Miroir, mon beau miroir — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Miroir, mon beau miroir

3 questions à… Dominique Duhamel, responsable du Service audiovisuel du diocèse de Saint-Denis depuis 1998. Fin septembre, elle achèvera une mission de 16 ans au service du diocèse et des paroisses.
Publié le 17/09/2014

Tu as reçu en 1998 une lettre de mission de notre évêque comme responsable du service audiovisuel ; peux-tu nous partager les grandes lignes de cet itinéraire au service des paroisses et du diocèse : service de prêt, animation catéchétique, …

Qui de nous ne s’est jamais senti quotidiennement submergé d’images et de sons. Par toute cette surenchère des nouveaux médias, la vitesse des moyens de communication s’est accélérée et nous voici entraînés dans une spirale du toujours plus.

En une quinzaine d’années comme responsable du Service audiovisuel, au service de la catéchèse des petits et des grands, j’ai vu les supports médias évoluer. Des images papier, des simples diapos, puis des vidéos cassettes, des Cdroms, des DVD au  désormais tout puissant Internet et ses réseaux, une révolution de la communication a eu lieu. Mais à bien y réfléchir, n’est-ce pas seulement qu’une question de forme ? Et le sens du message dans tout cela ?

Pour porter la Bonne Nouvelle de Jésus Christ et de ceux qui l’ont précédé, l’Eglise s’est, elle aussi, servie d’images et de sons. Comment ne pas être émerveillé par les sculptures des chapiteaux de nos églises romanes, par la lumière des vitraux de Suger ou ceux de Kim En Joong, par les œuvres picturales de Rembrandt ou de Chagall, musicales de Bach ou  d’Olivier Messiaen…, cinématographiques de Zeffirelli ou Mel Gibson… A leur manière et selon leurs dons, des artistes, pas toujours chrétiens, ont voulu nous transmettre, à travers les âges, leur compréhension d’épisodes bibliques et nous laisser en découvrir par nous-mêmes leur part de mystère.

Mais faire sien le message qu’ont voulu transmettre l’artiste, le cameraman, le photographe… n’est pas si aisé. Lorsque nous regardons ou écoutons, c’est souvent trop rapidement, zappant d’une info à l’autre, d’une œuvre à l’autre, réagissant sur le moment avec nos émotions. Par un jeu de miroir, nous reconnaissons ou non le reflet de notre personnalité et c’est ce qui perturbe nos sens. Il faut du temps et pouvoir prendre du recul pour  saisir le sens de ce qui nous est donné à voir et à entendre.

Ta formation à l’Acnav (audiovisuel et multimédia) t’a ouvert le chemin de la « lecture d’image » ; peux-tu nous en expliquer le sens, et nous dire comment cette lecture d’image interpelle notre foi…

Des visionnaires, comme Bernard Favrel, Georges Carpentier, membres d’une association audiovisuelle : l’Acnav,  il y a déjà 40 ans, nous ont offert une méthode pour affûter nos cinq sens. En quelques mots : prendre le temps de regarder, d’écouter, accueillir sans a priori, ni connaissance particulière ce qui nous est offert ; verbaliser et échanger avec d’autres un élément qui nous étonne, … une couleur, un personnage, une attitude… ce que je peux sentir, toucher. Partager ce que j’éprouve : un sentiment de joie, de bien-être ou de rejet… et imaginer ce que cela peut me raconter d’un événement actuel vu par les prismes des médias ou un épisode de la vie du Christ vu par une illustratrice pour petits enfants. Et enfin, donner un sens historique, mystique au message qui nous est transmis. Bien souvent, nous allons trop rapidement à cette dernière étape, beaucoup trop sûr de notre savoir.

Tout au long de ma mission, j’ai fait mienne cette méthode et ai essayé de la transmettre aux animateurs en catéchèse et autres personnes avec qui j’ai cheminées. De l’avis de tous, ils ne voyaient plus comme avant. Pour moi, cela m’a permis de découvrir la Bible plus en profondeur, partant d’une image pour aller au texte, de regarder différemment les œuvres dans les musées et le message de foi de leurs auteurs… C’est une approche sensorielle de ce qui nous entoure et elle est d’autant plus riche qu’elle est faite et partagée en groupe, chacun ne voyant ou n’entendant la même chose.

Par les questionnements, des personnes accompagnées pas à pas, j’ai été interpellée dans mes pratiques, pour les rejoindre dans leur environnement, là où elles en étaient. Par leur entière  confiance dans la démarche proposée, elles m’ont fait également avancer dans ma propre foi en l’approfondissant et la renouvelant.

Comment perçois-tu les évolutions actuelles de l’audiovisuel et du multimédia ; comment viennent-elles en appui des supports de catéchèse…

Avec la refonte de l’approche catéchétique pour les enfants et les adultes, des supports médias sont intégrés dans les propositions d’animation. Il est toutefois nécessaire de savoir les utiliser et cette méthode est toujours d’actualité. Mais les besoins ont bougé. Les utilisateurs ont moins le temps de se former et à consacrer à leur mission. Dans l’urgence, ils utilisent Internet pour préparer leur séance de catéchèse. L’enjeu d’un Service audiovisuel, en complément des produits existants, est de guider ces utilisateurs qui ne peuvent pas toujours prendre le temps de discerner ce qu’ils attrapent sur Internet et de les accompagner dans leur utilisation. Comme nous apprenons à lire et à écrire, le langage de l’image a sa propre grammaire qu’il est nécessaire de connaître. C’est dans ce sens qu’une réflexion des différents acteurs de l’audiovisuel en Eglise va être menée. Que l’aventure audiovisuelle au service de la Parole continue…
 

« Faites ceci en mémoire de moi »
Lecture d'image sur le tableau "La Cène" peint par Mathieu Le Nain (1607-1677) – Musée du Louvre, Paris