Homélie pour les funérailles de Christian Cordier, diacre — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Homélie pour les funérailles de Christian Cordier, diacre

Homélie pour la messe de funérailles de Christian Cordier, diacre, le 24 avril 2021
Publié le 26/04/2021

Cher Christian, très cher frère,

C’est toi que je voudrais saluer en premier en cette église de Montreuil, là où tu prononçais il y a quelques petites semaines l’homélie du dimanche.
C’est aussi à tous tes proches que je pense : Roselyne et tous tes enfants que vous avez accompagnés sur les étapes de la vie ; et c’est eux maintenant qui vous accompagnent.
Ainsi se fait la transmission des valeurs de la vie, des choix que l’on doit faire, des objectifs que l’on souhaite atteindre. Et -bien sûr- la foi lorsque l’Esprit vous touche au cœur.
Oui, Christian, je sais (pour en avoir parlé longuement avec toi lorsque nous avons travaillé le thème 6 du synode) que tu avais été profondément bouleversé par cette fameuse parole du Concile Vatican II : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur » (Gaudium et Spes).
« Il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur » : ta vie en a été une illustration vivante : entouré par les tiens, entouré par l’Eglise qui est en Seine Saint-Denis.

Ton diaconat, Christian, tu l’as compris comme un « envoi aux limites », dans la barque « Eglise », sur une mer démontée où soufflent des vents contraires, comme l’image du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui.

C’est dans ce même esprit que les tiens ont choisi d’entendre ce matin l’évangile de Matthieu (14,22-32).
Tout commence par un envoi : Jésus envoie ses disciples aux « limites, de l’autre côté » sur la rive où se trouvent les villes (comme Bethsaïd) ou Jésus ne recevra pas un bon accueil. Ton diaconat, Christian, tu l’as justement compris comme un « envoi aux limites », dans la barque « Eglise », sur une mer démontée où soufflent des vents contraires, comme l’image du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui.
Fallait-il rester à l’écart et s’isoler ? certainement pas : comme le Seigneur il faut agir, savoir descendre de la montagne pour rejoindre ceux qui sont en train de perdre pied, de se noyer, et essayer d’apaiser leurs peurs et leurs angoisses et leur dire « Soyez rassuré ». Même si -nous aussi- ressentons ou subissons les mêmes peurs et angoisses : parce que nous sommes faits de la même pâte humaine, il nous faut tendre la main, une main parfois hésitante, une main fragile, une main d’homme, comme Jésus tend la main à Pierre quand il commence à s’enfoncer dans les eaux sombres et dangereuses.

Ce que j’ai eu la chance de connaître du « diacre » Christian, c’est cela, c’est cet évangile en acte appliqué pour secourir des vies difficiles, parfois misérables. Je ne peux m’empêcher Christian de te voir agir en cet hiver 2018 à l’acmé de la crise des migrants : vérifier qu’ils aient un toit, un lit, de l’eau, des toilettes, à manger, qu’ils soient rassurés, apaisés devant tous les déplacements qu’ils subissaient, traités -chez nous encore- comme des objets sans importance. Bref, faire cesser la tempête, retomber le vent de la colère et leur faire toucher du doigt qu’ils sont partie prenante de notre humanité. « Ce que vous avez fait aux plus petits d’entre les miens c’est à moi que vous l’avez fait ».
Nous avions aussi souvent discuté du ministère de diacre ; tu avais une conscience bien claire que toute cette activité se trouvait comme ressourcée par le service de la Parole, récapitulée dans la présentation du calice dans la célébration eucharistique.

Christian, tu rencontres aujourd’hui le Seigneur Jésus, je suis sûr qu’Il te dira « c’est bien, serviteur bon et fidèle… Entre dans la joie de ton maître ».
Intercède pour nous, pour tous, tous ceux qui t’aiment et te gardent dans leur cœur ; et encore plus spécialement Roselyne et vos enfants.
Soutiens notre foi et rassure notre espérance, car nous le savons : « Par la mort la vie n’est pas détruite, elle est transformée ».
Amen.

Claude Scheuble, diacre