Soirée de prière interreligieuse au Raincy — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Soirée de prière interreligieuse au Raincy

Près de 150 personnes ont répondu à l'invitation interreligieuse de l'Union pour le dialogue, le partage et la paix (UDPP) 93 à s'unir dans la prière, mardi 14 octobre dernier au Raincy. Une initiative bienvenue qui porte l'espérance des communautés catholique, juive, musulmane et protestante de Seine-Saint-Denis pour construire ensemble un monde de paix.
Publié le 20/10/2014

Témoignages

Martine Konzelmann, paroisse du Raincy

Je me rends régulièrement aux rencontres de l'UDPP. C'est une façon de montrer notre désir de dépasser les préjugés et de nouer des contacts avec d'autres croyants d'autres confessions ou religions.
C'est particulièrement urgent en ce moment, a fortiori dans notre département multiconfessionnel, et encore davantage du fait du fossé sociologique de ma ville, le Raincy, essentiellement blanche, chrétienne ou juive, globalement favorisée, et sa ville immédiatement limitrophe : Clichy-sous-Bois, essentiellement colorée, majoritairement musulmane, et globalement défavorisée. Des liens amicaux et de respect sont essentiels.

Lors de cette soirée de prière, l'accueil a été fait par le père Frédéric Benoist, curé de la paroisse du Raincy, et tous les officiels présents : les maires du Raincy, Villemomble, Coubron, Livry Gargan, et plusieurs conseillers municipaux du Raincy.
La déclaration commune co-rédigée par l'imam Lahcene Lablack, le rabbin Moché Lewin, le père Frédéric Benoist et le pasteur Serge Wütrich a été lue à "4 voix". Et chacun d'eux a expliqué  après pourquoi il a voulu cette déclaration :

  • « On n’a pas à justifier ce qu’on a écrit dans cette déclaration. Au contraire, on aurait dû se justifier si on ne l’avait pas écrite ! (...) Le Grand Rabbin de France souhaiterait multiplier de telles rencontres, pour stopper ces aprioris menant aux conflits religieux.  On se doit d’être réactifs et de provoquer des rencontres pour contrer la peur de l’inconnu et l’embrigadement extrémiste. » (rabbin Moché Lewin)
  • « La particularité multiconfessionnelle de notre département et le vide spirituel de la tranche de la population la plus jeune sont un réel appel missionnaire à évangéliser. Nos messages religieux doivent être porteurs de paix. » (père Frédéric Benoist)
  • « Cette déclaration interreligieuse symbolise la condamnation de tous les actes de guerre, et de tous les actes de xénophobie (...) Dans le milieu du 2e chapitre du Coran, on dit "j’ai fait de vous la communauté du juste milieu". Les extrêmes sont ainsi "condamnés" par le Coran. Les extrémistes causent beaucoup de tort aux musulmans "du milieu". » (imam Lahcene Lablack)
  • « Il existe un acte commun à toutes nos religions : la prière (...) Il est de notre responsabilité de dire ce qui est intolérable, mettre des mots sur la violence, et la porter à Dieu. "A quoi bon?", direz-vous, "on est impuissants politiquement." Peut-être, mais notre prière reste alors essentielle. » (pasteur Serge Wüthrich)

Le public a été ensuite invité à un dialogue suivi d'un temps de prière ensemble : chacun des intervenants et tout le public a allumé un lumignon. On a laissé le minimum de lumière pour favoriser le recueillement, puis les 4 intervenants ont ensuite lu une prière propre à leur religion. Le temps de prière a été suivi d'une minute de silence très émouvante... Puis nous avons conclu la soirée avec un verre de l'amitié tous ensemble.

Je retiens de cette soirée, le nombre de participants croissant à chaque rencontre, le temps de prière et le recueillement de tous ainsi que la présence de nombreux élus, assurant qu'ils soutenaient cette initiative et apporteraient tout le soutien de communication qu'ils pourraient.
Bien qu'étant tous de religions différentes, avec une foi différente, nous pouvons professer ensemble une même foi : celle de la paix.

  

Photos : Denis Husset

Sophie Touarin, paroisse du Raincy

C’est la 4ème soirée à laquelle je participe : une conférence sur le mariage pour tous, une soirée couscous à la mosquée de Clichy-sous-Bois… Cette association créée au lendemain des émeutes de 2005 (suite au décès de 2 jeunes dans une cité de Clichy-sous-Bois) est vitale pour faire face aux dérives liées aux situations socio-économiques difficiles vécues dans certains quartiers de Seine-saint-Denis et exploitées par des fanatismes politico-religieux de tous bords. L’association est là pour dire : « Nous voulons faire connaissance pour aller au-delà des clichés véhiculés par les médias car on craint ce qu’on ne connaît pas et on déteste ce qu’on craint ». Enfermée dans ma tour d’ivoire qu’est le Raincy, ville atypique du 93, il m’a semblé important d’écouter des personnes que je n’ai pas l’habitude d’entendre. Cela m’a permis de réaliser que nous sommes souvent d’accord sur des sujets de société épineux, que notre volonté de « vivre ensemble » dans la paix est la même et que les discours et les images anxiogènes relayés par les médias sont le fait d’une minorité. Aujourd’hui, mon regard a changé, notamment sur la communauté musulmane, dont l’imam est un homme de bonne volonté, doux et pacifique qui prêche un « Dieu clément et miséricordieux ». Je ne pensais pas mettre un jour les pieds dans une mosquée : désormais, c’est chose faite. La soirée du 14 octobre nous a permis de vivre un très beau moment de communion lors de la prière pour la paix : nous sommes tous différents, nous n’aspirons pas au synchrétisme mais à vivre ensemble le mieux possible. Le dialogue des responsables religieux est un exemple pour les communautés : si nos prêtres, nos pasteurs, nos imams, nos rabbins se parlent, se respectent et sont amis, nous aussi, nous pouvons le faire.

Propos recueillis par Anne-Marie Tossou