Vingt ans après ! — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Vingt ans après !

Le 8 mai 1994, sœur Paul-Hélène Saint Raymond était assassinée en Algérie, en même temps que le frère Henri Vergès. André, frère de Paul-Hélène, actuellement prêtre à Vaujours, nous partage ces quelques lignes...
Publié le 03/05/2014

« Il y a vingt ans, le 8 mai 1994, étaient assassinés dans la bibliothèque de la rue Ben Cheneb à Alger, les deux premiers religieux : Sœur Paul-Hélène Saint Raymond (petite sœur de l’Assomption) et frère Henri Vergès (frère mariste), les deux premiers des dix-neuf "martyrs" exécutés pendant les années noires algériennes, et dont les derniers furent les moines de Tibhirine et Mgr Pierre Claverie avec son chauffeur Mohamed.

On parle encore des moines de Tibhirine grâce à la personnalité de son prieur Christian de Chergé et du film « Des hommes et des dieux », on parle encore un peu de Pierre Claverie grâce à une pièce de théâtre : « Pierre et Mohamed », mais qui se souvient des pères blancs de Tizi Ouzou et de toutes les religieuses froidement abattues d’une balle dans le dos, simplement parce qu’ils ont voulu partager les épreuves du peuple algérien à qui ils avaient consacré une grande partie de leur vie ?

Le 8 mai, jour festif, journée de la paix et en même temps triste anniversaire qu’il ne faut pas oublier. Mais comment faire mémoire ?

A la mi-février, avec une quarantaine d’adultes et de lycéens, j’ai tenu à faire un voyage en Pologne à Auschwitz-Birkenau afin de ne pas oublier la réalité de la Shoah, voyage de mémoire dont on ne sort pas indemne. En 2006, avec un groupe animé par La Croix, j’ai redécouvert les lieux de vie de saint Augustin à Hippone, des moines de Tibhirine et de Charles de Foucauld à Tamanrasset, tout en faisant un petit détour à la bibliothèque de la Casbah et au cimetière Bugeaud. Mais comment arriver à faire comprendre la libre décision de ces hommes et de ces femmes de partager avec leurs frères et sœurs algériens les difficultés de ces années noires, plutôt que de rentrer simplement dans leur pays, comme les y incitaient les autorités civiles et bien souvent leurs amis ? Ce n’était pas de l’inconscience, encore moins un désir de martyre, mais un amour profond de ceux dont ils avaient partagé la vie et qu’il était impensable d’abandonner quand ils étaient dans la tourmente.

Le jeudi 12 mai 1994, jour de l’Ascension du Seigneur, étaient réunis à Notre Dame d’Afrique de nombreux évêques, prêtres, religieux et religieuses, la communauté chrétienne et une immense foule anonyme d’amis musulmans, venus partager notre peine et accompagner Paul-Hélène et Henri jusqu’à leur mise en terre algérienne : cela, je ne peux l’oublier !

Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime (Jean 15, 13) »


Père André Saint Raymond, frère de Paul-Hélène
Courriel

 

 

« Le sang de l’amour. Les martyrs d’Algérie : 1994-1996 »

[...] Tous les jours, à la messe, nous célébrons la passion, la mort et la résurrection de Jésus, notre Seigneur, événement central de notre foi. De cette mort vient notre salut, notre vie de fils et de filles de Dieu. Nous avons un martyr comme Sauveur et Seigneur.

Jésus ouvre ainsi une route pour ses disciples : « Si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt, il reste seul… Qui perd sa vie la retrouvera en vie éternelle ! » L’appel au martyr est une partie intégrante de la foi. Que certains chrétiens aillent jusqu’à l’effusion du sang signifie la bonne santé du peuple de Dieu. Jésus renouvelle son martyre, « le grain meurt et porte beaucoup de fruit », comme le disait aussi Tertullien, l’un des grands théologiens de l’Église du Maghreb : « le sang des martyrs est semence de chrétiens ! »

Au cours de son histoire déjà longue, l’Église a connu beaucoup de martyrs. Ces derniers temps, nombreux sont les disciples qui ont témoigné jusqu’au sang. Jean-Paul II le rappelait avec émotion le 7 mai 2000, au Colisée, en commémorant les « Nouveaux martyrs » du XXe siècle :

« Dans la grande tourmente algérienne, qui a emporté des vies par dizaines de milliers, se tient l’Église d’Algérie qui n’a ni apparence ni puissance. Elle est présente à un prix qui lui a coûté dix-neuf martyrs en quelques années : un frère mariste, six religieuses à Alger, quatre pères Blancs à Tizi-Ouzou, les sept moines trappistes de l’Atlas et Pierre Claverie, l’évêque d’Oran. [...] Extraits (page 27)