"Un regard sur la pauvreté", photographies de Walter Weiss (1971-1973) — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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"Un regard sur la pauvreté", photographies de Walter Weiss (1971-1973)

Entre 1971 et 1973, le Suisse Walter Weiss a photographié plusieurs bidonvilles de Seine-Saint-Denis, en partie pour l’association ATD Quart Monde.
Publié le 28/02/2018

Il vient de faire don de ces clichés aux Archives départementales de Bobigny qui leur consacrent une exposition jusqu’au 21 septembre 2018 (54 Avenue du Président Salvador Allende, 93000 Bobigny).

Un amas de cabanes de fortune sur fond de nouvelles cités, un ruisseau jonché d’immondices, des enfants qui s’affichent tout sourire devant des pré-fabriqués : c’est un visage de la pauvreté et du mal-logement que donne à voir l’exposition « Un regard sur la pauvreté », organisée aux Archives départementales jusqu’en septembre.
Constituée de photographies du Suisse Walter Weiss prises entre 1971 et 1973, cette exposition documente bien la crise extrême du logement qui régnait en Ile-de-France et donc aussi en Seine-Saint-Denis dans ces années-là.
Bidonville du Franc-Moisin à Saint-Denis, bidonville de Noisy-le-Grand, taudis de La Cerisaie à Stains, ce jeune Suisse, arrivé en France au début des années 70 avec pour but d’y apprendre le français, a été saisi par le dénuement régnant alors dans certaines zones de la région et a souhaité en livrer un témoignage sur pellicule. Présent lors du vernissage de l’exposition, il explique : « J’ai voulu montrer une situation intolérable. J’ai souhaité montrer cette pauvreté pour aller vers un futur sans bidonvilles, et encore aujourd’hui on n’y est pas parvenu ».

Dans cette exposition, l’objectif de Walter Weiss s’attarde en particulier sur le bidonville du Franc-Moisin, à Saint-Denis, dont l’histoire est peut-être moins connue aujourd’hui que celle du bidonville de Noisy-le-Grand ou de La Campa, à Saint-Denis puis La Courneuve. « Surtout habité entre 1964 et 1974, ce bidonville se caractérise par la présence de travailleurs, très souvent immigrés, dont une grande partie sont d’origine portugaise. Une autre de ses caractéristiques est le choix du relogement sur site qui sera fait par le biais de la SONACOTRA et de l’Office public d’habitat de Saint-Denis », indique Benoît Pouvreau, historien au service patrimoine culturel du Département et spécialisé dans l’histoire de l’habitat.

Mais le legs de Walter Weiss a aussi cela d’intéressant qu’il permet de retracer l’activisme et l’inventivité de l’association ATD (Aide à Toute Détresse) Quart Monde. Fondée en 1957 par Joseph Wresinski, un prêtre social arrivé justement dans le camp de Noisy-le-Grand en 1956, cette association était aussi présente au bidonville de La Campa et du Franc-Moisin à Saint-Denis. « Convaincue que le simple don et la charité étaient insuffisants pour faire sortir les populations de la grande pauvreté, ATD Quart Monde militait activement pour donner aux populations précarisées un savoir-faire, une expérience », rappelle Benoît Pouvreau. C’est le sens de la création en 1970 de la cité de promotion familiale de Noisy-le-Grand, que l’on voit sur plusieurs clichés de Walter Weiss. Cette cité, qui comptera jusqu’à 78 logements, abritera aussi entre ses murs un jardin d’enfants, une bibliothèque, des ateliers et une chapelle... Si une partie a été détruite depuis, elle poursuit aujourd’hui ses activités dans un nouvel immeuble.

Par le biais du regard doux mais lucide de Walter Weiss, l’exposition des Archives documente donc cette période douloureuse d’habitat précaire et de poches de pauvreté et donne fatalement l’impression au visiteur, eu égard à la situation actuelle, d’un éternel recommencement.

Christophe Lehousse,
Rédaction en chef de Seine-Saint-Denis Le Mag