Les différentes religions sont appelées à vivre bien au-delà d’une simple cohabitation fraternelle et pacifique. Cette idée est fortement soulignée par le pape François au sujet de la fraternité qu’il consacre comme valeur et lien universel nécessaire pour notre monde. Le dialogue entre « co-religionnaires » n’est pas une simple « amabilité » ou une « tolérance » passive. Il est plutôt, ou devrait être, une démarche qui vise à « établir l’amitié, la paix, l’harmonie et de partager les valeurs ainsi que des expériences morales et spirituelles dans un esprit de vérité et d’amour. » Le dialogue entre religions doit être un stimulateur d’une vie vertueuse réciproque. (§ 271).
C’est seulement avec une conscience d’être des fils et filles que nous pouvons vivre en paix avec les autres. Tous ont une même origine : la stabilité et la solidité de l’appel à la fraternité résultent du fait de notre origine commune. Tous sont descendants d’Adam et d’Abraham, et tous sont fils du même Père. C’est la conscience d’un transcendant qui anoblit et enrichit notre relation en refusant ainsi toute forme de discrimination. « C’est seulement avec cette conscience d’être des enfants qui ne sont pas orphelins que nous pouvons vivre en paix avec les autres » (§ 273).
La religion fait du bien à la société (§ 274)
C’est bien grâce à l’expérience de la foi que les croyants rendent présent Dieu dans le tissu social. Cette présence est un bien pour la société avec, toutes proportions gardées, des falsifications idéologiques. Évacuer ce bien, c’est ouvrir la porte à la tentation d’adorer d’autres faux dieux avec les corollaires qui conduisent à la pauvreté, aux blessures et au manque d’espérance (désespérance).
Nous croyons que « lorsqu’au nom d’une idéologie, on veut expulser Dieu de la société, on finit par adorer des idoles, et bien vite aussi l’homme s’égare lui-même, sa dignité est piétinée, ses droits violés. Vous savez bien à quelles brutalités peut conduire la privation de la liberté de conscience et de liberté religieuse, et comment à partir de ces blessures se forme une humanité radicalement appauvrie, parce que privée d’espérance et de référence à des idéaux. »
La religion comme catalyseur de la vie sociale (§ 275)
Le grand mal de notre monde moderne, c’est le refus de Dieu et des valeurs religieuses. « Il est inadmissible que, dans le débat public, seuls les puissants et les hommes ou femmes de sciences aient droit à la parole. Il doit y avoir de la place pour la réflexion qui procède d’un arrière-plan religieux, recueillant des siècles d’expérience et de sagesse. »
L’Église doit participer à la vie sociale pour un monde meilleur (§ 276). Les chrétiens doivent s’engager en politique. Les fidèles laïcs plus particulièrement doivent prendre part activement à la préservation du bien commun afin de permettre un développement humain et intégral. L’Église ne doit pas se cantonner à ses activités d’assistance où d’éducation mais « doit surtout en favoriser la promotion de l’homme et de la fraternité universelle. »
L’identité chrétienne
1ère identité : la particularité de l’Église, c’est de mettre en valeur l’action de Dieu dans les autres religions (§ 277). Le Concile Vatican II l’a rappelé dans Nostra Aetate. Nous « chrétiens », nous puisons dans la Parole de Dieu qui est à la fois source et moyen d’harmonie dans les relations humaines. « L’Église est une maison qui a des portes ouvertes, car elle est mère ».
2e identité : en partant de sa caractéristique catholique, l’Église par son expérience sait prendre en compte la dimension de la fraternité humaine (§ 278). À l’image de Marie Mère aux pieds de la croix qui reçut la maternité universelle de son Fils Jésus : « Forte du pouvoir du Ressuscité, elle veut enfanter un monde nouveau où nous serons tous frères, où il y aura de la place pour chacun des exclus de nos sociétés, où resplendiront la justice et la paix » (Jn 19, 26).
3e identité : nous chrétiens, nous vivons le principe de réciprocité pour la liberté religieuse (§ 279). De même que le chrétien ne doit pas empêcher les autres croyants de vivre librement leur foi, de même les autres ne peuvent non plus restreindre au chrétien son espace de vie et d’expression de sa foi. « Nous pouvons trouver un bon accord entre cultures et religions différentes ; elle témoigne que les choses que nous avons en commun sont si nombreuses et si importantes qu’il est possible de trouver une voie de cohabitation sereine, ordonnée et pacifique, dans l’accueil des différences et dans la joie d’être frères parce qu’enfants d’un unique Dieu. »
4e identité : « C’est en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés en un seul corps » (1 Co 12,13). L’unité est le signe de la présence de Dieu dans nos vies (§ 280). Elle n’est pas parfaite. Toutefois elle ne devrait pas empêcher le témoignage communautaire de l’amour de Dieu envers tous, en travaillant ensemble au service de l’humanité.
Les chefs religieux sont appelés à être de véritables « personnes de dialogue » : à oeuvrer à la construction de la paix comme d’authentiques médiateurs
La paix entre religions est possible car le point de départ est le regard de Dieu. « Dieu ne regarde pas avec les yeux, Dieu regarde avec le coeur. Et l’amour de Dieu est le même pour chaque personne, quelle que soit sa religion » (§ 281).
« La vérité, c’est que la violence ne trouve pas de fondement dans les convictions religieuses fondamentales, mais dans leurs déformations ». Le dialogue et le service des pauvres ensemble entre les membres des différentes religions sont possibles (§ 282).
Le vrai culte conduit à aimer Dieu et son prochain ; il bannit toute discrimination, haine et violence.
Prière chrétienne oecuménique
Notre Dieu, Trinité d’amour,
par la force communautaire de ton intimité divine
fais couler en nous le fleuve de l’amour fraternel.
Donne-nous cet amour qui se reflétait dans les gestes de Jésus
dans sa famille de Nazareth et dans la première communauté chrétienne.
Accorde aux chrétiens que nous sommes de vivre l’Évangile
et de pouvoir découvrir le Christ en tout être humain,
pour le voir crucifié
dans les angoisses des abandonnés et des oubliés de ce monde
et ressuscité en tout frère qui se relève.
Viens, Esprit Saint, montre-nous ta beauté
reflétée en tous les peuples de la terre,
pour découvrir qu’ils sont tous importants, que tous sont nécessaires, qu’ils sont des visages différents de la même humanité que tu aimes. Amen !
Des passerelles avec Laudato Si’
« Nous avons été conçus dans le coeur de Dieu, et donc, « chacun de nous est le fruit d’une pensée de Dieu. Chacun de nous est voulu, chacun est aimé, chacun est nécessaire » (§ 65).
« Dieu qui nous appelle à un engagement généreux, et à tout donner, nous offre les forces ainsi que la lumière dont nous avons besoin pour aller de l’avant. Au coeur de ce monde, le Seigneur de la vie qui nous aime tant, continue d’être présent. Il ne nous abandonne pas, il ne nous laisse pas seuls, parce qu’il s’est définitivement uni à notre terre, et son amour nous porte toujours à trouver de nouveaux chemins. Loué soit-il. » (§ 245).
Question pour le partage
1. Après avoir lu le chapitre 8 de Fratelli tutti, quel regard je porte sur ma vie de
chrétien ou de chrétienne dans la pratique de ma foi de tous les jours ?
2. Quel regard je porte sur les religions non chrétiennes, en particulier la religion
musulmane ? Dans les rencontres avec des personnes de religions non chrétiennes, avec des musulmans, qu’ai-je découvert de leur propre foi, de leurs croyances ? Est-ce que je crois que ces rencontres peuvent enrichir ma propre foi, la stimuler ?
3. Qu’est-ce qui peut être vécu pour une vraie fraternité humaine avec des amis,
des voisins d’autres confessions chrétiennes ou d’autres religions ? Puis-je citer des expériences déjà vécues et qui mériteraient de se développer ?
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Les fiches « Année de la fraternité » : mode d’emploi
Des clés pour un partage fructueux
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