Edito Mai 2011 — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Edito Mai 2011

Quand l'horreur nous interroge...

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Quand l'horreur nous interroge…

Horrible ! C’est le mot qui vient spontanément à nos lèvres quand nous pensons au drame qui s’est déroulé à la gare RER de Noisy-le-Sec.

Faut-il rappeler les faits ? Le 2 avril dernier, un jeune homme de 19 ans est agressé sauvagement par une dizaine de personnes, dont huit mineurs, avant d’être laissé pour mort ! Son crime ? Aimer une jeune fille
d’un autre quartier que le sien ! Cet acte vient s’ajouter à une liste déjà trop longue. Ainsi à Pierrefitte, ce sont les médecins et les professionnels de la santé qui se mobilisent, avec le soutien de la population locale, contre la violence qu'ils subissent en exerçant tout simplement leur profession.

La violence gangrène notre société par la peur et la méfiance qu'elle engendre. Ses auteurs doivent bien sûr être poursuivis et répondre de leurs actes devant les tribunaux de notre pays. Mais à moins de désespérer de l'homme et de son avenir, nous ne pouvons en rester là. Il nous faut aller plus loin en acceptant de nous poser cette simple  question : pourquoi une telle violence dont les auteurs sont de plus en plus jeunes ? Comme souvent, cette question nous entraîne vers d'autres questions…

Que deviennent ces lieux d’humanisation que sont la famille, le quartier, l’école, le lieu de travail, les associations, les centres sociaux ? Force est de reconnaître que le nombre croissant de familles monoparentales,
l'importance du chômage notamment chez les jeunes, la baisse des budgets sociaux, le manque d’expérience de jeunes professeurs qui passent brutalement du statut d’enseignés au statut d’enseignants ne font que fragiliser ces lieux d’humanisation où l’on apprend pourtant l’art de vivre ensemble, y compris pour la résolution des conflits. La fragilisation de ces lieux de vie ne contribue pas à structurer des adolescents et jeunes en manque de repères. Les comportements violents des adolescents ne sont pas inéluctables et encore moins
excusables, mais ils sont souvent le reflet dérangeant d’une société en peine d’offrir des lieux d’humanisation en y consacrant les moyens nécessaires tant humains que financiers.

Chrétiens, nous croyons que notre foi a une dimension sociale. Nous pouvons méditer ces quelques mots extraits du Compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise (§ 52 et 53) : "Dans le Christ, Dieu ne rachète pas seulement l'individu, mais aussi les relations sociales entre les hommes" ; "La transformation des rapports sociaux répondant aux exigences du Royaume de Dieu n'est pas établie dans ses déterminations concrètes une fois pour toutes. Il s'agit plutôt d'une tâche confiée à la communauté chrétienne, qui doit l'élaborer et la réaliser à travers la réflexion et la pratique inspirées de l'Evangile". Que le temps pascal réveille notre espérance en cette promesse : rien n’est définitif pour celui qui se laisse guider par l’Esprit du Ressuscité !

+ Pascal Delannoy,
Evêque de Saint-Denis-en-France