exemple de transmission ! Pourquoi ne pas se servir aussi de films pour les catéchumènes plus rétifs à l’écrit ? Dans les films de Robert Guédiguian par exemple, qui n’est pas chrétien à ma connaissance, les personnages ont le plus souvent un comportement tout-à-fait emblématique des questionnements chrétiens sur l’engagement, le pardon, l’empathie…

Cela nous dépasse

J’ai été formateur et je suis issu d’une famille d’enseignants. Je crois que j’aime transmettre, en essayant de faire grandir la personne, même si c’est parfois ingrat, voire décourageant. Parfois je m’oblige à inverser les rôles dans ma tête : ce catéchumène un peu difficile, dont j’ai l’impression qu’il ne reçoit rien, qu’est-ce qu’il m’apporte à moi ? Et il y a toujours des réponses.

Oui, et cela nous dépasse. C’est l’Eglise qui vient vers nous et il suffit juste de l’accepter, de se laisser transformer. C’est comme un rite de passage pour moi et à ce titre, on ne peut plus revenir en arrière, notre identité, notre « vêtement » spirituel ont changé.

Je voyage beaucoup et depuis que je pratique, j’ai toujours perçu la force de l’universalité de l’Eglise. Le fait de pouvoir participer à la messe dans tellement d’endroits différents est quelque chose de très émouvant, où on ressent cette appartenance à une très  grande communauté. Ces messes délivrent le même message dans le même Esprit, mais avec des styles parfois très différents. La paix du Christ, au Mexique, ce sont des embrassades, au Vietnam un hochement discret de la tête en direction de son voisin, chez nous on se serre la main. Mais c’est la même communauté, tous les dimanches.

L’eucharistie et la prière sont très importantes pour moi. J’essaie à chaque fois d’y faire un retour sur moi-même : en quoi ai-je été colérique, distant, arrogant, intolérant ? Je ne pourrais tout simplement plus vivre sans.

Pour moi le message le plus révolutionnaire du Christ, c’est d’aimer ses ennemis. Cela prend une importance particulière aujourd’hui avec cette montée du terrorisme et de la haine. Mon premier réflexe après les attentats du 13 novembre c’était une immense colère vengeresse contre ceux qui ont fait ça. Ce n’est pas facile de dépasser cette réaction brute. C’est un ami burkinabé, futur prêtre, qui m’a envoyé un mail pour me dire de prier aussi pour les bourreaux et pas seulement pour les victimes. Il nous faut au moins essayer.

J’ai toujours été assez mystique… La confirmation et mon intégration dans la vie de l’Eglise m’ont conduit à développer un engagement beaucoup plus concret, à voir l’importance des aspects pratiques. Pour que chacun puisse bénéficier de cette vie d’église, il faut quelqu’un pour préparer la salle !

 

Petite face à l'oeuvre de Dieu dans les coeurs

Soeur Marie-Pierre Peltier, Rosny-sous-Bois
L'appel à accompagner un catéchumène remonte à mon arrivée à la retraite, il y a 15 ans. Dès que j’ai quitté l’enseignement, je me suis proposée pour du bénévolat en paroisse dans le Nord. Il m’a été demandé de faire partie du catéchuménat du doyenné (avec le père Pascal Delannoy comme doyen!)

Cet appel était pour moi dans le sens du charisme de la congrégation (Enfant Jésus-Nicolas Barré, NDLR) : « Faire connaître et aimer Jésus Christ. » D’autre part, pendant 40 ans j’ai assuré la catéchèse dans l’Enseignement catholique aux élèves de 3e et aussi, en paroisse, aux jeunes de 18-19 ans qui préparaient alors leur confirmation. Aujourd’hui, avec le recul, je découvre de plus en plus que c’est l’Esprit Saint qui est à l’œuvre dans cette démarche.

Je n’ai pas suivi de sessions spécifiques sur l’accompagnement mais j’ai été formée par l’ensemble des sessions « personnalité et relations humaines » (PRH). Les outils utilisés avec les catéchumènes ont varié suivant les personnes accompagnées. Pour l’instant, je prends l'ancienne édition de Matin d’Evangile. Je la préfère à la nouvelle.

Cheminer ensemble

Les remarques et questions qui me sont adressées me font approfondir ma propre foi. D’autre part je me sens bien petite en face de l’œuvre de Dieu dans les cœurs. Je suis souvent bouleversées, admirative des cheminements que j’accompagne.

La principale difficulté est de l’ordre du temps : comment arriver à se rencontrer quand les catéchumènes sont débordés (travail, famille, engagement civil). Une autre difficulté est de faire vivre le catéchumène en lien avec la paroisse.
Parfois des questions se posent par rapport aux situations matrimoniales du catéchumène. Nous en parlons d’abord en équipe d’accompagnatrices avec la présence du prêtre. Si nécessaire, nous recourons à « Rivage » (rencontre proposée par le service diocésain du catéchuménat, NDLR) !

Deux choses me paraissent essentielles :

  • Une relation vraie et profonde du catéchumène avec le Seigneur vrai Dieu, vrai Homme. Un jour un catéchumène m’a dit : « Je sais maintenant que je ne suis jamais seul, le Seigneur est avec moi. » La dernière catéchumène a découvert qu’elle avait du prix aux yeux de Dieu et cela l’a marquée.
  • Un lien avec la paroisse. Cela est beaucoup plus difficile à établir.

Pour une des catéchumènes accompagnées le baptême a été le début d’une vie en Église… elle se forme pour l’animation liturgique. Souvent le chemin est irrégulier, le catéchumène est présent ou non à la messe du dimanche.

 

Une présence discrète auprès d'elle

Denis Plantamp,  Montreuil

J’ai été appelé comme parrain par une catéchumène que je connais bien, qui fréquente régulièrement la paroisse et qui vient de rejoindre l’équipe d'animation paroissiale.
J’ai tout d’abord été surpris puis touché par cette marque de confiance.
S’agissant d’une personne adulte, au travail, mère de deux enfants, engagée à la paroisse et dans des associations, c’est une présence discrète auprès d’elle.
C’est de continuer à échanger avec elle sur sa vie ,ses choix, ses engagements et voir comment elle progresse dans sa foi à la lumière de l’Esprit Saint. Cela permet de réfléchir à ce qui est important pour soi, à réinterroger sa foi et comment partager les valeurs auxquelles on croit avec d’autres.

 

Une marche trépidante vers le Tout-Puissant

Aurélie Tilia, Aubervilliers
Je vivais dans le 93 quand j’ai demandé à recevoir le sacrement de la confirmation. Etre dans une situation stable (travail fixe, logement…) me semblait propice pour commencer le catéchuménat en vue de recevoir le sacrement de confirmation et de pouvoir vivre ma foi dans mon foyer.

Nous avons toujours été l’un dans la vie de l’autre. Et notre relation évolue constamment. Enfant, JC et moi avions rendez-vous à la messe avec les copains du caté et du quartier. Nous aimions nous retrouver à ce moment-là. Adolescente, on se rencontrait dans l’Ancien Testament que je trouvais impressionnant. Je ne me préoccupais plus de mon Dieu, trop captivée à mener mes propres expériences sans lui. Tout en sachant qu’il serait présent, lorsque je serai prête à revenir vers lui. Adulte, je me suis petit à petit de nouveau rapprochée de l’Eglise afin que nous puissions recréer notre relation. J’ai évolué en même temps que notre relation. Par exemple, je ne suis pas de nature patiente, mais j’apprends à le devenir grâce à l’espérance et la prière. Plutôt espiègle, parfois colérique, la parole me recadre souvent et m’évite des excès. Je ne fréquente plus les même personnes ou sinon pas de la même façon. Et je tente d’utiliser mes qualités de manière plus intelligentes. Elles sont des dons de Dieu que je tente de mettre au service de l’autre, comme la communication et le zèle ! Aujourd’hui c’est un plaisir d’aller quotidiennement à sa rencontre, particulièrement dans le cadre de l’Année Saul (formation proposée par le service vocation du diocèse du 93) qui consiste à apprendre le discernement en méditant quotidiennement la parole. Ça m’apporte beaucoup de paix et de vérité.

Le baptême et la confirmation

Concernant le baptême cela a complété mon identité. Concernant la confirmation un devoir d’utiliser cette identité à bon escient pour la gloire du Christ. Mais cela je l’ai ressenti depuis mon engagement à vivre ma foi de manière plus intensive. Les sacrements sont d’un côté une finalité de cette préparation et d’un autre, un départ pour une vie nouvelle et éternelle. Et ce n’est pas de tout repos d’être spirituellement responsable de soi, et du reste, au contraire. Il y a aussi un pendant ! Partager ces temps de grâce avec la paroisse, mes proches sur terre comme au ciel, les autres catéchumènes… C’est juste impeccable. L’eucharistie et la réconciliation, c’est une vraie joie ! Une grâce à vivre et à renouveler qui m’aide à continuer cette marche trépidante vers le Tout-Puissant. Il y a aussi certaines décisions que j’ai prise depuis mon baptême, changement que j’ai opéré… Mais ça c’est secret !

Faire communauté

Je n’attendais rien de particulier de la communauté d'Eglise. Dans ma famille la pratique se limite aux solennités. Je ne me posais même pas la question d’être intégrée ou accompagnée. J’ai eu grand plaisir à découvrir la communauté chrétienne et active du 93. Particulièrement les autres jeunes (prêtres et laïcs). Mais heureusement que les femmes de ma paroisse sont la aussi ! Je leur dois beaucoup ! Je suis agréablement surprise car j’ai également été accueillie au niveau diocésain (qui ne me semblait pas aussi facile d’accès). Si on m’avait dit que je rigolerai à table avec un évêque un jour, je ne l’aurais pas cru et pourtant j’ai plus d’un selfie avec lui !). Pour la suite de ma vie de foi, je veux me donner les moyens de persévérer dans la prière et l’étude de la Parole. C’est ma base. Puis agir à mon échelle, comme c’est actuellement le cas, via des projets qui je l’espère prendront de l’ampleur et permettront à d’autres de vivre en chrétien au quotidien plus librement. Le problème avec notre religion, c’est que beaucoup n’en sont pas assez fiers et du coup ne la valorise pas.

Des projets plein la tête

Je commence à découvrir ce qu’il est possible de faire dans la communauté chrétienne. Je teste certaines choses ; être ambassadrice pour les JMJ de Cracovie par exemple (ce sont mes 1er JMJ).  Ou être la référente de mon "padre" dans notre groupe de jeunes adultes. C’est encore nouveau pour moi (même si on pourrait croire le contraire) et j’ai beaucoup à apprendre de la vie collective et ecclésiale. J’ai surtout eu envie de vivre différents pèlerinages proposé par le diocèse. Lors de mon baptême le curé de la paroisse nous a invités à nous déplacer à cheminer… Ca a raisonné comme ça chez moi vu que je ne suis pas très nomade géographiquement. J’ai réalisé le rêve d’une vie : le pèlerinage en Terre Sainte ! Ne pas pouvoir communier ni me confesser dans l’attente du baptême a été une expérience frustrante mais concrète. Ressentir et comprendre ce manque… c’était intéressant à vivre. En "pélé" j’ai eu la chance de communier tous les jours, au Corps et au Sang du Christ. J’ai trouvé ça magnifique d’avoir ce temps eucharistique quotidien. Je pense à ma grand-mère qui me racontait qu’elle allait à la messe tous les matins avant l’école. C’est beau ! Ce n’est pas dans mes projets à court termes mais ne pas communier plus de 10 jours est devenu quasi-impossible.

Mais m’investir sur le PN6 (Projet Noyers 6, qui fait référence à l’adresse de notre cité paroissiale) m’a totalement fait kiffé. Dans ce projet, nous souhaitons (d’autres jeunes, le curé d’Aubervilliers et notre partenaire, l’Association Anuncio et moi-même), rendre à un vieux théâtre qui appartient à l’association de paroissiens d’Aubervilliers son âme spirituel d’antan tout en créant une atmosphère conviviale et moderne du style bar associatif/salle de concert dans le cadre d’une première évangélisation, le fameux « centre St-Christophe » nommé plus haut. Il proposera des activités spirituelles, sportives, artistiques et autres tout en proposant un espace pour décompresser en fin de journée. Pas mal d’artistes chrétiens du 93 sont prêts à nous épauler voir à s’impliquer pleinement. Ce projet est actuellement en cours de négociation. Il a besoin d’apports financiers et surtout de la bonne volonté des associations en lien avec le théâtre pour nous soutenir. Mais, s’il ne se concrétise pas maintenant, je n’ai aucun doute des bons fruits qu’un tel projet peut porter à Aubervilliers et dans le 93. J’invite d’ailleurs tout volontaire à nous rejoindre. Je vois dans le département des jeunes investis dans leur foi et qui n’hésitent pas à partager leurs passions. C’est délicieusement contagieux ! Cette génération va faire encore beaucoup pour le salut du monde !

Le don d'aller vers l'autre

Je me sens intégrée à ma paroisse. Nous avons appris à nous connaître et nous nous donnons de la considération. Je sais à qui m’adresser pour quoi et inversement. Je ne suis jamais laissée sans réponse. Je trouve ça important. Que ce soit les prêtres, l’équipe pastorale ou des autres paroissiens, jeunes comme moins jeunes. Mais il faut dire que le Seigneur m’a donné le don d’aller à la rencontre des autres personnes sans crainte. Ça me motive pour permettre à d’autres, peut-être plus timides de s’intégrer également, s’ils le souhaitent.

Il me paraît important aujourd'hui de témoigner de la miséricorde ! Pour ma part cette année tombe très bien. Je ne suis pas du genre rancunier et j’ai toujours été impressionnée par la force du pardon.

Avant, j’imaginais qu'être chrétien était comme au catéchisme de mon enfance : avoir son diplôme et hop, passer à autre chose. Mais en fait pas du tout, et j’en suis ravie. Je ne prends pas une décision sans que JC et moi en discutions d’abord et quand je décide de ne pas l’écouter (et oui, ça arrive encore) j’en reviens toujours à lui au final. Et ça, ça n’a pas de prix.

 

Suivre Jésus

Mélanie Koffi, Bondy

J’ai demandé le baptême par amour pour Dieu et pour suivre Jésus en portant sa croix.
La confirmation, c’était me donner en entier au Seigneur.

Ma rencontre avec le Seigneur m’a permis de pardonner aux autres et de vivre l’acceptation de l’épreuve. Je prie beaucoup quand je me sens vide. Par exemple, avec ma famille, pour un malentendu avec mes sœurs qui a duré deux ans, sans échange. L’une d’elle est revenue vers moi pour faire la paix. Je l’ai accepté avec joie.
Sur mon lieu de travail, très souvent, les femmes, ou même les passants m’insultent, mais je ne réponds pas, ou alors par un sourire, ou un « Merci mon Dieu, que ta volonté soit faite ».

Avant le sacrement, je ne pardonnais pas. Depuis, je suis conciliante, bienveillante et je pardonne. Je me confie à la volonté de Dieu.

Dans mon cheminement vers le sacrement, j’ai été appelée pour la prière du Rosaire (Rosaire en famille) qui se réunit une fois par mois. Cet appel était un service. Il s’est manifesté par la demande d’une sœur qui m’a proposé de venir l’aider à la préparation de l’autel pour la messe. Il a été concrétisé parce que j’ai réussi à préparer l’autel toute seule après quelques mois d’apprentissage.

Je me sens intégrée à la communauté paroissiale parce que tous les dimanches, j’ai un temps d’échanges avec les paroissiens. Mon intégration s’est faite après mon baptême.
J’ai un engagement en Église : je fais la quête le dimanche ainsi que les lectures. Je suis aussi la Formation pour une mission d’Église (FORME) sur la liturgie pour approfondir ma foi.

L’eucharistie me permet de me rapprocher du Seigneur et de faire un cœur à cœur avec lui et l’Évangile m’a permis d’approfondir mes connaissances spirituelles.
Ce qui me paraît important de témoigner aujourd’hui, c’est de partager mon engagement et mon expérience spirituelle avec mes frères et sœurs dans l’Église.

Il y a une différence dans la manière dont je conçois d’être chrétienne aujourd’hui et celle que j’avais avant les sacrements d’initiation. Avant, je vivais le péché, je ne pardonnais pas. Je vivais le contraire des commandements. Aujourd’hui, je vis selon les commandements de Dieu : j’écoute, respecte, aime, partage, visite les autres...

Propos recueillis par Anne-Marie Tossou

Les catéchumènes chinois du 93 : porteurs d’espérance !

Anne-Claire Carraz

Ils sont six à se préparer à recevoir le baptême et l’eucharistie à Pâques 2016, et une douzaine au total à avancer dans le cheminement du catéchuménat à Aubervilliers. Une goutte d’eau dans cette « China town » qu’est devenue la ville, enrichie par l’activité économique de plus de 1000 grossistes chinois1, notamment dans le quartier des Quatre chemins. Mais pour sœur Thérèse Aimée qui les accompagne depuis près de deux ans, « ces personnes qui frappent à la porte fortifient l’espérance de la communauté catholique d’Aubervilliers toute entière ».

En effet, il y a deux ans, alors que pour assister à une messe en chinois, il fallait aller jusque dans le 3ème arrondissement de Paris, le père Tanneguy Viellard, prêtre de la paroisse Notre-Dame des Vertus à Aubervilliers, a demandé à Mgr Pascal Delannoy le lancement d’une messe en chinois tous les dimanches à 15h en l’église Sainte Marthe de Pantin. Et tout naturellement, constitué de personnes qui fréquentaient le groupe du Rosaire ou les cellules d’évangélisation*, un groupe de catéchumènes a commencé à se réunir chaque dimanche après la messe. « Ils sont très motivés et posent beaucoup de questions. Ils cherchaient un sens à leur vie et Dieu les a appelé », commente sœur Thérèse Aimée, elle qui vient du Prieuré de Versailles où elle est sœur apostolique de Saint Jean pour accompagner les catéchumènes jusqu’à Aubervilliers.

Une messe qui rassemble

Aujourd’hui, ils sont en moyenne une soixantaine de Chinois à célébrer la messe dans leur langue chaque dimanche, tandis que tout près de là, ce sont plus de 400 personnes qui participent au culte protestant évangélique en chinois. « Cela avait du sens qu’une proposition catholique en langue chinoise soit offerte sur le secteur, alors que les protestants évangéliques sont eux-mêmes très dynamiques », explique le père Tanneguy Viellard, parlant chinois et devenu référent de la communauté catholique chinoise du diocèse de Saint-Denis. Même si les catholiques chinois du diocèse tiennent à célébrer les messes dans leur langue, ils participent aussi aux événements diocésains. « Il s’agit de marquer la communion avec les initiatives du secteur et du diocèse », précise le père Viellard. Ainsi, une fois par an, la messe du nouvel an chinois est une messe franco-chinoise où se vit un beau moment convivial avec toute la communauté catholique. Les catholiques chinois d’Aubervilliers participent aussi en nombre aux évènements diocésains (pèlerinage vers Notre-Dame des Anges ou fête de Saint-Denis, etc.). Quant aux catéchumènes, ils participent aussi à ces évènements et viennent pour la plupart à la messe du dimanche. « Mais c’est bien par l’amitié d’autres catholiques rencontrés, notamment dans les cellules d’évangélisation2 qu’ils ont été amené au Christ », nous dit le père Viellard.

«  La foi chrétienne, c’est une révélation »

C’est ce qu’affirme avec enthousiasme sœur Thérèse Aimée (de la communauté des Sœurs Apostoliques de saint Jean à Versailles, NDLR) qui anime tous les 15 jours en alternance avec Pierre Peng, accompagnateur lui aussi, un temps de catéchèse après la messe pour les catéchumènes. Elle s’appuie pour ses enseignements sur Youcat3, le Catéchisme de l’Eglise catholique et la Bible elle-même. Le climat des réunions est bienveillant, facilitant les questions et les prises de parole de tous. « Une famille nous a quittés à cause du travail et d’un rythme de vie difficile. En effet, les situations des personnes sont parfois précaires et beaucoup travaillent le dimanche. » Mais pour sœur Thérèse Aimée, la porte reste ouverte et elle espère qu’ils reviendront. Pour Pierre Peng, accompagner ces catéchumènes est à la fois une joie et une responsabilité. Mais pour lui, c’est important de ne pas être seul quand on est accompagnateur d’un tel groupe et son propre accompagnateur spirituel est au courant de son engagement. Pierre, pour continuer à « révéler » sa foi, se forme encore et prend des cours sur l’Ecriture sainte au Collège des Bernardins.

Des catéchumènes qui rayonnent

Effectivement, les catéchumènes témoignent de leur foi dans leurs différents lieux d’engagement et incitent les autres à faire comme eux. Ce n’est pas toujours évident de venir à la messe, mais pour eux, c’est une joie. « Ils ont le goût du Seigneur et veulent le partager avec les autres », dit sœur Thérèse Aimée. « Pour la communauté catholique chinoise d’Aubervilliers, ces catéchumènes sont leur espérance », précise-t-elle. Et si on lui demande s’il y a eu des moments de découragement, par exemple quand une famille les a quittés, elle répond par la négative et dit que « son seul souhait est que les catéchumènes qu’elle accompagne goûtent la bonté du Seigneur et soient sauvés. J’admire comme ils ont soif du Seigneur, cherchent et prient. Ils expérimentent le premier amour pour le Seigneur et cela me réjouit. » Pour conclure, sœur Thérèse Aimée nous partage son expérience : « Que c’est beau, l’appel du Seigneur ! J’ai l’exemple d’une personne qui ne pouvait rentrer dans une église sans pleurer. Je fus témoin de son émotion et lui ai dit qu’en pleurant, son âme rencontrait le Seigneur. Du coup, elle avait un tel désir qu’elle est devenue catéchumène. Aujourd’hui, elle est très fervente et à soif de Dieu. Quelle espérance pour nous tous ! »

 

1 Chinois originaires principalement de la région de Wenzhou au Sud-Est de la Chine

2 Cellule d’évangélisation : des paroissiens proposent à d’autres paroissiens, mais aussi à des personnes de leur entourage qui se situent plus « en périphérie » par rapport à la foi catholique, de venir louer, prier avec la Bible, recevoir une catéchèse et partager sur leur relation à Dieu tous les 15 jours.

3 Youcat : équivalent du Catéchisme de l’Eglise catholique pour les jeunes

 

Repères

 

A lire...

Sur www.vatican.va

  • Ad Gentes (Envoyée aux nations), décret sur l’activité missionnaire de l’Église, Paul VI, 1965

A voir

Sur ktotv.com

Sur lejourduseigneur.com

En DVD

  • Enfants, adolescent, adultes, ils reçoivent le Baptême, Laurence Chartier, CFRT, 2007
  • En marche vers le baptême, CFRT, 2005