Du bois qui dure...

Plus tard, elles préparent leur déménagement vers un logement définitif ; elles ont fabriqué des meubles. C’est du bois massif, du solide, du durable, non pas agrafé pour un usage éphémère, mais assemblé dans les règles de l’art, grâce aux conseils de la menuisière qui les accompagne : de quoi aborder avec plus de confiance les déménagements à venir dans le cadre de la démolition-reconstruction de la cité. Plus que d’autres encore, les familles en situation de grande précarité ont besoin de solidités autour d’elles pour appuyer leur reconstruction.

Il leur faut des lieux d’accueil pour leurs petits enfants où les parents puissent reprendre confiance dans leurs propres capacités de parents. Des lieux de bienveillance totale, sans que ne s’y exerce un contrôle qui serait ressenti comme une menace.
Il leur faut une école qui croit dans les potentiels de leurs enfants, qui les encourage à partir de ce qu’ils réussissent et bâtit sa pédagogie avec et à partir d’eux.

Il leur faut, pour les jeunes et pour les adultes, des emplois à durée indéterminée au sein desquels ils pourront acquérir la formation au fur et à mesure qu’ils en auront besoin pour assumer leur tâche. Le caractère durable de leur embauche sera une sécurité pour qu’ils osent déployer positivement les autres aspects de leur vie. Cela changera tout.

Et par-dessus tout cela, il leur faut des concitoyens qui attendent de ces familles leur contribution à la vie commune. Il leur faut des personnes qui croient en leur utilité et ont besoin d’elles.

Face à la précarité, il faut du solide, du durable. C’est pourquoi ATD Quart Monde a besoin d’engagements et de soutiens financiers durables pour mener des actions qui changent l’avenir.

Véronique Davienne,
déléguée nationale adjointe d’ATD Quart Monde France
(Éditorial publié dans "Feuille de route" n°411, novembre 2011)