L’assemblée des évêques de France qui vient de s’achever à Lourdes fut dense. Soucieux d’accueillir le rapport de la Ciase et ses 45 recommandations, nous aurions pu, nous évêques, choisir de reporter à plus tard le travail que nous avons entrepris depuis trois ans sur l’encyclique que le pape François a consacré à l’écologie intégrale. Nous avions le désir, cette fois, de nous mettre à l’écoute des personnes en situation de précarité afin d’écouter « tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres » (Laudato Si’, §49). Par respect pour les personnes qui avaient préparé leur intervention depuis plusieurs mois, nous avons choisi de ne pas reporter cette séquence à une date ultérieure. Heureuse décision qui nous a permis d’écouter la clameur des pauvres, leurs souffrances mais aussi leur désir d’être reconnus dans leur dignité et d’avoir toute leur place dans la société. Ces personnes en situation de précarité nous ont demandé de prendre le temps de les écouter car, comme me le disait l’une d’entre elles, « il nous faut du temps pour exprimer ce que nous ressentons ». Cette écoute ne fut ni passive ni seulement compassionnelle car, en bousculant un certain nombre d’idées reçues, elle nous a rappelés que les plus pauvres nous évangélisent pour peu que nous leur donnions la parole et que nous prenions, vraiment, le temps d’écouter celle-ci ! C’est d’ailleurs là l’un des enjeux de la synodalité à laquelle le pape François nous invite à réfléchir.
Ce travail d’écoute s’est poursuivi tout au long de notre assemblée. Ecoute des personnes victimes d’abus sexuels, écoute des 130 fidèles laïcs appartenant à différents groupes et mouvements qui ont bousculé leur emploi du temps afin de nous rejoindre durant 24h, écoute des évêques entre eux. Nous avons ainsi fait l’expérience de la force de l’Esprit qui ouvre les cœurs à l’écoute mutuelle et donne la force d’agir. En ce sens, le 5 novembre, nous avons reconnu la responsabilité institutionnelle de l’Église dans les violences qu’ont subies tant de personnes victimes et nous avons également reconnu la dimension systémique de ces violences. Nous avons enfin reconnu que cette responsabilité entraîne un devoir de justice et de réparation qui ouvre la possibilité de demander pardon en vérité. Avec les fidèles laïcs qui nous avaient rejoints, nous avons réfléchi aux 45 recommandations de la Ciase. Ce travail d’écoute mutuelle nous a permis de rédiger des résolutions qui, le 8 novembre, ont été votées par les évêques. Il nous faut maintenant les mettre en œuvre.
Je ne peux terminer ce message sans remercier ceux et celles qui ont participé à la rencontre du 22 octobre à Bondy. Leurs questions et réactions m’ont aidé à vivre cette assemblée. Merci à tous pour votre prière : tout au long de cette assemblée, elle nous a soutenus et a été l’expression de cette communion fraternelle qui nous unis. Ensemble il nous faut maintenant poursuivre ce chemin de conversion et de purification afin que notre Église soit pour tous une maison sûre ! Et d’ores et déjà je vous invite à une nouvelle rencontre, toujours à la Maison diocésaine à Bondy, le vendredi 10 décembre prochain à 20h, pour prolonger notre réflexion.
+ Pascal Delannoy
évêque de Saint-Denis en France
