Une célébration sous la présidence de Mgr Pascal Delannoy, entouré du Supérieur et de prêtres de la congrégation. Notre évêque a rappelé que la date de la clôture de ce Centenaire n'avait pas été choisie par hasard, en cette fête du Sacré-Coeur où nous célébrons l'amour que le Christ a manifesté à tous les hommes, et particulièrement aux pauvres et aux petits. Le fondateur Jean-Emile Anizan n'avait qu'un seul désir de faire connaître l'amour de Dieu à tous ceux dont la vie était marquée par la pauvreté.
Aujourd’hui, le pape François ne cesse de nous rappeler que notre place de chrétien est auprès de ces hommes et ces femmes démunis ou en souffrance. Le père Anizan aimait dire qu'on pouvait aller vers les hommes en passant par Dieu et qu'on pouvait aller également vers Dieu en passant par les hommes.
Méditations du Père Jean-Émile Anizan (1916)
Fondateur des Fils de la Charité
(c) Inmaculada Gutiérrez-Feliz
Témoignages
Des gens comme ça, il en faut aujourd'hui
Je me suis senti appelé bien tôt à devenir religieux et prêtre, mais ç'a été un processus de longue durée, ça a mis du temps à prendre forme. Parce qu'au début, je m'imaginais qu'être prêtre, c'est essentiellement s'occuper du culte, et être religieux, c'est avant tout prier, se mettre à l'écart. D'ailleurs, je n'ai pas pensé spontanément aux Fils de la Charité, je me suis plutôt intéressé aux bénédictins, aux franciscains, aux salésiens, aux jésuites, aux lazaristes... Et le fait d'avoir découvert le P. Anizan, ça m'a davantage parlé au coeur, parce que j'ai été touché à la fois par sa fidélité aux pauvres et à Dieu, et aussi à l’Église, à travers les épreuves qu'il a pourtant difficiles qu'il a traversées. Ça m'a donc touché parce que je me suis dit : des gens comme ça, il en faut aujourd'hui. Ça ne veut pas dire que tout ce à quoi j'ai pensé avant était mauvais, mais c'est sans doute ici, chez les Fils de la Charité, que Dieu m'appelait. Ce n'était pas forcément ce à quoi j'aurais pensé en premier ou spontanément. Mais à un moment je me suis laissé entendre dire: c'est ici que je te veux. Alors me voici !
Etienne de Souza, Fils de la Charité
Un trésor à partager que nous portons dans des vases d'argile
Quel appel reçu dans ma vie ?
Dans un premier temps, je dirais qu'il y a des appels décisifs et ensuite des appels qui sont les conséquences du premier appel. Je suis née dans une famille chrétienne originaire de Bretagne, mes parents étaient des petits agriculteurs. Très tôt, il a fallu que je prenne des responsabilités et je suis partie travailler à l'usine de confection à 19 ans pour aider ma famille. C'est là que j'ai rencontré la JOC. J'ai appris à partager ma vie, lire l'évangile avec d'autres. J'ai découvert que le Christ m'aimait d'une manière unique à travers la parole d'Isaïe : "Tu as du prix à mes yeux, car moi je t'aime". Le Christ donnait sens à mon existence. Cet appel a bousculé ma vie "Viens suis-moi". Je souhaitais m'engager, donner ma vie mais comment ? Comme tout appel, dans un premier temps je me disais : "je ne suis pas capable, ce n'est pas fait pour moi, je vais voir"... Il fallait que l'appel du Christ soit fort pour que j'ose risquer ma vie à sa suite. Pour entendre l'appel il faut aussi un cœur disponible.
J'ai cheminé longtemps avant de faire un choix pour une congrégation précise. J'ai rencontré des Auxiliatrices de la Charité. Ce qui m'attirait, c'est leur manière de vivre et de témoigner l'amour du Christ par cette présence simple, une vie en communauté vécue en proximité avec les gens dans les quartiers populaires partageant et priant cette vie personnellement et en communauté.
J'ai vécu 44 ans de vie professionnelle avec ce désir de faire connaître le Christ à ceux qui ne le connaissaient pas, ceux qui étaient loin de l'Eglise. Que de rencontres bouleversantes et d'échanges en vérité. Quand on partage en vérité avec les personnes, une vraie amitié se crée et on apprend à se connaître autrement. Les masques et les peurs tombent. Un vrai partage devient possible.
J'ai été appelée pour accompagner des équipes JOC, et le service civique sur le Campus des Métiers de Bobigny. Même si cette mission n'a pas permis de développer la JOC comme on l'espérait, pour les jeunes qui ont accepté de vivre cette expérience ça a été un tremplin pour leur vie humaine. Ils étaient autres après ce temps donné.
Quand j'ai pris ma retraite professionnelle, j'ai demandé au conseil de ma congrégation de faire une retraite de 30 jours pour relire tout mon parcours à la lumière du Christ. Je ressentais comme un appel à faire le point de ma vie, pour repartir autrement.
J'ai eu plusieurs appels au sein de la congrégation : Il y a les appels plus officiels
Deux mandats de 6 ans comme conseillère et actuellement comme économe. J'ai dit oui pour ce service pour faire vivre le corps congrégation qui m'a aidée à vivre et avec les compétences que j'ai acquises. C'est une manière de redonner ce que j'ai reçu... et les appels du quotidien demandent de la disponibilité comme : la voisine demande qu'on aide ses enfants pour le soutien scolaire, un homme demande qu'on l'aide à faire ses papiers pour sa demande de retraite, cette femme qui frappe à la porte parce qu'elle est battue par son mari, ces hommes et ces femmes demandent qu'on les écoute parce que la vie est trop dure l'aide à l'équipe liturgique de la paroisse et participation à l'équipe de L'EAP.
Quels appels pour aujourd'hui ?
Développer la prière pour toutes les vocations. Que chaque baptisé découvre qu'il a une vocation et une mission dans l'Eglise et dans la société. Apprendre à avoir un regard contemplatif sur la ville. Oser appeler pour se former. L'appel que nous ressentons en communauté aujourd'hui, c'est d'encourager les personnes à accepter de se former pour être à leur tour des missionnaires de l'Evangile. Il s'agit de ne pas se laisser voler la force missionnaire ! En direction des jeunes : comment les aider à faire une expérience personnelle du Christ. Créer des groupes de proximité pour partager la vie et la parole de Dieu. Nous ouvrons notre communauté pour accueillir les personnes du quartier qui le souhaitent pour prier et partager la parole de Dieu. Quelle énergie et quelle joie nous recevons de toutes ces vies qui se partagent en vérité, et des partages de foi dans des vies bouleversées. Développer l'interreligieux et l'interculturel. Dans nos quartiers nous côtoyons le monde entier avec les chances de nous accueillir différents et les risques des ghettos et du communautarisme. La peur de l'autre vient de ce que l'on ne connait pas. J'essaie d'apporter ma pierre en participant à des actions locales pour qu'on se sente bien dans la cité.
Qu'ai-je à offrir, à donner ?
Ce que je suis devenue, je le suis grâce à toutes les personnes que j'ai rencontrées sur ma route et qui m'ont donné confiance. J'ai à offrir cette joie d'avoir été appelée par le Christ, mais je ne le dis pas suffisamment. Avec le Père Anizan et Thérèse d'Avila je redis cette prière "Que voulez-vous de moi ? " Nous avons un trésor à partager, mais nous le portons dans des vases d'argile : Joie d'avoir la spiritualité du Père Anizan qui a su rejoindre les pauvres, les déshérités des quartiers populaires avec cette double passion "Amour de Dieu - Amour des pauvres"
Je terminerai par cette phrase de Thérèse d'Avila : "Que crains-tu ? Quand t'ai-je fait défaut ? Je suis le même aujourd'hui que j'ai toujours été". (Fondations 27)
Marie-Thérèse Le Fur, Auxiliatrice de la Charité
Accepter de me pardonner à moi-même
Je fais partie d’un groupe de jeunes : les 17/20 ans dans ma paroisse à Saint-Ouen. Lors de nos rencontres, nous réfléchissons et partageons sur certains passages de l'Evangile. De plus, cette année, j’ai intégré l'accompagnement des enfants du "KTCo", le catéchisme des 6e. Ça a été une très belle année, même si ça n'a pas été toujours facile, malgré un groupe très uni, un peu difficile pour avancer. Cela m’a apportée beaucoup de choses, notamment dans ma vie personnelle.
En effet, ma vie n’est pas facile, mais j’ai appris à être plus patiente, à pouvoir gérer un peu ma colère, mais surtout à pardonner. Pardonner, ce n'est pas quelque chose de facile dans la vie, surtout de demander pardon à des personnes qui m’ont blessée et qui m’ont fait du mal. Le plus dur, c'est accepter de me pardonner à moi-même.
L'accompagnement des jeunes m'a fait grandir aussi dans ma foi chrétienne, car, avec les enfants, j’ai pu partager ma foi. J’ai découvert auprès d’eux l’amour de Dieu qui les réunis, l’envie de toujours en savoir plus sur la vie de Jésus, mais surtout comment appliquer la parole de Dieu dans leur vie quotidienne. Une des phrases de l'Evangile qu'ils répétaient souvent était « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».
Les enfants du KTCo et les jeunes du groupe des 17/20 nourrissent ma foi chrétienne lors de nos moments de partage.
Dans ma vie chrétienne, je me sens appelée à être à l’écoute et à aider les personnes dans le besoin. Ce que j’ai peut-être à offrir dans ma vie de foi : ça serait du temps. Du temps pour les enfants du catéchisme ou du temps à l’Eglise en général. Mais il faudrait aussi que je partage plus ce que la parole de Dieu m’apporte dans ma vie de tous les jours, surtout avec les personnes qui m’entourent.
Finalement, nous sommes tous appelés d’une certaine manière à suivre Dieu, à le suivre sur ses pas, même si cela n’est pas facile.
Natacha Souza, étudiante