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Rencontre de l’ACO : « Elections, quel pouvoir citoyen ? »

Le samedi 29 janvier dernier, dans les locaux de la paroisse Sainte-Thérèse-des-Joncherolles à Pierrefitte-sur-Seine, une soixantaine de participants ont répondu à l’invitation de l’Action Catholique Ouvrière (ACO) du 93 Nord pour une après-midi de réflexion et d’échanges autour des élections présidentielles 2022.
Publié le 23/02/2022

L’invitation ne se limitait pas aux membres de l’ACO de secteur. Ainsi plusieurs participants des secteurs ACO voisins ou des personnalités politiques locales se sont greffés à l’assemblée.

Le but de cet après-midi était de sensibiliser les personnes présentes à l’importance de s’intéresser à cette échéance citoyenne et de tenter de participer au recul de l’abstention, néfaste à la démocratie.

Pour cela, une réflexion en atelier a été proposée. 7 tables de travail ont été formées, chacune ayant la lourde tâche de faire une synthèse des programmes des candidats les plus représentatifs pour les prochaines élections. Afin de maintenir le plus d’objectivité possible, chaque atelier ne connaissait pas le nom du candidat porteur du programme qu’il devait étudier… De plus, pour centrer la réflexion autour du « bien commun », les organisateurs avaient sélectionné 6 thématiques dans lesquelles il fallait ressortir les 2 ou 3 propositions les plus emblématiques du programme présenté : santé, école/éducation, travail/emploi, logement/vie de la cité, environnement/écologie et culture/sport/loisirs.

Par ailleurs, 2 autres ateliers avaient la non moins lourde responsabilité d’établir, autour chacun de 3 des thèmes cités plus haut, leur « programme idéal ».

Les échanges ont été riches et fructueux dans chaque atelier de travail. Les travaux réalisés ont été restituées à l’assemblée sous forme de grands panneaux ; l’assistance était invitée, sous forme de jeu, à deviner quel candidat se cachait derrière chaque programme.

Autour de ce travail en ateliers, 3 membres du secteur ACO ont accepté de témoigner sur leur engagement politique au niveau local : les raisons de cet engagement et le lien qu’ils y mettaient avec leur foi en Dieu.

Puis, Flora, jeune militante à la Primaire Populaire, est venue présenter ce nouveau mouvement qui tente de proposer une façon différente de s’impliquer dans une démarche politique.

Enfin, la journée s’est conclue avec un diaporama qui a donné quelques éléments de réflexion autour des élections politiques en France, et ce que nous dit notre foi et l’Eglise, en particulier avec la dernière encyclique du pape François, Fratelli Tutti, tous frères.

Télécharger le document qui a été projeté lors de cette rencontre

Témoignage d’une participante
J’ai été encartée plus d’une trentaine d’années au PS. Mon engagement politique s’est concrétisé durant 5 mandats consécutifs au conseil municipal de Villetaneuse.
Elue sur une liste d’union ou suite à une fusion de liste, le PS a toujours été minoritaire à Villetaneuse. Aujourd’hui je n’ai plus aucun engagement
Mon adhésion à un parti politique s’est construite au fil des années. J’avais vécu l’engagement dans un collectif avec la CFDT. Les mouvements d’action catholique ont joué un rôle : c’est jeune adulte que j’ai compris le sens du collectif avec la JOC, qui sera approfondi avec l’ACO.
En 1983, les élections municipales se préparent ; c’est alors que je suis sollicitée pour être sur la liste conduite par le maire PC sortant ; cela m’interroge, me tombe un peu dessus ; mais j’aime ma ville, j’ai presque une relation affective avec cette ville où je suis née et où j’ai grandi ; me situer comme élue de terrain de proximité dans un collectif où je connais quelques personnes, pourquoi pas ! j’y viens avec mes convictions et ma loyauté.
A cette époque j’ai deux atouts : je suis une femme, ce qui est assez recherché en politique locale ; et je suis chrétienne, catholique pratiquante et connue sur la ville.
C’est donc avec appréhension que j’accepte ce 1er mandat ; je fais confiance, je regarde, j’écoute ceux qui ont déjà une expérience A l’époque je ne pensais pas en prendre pour 30 ans…
Je trouve au cours des différents mandats de la joie, du plaisir jalonné de débats (parfois destructifs) et de conflits de personne (c’est bien connu, nous avons tous le sentiment de détenir la vérité). Mais nous avançons sans toujours trouver la solution en se rappelant que des engagements sont pris et qu’il faut les respecter.
Je trouve sens à cet engagement dans le travail des différentes commissions comme élue et maire adjoint : travail en concertation avec les personnels administratifs, la culture, les relations publiques, la coopération décentralisée… Ce sont aussi des rencontres avec les habitants, les associations.
Quelques exemples qui me font tenir :
Je suis impressionné quand je vois l’implication des habitants de la cité Allende au moment de la réhabilitation qui a duré 5 ans, et où il faut passer de 400 logements à 200 ; presque personne ne veut partir, tous sont attachés à leur lieu de vie, aux liens qui se sont créés au fil des années. Comment dépasser le regard négatif posé sur cette cité et ses habitants, être attentif à ce qui se dit, même si parfois il faut être pragmatique il y a toujours un moment ou les décisions doivent être prises, au plus près des souhaits réalistes des uns des autres.
Maire adjointe à la culture dans cette petite commune de 12000 habitants, j’ai vu des enfants et des jeunes développer leurs talents dans la musique ou la danse avec tellement de sérieux !
Avec la coopération décentralisée (différent du jumelage), c’est l’amitié qui se crée avec la communauté malienne active sur la ville mais aussi en soutien à leur village de la région de Kayes ; ils n’attendent pas qu’on fasse pour eux, soutenir leur projet c’est permettre que sur place ils aient les moyens de développer le maraîchage. Faire « avec » et non « pour » me tient à cœur.
Ecouter, accompagner, ne pas juger, avec le maximum de respect : c’est pour moi une question de dignité.
Il y a eu des échecs, voire des renoncements parce que le budget ne permet pas de mener à bien certaines actions. Il y a eu aussi le manque de volonté, c’est peut-être là que ma foi m’a permis de tenir, de résister aux différentes tempêtes ; en politique il y en a pas mal !
La relecture en équipe d’ACO permet de se poser, réfléchir, se remettre en question, se relever. Mais la foi ça se nourrit ! J’ai un texte d’évangile qui m’aide souvent (Mt 14, 22-32) : Jésus marche sur les eaux, ce qui affole les disciples. Jésus dit : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ». Pierre veut vérifier que c’est bien Jésus qui est là ; alors il prend le risque de marcher sur l’eau ; le vent violent lui donne l’impression qu’il va perdre pied. « Seigneur, sauve-moi ! » Alors Jésus lui tend la main et dit à Pierre : « Pourquoi as-tu douté ? » Pierre reconnaît Jésus : « Tu es bien le fils de Dieu ».
Si je sais l’importance de tendre la main, je sais aussi accepter celle qui m’est tendue, cette présence de Jésus dans ma vie m’a souvent aidé et j’essaie de l’entendre me dire : n’aie pas peur.
Se mettre en route, c’est quitter l’immobilisme, c’est entrer en mouvement, mobiliser nos énergies pour tendre vers un même but ; c’est notre affaire, il y va de notre vie, de notre avenir. Oui se mettre en route c’est vraiment l’histoire d’un peuple.
En conclusion, ce qui m’a porté, ce sont les différents collectifs, l’attention aux autres, tout en développant mes capacités de discernement. Oui il y a de l’implication personnelle, oui on y laisse quelques plumes, mais il y a surtout les autres… et la présence du Christ.
Que ce soit politiquement ou professionnellement, j’ai vu et je vois toujours des gens découragés qui ne voient pas le bout du tunnel ; j’ai moi-même été découragée. Comment continuer à espérer ?
Jean-Pierre Bourget, prêtre du Val-de-Marne, ancien délégué régional en mission ouvrière, s’empressait de dire à propos de l’espérance : « Espérer ce n’est pas attendre, c’est agir et Agir c’est créer de l’espoir ».