Le corbeau et le renard : produire local n’est pas une fable
Cette journée de formation s'intitulait "Avec sainte Thérèse, vivre la sainteté dans les épreuves de santé".
L'objectif poursuivi était de valoriser les gestes simples lors de la visite des personnes malades : être à l’écoute, faire preuve de douceur, ne pas juger, se montrer humble.
Pour démarrer la journée, notre évêque, Mgr Pascal Delannoy, est revenu en détails sur sa visite pastorale au monde de la santé, initiée le 23 octobre 2021, pour s'achever à l'été 2022. Visite à la maison de retraite La Seigneurie (le plus grand EHPAD public), à l'EHPAD des Lilas, à l'hôpital Delafontaine et aux Ormes à Montfermeil (unité de soins palliatifs), à l'EHPAD de La Roseraie, à Neuilly-sur-Marne : notre évêque a sillonné le diocèse à la rencontre des personnels soignants, des bénévoles et des aumôniers impliqués auprès des malades, et à la rencontre des malades eux-mêmes.
Il a terminé ses visites par l'hôpital Jean Verdier, et le service de neurologie de l'hôpital Avicennes.
Mgr Delannoy est revenu sur la définition d'une visite pastorale. Il s'agit, a-t-il expliqué, d'une succession de visites, de rencontres, de dialogues, dans le but de mieux accomplir la mission que le Christ nous confie. En d'autres termes, l'objectif est de :
- provoquer une rencontre qu'on ne vit pas en temps ordinaire
- louer, raviver les ardeurs des personnes engagées sur le terrain
- cette mission concerne toute l'Eglise diocésaine.
Les impressions de notre évêque, au sortir de cette visite pastorale
Mgr Delannoy a été marqué, au cours de sa visite pastorale par :
- l'accueil reçu, le temps pris par chacun pour échanger avec l'évêque ou avec les équipes de l'aumônerie et les bénévoles
- le témoignage donné par les bénévoles, au travers de leur présence régulière, persévérante, attentive à tous et sans prosélytisme. Une présence qui fait signe auprès de tous, et qui s'inscrit dans la tradition de l'Eglise d'avoir une attention particulière aux personnes malades, âgées, souffrantes. Une présence reflétant le visage du Christ ; ce Christ qui se passionne pour notre humanité
- la (re)découverte de l'univers hospitalier, qui est un monde à part entière, avec ses propres codes, références et modes de fonctionnement ...
- la rencontre de personnes passionnées par leur travail et attachées au département de Seine-Saint-Denis, des personnes stimulées, portées par leur relation au patient, et qui tiennent bon en dépit des difficultés
- une bonne complicité entre le personnel soignant et les équipes d'aumônerie
- l'état préoccupant des établissements hospitaliers. A l'hôpital de Montfermeil, par exemple, 85 lits étaient fermés par manque de personnel au jour de sa visite. 300 soignants manquent à l'appel, quotidiennement
- les enfants et les jeunes atteints par la maladie, une vulnérabilité souvent cachée aux yeux du public, et la mortalité infantile et la détresse de certaines mères, dans les services de maternité
- la bonne coexistence des principes de laïcité avec la présence d'aumônerie religieuse au sein des établissements de santé.
Fort de ces observations, Mgr Delannoy a rappelé la nécessité de sensibiliser les communautés chrétiennes au monde hospitalier, à travers, par exemple, des événements comme le Dimanche de la Santé durant lequel les personnels soignants, les aumôniers, les bénévoles qui agissent auprès des malades sont mis à l'honneur. Il a souligné le défi que nous devons relever, à savoir, reconstituer les équipes d'aumônerie décimées ou disloquées par le COVID, en appelant et en formant de nouvelles personnes. Et il a observé l'importance croissante qu'est amené à prendre le Service Evangélique des Malades, pour visiter les gens à domicile, dans un contexte où la durée des hospitalisations tend à raccourcir.
Mgr Delannoy a conclu son intervention en rappelant que nous, chrétiens engagés et bénévoles, sommes les bienvenus dans le monde hospitalier pour y prendre toute notre place, mais rien que notre place.
Une journée riche en témoignages, en partage et en émotions
Outre l'intervention de notre évêque, Marie-Noëlle Mary, déléguée diocésaine à la Pastorale de la Santé, et le père Franck Derville, accompagnateur de cette pastorale, ont fait le point sur l'année écoulée et sur celle à venir. Un tour de table de l'ensemble des participants a également permis de rendre compte des différentes initiatives locales en matière de santé, et de l'implication des acteurs locaux.
Marie-Noëlle Mary a rappelé la nécessité de former les personnes qui s'engagent auprès des malades, et le besoin de régularité des visites (les malades et les personnes âgées attendent des visites régulières, le respect d'un rythme).
Le père Franck a par ailleurs fait une présentation de la vie de Sainte Thérèse de Lisieux et montré combien les malades se disent aussi à travers leur histoire familiale ; la vie de Thérèse ayant été jalonnée de problèmes de santé. Son parcours de sainteté, a-t-il rappelé, s'enracine dans la souffrance et la maladie, la sienne et celle de ses proches.
L'intervention de Soeur Emilie, Soeur de la Charité de Saint-Vincent de Paul
En conclusion de la journée, Soeur Emilie Boulet a livré un beau témoignage intitulé "Vivre d'amour : mystère de la souffrance et de la mort", relatant son vécu, en tant que bénévole à l'hôpital de La Fontaine et l'hôpital Casanova.
Pour la religieuse, des questions et/ou constats identiques reviennent toujours sur les lèvres des malades :
- "Qu'est-ce-que j'ai fait de mal pour que cela m'arrive ?"
- "Si je souffre, c'est que Dieu ne m'aime pas"
- "Je veux pouvoir sourire jusqu'au bout."
- "Mourir d'accord, mais pourquoi la souffrance ?"
Lire le témoignage de Soeur Emilie
