Pierre COLLIGNON, prêtre-ouvrier et montreuillois, est décédé. — Paroisses de Montreuil

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Pierre COLLIGNON, prêtre-ouvrier et montreuillois, est décédé.

Nous avons appris le décès du père Pierre COLLIGNON, jeudi 9 avril 2020, à l'âge de 97 ans, dans sa 72e année de sacerdoce.
Publié le 16/04/2020

Pierre  -  Biographie  -  Prêtres-ouvriers  -  Appel
HOMELIE des Funérailles

Témoignages de  Jean Saillant  et  Bernard Masséra

Pierre COLLIGNON, né en 1923 dans les Ardennes, est arrivé à Montreuil en 1946.

Ordonné prêtre en 1947, membre de la Mission de Paris, il fut avec André DEPIERRE prêtre-ouvrier à Montreuil toute sa vie professionnelle, et n'a pas quitté Montreuil, ni ses nombreux engagements, y compris depuis qu'il résidait à la maison de retraite des Murs à Pêche, à la Boissière.

Ses funérailles seront célébrées dans la plus stricte intimité ce jeudi 23 avril, à 14 h 45, en l’église Saint-Maurice de la Boissière, en attendant de pouvoir se rassembler à Montreuil pour honorer la mémoire et prier pour cet homme qui a tant donné à Montreuil et aux montreuillois depuis 74 ans.

Quand les circonstances le permettront, une messe sera célébrée à son intention.

Quelques dates...

Voici une petite notice biographique concernant Pierre COLLIGNON (jusqu'à la fin des années 1990).

Ci-dessous, quelques dates marquantes :

Le père Pierre COLLIGNON est né Monthermé (Ardennes) le 24 janvier 1923 et a été ordonné prêtre le 29 juin 1947 à Tours à l’âge de 24 ans. Il a été incardiné pour le diocèse de Paris le 25 juin 1963 puis pour le diocèse de Saint-Denis-en-France en 1966. Il fut successivement :

  • de 1947 à 1950, vicaire à la paroisse Saint François de Paule de Tours
  • de 1950 à 1952, vicaire à Joué-lès-Tours (Indre et Loire)
  • en septembre 1952, il rejoignit la Mission de Paris
  • de 1952 à 1982, prêtre-ouvrier (manœuvre, chauffeur, livreur, fraiseur) et militant de la CGT et du Mouvement de la Paix
  • en 1993, il est élu vice-président des « Citoyens de Montreuil »
  • en 2015, il rentre à la Résidence « Les Murs à Pêches » à Montreuil

En rendant grâce pour la vie et le ministère du père Pierre COLLIGNON, nous sommes en communion de prière avec sa famille et ses amis.

Quelques notes en complément, de la part du père Jean SAILLANT :
- Geneviève (Schmitt), Dédé (André Depierre) et Pierre ont vécu longtemps à Montreuil, en équipe.
- Dans les notes biographiques, André Depierre est décédé le 17.12.2011 comme le précise Pierre et une célébration a eu lieu à St Maurice de la Boissière, le 22.12.2011.
- Léon Dillaye (frère Césaire) habitait aussi Montreuil et participait à la deuxième équipe P.O. de la ville.
- Pierre Collignon a été non seulement délégué du personnel mais aussi au Comité d'entreprise.
- à noter aussi ses 2 recueils de poèmes souvent sur des airs de chansons populaires : "Des mots pour le dire" et "Pensées et Poèmes''.

Découvrir les prêtres-ouvriers.

En 2016, lors des 50 ans du Diocèse de Saint-Denis, plusieurs témoignages de prêtres-ouvriers ont été partagés : les voici, à re-découvrir...

Aujourd'hui encore, le secrétariat de l'Equipe nationale des Prêtres Ouvriers se trouve à Montreuil, dans les locaux de la paroisse St André de Montreuil (47 rue Voltaire) : www.pretres-ouvriers.fr

Vous pouvez contacter le secrétariat des Prêtres Ouvriers, par l'adresse mail suivante : pretres.ouvriers@gmail.com, ou téléphoner au 01 55 86 93 06.

Appel à Témoignages !!!

Merci de communiquer tout témoignage, récit, photo ou mot personnel au secrétariat de l'Equipe nationale des Prêtres-Ouvriers, à Montreuil : 

 

Le père Pierre COLLIGNON, lors du repas de Noël 2018 à la crypte de St André de Montreuil, avec Valérie Régnier (Sant'Egidio France).

Homélie des funérailles.

par le père Albert EWALD 

Point d’appui : Evangile selon St Luc 12, 35-40 (Bon et fidèle serviteur)

Tout est dit de Pierre dans ce passage de l’Evangile que nous venons d’entendre

« Tenez-vous prêts car  c’est à l’heure que vous ignorez que le Fils de l’homme va venir »

Jusqu’au bout, Pierrot a été un solide et courageux serviteur.
Son ministère a commencé  comme vicaire paroissial, mais très vite il a pensé que l’Evangile de ne devait pas  être annoncé seulement à partir d’une chaire dans une Eglise. L’Evangile doit être partagé et vécu au milieu d’un peuple : un peuple de travailleurs, au milieu du monde dans la diversité des peuples. C’est pourquoi, au bout de 7 ou 8 ans de ministère paroissial, il a rejoint le Mission de Paris, et très vite il a fait connaissance avec André DEPIERRE, avec lequel il a longuement vécu et noué des liens fraternels très forts non seulement spirituels, mais aussi de compréhension et de partage de la vie ouvrière

Pendant 30 années, il a été prêtre-ouvrier, avec le souci de ne jamais séparer ses engagements militants de son ministère de prêtre. Il est toujours resté fidèle à l’Eglise, témoignant qu’il  voulait être un Bon Pasteur, en étant aussi un solide travailleur engagé.

« Restez en tenue de travail et gardez vos lampes allumées »

De même que Pierre n’a jamais cessé de manifester sa solidarité avec tous les travailleurs  rencontrés sur son parcours de vie professionnelle ou de quartier, puis auprès des personnes âgées qu’il a volontairement rejoint en Maison de retraite lorsque ses forces ont commencé à s’affaiblir,

De même, Pierre a toujours continué d’enraciner son témoignage et son action dans la prière et dans l’Eucharistie. Même à la fin de sa vie, alors qu’il voyait et entendait  de moins en moins bien, il aimait vous prendre la main pour prier avec plus d’énergie et beaucoup de cœur  les mots de la prière chrétienne  et plus  encore, pour célébrer l’Eucharistie. A ces moments-là, toute sa vie devenait Eucharistie.

«  Heureux ce serviteur que le Maître en arrivant près de lui, a trouvé en train de faire son travail

d’homme et de prêtre, au milieu des pensionnaires de son EPAD, priant avec et pour les autres personnes âgées qui l’entouraient, ainsi que toutes ses connaissances et amis. Il croyait que Dieu se sert de notre condition  d’homme mortel pour nous affranchir de la mort.  Il croyait que nous sommes appelés à renaître, que la vie n’est jamais détruite, mais transformée.

MERCI PIERROT pour ta vie offerte et partagée. 
« Dieu est heureux à son tour de mettre sa tenue de travail et de t’inviter à te mettre à sa  table pour qu’il puisse t’accueillir  »

Comme toi, nous souhaitons être en état de foisource d’espérance et force de charité envers tous .. sans cesse à   partager, capables de reconnaître dans ta fin de vie, un commencement nouveau qui nous interpelle pour que notre vie puise les richesses de la tienne

Ensemble et sans attendre ce qui arrive à Pierrot, à sa Lumière et à sa Vie donnée, devenons nous aussi EUCHARISTRIE pour nourrir ceux qui nous entourent et ceux vers lesquels Dieu nous  envoie.
 

Témoignage de Jean SAILLANT, P.O.

Pierre COLLIGNON

J'ai fait la connaissance de Pierre à une rencontre nationale des prêtres-ouvriers dans les locaux de la SNECMA.

Moi, espérant que mon entrée récente au travail salarié me rapprocherait de tout un chacun ; lui, militant ayant déjà de la bouteille, s'éclatant en chantant : « Peuple de frères, peuple du partage... ».  Trompette, guitare, ambiance.

- Et puis, il y a eu ma découverte de son équipe avec André Depierre, des religieux, des laïcs, tous « engagés » : syndicats, quartier, commune, associations… C'était là son originalité alors que notre équipe de P.O. ne rassemblait que des prêtres. Lorsque nous nous retrouvions entre les diverses équipes du diocèse, ils nous racontaient ce qu'ils avaient vécu dans leur partage avec leurs copains, attachés qu'ils étaient fidèlement à la révision de leur vie et à l'eucharistie.

- Et puis, il y a eu cette maison en Provence, aménagée au fur à mesure, ouverte à tous, gérée par tous. La vie ouvrière, ce n'était pas seulement l'usine, la petite entreprise mais aussi les loisirs - si possible en famille et entre familles - la respiration des vacances, la découverte de la nature. Toujours le partage.

- Et puis, ce fut le départ d'André Depierre pour son Jura natal ; mais toujours les liens avec les gens du quartier, devenus peu à peu des anciens, comme lui. Alors, lorsqu'il a été question de changer de domicile parce qu'il ne pouvait plus monter et descendre les marches du pavillon, il choisit l'EHPAD tout proche pour maintenir les liens. Un changement difficile pour lui, il a cru qu'on l'abandonnait alors que les visites étaient plus nombreuses auprès de lui que pour d'autres résidents ; mais j'ai réalisé combien la solitude, l'isolement pouvait peser pour toutes ces personnes « placées » en EHPAD. Les années sont courtes mais que les jours sont longs !

- Et puis, Pierre aimait les fêtes ; beaucoup de gens s'en souviennent ! S'est-il fait prier pour rassembler au parc Montreau ceux qui étaient heureux de fêter avec lui ses cinquante ans de prêtre avec l'évêque, le maire, divers membres des mouvements de la mission ouvrière et bien d'autres. Fête mémorable bien avant qu'il quitte le pavillon.

- Et puis, l'équipe P.O du 93 a diminué petit à petit : les dernières rencontres pouvaient avoir lieu dans sa chambre, comme auparavant dans la chambre de Bernard Leloup. Occasions plus brèves de partage de ce que nous vivons repris dans la célébration de l’Eucharistie que Pierre ne célébrait pas seul mais profitait du passage d'un copain ou du père Jean-François Serres venant célébrer pour tous les résidents qui le souhaitaient.

- Et puis, ces derniers temps, les plus mystérieux ; ceux de l'impuissance, les déplacements de plus en plus difficiles du fauteuil au lit, les jambes douloureuses, les temps de somnolence, la perte quasi complète de la vision, l'incapacité d'entendre son interlocuteur au téléphone, le soutien de quelques personnes, jusqu'au vendredi-saint au matin…

père Jean SAILLANT, prêtre-ouvrier

TÉMOIGNAGE DE BERNARD MASSERA, P.O.

(témoignage est lu lors des funérailles de Pierre Collignon, au nom des P.O.)

Les obligations du confinement ne nous permettent pas d’accompagner, comme nous l’aurions voulu, en cet après-midi, Pierre Collignon, notre camarade et frère.

Camarade et frère, Pierre l’a été… Il l’a été dans le combat de la classe ouvrière pour construire et défendre un monde solidaire, une société fraternelle. Pierre a été toute sa vie de ces combats avec ses camarades des organisations syndicales et politiques avec qui il avait de ce fait tissé, au fil des années, des amitiés d’autant plus solides qu’elles avaient pris corps dans des luttes communes. Ces amitiés avec des personnes toutes simples comme avec des personnalités syndicales et politiques reconnues, l’ont accompagné jusqu’à ses derniers jours.

Merci Pierre pour ce que tu as été, pour ce que tu as permis comme fraternité, pour ce que tu as vécu. Avec les croyants nous en rendons grâce à Dieu.

Camarade et frère, Pierre l’a été dans notre sacerdoce commun de prêtre-ouvrier. Il était de cette équipe de Montreuil qui fut longtemps un des éléments importants dans notre histoire collective de Prêtres-Ouvriers. Il était curieux et soucieux de voir comment notre ministère se poursuivait malgré les évolutions du temps. Sa surdité le coupait beaucoup des discussions et réflexions collectives… mais quand on était face à face, il prenait ma main et la gardait dans la sienne en disant « alors raconte… » Il  se réjouissait des nouvelles des uns et des autres, de la réalité de telle ou telle rencontre… Sa vue étant déficiente, il aimait que je lui lise quelques articles du « Courrier PO »…

Cette main qu’il me tenait témoignait, pour moi, de combien Pierre était un homme de dialogue, de contact, d’amitié fidèle… Il disait qu’il ne voyait personne, tant ses amitiés étaient nombreuses, tant sa personnalité avait besoin de se nourrir de ses nombreuses amitiés… mais au bout d’un moment il me partageait la joie qu’il avait eu avec la visite d’un tel ou d’un tel… son bonheur qu’on soit venu le chercher pour la messe à la paroisse et ensuite d’avoir partagé un repas chez des amis… et il me racontait qui étaient ces amis… occasion aussi d’évoquer les moments heureux, riches d’amitié, dont témoignaient photos et peintures auprès de son lit…

Homme de contacts, de proximité il l’était tout naturellement dans son Ehpad en allant dire un bout de chapelet avec une voisine dont il décrivait l’isolement et la souffrance… même si depuis un certain temps il ne pouvait plus ni chanter ni faire chanter…

Homme aussi de prière… Sa vie était prière… Voyant très mal il était heureux de ce qu’on lui lise l’évangile du jour…

Camarade et frère, avide d’amitié, faisant de sa vie une prière c’est ainsi que Pierre vivait notre ministère de prêtre-ouvrier, aujourd’hui d’ouvrier retraité, d’homme parmi les hommes… Il l’a vécu simplement et joyeusement, tout au long de sa vie…  mais douloureusement dans sa situation en Ehpad,

Merci Pierre pour ce que tu as été, pour ce que tu as permis comme fraternité, pour ce que tu as vécu.

Avec les croyants nous en rendons grâce à Dieu.

Merci Pierre et prie pour nous !

Bernard Massera, P.O.