Homélie de notre évêque pour la messe chrismale 2021 — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Homélie de notre évêque pour la messe chrismale 2021

Publié le 04/04/2021

Vivre la promesse d’une vie éternelle !

Au jour de notre baptême, quand nous avons été plongés dans la mort avec le Christ pour ressusciter avec Lui, nul ne nous a dit que la route à suivre serait facile, sans obstacles ni souffrances ! Si nous avions oublié cet aspect de notre baptême, la crise sanitaire se charge de nous le rappeler. Depuis un an, que d’obstacles sur notre route : nous ne comptons plus les projets, les célébrations, les rencontres auxquels il nous a fallu renoncer. Et tout cela, bien sûr, est encore peu de choses comparé à l’inquiétude des lendemains que vivent tant et tant de familles ; ou encore à la souffrance de ceux et celles qui ont perdu un ami, un proche.

Aujourd’hui, cette crise qui n’en finit pas peut susciter en nous le découragement, la lassitude, la résignation et peut-être même, nous faire douter de notre foi !

Au jour de notre baptême, Dieu ne nous a pas dit que la route à suivre serait facile ; mais il nous a fait une promesse. Une promesse de vie, de vie éternelle. Notre vie ne s’achèvera pas dans l’absurdité du néant mais dans la lumière et la gloire de Dieu.

Cette promesse de vie éternelle illumine la terre lorsque qu’avec le Christ et la force de son Esprit nous y semons ce que nous recevons de Dieu : l’amour, la paix, la justice, la fraternité, la vérité.

Riche de la promesse de vie éternelle reçue au jour de notre baptême et malgré les obstacles, avec le Christ, nous semons. Nous semons dans les réussites et les joies mais aussi dans les épreuves, les inquiétudes et les souffrances qui marquent nos vies, la vie de nos proches et la vie du monde. Alors que nous allons bénir l’huile des malades, nous pensons tout particulièrement ce matin à nos frères et sœurs qui sont engagés dans un long combat contre la maladie.

Oui, vraiment, avec le Christ nous semons les Béatitudes au cœur d’une création qui, selon saint Paul, « passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore ». C’est ainsi qu’au fil des jours et des années nous déployons notre vocation baptismale : être sel de la terre et lumière du monde !

La route, certes, n’est pas toujours facile mais elle est joyeuse, de cette joie que donne la foi dans la promesse divine reçue au jour du baptême. N’ayons pas l’air, pour reprendre une expression du pape François, n’ayons pas l’air de « chrétiens qui semblent avoir un air de carême sans Pâques » ! (La joie de l’Evangile § 6). Quand la crise actuelle fait naître en nous l’angoisse et la peur, n’est-ce pas le signe que nous nous éloignons du Christ et qu’il nous faut, à nouveau, « prendre la décision de nous laisser rencontrer par Lui, de le chercher chaque jour sans cesse et d’accueillir l’infini de son amour ? » (D° §3). Alors, avec Lui, nous osons à nouveau, semer ce que Dieu nous donne.

La route, certes, n’est pas toujours facile mais pour la parcourir, le Seigneur, comme il le fit autrefois pour Isaïe, nous consacre par l’onction. Au jour de notre baptême et de notre confirmation, nos fronts sont marqués avec cette huile parfumée, appelée Saint Chrême, qui sera consacrée dans quelques instants. Avec cette huile, c’est l’Esprit Saint qui nous est donné afin qu’ensemble, en Eglise, Corps du Christ, nous puissions « guérir ceux qui ont le cœur brisé et proclamer aux captifs leur délivrance ».

Chers amis diacres, par votre ministère, rappelez-nous que nous recevons l’Esprit Saint pour qu’il nous entraîne à servir comme le Christ a servi.

Chers amis prêtres, c’est également avec cette huile, le Saint Chrême, que vos mains ont été marquées au jour de votre ordination afin d’offrir les dons que Dieu, par son Esprit, fait aux hommes et à l’Eglise. Dons de la vie, de la miséricorde, du pardon, de la guérison ! Dans son livre Journal d’un curé de campagne, Georges Bernanos écrit : "O merveille qu'on puisse faire présent de ce que l'on ne possède pas soi-même, ô doux miracle de nos mains vides".

Chers frères prêtres, en cette période de pandémie vous reprenez conscience que vos mains sont vides. Vous ne pouvez offrir que ce que vous recevez de Dieu. En cette période où nous sommes obligés de remettre sans cesse en cause ce que nous avions prévu, organisé, planifié, Dieu ne vient-il pas vous rappeler l’importance de ménager dans vos vies, que l’on dit bien occupées parce que totalement données, des espaces de gratuité ?

Être là, non parce que l’on attend quelque chose de vous, mais être là, tranquillement, gratuitement, et être ainsi, signe de la disponibilité de Dieu à tout homme ! Dans notre monde obsédé par la performance et la rentabilité, on appelle cela « perdre son temps » ! Chers amis prêtres, perdez votre temps : perdez votre temps auprès des enfants et des jeunes, perdez votre temps auprès des malades, perdez votre temps auprès des plus pauvres, perdez votre temps auprès des familles, perdez votre temps en accueillant dans nos églises, dont les portes seront grandes ouvertes, celui ou celle qui y entrera !

Cher amis diacres, chers amis prêtres, dans quelques instants vous allez renouveler les promesses prononcées au jour de votre ordination. Quelles que soient vos années de ministère, permettez-moi de formuler à nouveau cette prière prononcée au jour de votre ordination : « Que Dieu lui-même achève en vous ce qu’il a commencé » et permettez-moi de l’élargir à l’ensemble des baptisés : « Que Dieu achève en eux ce qu’il a commencé » ! Amen !

+ Pascal Delannoy
Evêque de Saint-Denis-en-France