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Saint-Denis : messe pour les victimes de l'esclavage et passation de flambeau entre générations

Une émouvante célébration eucharistique s'est déroulée en la basilique-cathédrale de Saint-Denis, en souvenir des victimes de l'esclavage colonial, le dimanche de Pentecôte. La génération qui portait ce combat et honorait la mémoire des victimes depuis de nombreuses années a transmis, lors de cette cérémonie, le flambeau aux plus jeunes.
Publié le 10/06/2021

" Le dimanche 23 mai, jour de la Pentecôte, nous avons vécu la célébration eucharistique en souvenir des victimes de l’esclavage colonial.
Dès 14h, les animateurs étaient présents pour caler les derniers détails et c’est dans un esprit de calme, de sérénité, que nous avons commencé la célébration par le chant, souffle imprévisible.
Puis le vicaire général m’a donné la parole, à moi qui suis une ancienne dans la démarche, avant de la transmettre au jeune Lionel, signe de la continuité d’une histoire. La célébration était justement axée sur la transmission et l’espérance.
Nous faisons le pari que les jeunes ont la capacité d’accueillir ce défi et de le faire perdurer à leur manière.
Le moment marquant de la célébration reste toujours l’appel des noms des aïeux qui ont reçu leur nom patronymique en 1848 lors de l’abolition de l’esclavage. Cela est possible grâce au travail de titan en faisant son arbre généalogique.
Personnellement, j’ai eu la joie de présenter ma filiation du côté de mon père, je suis remontée jusqu’à mon arrière-grand-père qui a été esclave. Lui à l’âge de 89 ans et sa fille de 23 ans ont reçu le nom d’Abbas et je suis descendue jusqu’à mon père.
Hélène, paroissienne de l’Estrée, métropolitaine a, elle aussi présenté son arrière-grand-père antillais. Son histoire fut très touchante, cela nous montre comment nous sommes proches et que l’histoire de la colonisation et de l’esclavage a donné des chemins singuliers.
Dans son homélie, le père Philippe nous a rappelé l’essentiel : "Ici dans cette cathédrale de Saint-Denis, en voulant convoquer le passé nous sommes surtout en train de l’évoquer avec ces noms, l’histoire de quelques aïeux dont nous avons fait mention presque trop brièvement. Cette histoire, nous l’invoquons surtout car en tant que croyants en tant que chrétiens nous y voyons l’histoire de Dieu qui rejoint notre Humanité, celle d’un peuple, celles des peuples de Dieu…"
Il s’agit de regarder une histoire, certes douloureuse, en face et d’en tirer le meilleur, par la force et l’amour que nous ont transmis ces personnes.
Le père Philippe nous rappelle que cette histoire, celle de l’esclavage qui pourrait paraitre si singulière, est bien l’Histoire universelle de l’homme où le Dieu de miséricorde, le Dieu d’Amour redresse, relève ce qui est blessé pour lui donner sa dignité et ce, hier, aujourd’hui et demain. Telle est l’assurance du chrétien qui motive et motivera ces luttes d’aujourd’hui et de demain. Faisons silence pour accueillir toutes ces histoires, notre et nos histoires souvent entremêlées et qui ne devraient avoir qu’une couleur, celle de l’Amour du respect de son prochain.
Depuis un moment mon époux et moi portons cette célébration et il était important de passer la main aux plus jeunes.
C’était aussi pour moi l’occasion de rendre grâce à Dieu pour notre Eglise du 93 et de remercier notre père, Mgr Pascal Delannoy, de son accueil.
Voici notre mot de conclusion : "Nous arrivons à la fin de notre célébration, nous rendons grâce à Dieu pour ce que nous venons de vivre, mais surtout nous rendons grâce pour ces 20 ans d’engagement qui ont permis que cette célébration existe et surtout qu’elle perdure. Le chemin parcouru n’a pas été sans embûche, sans découragement parfois, mais nous ne pouvons que rendre grâce à Dieu, du pas que nous franchissons aujourd’hui. Cette célébration est non seulement inscrite dans le calendrier diocésain, mais elle sera désormais portée par le groupe des 18 - 35 du diocèse. Nous disons un grand merci, très chaleureux à notre Eglise du 93, à notre évêque, représenté par le vicaire général aujourd’hui pour son écoute, et l’accueil de l’histoire de l’esclavage qui est une histoire commune de notre pays. Tout engagement  une fin, nous sommes appelés aujourd’hui à une nouvelle étape de vie, sur d’autres lieux. Nous sommes heureux et confiants de passer le flambeau à Clémentine et Lionel."

Le père Philippe a conclu ensuite la célébration : "Pour conclure cette cérémonie eucharistique, je tenais à vous remercier, frères et sœurs, pour votre présence aujourd’hui. Et j’aimerais dire un merci tout particulier à Jaklin et Phylippe Pavilla, qui vont prochainement quitter l’Hexagone.
La transmission était au cœur de la cérémonie. Mais avant cette phase de transmission, il faut une phase d’engagement. C’est ce que Jaklin a fait il y a plusieurs dizaines d'années. En tant que femme, citoyenne et chrétienne.
Cet engagement de nos aînés, leur courage et leur détermination nous poussent aujourd’hui à prendre le relais. Jaklin et Phylippe ont choisi d’associer la nouvelle génération et nous ne pouvons qu’être très fiers de cette marque de confiance.
Mais ce don, nous ne pouvons pas nous contenter de le recevoir. Nous nous efforcerons de porter haut et fort le souvenir des victimes de l’esclavage, pour que, par nos prières et nos actions, nous nous rendions dignes de cette transmission.
J’aimerais terminer en vous lançant un défi : promettons-nous l’année prochaine de tous revenir à cette cérémonie avec un ami, un voisin, nos enfants ou petits-enfants, afin que nous soyons toujours plus nombreux à accueillir et transmettre notre histoire
."

Pour signifier cette transmission, nous avons remis à Clémentine et Lionel le livre « Non an nou », un livre où ils trouveront  les prénoms, les matricules des aïeux de la Martinique qui ont reçu leurs noms en 1848. Et une Bible pour que la parole de Dieu les accompagne, dans cette mission.

Jaklin (avec Clémentine)

Pour plus d'information : présentation de la célébration 

Découvrir la Convention entre le Département et la Fondation pour la mémoire de l'esclavage