Le souffle qui vient de Dieu (N°42 / Novembre - Décembre 2018) — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Le souffle qui vient de Dieu (N°42 / Novembre - Décembre 2018)

Nous avons besoin de reconnaître la ville avec un regard contemplatif, un regard de foi qui découvre Dieu qui habite dans ses maisons, ses rues, sur ses places. (Mgr Delannoy)

Légende de l'image

« En nous tournant vers plus d’humanité,
nous allons vers Dieu. »*

 

Le souffle vivifiant de l'Esprit Saint
La force de la prière en couple
La louange en action de grâce
Une retraite dans la vie
Je suis chrétien
Mettre sa vie dans les pas du Christ
Le tambour qui fait résonner l'action de l'Esprit Saint

Une vie fraternelle et évangélique

Repères

 

Le souffle vivifiant de L'Esprit Saint

Brigitte Tétart, responsable du service diocésain de la spiritualité

Le mot « spiritualité » vient de « spiritus », « souffle ». La spiritualité, comme le souffle, est une fonction vitale, une source d’énergie pour tout être humain. Elle n’est donc pas réservée à des chrétiens ou à des croyants. L’homme, pour être vraiment humain, est invité à être spirituel, qu’il croie ou non. Les chrétiens, que nous sommes, donnent un nom à ce « souffle » : Esprit Saint, le souffle qui vient de Dieu.

Pour nous, chrétiens, la vie spirituelle se fonde sur la rencontre avec le Christ qui, comme au jour de la Pentecôte, nous a donné du souffle, son Souffle, l’Esprit venu sur Lui à son baptême. Alors, nous devenons « par lui, avec lui et en lui », enfants du Père et frères et sœurs de tous.

Une fonction vitale

Dieu ne contraint personne. Il nous faut donc prendre soin de notre être filial et fraternel, du Souffle qu’il nous offre. Nombreux sont les moyens ! Chaque jour, poser un regard contemplatif sur le monde, c’est-à-dire regarder attentivement avec les yeux de Dieu ceux et ce qui nous entourent… Y voir la présence du Créateur et en rendre grâce. Prendre un temps régulier pour méditer la Parole de Dieu, s’en imprégner, la ruminer. S’accorder un temps de pause en prenant quelques jours loin de chez soi, de son quotidien ou s’organiser pour participer à une « Retraite dans la vie ». Prendre un dimanche pour se préparer à l’Avent ou pour découvrir une forme de spiritualité. Constituer un groupe de partage d’Evangile. Intégrer une équipe d’une famille spirituelle ou un mouvement. Profiter d’un pèlerinage, sans oublier la vie sacramentelle et liturgique telle que la participation à la messe et le sacrement de réconciliation.

La vie de Dieu en nous

Serait-ce planer dans les airs et oublier nos liens et nos responsabilités sociales et ecclésiales ? Que non ! Jésus s’est incarné, il a vécu dans un pays avec des gens de son époque. C’est là, qu’il annonçait la Bonne Nouvelle. Si le Souffle fait de nous des fils et des filles de Dieu, il fait de nous des frères et des sœurs. Si l’Esprit plane sur la création, il nous faut en chercher la trace, entendre les messages qu’il nous adresse, contempler dans l’humanité le visage du Christ qui se dessine et, bien sûr, participer au soin de ce qui manque de souffle et de vitalité autour de nous.

Il ne s’agit pas d’en faire beaucoup, ce n’est ni un concours ni une course d’obstacles. C’est consentir à la vie de Dieu en nous et autour de nous. La vie spirituelle par le souffle de l’Esprit nourrit et se nourrit de l’amour de Dieu et des autres comme nous y invite le commandement de Jésus. Il l’a vécu lui-même jusqu’au bout et c’est cette vie-là qu’il nous offre.

 

La louange en action de grâce

Eugène Schimde René, Saint-Denis
Le groupe espérance a été crée en 2016 à la suite des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) de Pologne durant lesquelles le Pape nous exhortait à sortir de nos canapés pour prendre le chemin de l'engagement. Suite à cette invitation, nous avons créé le groupe Espérance. Le nom du groupe est tiré d'un passage dans la lettre aux Romains 5,5: « L’espérance ne déçoit pas ». En effet, en créant ce groupe, nous étions sûrs de ne pas nous tromper car il y avait un réel besoin dans la communauté paroissiale. Un besoin de renouveau, de prier autrement car prier à travers la louange est une façon d'exprimer sa joie d'être partisan du Christ, d'affirmer sa chrétienté en faisant son éloge. Le silence de l'adoration nous plonge au fond de nous-même pour nous entretenir directement avec Dieu, alors présent parmi nous, à travers le Saint-Sacrement. L'action de grâce pour reconnaître les bienfaits passés et à venir de notre Seigneur. Durant nos soirées de prière, un temps d'enseignement est proposé sur le thème du mois ainsi que la possibilité de se confesser ou de dialoguer avec un prêtre tout au long de la soirée.

Il n'y a pas d'âge pour participer

Le groupe est composé de jeunes étudiants et professionnels. Cela dit, nous sommes ouverts à tous. Nos soirées de louange sont une rencontre avec Dieu et donc il n'y a pas d'âge pour y participer. L'assemblée est intergénérationnelle. 
Le projet de créer ce groupe fut bien accueilli d'abord par les prêtres - Sostel, Vincent, Grégoire et Host qui nous ont soutenus et conseillés - ensuite, par les paroissiens à la création du groupe, notamment lors du premier temps de louange le 2 décembre 2016. Depuis, nous sommes environ 40 à faire partie du groupe dont environ 20 membres actifs et engagés. Ajoutée à cela l'assemblée de paroissiens présente à chacune de nos dates, une fois par mois, à l'église Saint-Denis de l'Estrée.

En ce qui me concerne. J'ai endossé le costume de responsable du groupe depuis le début du projet afin d'assurer sa mise en place et suivre son évolution. Avec cinq autres personnes: Christelle, Bénita, Betty, Diana, Mathieu et le prêtre accompagnateur cette année, le père Vincent Bocher, nous formons le bureau du groupe Espérance. Ensemble, nous assurons la gestion du groupe et la préparation des soirées de prière qui ont lieu un vendredi par mois.

Une aide pour grandir dans la foi

Ce groupe, de toute évidence, m'aide à grandir dans la foi mais aussi dans ma vie personnelle, à travers les rencontres et les projets que nous mettons en place. Espérance est aujourd'hui bien installé à l'église Saint-Denis de l'Estrée. Nos soirées de prières constituent un rendez-vous mensuel avec le Christ pour les paroissiens du diocèse de Saint-Denis et au-delà. Le groupe se veut accueillant et dynamique et, en effet, dynamise par ses actions la vie paroissiale.

Espérance fait désormais partie de ma vie et m'incite à mettre le Christ au centre de tout car il est lumière et si j'ai la lumière avec moi je ne peux me tromper. C'est ce que dit la lettre aux Romains 5,5 au sujet de l'Espérance.

 

Une retraite dans la vie

Miguelle Rimbert, Saint-Denis

J’ai vu le tract de la Retraite dans la vie à la basilique cathédrale Saint-Denis. J’ai appelé pour avoir des informations complémentaires et ça a confirmé mon choix. J’ai voulu faire la Retraite dans la vie pour me ressourcer avec la parole Dieu afin d’être plus proche de Dieu et pour vivre des moments de prière dans ma vie pour nourrir ma foi.
Le contenu était sur le thème « Avec Marie, goûter la parole de Dieu dans nos vies ». La retraite s’est déroulée sur 5 semaines pendant l’Avent. Chaque semaine, nous avions un temps de partage, le jeudi soir, et nous avons eu aussi un accompagnement spirituel individuel une fois par semaine pour échanger sur cette retraite et savoir comment nous avancions, qu’elles étaient nos difficultés, quels étaient les mots ou phrases qui m’avaient semblés important pour ma vie, ma relation avec Dieu. Et dans la dernière semaine nous avons partagé un dernier moment ensemble, comme le jeudi, avec en plus un temps de confession et chacun a apporté quelque chose pour partager un repas convivial.

Un objectif : me ressourcer

J’ai pu me rendre disponible pour participer à toutes les rencontres proposées et j’ai pu mettre en œuvre les recommandations de la retraite (accompagnement spirituel, temps de prière et de relecture quotidiens…) parce que je me suis fixée comme objectifs de me ressourcer avec la parole Dieu afin d’être plus proche de Dieu et de vivre des moments de prière dans ma vie pour nourrir ma foi. Je l’ai fait parce que j’étais motivée et convaincue du bien-être que cela m’apporterait. Je me suis rendu à tous les temps de partage en groupe (le jeudi soir). J’ai pris mes rendez-vous avec mon accompagnatrice spirituelle une fois par semaine et j’ai pris rendez-vous avec le Seigneur le matin et le soir chaque jour environ quinze minutes pour mes temps de prière individuelle.

Malgré mes activités de la vie et même s’il est difficile de se poser pour prier et méditer tous les jours « le Seigneur est ma lumière ». Alors, j’ai pris la résolution de prendre rendez-vous avec le Seigneur pour prier le matin et le soir : « Ecoute Seigneur, je t’appelle ».

Une source de bien-être

J’ai pu vivre pleinement le temps de la retraite dans ma vie qui m’a vraiment redonné de la force, du bien-être et un nouveau regard sur mon entourage. Elle a aussi transformé ma vie professionnelle et familiale pour vivre pleinement dans un bien-être, davantage à l’écoute et au service de mon entourage. Cela m’a permis d’être plus proche de Dieu et de vivre des moments de prière dans ma vie pour nourrir ma foi : « Sois fort et prend courage ; espère le Seigneur. »  Le Seigneur m’a rendu grâce car ma vie spirituelle et relationnelle s’est beaucoup améliorée.

J’ai reçu comme cadeaux de Dieu l’amour, la paix, l’apaisement, le bien-être, de continuer à transmettre aux autres, la force, de nouveaux yeux. Ce que j’ai aussi retenu est :
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. »
« Il me guide vers les eaux tranquilles et me fait revivre ».
« Grâce et bonheur m’accompagneront tous les jours de ma vie : j’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours ».

Tout ce que j’ai vécu dans la retraite dans la vie continue pour ma part et j’ai aussi eu besoin de continuer avec un accompagnement spirituel afin que tout cela est toujours de la valeur dans ma vie spirituelle.

 

La force de la prière en couple

Agnès et Denis, Sevran

Nous sommes mariés depuis le 17 novembre 2012 et nous avons trois enfants.
Notre préparation au mariage a été un moment de partage. Depuis cinq ans, la prière est bien présente dans notre vie de couple.
Avant de nous marier, nous avions chacun un temps de prière personnel. Nous avons adopté naturellement un temps de prière conjugale, la prière en couple, comme support de notre vie, pour nous donner la force d’avancer dans le quotidien, nous guider, nous éclairer, nous donner des idées afin d’être toujours plus attentifs, bienveillant et à l’écoute l’un de l’autre. Nous sollicitons Marie, l’Esprit Saint, et les saints que nous affectionnons tels que Saint Joseph. Nous faisons régulièrement une neuvaine à Saint Joseph, à l’Esprit Saint, à Marie. Par exemple, pour l’achat de notre maison à Sevran, nous avions confié la recherche de notre maison à Saint Joseph.
Nous faisons des neuvaines pour beaucoup de choses, entre autres, pour discerner dans un contexte spécifique.

Avancer ensemble sur le chemin de la sainteté

Nous nous sommes rendus compte que dans nos prières personnelles nous demandions chacun quotidiennement au Seigneur d’avancer ensemble sur le chemin de la sainteté.

Ensemble sur le chemin de la sainteté c’est-à-dire en aimant de plus en plus Jésus-Christ, notre Dieu, notre Sauveur.
Nous ne faisons rien d’extraordinaire et notre vie nous semble bien ordinaire. Pour nous aider à accomplir le mieux possible notre devoir d’époux, d’épouse et de parents, nous nous appuyons sur le Christ, notamment le sacrement du mariage. Nous avons aussi consacré à Marie notre couple lors de notre mariage et chacun de nos enfants, lors de leur baptême. Chaque jour, nous redisons la prière de consécration à Marie.

Dans le temps, cette prière en couple contribue à faire grandir l’amour que nous avons l’un pour l’autre : « Donne-moi, Seigneur, ton regard pour que je vois l’autre comme tu le vois. »

Notre prière conjugale est une prière qui est simple, courte, pour que nous y soyons fidèles. Nous savons qu’elle illumine discrètement les événements de la journée. Cela n’empêche pas les colères, les ingratitudes, les manques de courage… Chaque soir, nous nous disons pardon pour les misères que nous faisons subir à l’autre.

Un amour inconditionnel

Marthe Robin rassurait un couple de parents en leur disant que leurs enfants grandiraient à la mesure de leur amour. Nous pensons que notre prière en couple a des répercussions positives sur nos enfants, notamment pour trouver la patience nécessaire. Saint François de Sale nous avertit que pour éduquer les enfants il faut un verre de sagesse, un tonneau d’intelligence, et un océan de patience.

L’objectif est de parvenir à aimer nos enfants de façon inconditionnelle à l’image de l’amour de Dieu qui est doux et humble de cœur.

Nous conservons l’un et l’autre un temps de prière personnelle tous les jours. Nous prions chacun l’un pour l’autre, pour nos enfants et diverses intentions. Pour que l’autre soit heureux, que sa journée, son travail se passent bien, ou que la journée d’école se passe bien, la santé de chacun ou de personnes proches ou de personnes dont on a l’information aussi.

La prière en famille

La prière familiale est un rituel du soir et nous essayons de la faire à la mesure de l’âge de nos enfants. Il est difficile d’obtenir d’eux quelques instants d’attention. Nous persévérons et nous sollicitons notamment l’aide de Marie pour nous aider. Nous confions nos enfants à leur ange gardien et comme nous, nous les avons inscrits à la confrérie des anges gardiens. Nous leur apprenons à se confier à leur ange gardien le matin et le soir pour qu’ils deviennent un compagnon de leur vie. Lorsque nous nous quittons pour l’école ou autre, nous les confions à leurs anges gardiens et aux anges gardiens des personnes qu’ils vont rencontrer.

Nous utilisons aussi les sacrements en participant au moins à la messe dominicale avec nos enfants. Pour transmettre la foi à nos enfants et leur faire comprendre que la communauté chrétienne est plus vaste que la cellule familiale. Il nous semble important de persévérer en les emmenant avec nous à la messe, même s’ils bougent, parlent, ont du mal à respecter le silence et perturbent les personnes qui sont à côté de nous. Il y a aussi le sacrement du pardon qui nous revivifie et des échanges de pardon entre nous et aussi avec nos enfants.

Dans la communion des saints

Nous aimons apprendre à connaître la vie des saints, notamment dans les livres, les bandes dessinées, les films, qui nous font découvrir à travers eux un visage de Dieu. Mère Térésa, Raoul Follereau nous font découvrir un visage de Dieu qui se penche sur la misère des lépreux. Saint Vincent de Paul, qui est passé dans notre département à Sevran nous a montré aussi un visage de Dieu en accueillant les enfants abandonnés. Bienheureux Nicolas Barré, Madeleine Danielou et bien d’autres montrent un visage de Dieu qui veut l’accès à l’instruction humaine et chrétienne de tous les enfants. D’ailleurs, deux écoles ont été fondées dans le département du 93, à Sevran et à Bobigny.

Les bandes dessinées sont adaptées à nos vies où nous courrons toujours après le temps et les dessins animés sont appréciés des enfants. La vie des saints est un exemple qui nous éclaire aussi pour notre propre chemin et celui de nos enfants. Par exemple, l’attention de Don Bosco pour les enfants et les jeunes, et sa confiance en eux, pour faire grandir dans leur cœur l’amour de Dieu.

 

Je suis chrétien

José, Coubron

Depuis 1988 je travaille dans la même entreprise d’électricité. Cela fait 30 ans cette année. Je sais ce qu’est la vie d’un ouvrier dans le bâtiment. Le chaud, le froid, l’humidité, la poussière, parfois des conditions difficiles pour travailler. Malgré cela, j’aime mon métier, parce que mon travail est dur mais pas triste. Pour moi c’est un travail de service.

Durant toutes ces années j’ai évolué, bien sûr. J’ai démarré comme simple ouvrier (et ce n’est pas péjoratif) puis j’ai accepté de prendre des responsabilités en dirigeant les équipes, en organisant les chantiers en formant les nouveaux embauchés. Et en acceptant de travailler plus que nécessaire parfois.

C’est dans ce rôle que ma mission de baptisé vient en renfort. Il est important pour moi d’être attentif à l’accueil que nous faisons à ces jeunes dans l’entreprise. Qu’ils y découvrent pour eux un monde nouveau où il est possible de s’exprimer et de prendre sa place. Je dois veiller à ce qu’ils aient le meilleur enseignement possible durant les formations et le message que je voudrais leur faire passer, c’est « ce travail est pour moi source d’épanouissement, il me permet de nombreuses rencontres, de nombreuses fois il m’a permis de me dépasser.
Et aujourd’hui je voudrais que dans les quelques années qui me restent à travailler, je puisse transmettre la connaissance, le savoir-faire et la joie d’être au service des gens.
Je veux qu’ils découvrent un travail intéressant, qui nourrit son homme et le fait vivre debout.

Avoir un travail c’est bien, élargir l’espace de son travail c’est mieux

J’ai une petite phrase à la fin que j’ai inventée mais qui était suite à une rencontre Mission Ouvrière à Lourdes, une rencontre nationale. C’était avec le thème « élargi l’espace de ta tente » pour accueillir, s’ouvrir aux autres, et j’ai fait une petite phrase avec ça c’est « avoir un travail c’est bien, élargir l’espace de son travail c’est mieux ».

Je vais prendre un exemple précis arrivé avec un stagiaire. Il s’appelait Moïse, c’était un grand "black". Anciennement, j’avais un supérieur qui n’aimait pas les gens de couleurs, les gens basané. Moïse, son stagiaire, se plaignait qu’on lui donnait simplement la caisse à ranger, le balai à passer dans le chantier et que le chef n’avait pas une bonne attitude ne lui disait jamais bonjour, par exemple, c’était juste des ordres… Et un matin, en arrivant à l’atelier, je vois Moïse qui s’en va alors qu’on devait commencer le travail. Je l’arrête et je lui demande ce qu’il se passe… Je ne peux plus rester avec ce monsieur, il est toujours en train de dire des choses désagréables, il partait en pleur… Je l’ai ramené et je lui ai dit : « partir de maintenant, tu vas bosser sur le chantier, tu ne t’occupes pas du chef. » Je l’ai emmené avec moi et j’ai parlé avec le patron après. J'ai expliqué à Moïse que le chef ne pouvait pas avoir de stagiaire parce qu’il ne les aimait pas, il ne les supportait pas. Ca s’est passé comme ça, il a fait son stage, tout s’est bien passé et après, chaque fois qu’il y a eu un stagiaire, mon patron les mettaient avec moi parce qu’il savait que je pouvais les accueillir.
C’est comme ça que cela a commencé, mon histoire avec les jeunes. A ce moment-là, je me suis dépassé parce que jamais avant je n’aurais osé parler à mon patron, mais là, ça m’a fait mal de voir le stagiaire partir comme ça et me je suis dit que c’était injuste que mon chef soit comme ça. Et à partir de là, c’est moi qui me suis occupé des stagiaires. Et actuellement j’aime ça.

Tout le monde sait que je suis chrétien

Le jour où j’ai eu mon histoire avec Moïse, mon chef qui n’était pas content m’a appelé l’abbé Pierre et pour l’entreprise tout le monde sait que je suis chrétien parce que sur mon planning, je mets les rendez-vous de réunion que j’ai en Action catholique ouvrière (ACO), je mets tout dans mon planning, au bureau tout le monde sait que je suis chrétien et je le dis. J’ai même invité des collègues quand on a fait nos dix ans de mariages, ma vie de chrétien ne s’arrête pas à la porte de l’entreprise. Je vis tout ça en équipe d’ACO pour relire un peu ce que je vis avec les gens qui sont sur le même chemin que moi.

En ACO on est une équipe : des couples, une dame dont le mari ne vient pas, notre aumônier le père Raphaël Grondin. On se retrouve régulièrement, on prépare un thème (celui qui nous intéresse), on relit ça par rapport à l’Evangile. On prie aussi en fonction du temps qu’on a, on relit notre vie.

 

Mettre sa vie dans les pas du Christ

Bénédicte Rivoire, Fraternité des Petites Sœurs du Sacré-Cœur, La Courneuve

Personnellement accompagnée spirituellement depuis des années, je voyais bien le bienfait de ce compagnonnage et combien il m’a aidé à avancer dans la vie spirituelle, que ce soit lors de moments clés de choix, notamment lors des différentes étapes d’engagement au sein de ma congrégation, ou au long cours dans la vie quotidienne. Ce lieu où je peux exposer, partager ce que je vis, que ce soit dans ma relation à Dieu, aux autres, à la lumière de l’Evangile, dans la foi en la présence de l’Esprit entre nous. Avec le temps, j’ai pris conscience aussi que ce n’est pas si facile de trouver un accompagnateur dans notre département du 93 et que le monde d’aujourd’hui a soif d’espace comme cela, que d’autres chrétiens qui vivent autour de nous ont le désir d’aller plus loin dans leur foi, leur vie spirituelle sans trop savoir comment et n’ont pas forcément de lieu d’écoute à ce niveau.

Une place centrale donnée à l’écoute

Dans mes divers engagements professionnels ou bénévoles depuis plusieurs années, l’écoute a toujours eu une place centrale, écoute qui se situait à différents niveaux. Je crois qu’elle fait partie d’un appel personnel. Par ailleurs au sein de nos fraternités, nous accueillons des femmes qui souhaitent partager un temps de vie avec nous et approfondir leur vie spirituelle, ou prendre quelques jours pour prier. Un accompagnement est alors nécessaire. La congrégation m’a envoyée me former à l’accompagnement spirituel pendant 6 mois au Chatelard, centre jésuite. Cette formation m’a fait découvrir « de l’intérieur » les spécificités de l’accompagnement spirituel et la grâce d’être témoin de l’action de Dieu, à travers sa Parole dans la vie de la personne accompagnée. Cette découverte a été très dynamisante, stimulante pour ma foi et source d’émerveillement. C’est donc tout naturellement que j’ai eu le désir de continuer ensuite, là où je suis insérée, à La Courneuve.

A la lumière de l’Esprit Saint

Je suis un peu gênée avec le mot utilité dans ce contexte d’accompagnement et je suppose que les réponses pourraient être multiples selon les contextes et les situations… je dirai que l’accompagnement est une réponse au désir de mettre sa vie dans les pas du Christ, en l’exposant au regard et à l’écoute d’un frère ou d’une sœur dans la foi, à la lumière de l’Esprit Saint qui guide l’un et l’autre. Cette écoute et ce dialogue confiants vont permettre, aider, favoriser le discernement, que ce soit dans des situations importantes de la vie ou alors dans la vie quotidienne, où le discernement porterait surtout sur les pensées qui nous habitent, ce combat spirituel du quotidien. L’accompagnement aide à faire du « tri » en moi, à sortir de la confusion dans ce qui peut m’habiter intérieurement. Lorsqu’il se vit régulièrement sur plusieurs années, il devient aussi un lieu de formation personnel au discernement. De même, il est un lieu d’encouragement, de soutien dans la foi, de confirmation par un autre des grâces reçues de Dieu, à travers la relecture et le partage de ce qui a fait ma vie. C’est aussi un lieu qui aide à donner sens à ce que je vis, aux épreuves que je traverse, à la lumière de l’Evangile…

Un lieu de discernement

Là encore, les réponses sont très variables, que ce soit de l’aide pour une prise de décision, un choix de vie, ou professionnel, une option à prendre, c’est-à-dire un lieu de discernement. Ou encore pour progresser dans la vie spirituelle, pour répondre aux questions essentielles que renvoie la vie actuelle, pour approfondir la relation à Dieu, pour être écoutée, faire du lien entre sa vie et sa foi, être aidée pour trouver les traces de Dieu dans sa vie…

J'exerce cette mission d'accompagnement dans deux cadres différents ; l’un c’est au cours des retraite dans la vie sur 6 à 7 semaines lors des temps forts liturgiques que sont l’Avent et le Carême, avec des rencontres hebdomadaires durant ces périodes. Ces retraites sont proposées par le diocèse et ouvertes à tous. Celle de l’Avent commencera le 8 novembre prochain à La Plaine Saint-Denis. Au cours de ces retraites, de type ignacien, le dialogue avec l’accompagnateur part en premier de ce qui a été vécu lors des temps de prière sur la parole de Dieu, selon un parcours biblique proposé tout au long de ces semaines.

L’autre cadre est l’accompagnement dans la vie, avec des rencontres plus espacées, tous les mois ou 6 à 8 semaines selon les besoins de chacun. L’objet du dialogue, toujours laissé à la liberté de l’accompagné, part alors des évènements, des relations vécues dans les divers domaines de la vie, professionnel, familial, amical ou autres, la présence de Dieu dans ces divers lieux, la vie de prière, la relation à Dieu, ce qui prend de la place intérieurement, préoccupe, dynamise, est source de vie, ou au contraire tire vers le bas, ou tout simplement ce qui semblera important à la personne accompagnée de partager.

Dans un climat de confiance

Pour que l’accompagnement donne du fruit, en son temps, je crois qu’il a besoin de se vivre dans un climat de confiance réciproque. Si ce n’est pas le cas, il est préférable de ne pas poursuivre pour l’accompagné comme pour l’accompagnateur. C’est pourquoi il est bon, après une ou deux rencontres initiales, de vérifier ensemble si l’un et l’autre souhaitent poursuivre les rencontres ou pas… cela arrive de ne pas être suffisamment à l’aise avec telle ou telle personne pour s’ouvrir en profondeur à elle, et dans ce cas, inutile de forcer. Cette liberté intérieure est essentielle à toutes les étapes de l’accompagnement.
Clarifier ensemble au départ ce qu’est un accompagnement, son contenu possible et ce qu’il n’est pas
Se donner quelques éléments de repères, de cadre, c’est-à-dire un rythme, un lieu, une durée approximative est aidant, de même que préparer chaque rencontre avec l’accompagnateur. L’implication, la fidélité aux rencontres et dans la prière, chacun selon son rythme, de même qu’une certaine durée dans le temps sont nécessaires pour que l’accompagnement porte du fruit.

Témoin des merveilles de Dieu

Je crois que la principale qualité fondamentale, nécessaire pour réaliser un accompagnement spirituel est cette écoute bienveillante, qui ne juge pas, profondément respectueuse de la personne, de sa liberté, qui l’accueille là où elle en est aujourd’hui, dans une juste distance, avec une connaissance de soi permettant cette juste distance. Elle demande discrétion et délicatesse de la part de l’accompagnateur, et une vigilance pour éviter toute mainmise quelconque sur la personne accompagnée que ce soit sur le plan affectif, psychologique ou spirituel.

Accompagner me dynamise intérieurement, me fait grandir dans la foi, me donne d’être témoin des merveilles de Dieu dans la vie des personnes, de sa présence agissante aujourd’hui au cœur du monde et des personnes, que ce soit à travers les évènements, les personnes ou sa parole. C’est aussi une expérience ecclésiale forte, d’appartenance, de communion, un lieu de conversion personnelle à l’écoute de l’autre, un lieu où j’apprends à découvrir quelque chose du mystère de l’autre, de Dieu, mais aussi que l’un comme l’autre restent un mystère…

 

Le tambour qui fait résonner l’action de l’Esprit Saint

Françoise Boisard, Les Lilas

Il y a plus de 10 ans, j’ai répondu à l’appel  du père Olivier de Berranger, à entrer en formation pour écouter ou accompagner d'autres chrétiens. Depuis, c’est une mission d’Eglise qui m’est confiée.

Ce service s’accomplit « à la demande » : accompagnement de  personnes qui participent à une Retraite dans la vie, de jeunes vivant l’Année Saul, ou de catéchumènes dans ma paroisse.

Il s’agit d’accompagner chacun dans l’approfondissement de la relation d’Alliance qui se tisse entre Dieu et celui qui le cherche, d’être le tambour qui fait résonner l’action de l’Esprit Saint dans la vie de la personne accompagnée.

Cela sous-entend une grande confiance dans ce tandem accompagnateur/accompagné, qui implique pour l’accompagnateur, la discrétion absolue par rapport à ce qui lui a été confié.

Ce service me donne une grande joie, en me rendant témoin de l’Esprit Saint à l’œuvre dans le cœur de ses enfants. Il me donne aussi d’approfondir ma relation personnelle avec Dieu.

 

Une vie fraternelle et évangélique

Joséfa Pereira, Villemomble

Lors de l’arrivée des sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie à Clichy-sous-Bois, c’était dans les années 90, j’ai eu une énorme joie au cœur. Clichy-sous-Bois est une ville pauvre ou vivent de nombreuses familles de plusieurs nationalités. C’est avec l’aide de sœur Odile Coirier et une formation diocésaine que j’ai commencé à animer la célébration liturgique.  Puis en 2009, suite à une Retraite dans la vie à la Maison diocésaine à Bondy, j’ai rejoint un groupe de 8 personnes accompagnées de sœur Jolanta, Franciscaine Missionnaire de Marie à Clichy-sous-Bois.

Le désir de mener une vie fraternelle et évangélique à la manière de François d’Assise m’a motivée à rejoindre la fraternité franciscaine. C’était un appel à suivre le Christ à la manière et selon l’esprit de saint François d’Assise, dans la simplicité, la charité et le respect de l’environnement. Vivre l’Evangile de notre Seigneur Jésus Christ en suivant les exemples de saint François, qui fit du Christ l’inspirateur et le centre de sa vie, avec Dieu et avec les hommes.

Cela me rend heureuse

Après une formation chez les frères franciscains de Fontenay-sous-Bois, j’ai fait mon engagement dans la famille franciscaine séculière, le samedi 17 décembre 2011 à Fontenay-sous-Bois. Nous étions 14 ce jour-là à faire notre engagement, dont 7 de notre fraternité.
C’est un engagement d’une rencontre par mois.
Je suis mariée, j’ai 3 enfants et 5 petits enfants. Mon mari participe aux services de la paroisse, il ne fait pas partie de la fraternité, mais mon engagement dans la fraternité ne le dérange pas, au contraire, il sait que cela me rend heureuse.

Nous, nous retrouvons une fois par mois chez les sœurs franciscaines de Clichy-sous-Bois à 19h. Nous sommes une fraternité de 9 personnes, accompagnées par sœur Marie. Nous commençons par les vêpres avec les sœurs, puis nous vivons un moment de convivialité autour d’un repas partagé au cours duquel nous échangeons des nouvelles de chacun. Ensuite chacun s’exprime sur un thème au niveau de la spiritualité franciscaine qui a été préparé par deux personnes dont celle-ci anime la rencontre, qui commence par un chant et se termine par une prière.

Au quotidien, la fraternité m’apporte une qualité de relation, une grande fraternité et la solidarité.

 

Propos recueillis par Anne-Marie Tossou

 

Repères


A lire

Poser un regard contemplatif sur nos villes – Comprendre, méditer, prier 
> Fiches téléchargeables

Propositions spirituelles du service diocésain de spiritualité