Paris sera ville olympique en 2024 ! Depuis leur création, les Jeux olympiques passionnent ceux qui les organisent, ceux qui y participent et ceux qui les regardent. Pourquoi ? Probablement parce qu’ils concrétisent, durant quelques jours, le rêve de tout homme, à savoir celui d’une fraternité universelle qui repose sur la reconnaissance et le respect de chacun et de tout peuple.
Sommes-nous appelés à vivre la fraternité ? Sûrement, si j’en crois les paroles du Christ : « Pour vous, ne vous faites pas appeler "Maître" car vous n’avez qu’un seul maître et vous êtes tous frères » (Matthieu 23, 8). Ne rêvons pas, pour autant, de transformer le monde du jour au lendemain ! Nous serions vite confrontés à une désillusion démobilisatrice. Commençons par vivre la fraternité dans nos « espaces » de vie : famille, quartier, école, entreprise, associations… sans oublier nos communautés ecclésiales !
La fraternité n’est pas un sentiment éphémère. Elle est une réelle transformation des rapports humains car, sans nier les différences sociales, culturelles, générationnelles, elle affirme que celles-ci ne sont que secondes au regard de notre humanité commune qui fait de nous les membres d’une seule et même famille : la famille humaine, où nous sommes tous frères en ayant un seul Père. Déjà, dans l’épître à Philémon, Paul encourage celui-ci à considérer Onésime non plus comme un esclave mais comme un frère bien–aimé. Ainsi la fraternité qui trouve sa source en Christ s’empare du rapport esclave-maître pour y mettre fin.
La fraternité est exigeante : elle demande patience et persévérance. Dans son exhortation apostolique La joie de l’Évangile [1], le pape François nous encourage à être des acteurs de la fraternité en refusant de passer d’un lieu à l’autre ou d’une tâche à l’autre sans créer des liens profonds et stables. « Il est nécessaire d’aider à reconnaître que l’unique voie consiste dans le fait d’apprendre à rencontrer les autres en adoptant le comportement juste, en les appréciant et en les acceptant comme des compagnons de route, sans résistances intérieures [2] ». Même quand nous subissons des agressions injustes ou des ingratitudes, poursuit le pape, ne nous lassons jamais de choisir la fraternité.
Comment prendre au sérieux notre vocation à la sainteté si nous n’entendons pas l’appel à vivre la fraternité, afin de progresser ensemble sur le chemin du Royaume de Dieu où tout homme sera l’égal de son frère ?
+ Pascal Delannoy
Évêque de Saint-Denis-en-France
[1] Pape François, La joie de l’Évangile, Bayard ; Cerf ; Fleurus-Mame ; novembre 2013.
[2] Ibid. § 91.