Le corbeau et le renard : produire local n’est pas une fable
Toute maladie est un mal. C’est un non être de la vie qu'il faut absolument combattre. La seule chose qu'on peut changer c'est la manière dont on la vit. Trouver la parade, c'est un défi permanent. »
Le Père Bernard Fèvre est né le 2 octobre 1939 à Mur-de-Sologne (Loir-et-Cher) et a été ordonné prêtre le 24 juin 1964 à Paris à l’âge de 25 ans.
Dès l'âge de 18 ans, il a travaillé dans la métallurgie à la SATAM, il a été délégué du personnel (CGT).
Après son ordination :
De 1964 à 1968, vicaire à Saint-Paul – Sainte-Geneviève du Montfort à Aubervilliers
De 1968 à 1983, prêtre ouvrier, licencié après son accident.
Il est sollicité par le maire adjoint d’Aubervilliers chargé de la santé, Jacques Salvatore, pour participer à la Commission municipale handicap.
En 1992 la municipalité met en place un service d'accueil de liaison spécifique aux travailleurs handicapés pour leur permettre de retrouver du travail. Il est l'un des 3 conseillers à y oeuvrer.
Jusqu'à ses derniers jours il participait à l'accueil des personnes en difficultés en tant qu'écrivain public.
Le père Fèvre a été interviewé dans le cadre de la rubrique « Portraits » du livre Croire dans le 9.3, Regard sur la foi en Seine-Saint-Denis (Édition Chemins d’avenir, 2016). Voici quelques extraits de cette interview :
Après 1965, ses années de séminaire achevées, Bernard FÈVRE est envoyé en banlieue est de Paris. Il ne se pose pas de question. C’est au nom du Christ qu’il doit accomplir sa mission.
« L’Evangile a toujours été ce qu’il y avait de plus important pour moi. Si l’Eglise n’annonce pas l’Evangile, alors elle ne m’intéresse pas. Quand tu crois à l’évangile, tu crois que c’est le plus petit, le moins favorisé qui a la place la plus grande. »
Jeune homme, il trouve facilement du travail, et passe la majorité de son temps avec des laïcs. « On disait la messe dans les quartiers, ce qu’on appelle les "eucharisties domestiques". On était des prêtres diocésains, très libres. » Cependant, dans le monde ouvrier, où l’éducation s’arrête au moment d’entrer en apprentissage, il découvre que ce n’est pas la parole qui compte, « on attend les gens sur ce qu’ils font. Tu peux me dire que tu es chrétien, que tu aimes Dieu. Si tu ne l’aimes pas à travers ceux avec qui tu partages ton quotidien, t’es un menteur. C’est aussi raide que ça. »
Dos voûté, mais allure décidée, Bernard Fèvre se souvient qu’il a été reconnu travailleur handicapé en 1981. « J’étais parti effectuer une retraite dans un monastère pour réfléchir un peu sur mon parcours. En sortant, j’ai fait du stop. Sur la route de montagne, le conducteur rate un virage. On s’est plantés dans le ravin. » Il passe un an les yeux rivés au plafond. « La moelle épinière était atteinte, mais je me suis entêté pour remarcher. » A sa sortie de l’hôpital, il retourne à l’usine et choisit le fraisage, « parce que c’est moins dur physiquement. » Pas le genre à se plaindre des douleurs du corps, il réalise des programmations numériques et se passionne pour l’informatique…
Au détour d’une butte, le père s’engage sur un petit sentier : « Vous n’avez pas peur de monter la côte ? La vue est incroyable là-haut ! » Quand enfin il arrive en haut de la butte, un large sourire se dessine sur son visage. Ici, il est exactement à sa place. Un territoire où « la bagarre humaine ne cesse jamais et où il peut aussi se laisser guider par Dieu ».
En rendant grâce pour la vie et le ministère du Père Bernard Fèvre, nous sommes en communion de prière avec sa famille et ses amis.
Mgr Pascal Delannoy, évêque de Saint-Denis,
et le Conseil épiscopal
