Un dimanche à l’hôpital — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Un dimanche à l’hôpital

Agnès est membre de l’aumônerie de l’hôpital de Montreuil. Elle nous confie son témoignage en ce jour si particulier des Rameaux.
Publié le 26/05/2014

Aujourd’hui, je suis de permanence à l’hôpital de Montreuil. La permanence, cela signifie porter la communion à ceux qui en ont fait la demande, partager un moment de prières ou tout simplement offrir un bonjour amical aux personnes qui en ont exprimé le désir durant  la semaine. C’est aussi assurer une disponibilité aux appels téléphoniques. Cela se fait dans la continuité des visites hebdomadaires effectuées par chaque membre de l’équipe d’aumônerie dans un des services de l’hôpital : saluer chaque malade, offrir un moment d’amitié et plus si le souhait est exprimé. Une fois par mois, avec l’aide d’un prêtre, l’équipe se retrouve pour partager des moments vécus durant ces visites.

Munie de mon petit bouquet de buis, j’arrive à l’hôpital. Quatre visites sont au programme : une personne souhaitant recevoir le Corps de Jésus, une autre, qui n’a pas été baptisée mais dont la foi est profonde, veut partager un moment de prières et deux autres personnes catholiques – mais non pratiquantes, ont demandé un petit brin de buis. Et puis par deux messages sur le répondeur, deux personnes ont souhaité la communion dans un service. Je me prépare à servir le Seigneur et le prie d’être présent à mes côtés.

Premier service : une personne hospitalisée depuis quelques semaines à l’hôpital,  que j’ai déjà rencontré. Je suis accueillie par une aide-soignante qui me demande d’attendre car la toilette est en cours. J’exécute cela de bonne grâce, sachant que c’est un moment supplémentaire pour me recueillir. Une autre aide-soignante arrive. Dès qu’elle me voit, elle entonne un chant d’allégresse au Seigneur. Mon cœur est joyeux, je participe à ce chant et lui propose un brin de buis qu’elle prend avec joie. Enfin vient la rencontre avec la personne. Un partage intense en présence du Christ : lorsque deux personnes se réuniront en mon nom, je serai présent au milieu d’eux (Matthieu 18, 20). Elle m’annonce son retour au domicile, louange de remerciements au Seigneur.

Sur le point de sortir de la chambre, son voisin de lit m’interpelle : connaissez-vous J… de telle paroisse ? Non. Mais qu’importe, voici une occasion dont seul Jésus a le secret de partager un moment d’amitié. Cette personne ouvre son cœur, sa vie avec confiance, je reçois cela comme une grâce. Je lui propose un brin de buis. « Non, me dit-elle, cet après-midi, une personne de ma paroisse va venir… Jésus n’oublie pas les siens ! » Que se passe-t-il aujourd’hui ? L’hôpital est habité par l’Esprit Saint. Je remercie Jésus de ces moments si précieux, signes de sa présence auprès des malades et du personnel hospitalier. Je poursuis mes visites, emplie de joie et de gratitude d’être le témoin de sa présence et du réconfort qu’il prodigue.

Une personne hospitalisée depuis plusieurs semaines attend avec confiance un membre de l’équipe d’aumônerie qui partagera prières et lectures, source de réconfort et de joie… Le Seigneur ne l’a pas oubliée. De nouveau, c’est le personnel soignant qui m’accueille, un homme, une femme. Ils sont heureux de me voir. L’homme m’interpelle : « Je ne vous connais pas. Comment vous appelez-vous ?… Vous savez, ma femme va à Lourdes chaque année et même si je n’ai pas trouvé le temps de l’accompagner, je connais tous les malades dont elle s’occupe ; je ne rate jamais l’occasion de partager un moment d’amitié à chaque rencontre organisée dans l’année. Il faut que vous alliez voir Madame… à telle chambre, et aussi Mesdames… à telle chambre ! » Approbation de sa collègue.

Me voici distribuant des brins de buis avant de poursuivre mes visites. Des larmes de joie m’accueillent : « J’ai tellement prié le Seigneur, il ne m’a pas oubliée ! » Je suis bouleversée au plus profond de moi. Dieu, tu me fais partager dans ces rencontres la foi de tes amis, tu n’oublies aucun des tiens… Quel bonheur de m’avoir guidée vers ces personnes. Je suis émue, je remercie Jésus de me faire témoin de sa puissance, de toutes les attentions qu’il porte à chacun d’entre nous.

Je poursuis mes visites : deux personnes ont demandé la communion au deuxième étage. Je commence à regarder mon bouquet de buis qui s’est rétréci. Vais-je en avoir assez ? La messe à la télévision est en direct de la Guadeloupe… Une femme habitant à côté de cette église m’accueille. Joie et bonheur. Puis une autre femme, heureuse de pouvoir communier. Il me reste un seul brin de buis que je préserve discrètement du regard du personnel soignant que je salue en passant, Dieu me pardonnera. Je le coupe en deux, il ne me reste pas grand-chose pour mes deux dernières visites.

Je salue cette première personne qui accueille avec gratitude ce si petit brin de buis. « Cela me suffit, je suis tellement heureuse ! » Je me confonds en excuses face à la dernière personne ; un petit bout de bois où se trouvent quatre feuilles de buis… « Mais Madame, me souffle-t-elle, c’est le plus beau brin de buis que je n’ai jamais eu ! »

Jésus, tu m’as fait le témoin, en ce dimanche des Rameaux, de l’attention que tu portes à chacun d’entre nous. Tu étais présent, m’accompagnant, me guidant vers ceux qui avaient espéré, prié. Merci Jésus pour ce dimanche de Rameaux qui a été le plus beau de ma vie. Je te promets que l’an prochain, si je suis de permanence, je viendrai avec un buisson de buis.

Jésus a besoin de chacun de nous pour apporter réconfort, soutien à qui souffre et le réclame. Il a soif de notre amour, il a soif de nous. Si nous acceptons de lui faire une place dans notre cœur, il s’installera, visitera, accompagnera les malades avec nous. Il nous fera partager des moments d’intimité avec lui et nous manifestera sa présence en chacun des souffrants.