De même qu’une année scolaire débute en septembre dans certains pays et en octobre dans d’autres, pour se terminer en fin juin, de même, l’année pastorale dans l’un ou l’autre pays suit la même logique, nonobstant leurs différences essentielles et les particularités des diocèses.
Par exemple, ici à Saint-Denis, l’année pastorale 2023-2024 dédiée par notre ancien évêque, monseigneur Pascal Delannoy « Année Sport et Foi », sera fermée ce dimanche 13 octobre lors d’une messe solennelle présidée par notre administrateur diocésain, le père Eugène Doussal, à l’occasion de la fête patronale de notre diocèse à la Basilique Cathédrale Saint-Denis.
Ainsi, pour éviter de confondre l’année pastorale avec l’année scolaire ou encore avec l’année liturgique, redécouvrons sa définition et sa petite histoire. Pour ce faire, rappelons ce que n’est pas l’année pastorale avant de nous efforcer à dire ce qu’elle est.
Ce que n’est pas l’année pastorale
- L’année pastorale n’est pas l’année scolaire
Certes l’année pastorale dans nos différents pays suit souvent le même rythme que l’année scolaire, mais elles sont bel et bien différentes. L’année pastorale n’est pas l’année scolaire. Cette différence peut s’expliquer non seulement par la différence de leur champ d’action, mais aussi et surtout du point de vue lexical et fondamental.
L’expression « année scolaire » relève du vocabulaire civil français qui désigne et situe la période des études dans l’année civile. Cette période varie d’un pays à un autre, d’une institution à une autre. En outre, l’année scolaire est définie, soutenue et organisée par les services civils d’un pays. Ces services ont les droits et devoirs de délimiter le début et la fin de l’année scolaire. Or, retenons simplement que, l’expression « année pastorale » ne relève pas du langage civil, mais de celui de l’Eglise. L’année pastorale n’est pas, non plus, définie, organisée, soutenue et délimitée par les services de l’Etat, mais par l’Eglise, et plus précisément, par les services du diocèse sous les auspices de l’évêque.
Pour un diocèse comme le nôtre (Saint-Denis en France) qui attend un nouvel évêque, dans un esprit synodal, c’est-à-dire, en marchant ensemble, nous sommes invités plus que jamais à constituer autour de notre administrateur diocésain, le père Eugène Doussal, une Eglise qui articule communion, mission et participation pour réussir notre année pastorale. Autrement dit, « sans tomber dans le piège qui consiste à penser que les résultats de notre année pastorale dépendront de notre capacité de faire et de programmer, nous sommes invités à investir toutes nos ressources d’intelligence et d’actions dans notre service de la cause du Royaume de Dieu dans notre diocèse »[1].
-L’année pastorale n’est pas l’année liturgique
Conformément à la mise à jour liturgique impulsée par le Concile Vatican II (1962-1965) à travers la constitution dogmatique « Sacrosanctum concilium » du 4 décembre 1963 et selon la réforme liturgique promulguée par le pape Paul VI le 3 avril 1969, l’Eglise catholique latine compte trois années liturgiques. Nous avons l’année liturgique A dédiée plus à la lecture de l’Evangile selon saint Mathieu, l’année liturgique B à celle de l’Evangile selon saint Marc et l’année liturgique C à celle de l’Evangile selon saint Luc. L’Evangile selon saint Jean est réservé aux fêtes et vient en complément de l’année liturgique B car l’Evangile de Marc est plus court.
L'année liturgique commence le premier dimanche du temps de l’Avent (généralement c’est le premier dimanche de décembre) et se termine le 34e dimanche ordinaire, avec la fête du Christ Roi de l’Univers. Durant cette période de l’année liturgique, l’Eglise propose aux chrétiens de vivre l’ensemble de l’histoire du salut et de la vie de Jésus-Christ. Il s’agit de reprendre les événements principaux de la vie du Christ : sa naissance (Noël), sa passion, sa mort et sa résurrection (Pâques), et le don de l’Esprit Saint (Pentecôte). Or, certes, ces événements liturgiques sont célébrés pendant l’année pastorale, mais, du point de vue de l’organisation temporelle, l’année pastorale ne correspond pas à l’année liturgique. En effet, l’année pastorale ne commence pas en début du mois de décembre et ne se termine pas non plus à la fin du mois de novembre.
Ce qu’est l’année pastorale
L’expression « année pastorale » est constituée de deux substantifs, dont sa définition dépend essentiellement.
- « Année » : déploiement du temps pendant douze mois. En fait, l’année pastorale peut se comprendre normalement comme une période de douze mois qui se succèdent à partir de la rentrée pastorale, en septembre ou en octobre, et qui se termine en fin du mois d’août pour les diocèses où la nouvelle année pastorale commence le 1er septembre (par exemple le diocèse de Saint-Denis en France), et en fin du mois de septembre pour les diocèses où la rentrée pastorale a lieu le 1er octobre (par exemple, l’archidiocèse d’Owando en République du Congo, diocèse jumelé avec celui de Saint-Denis). En fait, « dans le temps, l’année pastorale est donc cette période significative de réalisation des activités apostoliques et pastorales pour un diocèse, consacrée traditionnellement par une célébration eucharistique solennelle de lancement, un moment privilégié que saisit l’évêque diocésain pour donner de nouvelles orientations pastorales pour l’ensemble des paroisses et des fidèles »[2].
Comme pour dire que, l’année pastorale est une période de douze mois d’activités prophétiques, spirituelles et caritatives dans le diocèse même si pendant les vacances d’été, c’est-à-dire en mois de juillet et d’août, voire même en septembre pour d’autres diocèses, ces activités se ralentissent pour permettre aux uns et aux autres de souffler dans la mesure du possible comme l’a fait le Christ à ses disciples, « Il leur dit : vous autres, venez à l’écart dans un lieu désert et reposez-vous un peu » (Mc 6, 31). Le code du droit canonique de 1983, par exemple, prévoit un mois de vacances pour les prêtres (can 283, §2). Généralement, c’est l’été que les clercs prennent leurs vacances.
C’est sans doute en raison des vacances d’été que nous avons l’impression que l’année pastorale dure neuf mois comme l’année scolaire. C’est une erreur de penser ainsi. Pendant les vacances d’été, nos paroisses continuent à fonctionner malgré tout. De manière ordinaire, certaines activités pastorales d’un diocèse ou d’une paroisse peuvent se programmer pendant les vacances d’été. Par exemple, certaines paroisses de notre diocèse, surtout celles de Saint-Ouen et de Saint-Denis durant cet été, ont organisé beaucoup d’activités liées aux jeux olympiques et para olympiques de Paris 2024. Tandis qu’il faut des raisons extraordinaires pour que le programme scolaire déborde jusqu’aux vacances d’été.
-« Pastorale » : Ce mot nous renvoie à l’image biblique du pasteur. Dans l’Ancien Testament, par exemple, cette image de pasteur, du berger est attribuée d’abord à Dieu Lui-même pour exprimer les soins dont il couvre son peuple : « le seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer » (psaume 23). Cette image est ensuite donnée au futur Messie que le peuple doit écouter pour son salut : « mon peuple, écoute mes instructions ! prêtez l’oreille aux paroles de ma bouche » (psaume 78). Cette image est enfin accordée aux chefs du peuple élu pour les mettre en garde : « malheur aux pasteurs qui détruisent et dispersent le troupeau de mon pâturage ! dit l’Eternel » (Jérémie 23).
Dans le Nouveau Testament, le Verbe de Dieu fait chair se révèle et se présente à nous comme le pasteur éternel du Père, le bon berger, la porte des brebis, et nous met en garde contre les éventuels voleurs : « Je suis le bon pasteur, la porte des brebis. Je connais mes brebis et mes brebis me connaissances. Je donne ma vie pour mes brebis. Le mercenaire qui n’est pas le pasteur et à qui n’appartiennent pas les brebis, voit-il venir le loup, il laisse les brebis et s’enfuit, et le loup s’en empare et les disperse » (Jean 10).
Par conséquent, étant une institution divine, puisqu’elle est voulue du Père (Jérémie 32, 38), instituée explicitement par le Fils (Mathieu 16, 18) et tenue par le Saint-Esprit (Jean 20, 22 ; 1 Pierre 4, 10), l’Eglise à travers ses fonctions d’enseignement, de sanctification et de gouvernement, continue cette mission de Dieu qui consiste à prendre soin de son peuple. Ainsi, la pastorale désigne l’ensemble des activités et des moyens mis en œuvre par l’Eglise en général et par un diocèse en particulier pour la prise en charge des besoins spirituels et humains des communautés chrétiennes. Il s’agit de chercher à nourrir et à approfondir la foi, l’espérance et la charité des fidèles chrétiens, à dialoguer avec d’autres confessions religieuses et les non-croyants ainsi qu’avec toute la communauté humaine dans son ensemble. La pastorale se réalise à travers des célébrations liturgiques, des moments d’animation de la vie communautaire, l’accompagnement personnel, la présence au milieu des hommes.
Dans le temps et l’espace, et selon la doctrine chrétienne, l’année pastorale est donc cette période significative de douze mois pendant laquelle le diocèse définit et réalise des activités apostoliques avec bien souvent un ralentissement pendant les vacances d’été. Alors, nous peuple de Dieu du diocèse de Saint-Denis, enfants, ados, jeunes-adultes et personnes âgées, hommes et femmes, clercs et laics, ouverts à l’Esprit-Saint et au monde, avec notre administrateur diocésain en attendant un nouvel évêque, conjuguons nos efforts pour la gloire de Dieu et le bien de tous.
Père Elorian ATSIMA NGNARI, Prêtre étudiant à Drancy
[1] Père Eugène DOUSSAL (administrateur diocésain du diocèse de Saint-Denis en France), son allocution pendant la rencontre des prêtres en exercice pastoral dans le diocèse de Saint-Denis, mardi 1er octobre 2024 à la paroisse sainte Thérèse d’Epinay.
[2] Père Roger GOMIS (prêtre de l’archidiocèse de Dakar au Sénégal), publié sur « Croix Africa » le 1er septembre 2018, page 7.