La chapelle Notre-Dame des Anges représente un patrimoine culturel et historique en Seine-Saint-Denis. Ce sanctuaire trouve ses origines en 1212 et devient un haut-lieu de prière et de pèlerinage... En savoir +
► Rencontre avec Isabelle Bédat, restauratrice
MON MÉTIER : CONSERVER ET RÉPARER LES TISSUS ANCIENS
Objet d’une souscription récente, la restauration d’une bannière à l’église Notre-Dame-des-Anges de Clichy-sous-Bois offre l’occasion de découvrir un métier méconnu : celui de conservateur-restaurateur textile qu’Isabelle Bédat exerce en région parisienne depuis 30 ans.
Vous avez été choisie pour restaurer la bannière de Notre-Dame-des-Anges.
Quel est l’intérêt patrimonial d’un tel objet ?
Beaucoup de ces bannières qui étaient utilisées lors des processions dans de très nombreuses églises ont disparu pour cause de vétusté et de mauvaises conditions de conservation. Celle de Notre-Dame-des Anges date de la deuxième moitié du XIXe siècle et provient probablement de fabricants de paramentique français sans qu’on puisse en déterminer l’origine exacte.
Quelles difficultés cette restauration présente-t-elle ?
La bannière était accrochée dans l’église et son état de dégradation tient à l’ancienneté de son tissu, à son exposition à la lumière et à la poussière. La moire de soie, support de la broderie, se morcelle et tombe. Il y a « perte de matière ». Pour la retarder, j’ai effectué, il y a une dizaine d’années, un « sandwichage ». Cela a consisté à placer le tissu d’origine entre un tissu de soie et une crépeline, mais cette opération s’est révélée inefficace. D’où le choix, cette fois, d’une restauration beaucoup plus drastique : le moire de soie sera changée et remplacée par un tissu le plus proche possible de l’original. Les motifs brodés seront prélevés et replacés selon le relevé 1/1 préalablement réalisé. Les franges et les galons seront également restitués après nettoyage et toutes les coutures seront faites à la main. Seule la face principale de la bannière est concernée, celle où figurent la Vierge et l’Enfant.
Comment défi niriez-vous votre métier ?
Sa dénomination officielle est « conservateur-restaurateur textile ». Nous intervenons conformément à des règles déontologiques précises sur tous les costumes civils, militaires ou religieux et sur tous les textiles de toute époque, de toute origine et de tout style. Notre action vise le plus souvent à la conservation de ces pièces et à les rendre lisibles, plus rarement, comme ici, à leur restauration. Nos clients sont des musées ou des châteaux et les objets qui nous sont soumis sont généralement classés Monuments Historiques. Notre activité est donc largement fonction des budgets du Ministère de la Culture.
Comment se forme-t-on ?
Pour pouvoir intervenir sur des collections publiques, il faut posséder un diplôme délivré après 5 ans d’études. Il existe deux cursus : celui offert par l’Institut National du Patrimoine, section restauration, et le Master conservation-restauration des biens culturels de Paris 1 Panthéon-Sorbonne que j’ai suivi.
Source : Fondation du Patrimoine - La Lettre d'Île-de-France / N°22, 2015