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Pour une rencontre féconde entre communication et miséricorde

En ce dimanche 8 mai 2016, 50ème Journée mondiale des communications sociales
Publié le 08/05/2016

Je désire tant que les lieux où se manifeste l’Eglise, en particulier nos paroisses et nos communautés, deviennent des îles de miséricorde au milieu de la mer de l’indifférence lançait le pape François dans son message de carême l’an dernier. Dans ce message, il cite 13 fois le mot « indifférence », voulant montrer que cette attitude marque profondément notre époque. En revanche, il ne cite que 2 fois le mot « miséricorde ». Le pape associe naturellement la miséricorde à l’amour qui est, somme toute, une évidence évangélique : Nous aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier (1 Jean 4, 19).

Si nous sommes enclins à l’indifférence, il nous faut l’affronter nous dit le Saint Père. Cette attitude égoïste, d’indifférence, a pris aujourd’hui une dimension mondiale, au point que nous pouvons parler d’une mondialisation de l’indifférence. Il s’agit d’un malaise que, comme chrétiens, nous devons affronter. Ce refuge est parfois confortable. On se dit impuissant face à tout ce que nous relatent chaque jour les médias de faits effrayants et inhumains. Notre baptême nous a pourtant légué bien autre chose que l’indifférence, ce qu’il y a de plus précieux au monde : une foi en Jésus Christ, la Bible, une Eglise de 2000 ans encore jeune, des martyrs et des saints, de nombreux témoins de la foi. Et un grand commandement : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés (Jean 15, 12). Rien que ce verset, tiré de l’évangile de Jean, est un trésor inestimable !

Dans son message pour la 50ème Journée mondiale de la communication (8 mai 2016), le pape cite 16 fois le mot « miséricorde » et 0 fois le mot « indifférence ». L’aurait-il laissé de côté ? Bien sûr que non ! De fait, le mot miséricorde exprime ce que nous avons de plus profond en nous, de l’ordre du viscéral, nos "entrailles". La miséricorde apparaît donc comme l’amour fécond d’un être humain pour son semblable, tous deux créés par Dieu. Le pape se sert du Marchand de Venise de Shakespeare pour faire valoir cette grâce toute naturelle : Elle descend du ciel comme la fraîcheur de la pluie sur la terre. Elle est une double bénédiction : elle bénit celui qui la donne et celui qui la reçoit (Acte 4, scène 1). C’est peut-être évident mais terriblement compliqué à mettre en œuvre.

François nous invite à une rencontre féconde entre la « communication » et la « miséricorde » (thème de la 50e journée). Que vient faire la communication dans cette histoire de miséricorde ? Le pape nous donne un premier indice : L’amour, par nature, est communication, il conduit à s’ouvrir et non pas à s’isoler. Et si notre cœur et nos gestes sont animés par la charité, par l’amour divin, notre communication sera porteuse de la force de Dieu. Voilà, je comprends déjà mieux. Amour, miséricorde, communication, des signes vivants de notre Dieu. On sait ce qui arrive à un couple ou à une famille quand la communication est rompue. Quand le dialogue est absent, tout se délite inéluctablement. Le cœur de chair se transforme progressivement en cœur de pierre. Seules les paroles prononcées avec amour et accompagnées de douceur et de miséricorde touchent les cœurs des pécheurs que nous sommes, souligne le pape. N’allons pas chercher midi à quatorze heures, commençons ici, chez nous, au sein de notre famille, à vivre l’amour miséricordieux qui nous est donné, avant de répandre autour de nous la chaleur de l’Eglise Mère, vers nos proches et nos amis. Cette chaleur qui donne consistance aux paroles de la foi et qui allume dans la prédication et dans le témoignage l’"étincelle" qui les rend vivantes. Petit à petit, ce regard de miséricorde nous pourrons l’étendre à d’autres cercles et réalités de la vie… notamment aux périphéries que nous ne reconnaissons pas encore. Offrir un geste d’amour, de miséricorde là où nous vivons, ouvre subrepticement un horizon masqué par la brume. La communication, ses lieux et ses instruments, ont comporté un élargissement des horizons pour beaucoup de personnes. (…) La rencontre entre la communication et la miséricorde est féconde dans la mesure où elle génère une proximité qui prend soin, réconforte, guérit, accompagne et fait la fête. Et le pape François poursuit : Dans un monde divisé, fragmenté, polarisé, communiquer avec miséricorde signifie contribuer à la bonne, libre et solide proximité entre les enfants de Dieu et les frères en humanité.

Alors comment tout cela nous parle comme baptisé-communicant ? La rencontre entre communication et miséricorde sera féconde si, en parole, à l’écrit, en attitude, nous ne sommes pas contraint à produire pour produire, à faire-semblant, mais si nous arrivons à partager notre raison d’être chrétien, c’est-à-dire en bâtissant des ponts de fraternité, en exprimant notre joie de vivre et notre espérance au Christ. Prenons le temps avant de parler, informons-nous avant d’écrire, réfléchissons avant de "tweeter" ou "liker" … Dans l’acte de communication se dévoile la responsabilité missionnaire de toucher les cœurs, de respecter l’autre, de s’assurer du devoir de justice et de vérité. Une autre façon d’exprimer les vertus théologales : foi, espérance et charité.

Vérité dans ce que je dis, dans ce que je partage, mais dans une Vérité reflet du visage lumineux du Christ (cf. Jean 8, 32). Cette vérité est, en définitive, le Christ lui-même, dont la douce miséricorde est la mesure de notre manière d’annoncer la vérité et de condamner l’injustice. C’est notre principal devoir d’affirmer la vérité avec amour (Cf. Ep 4, 15). Seules les paroles prononcées avec amour et accompagnées de douceur et de miséricorde touchent les cœurs des pécheurs que nous sommes.

Nos peurs nous éloignent de l’Evangile, la peur de l’autre, de la nouveauté, de l’avenir nous invite souvent au repli. Alors que plus nous nous ouvrons aux autres en vérité, plus nous avons une bonne raison d’espérer et de communiquer.

« Tenez ferme », nous dit saint Jacques (5, 8) Le pape François nous le dit avec ses mots : Que les paroles et les actions soient donc telles qu’elles nous aident à sortir des cercles vicieux des condamnations et des vengeances, qui continuent à piéger les individus et les nations, et qui conduisent à s’exprimer avec des messages de haine. La parole du chrétien, au contraire, se propose de faire grandir la communion et, même quand il faut condamner le mal avec fermeté, elle cherche à ne jamais briser la relation et la communication. Comme chrétien, nous n’avons pas d’autre choix que de construire des ponts. C’est cela la rencontre féconde entre communication et miséricorde : bâtir des ponts. Constamment rebâtir ce qui est brisé dans une proximité qui ait la saveur de l’Evangile [1]. Quoi de plus beau qu’être bâtisseur pour la gloire de Dieu - non comme Suger en érigeant la cathédrale Saint-Denis -, mais en œuvrant pour les hommes avec tous nos sens et nos outils de communication.

Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu (Matthieu 5, 7-9).


Bruno Rastoin,
Délégué diocésain à la communication
 

[1] Orientations missionnaires 2015-2020 – Diocèse de Saint-Denis


Message du pape François pour la 50ème Journée mondiale des communications sociales
Communication et miséricorde : une rencontre féconde