La Cimade : Rapport d’activité 2018 (Juillet 2019) — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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La Cimade : Rapport d’activité 2018 (Juillet 2019)

La Cimade a pour but de manifester une solidarité active avec les personnes opprimées et exploitées. Elle défend la dignité et les droits des personnes réfugiées et migrantes, quelles que soient leurs origines, leurs opinions politiques ou leurs convictions.
Publié le 19/07/2019

édito

L'année 2018 a été ponctuée par la promulgation de deux lois, celle du 20 mars définissant « les risques non négligeables de fuite » afin d'enfermer en rétention les personnes « dublinées », ce que les tribunaux refusaient
jusque-là, et la loi Asile et immigration du 10 septembre réduisant de manière significative les droits des personnes exilées.

La première a atteint son but : des personnes en demande d'asile sont désormais enfermées en vue d’un renvoi vers l'Etat responsable du traitement de leurs dossiers, et beaucoup d'entre elles ont été interpellées de manière insidieuse sur convocation des préfectures. Contre la seconde loi que La Cimade a qualifiée de « code de la honte », nous avons mené une campagne qui eut un retentissement certain mais n'a pas empêché son adoption par la majorité présidentielle. Partout en France, nos panneaux du code de la route détournés ont illustré ce durcissement législatif visant à rendre de plus en plus inaccessibles des droits que le gouvernement prétend cyniquement consacrer et préserver.

Ces deux textes et la chasse à l'homme menée par les forces de l'ordre à Calais, Grande-Synthe, aux frontières avec l'Italie, dans les campements à Paris, Nantes ou ailleurs, ont provoqué colère et révolte face à cette maltraitance institutionnelle à l'encontre de ces personnes exilées qui cherchent simplement à échapper à des conditions de vie insupportables dans leurs pays. La Cimade a protesté contre l'inhumanité du quotidien dans les centres de rétention administrative. Nous avons interpellé, lancé des pétitions, participé à des mobilisations collectives, publié des rapports sur les personnes étrangères malades (Soigner ou suspecter), sur la situation aux frontières (Dedans dehors, une Europe qui s’enferme). Nous étions présents à Gap pour le procès des 7 militant·e·s qui ont porté secours en montagne, et à Briançon pour la manifestation de protestation contre les agissements de l'extrême droite.

Dans ce contexte tendu, l'enjeu était de peser sur une opinion publique chancelante, parfois hostile, même sur le droit d’asile. Ce fut le cas dans les départements d'Outre-mer, en particulier à Mayotte où La Cimade a dû affronter un contexte difficile face à la fois à un collectif Mahorais hostile et à une préfecture plus active pour l'enfermement et l'expulsion que pour la protection des droits des personnes étrangères.

La Cimade et ses partenaires avaient demandé en 2017 au nouveau président Emmanuel Macron d'organiser une grande concertation sur les questions migratoires. Devant l'absence de réponse, la société civile a mis en place les Etats généraux des Migrations qui ont réuni plus d'un millier d'associations nationales et d'organisations et collectifs locaux, démontrant que partout des femmes et des hommes se mobilisent pour accueillir, aider, rencontrer ces « étrangers » qui frappent à la porte de l'Europe, blessés et honteux que leur pays, la France, se comporte aussi mal.

Il est certain que la dénonciation de l'inacceptable ne suffit pas. La Cimade héberge des personnes en demande d'asile à Béziers et des réfugié·e·s à Massy. Elle renforce ses groupes d'apprentissage du français et mène des actions de sensibilisation, notamment dans le monde scolaire. Par une action de terrain au jour le jour, dans les prisons, dans les centres de rétention, dans les permanences, les militants et militantes de La Cimade accompagnent les personnes exilées confrontées à des situations de plus en plus inextricables. Les préfectures sont rarement des facilitatrices, obsédées qu'elles sont par la politique du chiffre. Alors des pratiques solidaires se développent, que certains procureurs sont tentés de poursuivre sous l'incrimination du délit d’aide aux personnes en situation irrégulière. Mais ils sont partiellement entravés par l'arrêt du Conseil Constitutionnel de juillet 2018 proclamant la Fraternité comme principe constitutionnel.

La Cimade poursuivra plus que jamais son action en 2019, année de célébration de ses 80 ans.

Jean-Claude Mas,
Secrétaire général

Christophe Deltombe,
Président
 

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